Année 5, 7 avril

Ecclésiaste 6, 1-12

Il y a un mal que j’ai vu sous le soleil, et qui est fréquent parmi les hommes : il y a tel homme à qui Dieu donne de la richesse, et des biens, et de l’honneur, et il ne manque rien à son âme de tout ce qu’il désire ; et Dieu ne lui a pas donné le pouvoir d’en manger, car un étranger s’en repaît. Cela est une vanité et un mal douloureux. Si un homme engendre cent [fils], et qu’il vive beaucoup d’années, et que les jours de ses années soient en grand nombre, et que son âme ne soit pas rassasiée de bien, et aussi qu’il n’ait pas de sépulture, je dis que mieux vaut un avorton que lui ; car celui-ci vient dans la vanité, et il s’en va dans les ténèbres, et son nom est couvert de ténèbres ; et aussi il n’a pas vu et n’a pas connu le soleil : celui-ci a plus de repos que celui-là. Et s’il vivait deux fois mille ans, il n’aura pas vu le bonheur : tous ne vont-ils pas en un même lieu ?

Tout le travail de l’homme est pour sa bouche, et cependant son désir n’est pas satisfait. Car quel avantage le sage a-t-il sur le sot ? Quel [avantage] a l’affligé qui sait marcher devant les vivants ? Mieux vaut la vue des yeux que le mouvement du désir. Cela aussi est vanité et poursuite du vent. Ce qui existe a déjà été appelé de son nom ; et on sait ce qu’est l’homme, et qu’il ne peut contester avec celui qui est plus fort que lui. Car il y a beaucoup de choses qui multiplient la vanité : quel avantage en a l’homme ? Car qui sait ce qui est bon pour l’homme dans la vie, tous les jours de la vie de sa vanité, qu’il passe comme une ombre ? Et qui déclarera à l’homme ce qui sera après lui sous le soleil ?


« Certainement, tout homme qui se tient debout n’est que vanité… Certainement l’homme se promène parmi ce qui n’a que l’apparence ; certainement il s’agite en vain ; il amasse des biens et il ne sait qui les recueillera… ». L’expérience du prédicateur confirme ces certitudes du psaume 39 (v. 5, 6). L’homme, son milieu, son activité, tout cela est éphémère. Son âme seule existe à toujours, et c’est justement d’elle qu’il s’occupe en général le moins. « Tout le travail de l’homme est pour sa bouche » ; son âme n’est pas rassasiée de biens (v. 7 note et v. 3). Le Seigneur raconte l’histoire de ce riche qui trompait sa propre âme en lui offrant les biens d’ici-bas (Luc 4, 4 et 12, 16-20). On est étreint, en pensant aux multitudes d’existences gaspillées, à la somme des intelligences et des énergies consacrées à quoi ?… à poursuivre çà et là des buts aussi inconsistants et fugitifs que l’air agité. À se tourmenter ainsi, sans repos (v. 5) ni bonheur (v. 6), ces vies elles-mêmes auront passé « comme une ombre » (v. 12), et pourtant, il faudra qu’il en soit rendu compte à Dieu. Chrétiens, que ceci nous ouvre aussi les yeux ! Nous n’aurons pas l’occasion de recommencer notre vie. Qu’elle soit donc tout entière employée pour le Seigneur.