Année 5, 28 avril

Daniel 3, 1-18

* Nebucadnetsar, le roi, fit une statue d’or ; sa hauteur était de soixante coudées, sa largeur, de six coudées ; il la dressa dans la plaine de Dura, dans la province de Babylone. Et Nebucadnetsar, le roi, envoya [un ordre] pour assembler les satrapes, les préfets, les gouverneurs, les grands juges, les trésoriers, les conseillers, les légistes, et tous les magistrats des provinces, afin qu’ils vinssent pour la dédicace de la statue que Nebucadnetsar, le roi, avait dressée. Alors s’assemblèrent les satrapes, les préfets, les gouverneurs, les grands juges, les trésoriers, les conseillers, les légistes, et tous les magistrats des provinces, pour la dédicace de la statue que Nebucadnetsar, le roi, avait dressée ; et ils se tinrent devant la statue que Nebucadnetsar avait dressée.

Et un héraut cria avec force : Il vous est ordonné, peuples, peuplades, et langues : Aussitôt que vous entendrez le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la musette, et toute espèce de musique, vous vous prosternerez et vous adorerez la statue d’or que Nebucadnetsar, le roi, a dressée ; et quiconque ne se prosternera pas et n’adorera pas, sera jeté à l’heure même au milieu d’une fournaise de feu ardent. C’est pourquoi, au moment même où tous les peuples entendirent le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, et toute espèce de musique, tous les peuples, peuplades et langues, se prosternèrent [et] adorèrent la statue d’or que Nebucadnetsar, le roi, avait dressée.

À cause de cela, en ce même moment, des hommes chaldéens s’approchèrent et accusèrent les Juifs. Ils prirent la parole et dirent au roi Nebucadnetsar : Ô roi, vis à jamais ! Toi, ô roi, tu as donné ordre que tout homme qui entendrait le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la musette, et toute espèce de musique, se prosterne et adore la statue d’or, et que quiconque ne se prosternerait pas et n’adorerait pas, serait jeté au milieu d’une fournaise de feu ardent. Il y a des hommes juifs, que tu as établis sur les services de la province de Babylone, Shadrac, Méshac et Abed-Nego : ces hommes ne tiennent pas compte de toi, ô roi ; ils ne servent pas tes dieux, et la statue d’or que tu as dressée ils ne l’adorent pas. Alors Nebucadnetsar, en colère et en fureur, commanda d’amener Shadrac, Méshac et Abed-Nego ; alors on amena ces hommes devant le roi. Nebucadnetsar prit la parole et leur dit : Est-ce à dessein, Shadrac, Méshac et Abed-Nego, que vous ne servez pas mon dieu, et que vous n’adorez pas la statue d’or que j’ai dressée ? Maintenant, si, au moment où vous entendrez le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la musette, et toute espèce de musique, vous êtes prêts à vous prosterner et à adorer la statue que j’ai faite… ; mais si vous ne l’adorez pas, à l’instant même vous serez jetés au milieu de la fournaise de feu ardent. Et qui est le Dieu qui vous délivrera de ma main ? Shadrac, Méshac et Abed-Nego répondirent et dirent au roi : Nebucadnetsar, il n’est pas nécessaire que nous te répondions sur ce sujet. S’il en est [comme tu dis], notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise de feu ardent, et il [nous] délivrera de ta main, ô roi ! Et sinon, sache, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux, et que nous n’adorerons pas la statue d’or que tu as dressée.


Peut-être est-ce le souvenir de sa vision, qui a incité Nebucadnetsar à dresser la colossale statue d’or dans la plaine de Dura ? Quoi qu’il en soit, cet acte d’idolâtrie a une portée symbolique. Il évoque ce qui gouverne le cœur des hommes : 1º) La statue est en or : ce métal qui est l’objet d’une universelle vénération. 2º) Elle a la forme d’un homme, et en effet, celui-ci tend à s’adorer lui-même, à se mettre à la place de Dieu. 3º) Elle a enfin une inquiétante ressemblance avec l’image de la bête des temps apocalyptiques. Car, à cette dernière aussi, chacun sera contraint de rendre hommage, sous peine de mort, et le fidèle résidu d’Israël sera alors en cela terriblement mis à l’épreuve (Apoc. 13, 15…). Shadrac, Méshac et Abed-Nego, représentent ce résidu. Dieu interviendra-t-Il pour les délivrer ? Tel est le défi du roi ! « Il n’est pas nécessaire que nous te répondions sur ce sujet » — déclarent ces jeunes gens (v. 16). — C’est Dieu qui te répondra. La foi du croyant n’a pas à se justifier, devant les inconvertis. L’approbation du Seigneur lui suffit. Pas plus, à présent, les menaces, que précédemment l’attrait des mets délicats, ne parviennent à détourner ces trois témoins du strict chemin de l’obéissance à Dieu. Ayant été fidèles dans ce qui est petit (chap. 1), ils le sont maintenant dans ce qui est grand (Luc 16, 10).