Année 5, 5 mai

Daniel 6, 1-16

* Il plut à Darius d’établir sur le royaume cent vingt satrapes, pour qu’ils fussent dans tout le royaume ; et au-dessus d’eux, trois présidents, dont Daniel était l’un, pour que ces satrapes leur rendissent compte, et que le roi ne souffrît aucun dommage. Et ce Daniel surpassa les présidents et les satrapes, parce qu’il y avait en lui un esprit extraordinaire ; et le roi pensa à l’établir sur tout le royaume.

Alors les présidents et les satrapes cherchèrent à trouver dans [l’administration du] royaume quelque sujet d’accusation contre Daniel ; et ils ne pouvaient trouver aucun sujet d’accusation ni aucune faute, parce qu’il était fidèle ; et aucun manquement ni aucune faute ne se trouva en lui. Et ces hommes dirent : Nous ne trouverons dans ce Daniel aucun sujet d’accusation, à moins que nous n’en trouvions contre lui à cause de la loi de son Dieu. Alors ces présidents et ces satrapes s’assemblèrent en foule auprès du roi, et lui parlèrent ainsi : Roi Darius, vis à jamais ! Tous les présidents du royaume, les préfets et les satrapes, les conseillers et les gouverneurs, ont tenu conseil ensemble pour établir un statut royal et mettre en vigueur une défense, [portant] que quiconque fera une demande à quelque dieu ou à quelque homme que ce soit, durant trente jours, excepté à toi, ô roi, sera jeté dans la fosse aux lions. Maintenant, ô roi, établis la défense, et signe l’écrit afin qu’il ne soit pas changé, selon la loi des Mèdes et des Perses, qui ne peut être abrogée. À cause de cela, le roi Darius signa l’écrit et la défense.

Or Daniel, quand il sut que l’écrit était signé, entra dans sa maison ; et, ses fenêtres étant ouvertes dans sa chambre haute, du côté de Jérusalem, il s’agenouillait sur ses genoux trois fois le jour, et priait, et rendait grâce devant son Dieu, comme il avait fait auparavant. Mais ces hommes s’assemblèrent en foule et trouvèrent Daniel qui priait et présentait sa supplication devant son Dieu. Alors ils s’approchèrent et dirent devant le roi, touchant la défense du roi : N’as-tu pas signé une défense, [portant] que tout homme qui, durant trente jours, ferait une demande à quelque dieu ou à quelque homme que ce fût, excepté à toi, ô roi, serait jeté dans la fosse aux lions ? Le roi répondit et dit : La chose est certaine, selon la loi des Mèdes et des Perses, qui ne peut être abrogée. Alors ils répondirent et dirent devant le roi : Daniel, qui est d’entre les fils de la captivité de Juda, ne tient pas compte de toi, ô roi, ni de la défense que tu as signée, mais il fait sa requête trois fois par jour. Alors le roi, quand il entendit ces paroles, en fut fort affligé, et il pensa avec sollicitude à Daniel afin de le sauver, et jusqu’au coucher du soleil il s’efforça de le délivrer. Alors ces hommes s’assemblèrent en foule auprès du roi, et dirent au roi : Sache, ô roi, que c’est la loi des Mèdes et des Perses, qu’aucune défense ou statut que le roi a établi, ne peut être changé. Alors le roi donna des ordres, et on amena Daniel, et on le jeta dans la fosse aux lions.

Le roi prit la parole et dit à Daniel : Ton Dieu que tu sers continuellement, lui, te sauvera.


L’empire de la « tête d’or » a passé en une seule nuit. Présent dès ses débuts, Daniel a aussi assisté à sa chute, soixante-dix ans plus tard. Et nous retrouvons le prophète, vieillard de près de quatre-vingt-dix ans, dominant les événements et les personnes. Il n’est pas plus impressionné par la splendeur humaine que par son effondrement. Bien qu’étranger (au sens moral comme au sens propre), il a servi avec la même conscience Nebucadnetsar le vaniteux, Belshatsar le mondain, et maintenant le faible Darius (comp. 1 Pier. 2, 18…). Cette fidélité lui vaut la confiance du souverain, et la jalousie de ses collègues. Ils conspirent contre lui, et le roi, induit en erreur par leur démarche hypocrite, signe son décret irrévocable. Mais Daniel, si bon serviteur qu’il soit, ne peut s’y soumettre. En effet — et il a fallu ce complot inique pour que nous l’apprenions — l’homme de Dieu avait une sainte habitude. Trois fois le jour, il s’agenouillait dans sa chambre pour invoquer son Dieu (lire 1 Rois 8, 48, 50 et Ps. 55, 17). — Chers amis, nous pouvons, sans être inquiétés, nous mettre à genoux autant que nous le désirons. Usons de ce privilège, pour y trouver, comme Daniel, la source cachée de la force et de la sagesse.