Année 5, 20 juin

Jonas 4, 1-11

Mais Jonas trouva [cela] très mauvais, et il fut irrité. Et il pria l’Éternel, et dit : Éternel, je te prie, n’était-ce pas là ma parole, quand j’étais encore dans mon pays ? C’est pourquoi j’ai d’abord voulu m’enfuir à Tarsis, car je savais que tu es un *Dieu qui fais grâce et qui es miséricordieux, lent à la colère et grand en bonté et qui te repens du mal [dont tu as menacé] ; et maintenant, Éternel, je t’en prie, prends-moi ma vie, car mieux me vaut la mort que la vie. Et l’Éternel dit : Fais-tu bien de t’irriter ?

Et Jonas sortit de la ville, et s’assit à l’orient de la ville ; et il se fit là une cabane, et s’assit dessous à l’ombre, jusqu’à ce qu’il vît ce qui arriverait à la ville. Et l’Éternel Dieu prépara un kikajon et le fit monter au-dessus de Jonas, pour faire ombre sur sa tête, pour le délivrer de sa misère, et Jonas se réjouit d’une grande joie à cause du kikajon. Et Dieu prépara un ver le lendemain, au lever de l’aurore, et il rongea le kikajon, et il sécha. Et il arriva que, quand le soleil se leva, Dieu prépara un doux vent d’orient, et le soleil frappa la tête de Jonas, et il défaillait, et il demanda la mort pour son âme, et dit : Mieux me vaut la mort que la vie. Et Dieu dit à Jonas : Fais-tu bien de t’irriter à cause du kikajon ? Et il dit : Je fais bien de m’irriter jusqu’à la mort. Et l’Éternel dit : Tu as pitié du kikajon pour lequel tu n’as pas travaillé, et que tu n’as pas fait croître ; qui, né en une nuit, a péri en une nuit ; et moi, je n’aurais pas pitié de Ninive, la grande ville, dans laquelle il y a plus de cent vingt mille êtres humains qui ne savent pas distinguer entre leur droite et leur gauche, et [aussi] beaucoup de bétail !


Le pardon accordé à Ninive semblait contredire et désavouer la proclamation de Jonas. Hélas, le sort de la ville pèse moins, à ses yeux, que sa propre réputation. Oubliant que lui-même vient d’être un objet de la grâce, il ne trouve aucune joie dans cette grâce, mais seulement dans son propre bien-être (fin v. 6). — Jonas nous rappelle Élie, découragé sous son genêt (comp. v. 3, 8 avec 1 Rois 19, 4). Et, comme lui, nous sommes capables de nous irriter pour de très petites choses. Au moindre « kikajon », abri précaire que Dieu nous enlève, voilà une tempête dans notre esprit ! Alors que la vie éternelle de multitudes d’êtres humains est en question autour de nous. — Au lieu de rester là à murmurer dans son poste d’observation (v. 5), quel nouveau service se présentait devant le prophète ? N’était-ce pas de retourner dans Ninive épargnée, avec cette fois un message tout différent : pour y proclamer le nom de ce Dieu qu’Il connaît comme faisant grâce, « miséricordieux… grand en bonté… », et qui vient de le confirmer d’une manière si éclatante ? Exceptionnelle occasion… occasion perdue ! Ne manquons pas, par égoïsme et dureté de cœur, celles que le Seigneur peut mettre aujourd’hui devant chacun de nous (2 Rois 7, 9).