Année 5, 24 décembre

Apocalypse 18, 14-24

Et les fruits du désir de ton âme se sont éloignés de toi ; et toutes les choses délicates et éclatantes ont péri pour toi ; et on ne les trouvera plus jamais. Les marchands de ces choses, qui se sont enrichis par elle, se tiendront loin à cause de la crainte de son tourment, pleurant et menant deuil, [et] disant : Hélas ! hélas ! la grande ville qui était vêtue de fin lin et de pourpre et d’écarlate, et parée d’or et de pierres précieuses et de perles ! car, en une seule heure, tant de richesses ont été changées en désolation ! Et tout pilote, et quiconque navigue vers [quelque] lieu, et les matelots, et ceux qui sont occupés sur mer, se tenaient loin ; et voyant la fumée de son embrasement, ils s’écrièrent, disant : Quelle [ville] est semblable à la grande ville ! Et ils jetèrent de la poussière sur leurs têtes, et, pleurant et menant deuil, ils s’écriaient, disant : Hélas ! hélas ! la grande ville, dans laquelle, par son opulence, tous ceux qui avaient des navires sur la mer étaient devenus riches ! car, en une seule heure, elle a été désolée !

Ô ciel, réjouis-toi sur elle, et [vous] les saints et les apôtres et les prophètes ! car Dieu a jugé votre cause [en tirant vengeance] d’elle.

Et un ange puissant leva une pierre, comme une grande meule, et la jeta dans la mer, disant : Ainsi sera jetée avec violence Babylone la grande ville, et elle ne sera plus trouvée. Et la voix des joueurs de harpe, et des musiciens, et des joueurs de hautbois, et de ceux qui sonnent de la trompette, ne sera plus ouïe en toi ; et aucun ouvrier, d’aucun métier, ne sera plus trouvé en toi ; et le bruit de la meule ne sera plus ouï en toi. Et la lumière de la lampe ne luira plus en toi ; et la voix de l’époux et de l’épouse ne sera plus ouïe en toi ; car tes marchands étaient les grands de la terre ; car, par ta magie, toutes les nations ont été égarées. Et en elle a été trouvé le sang des prophètes, et des saints, et de tous ceux qui ont été immolés sur la terre.


Les lamentations des marchands (v. 11, 15…) nous rappellent les plaintes de Démétrius et des artisans d’Éphèse, craignant de perdre le « grand profit » et le « bien-être » que leur procurait le culte de l’idole (Act. 19). Au fond, quelle différence y a-t-il entre la grande « Diane des Éphésiens » et « Babylone la grande », entre l’idolâtrie païenne et la corruption du christianisme ? Elle ne peut qu’avoir du succès, la religion qui donne à l’homme tous les fruits du désir de son âme (v. 14), qui flatte les sens en endormant la conscience (la musique y joue un rôle important : v. 22 ; Dan. 3, 7), qui favorise le commerce et sert de prétexte à toutes sortes de réjouissances. Il suffit de voir, en cette période de l’année, de quelle manière profane la naissance du Seigneur Jésus est célébrée par beaucoup. — « En elle a été trouvé le sang… des saints » (v. 24). Déjà, dans la ville de Caïn, au commencement de la Bible, se trouvait mainte chose agréable… pendant que criait le sang d’Abel (comp. Gen. 4, 10, 17…). Aujourd’hui, le monde religieux se réjouit, pendant que le vrai croyant souffre et s’afflige (Jean 16, 20). Demain retentiront les hélas ! ici-bas, mais la joie du ciel y répondra (v. 20). Que Dieu nous donne de voir déjà, par la foi, toutes choses comme Lui les voit !