Je viens bientôt

H. Rossier

Au milieu des douleurs et des appréhensions de l’heure présente, l’Esprit de Dieu agit puissamment pour encourager les croyants et rendre sérieux quant à leur avenir les hommes inconvertis. Ces deux buts sont atteints par l’annonce de la venue prochaine de Jésus Christ. Grâce à Dieu, la proclamation de ce grand événement, si solennel pour les uns, si consolant pour les autres, rencontre des oreilles attentives. On le prêche dans les chaires et dans les réunions publiques ; en certains pays, c’est par milliers que se comptent les auditeurs. Des écrits nombreux circulent, confus pour la plupart sur beaucoup de points, mais s’accordant tous à annoncer, d’après la Parole de Dieu, la venue prochaine du Sauveur pour enlever Son Église. À elle seule cette vérité suffit pour captiver l’attention et faire désirer aux âmes d’en entendre davantage.

Nous avons essayé, dans un écrit récent, de mettre en lumière certaines faces négligées de cette question. Nous avons insisté sur la différence entre la venue du Seigneur en grâce, pour enlever les siens, avant les temps prophétiques de la grande tribulation, et Son apparition en gloire pour exécuter le jugement sur les hommes qui n’ont pas cru, établir Son règne, et manifester aux yeux de tous les résultats de la conduite des siens[1]. Nous désirons reprendre aujourd’hui tout un côté de ce sujet que nous avons omis dans le traité susnommé pour ne pas fatiguer l’attention du lecteur. Il s’agit de la venue du Seigneur telle que l’Apocalypse nous la présente, et nous ne doutons pas que ce sujet n’offre ample matière à l’édification et à de sérieuses réflexions.


Remarquons d’emblée que l’Apocalypse tout entière pourrait être intitulée : Le livre de la venue du Seigneur en jugement. Sa venue en grâce pour Son Église n’y est mentionnée, comme nous le verrons, que d’une manière incidente. L’Apocalypse, à l’encontre de ce que nous trouvons en d’autres parties du Nouveau Testament, n’emploie jamais d’autre terme pour la venue du Seigneur que le verbe ἔρχομαι, venir, si fréquent partout dans les Écritures avec le sens que lui donne le langage ordinaire, sauf qu’on l’y rencontre à différentes reprises pour désigner uniquement le Messie promis, appelé par excellence « Celui qui vient » (ὁ ἐρχόμενος), ou la venue de Son royaume, ou celle de Son siècle, qui est le millénium (Matt. 11, 3 ; Luc 7, 19 ; Héb. 10, 37 ; Marc 11, 10 ; 10, 30). Rejeté une première fois quand Il était venu en grâce comme Fils de l’homme, Il viendra une seconde fois en gloire dans cette même qualité, mais devra être reconnu comme Maître, Juge, Seigneur et Roi, tirant vengeance de Ses ennemis afin d’établir Son royaume et d’y associer Ses serviteurs.

L’Apocalypse étant donc le livre de la venue de Christ, nous L’y rencontrons, dès le premier chapitre, comme « Celui qui est, et qui était, et qui vient » (ὁ ἐρχόμενος). Ensuite il est dit de Lui, au verset 7 : « Voici, il vient avec les nuées, et tout œil le verra, et ceux qui l’ont percé ; et toutes les tribus de la terre (ou du pays) se lamenteront à cause de Lui. Oui, amen ! ». Ce verset 7 n’est pas le résumé de ce qui aura lieu à l’apparition du Seigneur, mais le résultat auquel doit aboutir le jugement qu’Il exécutera pour l’établissement de Son règne : Dieu présentera aux yeux de tous, dans Sa royauté universelle, sur la terre où Il a été rejeté, Son Fils, le Fils de l’homme, le « fidèle témoin » qu’Il a « ressuscité d’entre les morts » ; Il est « le prince des rois de la terre » (v. 5), et c’est dans ce caractère qu’Il apparaîtra quand Il viendra sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire (Matt. 24, 30). Il paraîtra aussitôt « après la grande tribulation des derniers jours » (Matt. 24, 29). Dans ce verset 7, on ne trouve donc pas le jugement des vivants, réservé pour le chapitre 19 de notre livre, et qui aura lieu au moment de Son apparition ; il n’est parlé ici que du fait de Sa manifestation : lors de Sa venue avec les nuées, tout œil Le verra. Sans doute, dans ce moment-là, Ses saints célestes seront aussi manifestés en gloire avec Lui, mais ce n’est pas non plus de cela que ce passage nous entretient ; il nous parle de Sa manifestation personnelle aux yeux des hommes sur la terre. À ce moment-là, les croyants juifs, résidu fidèle de la fin qui aura traversé la grande tribulation, Le reconnaîtront, mais non sans une œuvre profonde de repentance au sujet de Celui que Son peuple avec percé jadis ; comme il est dit en Zacharie : « Ils regarderont vers moi, Celui qu’ils auront percé, et ils se lamenteront sur lui, comme on se lamente sur un fils unique » (Zach. 12, 10-14). On trouve en Dan. 7, 13-14, la scène céleste qui sert d’introduction à notre verset : « Voici quelqu’un comme un Fils d’homme vint avec les nuées des cieux, et il avança jusqu’à l’Ancien des jours, et on le fit approcher de lui. Et on lui donna la domination, et l’honneur, et la royauté, pour que tous les peuples, les peuplades et les langues le servissent. Sa domination est une domination éternelle qui ne passera pas, et son royaume, un royaume qui ne sera pas détruit ».

En résumé, nous trouvons au verset 7 le but final de l’Apocalypse : la venue en puissance et en gloire du Fils de l’homme, du Roi des rois ; Sa manifestation aux yeux du monde entier et spécialement du résidu juif retournant à Lui par la repentance. N’oublions pas toutefois que telle n’est pas Sa plus grande gloire, car les gloires célestes de Christ et tout ce qui se rapporte à Son Épouse bien-aimée, dépassent Ses gloires terrestres et les bénédictions d’Israël, autant que le ciel est élevé au-dessus de la terre.

Avant que se déroulent les événements qui remplissent la dernière partie de l’Apocalypse, les chapitres 2 et 3 nous montrent le Seigneur jugeant « les choses qui sont », c’est-à-dire l’Église envisagée dans sa responsabilité ici-bas, car, dans ces chapitres, il ne s’agit point de l’Église telle que Dieu l’a établie au commencement, mais de ce qu’elle est devenue au cours des siècles et jusqu’à son jugement final. Jamais, cela va sans dire, Dieu ne juge ce qui vient de sortir de Ses mains, car toute Son œuvre est parfaite, mais Il juge ce que Satan, l’homme et le péché en ont fait. C’est pourquoi le Seigneur se présente à l’Église responsable et corrompue, comme Celui qui vient en jugement. C’est à cette Église, coupable d’avoir abandonné son premier amour et d’avoir progressé dans le mal sur le chemin du déclin, que Jésus annonce Sa venue ; mais avec quelle affliction, quelles exhortations, quelles menaces, quelles supplications, quelles promesses si elle se repent ! Dès le commencement du déclin, le Seigneur a parlé ainsi à l’Église. Par moments, Il a entravé le progrès du mal, en laissant les persécutions avoir leur cours, comme dans la période de Smyrne, afin de ramener, si possible, les choses à leur premier état, mais sans résultat durable. Toute l’histoire générale de l’Église qui se clôt à Thyatire se termine par ces mots : « Elle ne veut pas se repentir » (2, 21).

C’est donc de Sa venue en jugement que le Seigneur menace les églises. Il leur dit, non pas : « Je viens bientôt », formule de promesse, comme nous le verrons, mais : « Je viens à toi et j’ôterai ta lampe de son lieu », comme à Éphèse ; « Je viens à toi promptement[2], et je combattrai contre eux par l’épée de ma bouche », comme à Pergame ; « Je viendrai sur toi comme un voleur, et tu ne sauras pas à quelle heure je viendrai sur toi », comme à Sardes. Ici la menace devient plus pressante et plus prochaine. La venue, soit du Seigneur, soit de Son jour, comme un voleur, désigne habituellement dans la Parole une personne ou un événement venant la nuit à une heure inattendue (Matt. 24, 43-44 ; Luc 12, 46 ; 1 Thess. 5, 2 ; 2 Pier. 3, 10) et non pas, comme on pourrait le penser, un événement foudroyant. Cela est si vrai qu’en 2 Pierre 3, le jour, venu inopinément comme un voleur, se déroule jusqu’à la dissolution finale des cieux et de la terre (en omettant à dessein ce que l’on pourrait appeler la parenthèse du millénium qui ne fait pas partie de ce jour). De fait, la venue du Seigneur ou de Son jour, comme un voleur, indique l’entrée d’une certaine période de jugements qui, commençant subitement après l’enlèvement des saints, se continue jusqu’à l’apparition du Seigneur avec Ses saints pour détruire tout ce qui s’oppose à l’établissement de Son règne. Ce même terme : « Voici, je viens comme un voleur », est répété au chapitre 16, 15, quand le conflit final est près de se produire. Il en est de même de l’image qui accompagne celle du « voleur » en 1 Thessaloniciens 5, 3 et 4 : « Quand ils diront : Paix et sûreté, alors une subite destruction viendra sur eux, comme les douleurs sur celle qui est enceinte, et ils n’échapperont point ». Cette image se rencontre en Jérémie 30, 6 et 7, pour indiquer la période de la « détresse de Jacob » que traversera Israël (voyez encore És. 26, 16-17 ; voyez aussi Os. 13, 13 ; És. 13, 8, pour le jour de l’Éternel). Lorsqu’il s’agit donc du « voleur », la Parole fait allusion à un événement inattendu dont l’arrivée est subite et qui peut se prolonger. Cet événement, on peut l’éviter en veillant. Lorsqu’il est question des douleurs de l’enfantement, il s’agit d’un événement subit dont les conséquences sont inévitables. Circonstance solennelle : la « subite destruction » qui viendra sur le monde (1 Thess. 5, 3), destruction que nous voyons se prolonger à travers toute l’Apocalypse, arrivera sur les hommes quand ils diront : « Paix et sûreté ». Le temps pourrait n’être pas éloigné où une ère de paix et de sécurité apparente semblerait s’ouvrir pour le monde après tant de guerres et de bouleversements. Ce moment pourrait précisément être celui où commenceront les douleurs d’enfantement auxquelles la chrétienté professante n’échappera pas plus que le monde (3, 3), mais aussi celui où la promesse du Seigneur de venir enlever Son Église aurait déjà été accomplie, car cette dernière ne traversera ni « l’heure de l’épreuve » qui va venir sur la terre habitée tout entière, ni les douleurs d’enfantement auxquelles personne n’échappera.

En contraste avec la menace : « Je viens sur toi », adressée à Sardes, nous trouvons pour la première fois la promesse : « Je viens bientôt », adressée à Philadelphie. Philadelphie représente le fruit de la grâce au milieu de la ruine irrémédiable de l’église professante, représentée par le protestantisme ; ce fruit est représenté par un faible résidu que Jésus peut reconnaître comme Son Assemblée. Il y a, au milieu des ténèbres croissantes, un petit Goshen éclairé, sur lequel reposent avec complaisance les regards du Sauveur, un témoignage pour Lui, que Son cœur distingue de l’idolâtrie de Thyatire, de la mort de Sardes, de la tiédeur de Laodicée. Philadelphie est entourée de tous côtés d’une vaine profession et de prétentions à la force qui sont un objet de dégoût pour Christ. Où trouver ce témoignage ? Qui pourra le dire ? Il est caché, comme les sept mille hommes que même les yeux d’un Élie n’avaient pu distinguer et que les hommes distinguent bien moins encore au jour actuel. Mais il est incontestable que les yeux du Seigneur le voient et cela doit suffire à tous les chers enfants de Dieu qui, dans la conscience de leur extrême faiblesse, portent le caractère philadelphien. C’est à Philadelphie seule que le Seigneur dit cette parole encourageante : « Je viens bientôt ». Il ne lui demande pas autre chose que de tenir ferme ce qu’elle a. Qu’est-ce donc qu’elle a, cette assemblée sans force ? Elle a Sa Parole et la garde. C’est, en apparence, peu de chose, mais c’est une grâce immense pour la pauvre Philadelphie, car garder Sa Parole, c’est ne pas renier Son nom. Ces deux caractères sont indissolublement liés l’un à l’autre et caractérisent tout vrai philadelphien.

Ô Philadelphie, faible résidu, où que tu te trouves, ne te laisse pas enlever ta couronne ! Le temps est proche où tous connaîtront que le Seigneur t’a aimée (v. 9). Il va t’introduire au siège de la puissance et de la gloire, et ta couronne consistera à porter devant tous et publiquement « le nouveau nom » du Fils de l’homme entré dans la gloire de Dieu, et le nom de Son Dieu. Et si ton extrême faiblesse et ton incapacité n’ont pu te faire reconnaître, ni des hommes, ni du peuple de Dieu, bientôt le nom de la nouvelle Jérusalem, de l’Église glorieuse, resplendira sur toi et tous les yeux devront et pourront le lire. Tous avoueront que Philadelphie était approuvée du Seigneur comme appartenant à l’Église glorieuse. Jésus lui donnera une place d’honneur, une couronne, parce qu’elle était humble et qu’elle a reconnu son néant tout en attendant fidèlement la venue du Bien-aimé.

Chers lecteurs chrétiens, le Seigneur nous dit aujourd’hui, plus que jamais : « Je viens bientôt », car Il n’adresse cette parole ni à Sardes, ni à Laodicée. Réalisons le caractère de Philadelphie pour que ce mot puisse s’adresser à nous. Désirons-nous connaître le Seigneur comme Celui qui viendra subitement sur nous, ou comme Celui qui viendra pour nous, nous recueillera à Lui, et nous donnera des couronnes, récompenses de la stricte fidélité à Sa Parole et de l’amour pour Son nom ?

Dans les chapitres 4 et 5, nous assistons à la scène céleste qui suit l’enlèvement de l’Église. Le trône du gouvernement divin est dans le ciel. Tous les saints glorifiés[3] l’entourent. Au milieu du trône se trouve l’Agneau, portant les marques de Son immolation. Le livre des desseins et des voies de Dieu qui doit amener l’établissement du règne universel de Christ sur la terre, ce livre, scellé jusqu’ici, est dans la main de Celui qui est assis sur le trône. Personne ne peut même le regarder. L’Agneau seul a vaincu pour l’ouvrir. Alors un grand événement a lieu : « Il vint et prit le livre » (v. 7). Jésus vient, au vu de Celui qui est assis sur le trône, au vu de tous les saints célestes et des myriades d’anges, pour rompre les sceaux, pour donner libre cours à tous les jugements prophétiques, jusqu’au moment où, frappant Ses ennemis d’un dernier coup, Il apparaîtra, entouré de tous les saints glorifiés, comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Sa venue devant le trône est le seul acte qui puisse donner essor aux voies finales de Dieu envers le monde ; l’Agneau seul a le droit de les accomplir, parce qu’Il a été immolé. Dès ce moment, les sept sceaux sont ouverts et les sept trompettes retentissent ; aussi n’entend-on plus cette parole : Il vint. Le fait qu’Il est venu une fois devant le trône a suffi pour terminer toute l’histoire du monde, pour amener la « fin des siècles », pour accomplir les jugements, pour terminer enfin le mystère de Dieu (10, 7), c’est-à-dire pour manifester d’une manière définitive le gouvernement divin avec son ordre et ses bénédictions sur la terre. Dès le moment où l’Agneau est venu devant le trône, ce sont les jugements eux-mêmes qui viennent. Ils sont d’abord comme un résumé général de tous les jugements apocalyptiques à la venue[4] des quatre cavaliers, puis ils se succèdent jusqu’à la septième trompette, ou troisième malheur, qui vient promptement (ou bientôt) au chapitre 11, 14, signe que le grand jour de la colère de Dieu est venu (11, 18) et que, par elle, le Dieu Tout-puissant est entré dans Son règne. Tout lecteur attentif de l’Apocalypse sait que l’exposé général du livre se termine au verset 18 du chapitre 11 et comprend le jugement des morts après la disparition des cieux et de la terre actuels. Nous n’entrerons donc pas dans le détail des chapitres suivants. Il suffit de remarquer la venue du jugement de la grande Babylone (18, 10) suivie des alléluias, annonçant l’heureuse nouvelle que les noces de l’Agneau sont venues (19, 7) avant l’apparition du Seigneur avec tous Ses saints pour détruire Ses ennemis et établir Son règne.


Après la description de la nouvelle Jérusalem, qui est l’Épouse, femme de l’Agneau, pendant la période millénaire, nous arrivons enfin au dernier chapitre du livre.

Dans ce chapitre 22, il n’est pas parlé, comme au chapitre 5, de Jésus qui vient, mais c’est Lui-même qui parle, comme Il l’a fait une première fois dans l’épître à Philadelphie. C’est Lui-même qui répète trois fois : Je viens bientôt. Tout le contenu du livre se résume dans les deux premiers « Je viens bientôt » de ce chapitre, parole qui remplit à la fois de joie le cœur des croyants et de frayeur celui des méchants et des incrédules ; le troisième « Je viens bientôt » n’a rien à faire avec les méchants, mais avec l’Église seule, avec l’Épouse de Christ, déjà reconnue par le Seigneur comme sienne, lorsque, dans les temps de ruine que nous traversons, Il porte, au milieu du déclin général, un regard d’affection sur un pauvre résidu philadelphien méprisé, qui attend Sa venue avec patience.

« Et il me dit : Ces paroles sont certaines et véritables ; et le Seigneur Dieu des esprits des prophètes a envoyé son ange pour montrer à ses esclaves les choses qui doivent arriver bientôt. Et voici, je viens bientôt. Bienheureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre » (v. 6-7).

Ce verset est proprement le dernier de l’Apocalypse ; il répète d’abord ce que le premier verset du livre (1, 1) avait annoncé dans les mêmes termes. Toutes les choses qui devaient arriver bientôt sont maintenant au complet. Il ne reste rien à y ajouter, rien à en retrancher. Mais toutes ces choses sont révélées pour être gardées jusqu’à ce que le Seigneur vienne : « Et voici, je viens bientôt ». Garder ces choses sera, pour le résidu de la fin, réaliser que les jugements de Dieu sont arrivés, demeurer fermes dans le témoignage pour le Messie, n’accepter aucun compromis avec la Bête et le faux prophète, refuser de porter leur marque, et traverser la grande tribulation avec patience, en attendant la délivrance par l’apparition de Celui que le monde et Son peuple avaient rejeté. Ces témoins-là sont déclarés bienheureux. Tous les jugements que le résidu traverse se terminent par l’annonce d’une béatitude. C’est le « bienheureux » répété si souvent dans les Psaumes. Les fidèles seront soutenus par cette espérance : Je viens bientôt. Après les terribles années qui constituent « l’heure de l’épreuve », le Seigneur apparaîtra avec les nuées et viendra établir Son règne dans lequel ce résidu repentant et méprisé aura la place d’honneur sur la terre.

Mais ce premier Je viens bientôt avec le « bienheureux » qui l’accompagne ne regarde pas seulement le résidu des Juifs ou des nations dont il est parlé dans ce livre (chap. 7) ; il regarde aussi le résidu chrétien dans le jour actuel. Comment, direz-vous, pouvons-nous garder cette parole, si nous ne devons pas traverser la période des jugements ? Je réponds : C’est en nous tenant séparés d’un monde qui va être jugé, en ne suivant pas les principes de ceux qui « habitent sur la terre », en attendant Celui qui vient bientôt. Les chrétiens sont envisagés ici dans leurs rapports avec la prophétie. La négliger, c’est oublier le jugement subit qui va tomber sur le monde et chercher notre repos au milieu de ceux sur lesquels les trois « Malheur ! » vont être mis à exécution. Hélas ! combien de croyants oublient aujourd’hui de garder les paroles de ce livre, ou n’y cherchent qu’un aliment pour leur curiosité, au lieu d’écouter les appels qu’il adresse à leur conscience ! Garder les paroles de cette prophétie, c’est aussi désirer et espérer l’établissement du règne glorieux qui terminera les jugements, lorsque notre Seigneur recevra Lui-même la récompense de Son obéissance : « Demande-moi », lui dit l’Éternel, « et je te donnerai les nations pour héritage, et pour ta possession, les bouts de la terre » (Ps. 2, 8).

Dans ce premier passage donc, il vient bientôt pour tous ceux (résidus des Juifs, des nations, ou des chrétiens) qui, à diverses époques, auront gardé les paroles de la prophétie de ce livre.


Nous trouvons au verset 12 un second Je viens bientôt. « Et il me dit : Ne scelle point les paroles de la prophétie de ce livre ; le temps est proche. Que celui qui est injuste commette encore l’injustice ; et que celui qui est souillé se souille encore ; et que celui qui est juste pratique encore la justice ; et que celui qui est saint, soit sanctifié encore. Voici, je viens bientôt, et ma récompense est avec moi, pour rendre à chacun selon que sera son œuvre » (v. 10-12). Les paroles de cette prophétie ne sont plus scellées comme devaient l’être celles de Daniel « jusqu’au temps de la fin » (Dan. 12, 4). Le temps de la fin est proche, si proche, que déjà le sort des méchants et des justes semble irrévocablement fixé. Les injustes ne reviendront-ils pas à Dieu, par la repentance au dernier moment ? Combien ces paroles : « Que celui qui est souillé se souille encore », devraient parler à leur conscience ! C’est à peine s’ils ont encore le temps d’échapper et d’être sauvés par la crainte, comme à travers le feu (Jude 23) !

Si le premier Je viens bientôt s’adresse au résidu prophétique de la fin et à celui d’aujourd’hui qui prend garde à la parole prophétique, le second s’adresse au monde et aux croyants. Il apporte à la fois la récompense ou le châtiment, selon l’œuvre de chacun. Les croyants actuels recevront cette récompense dans le ciel, devant le tribunal de Christ, mais ce mot Je viens bientôt est aussi le signal des jugements qui tomberont sur le monde incrédule. Pour les croyants, un second bienheureux est prononcé. Ce n’est plus : « Bienheureux celui qui garde les paroles de la prophétie de ce livre », mais : « Bienheureux ceux qui lavent leurs robes, afin qu’ils aient droit à l’arbre de vie, et qu’ils entrent par les portes dans la cité » (v. 14). Il s’agit du bonheur des fidèles qui ont lavé leurs robes dans le sang de l’Agneau (7, 14) et ont servi le Seigneur ici-bas dans la sainteté pratique. Ce bonheur, comme le premier, n’appartient pas seulement aux saints d’aujourd’hui, à ceux du temps de la grâce, mais à tous les saints d’entre les Juifs et d’entre les nations qui traverseront la tribulation finale, confiants dans le sacrifice de l’Agneau et faisant ici-bas des œuvres de sainteté et de justice (7, 14). La récompense des chrétiens et des saints de l’époque prophétique a lieu à des moments différents : pour les premiers, dès qu’ils auront été introduits dans la gloire par la venue du Seigneur, pour les seconds, au commencement du règne millénaire. Tous ont droit à l’arbre de vie et entreront par les portes dans la cité ; mais ce Je viens bientôt est aussi la sentence définitive des injustes et des souillés qui seront bannis à toujours de la cité de Dieu (v. 15).


Les derniers versets de ce livre contiennent les paroles même de Jésus : « Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange pour vous rendre témoignage de ces choses dans les assemblées. Moi, je suis la racine et la postérité de David, l’étoile brillante du matin » (v. 16).

Le Seigneur se présente ici d’abord dans Son caractère royal.

Il est en premier lieu « la racine de David », selon Ésaïe 11, 10 : « En ce jour-là, il y aura une racine d’Isaï, se tenant là comme une bannière des peuples : les nations la rechercheront, et son repos sera gloire ». C’est comme racine de David qu’Il régnera sur les nations. Il les rassemblera et elles Le rechercheront. Ce sera le repos de la gloire, comme Sophonie 3, 17 sera le repos de l’amour.

Il est en second lieu « la postérité de David », selon Ésaïe 11, 1 : « Et il sortira un rejeton du tronc d’Isaï, et une branche de ses racines fructifiera, et l’Esprit de l’Éternel reposera sur lui ». Il sera le vrai roi, le Messie, régnant dans la plénitude de l’Esprit sur le nouvel Israël, appelé « les débonnaires de la terre ». Dans notre passage, Son titre pour la bénédiction des nations vient en premier lieu, en accord avec le contenu de ce livre, tandis qu’Ésaïe nous présente d’abord Son titre pour la bénédiction de Son peuple. Comme type, la racine de David était Isaac sacrifié et reçu en résurrection par son père Abraham. Or la semence d’Abraham était Christ (Gen. 21, 12 ; Gal. 3, 15-17), et c’était en Lui que toutes les nations de la terre devaient être bénies (Gen. 22, 18). Salomon était la postérité de David pour Israël. Le Seigneur annonce donc ici aux assemblées Sa royauté en grâce et en gloire pour les nations dans la personne de David et pour Son peuple dans la personne de Salomon.

Quelles que soient cependant ces bénédictions auxquelles l’Église aura part, puisqu’elle régnera avec Christ, elles ne s’adressent pas aux affections de l’Épouse. C’est la parole suivante : « Je suis l’étoile brillante du matin », prononcée par l’Époux, qui fait déborder le cœur de l’Épouse et lui fait répondre : Viens ! Régner avec Lui, entourée de tout l’appareil de Sa royauté, n’est pas aussi important pour elle que de Le posséder, Lui seul, en personne. Elle L’admire dans tout le resplendissement de Sa gloire, mais elle L’aime, comme l’Époux dont elle attend la venue pendant les veilles de la nuit. Il n’est pas un inconnu pour elle ; déjà la grâce céleste de l’étoile du matin s’est levée dans son cœur. Elle L’attend, car elle a entendu Sa voix qui lui disait : Je viens bientôt, aux jours où, pauvre Philadelphie avec peu de force, elle avait été consolée, encouragée par cette parole, et avait appris de Lui quelle place elle aurait dans la gloire.

Dès qu’Il a dit : « Je suis l’étoile brillante du matin », « l’Esprit et l’Épouse disent : Viens ! ». L’Épouse ne répond pas seule ; l’Esprit qui l’anime, l’Esprit qui lui parle de Christ et par lequel elle peut parler, ce Consolateur qui lui a été donné en l’absence de l’Époux et qui rend témoignage à Celui-ci, dit : « Viens » avec elle et par elle. Si elle désire voir l’étoile et monter dans les nuées à Sa rencontre dans les airs, c’est par l’Esprit qui l’anime et qui jamais ne la quittera, puisqu’Il demeure éternellement avec elle. Le Consolateur va remonter avec l’Épouse vers Jésus qui L’avait envoyé à Son Assemblée, pour Le remplacer auprès d’elle en Son absence. C’est encore Lui qui, au bout de son long voyage, comme Éliézer amenant Rebecca dans les bras d’Isaac, l’amènera dans les bras du Bien-aimé pour ne plus jamais Le quitter. Dès que l’Église sera avec Lui, elle partagera sans doute les gloires magnifiques de Son royaume, mais, bien plus que cela, elle jouira d’une communion éternelle et sans nuage avec Celui qui l’aime et qui lui a prouvé Son amour.

Avez-vous jamais pensé, chers lecteurs chrétiens, que l’attente collective du Seigneur est la vraie espérance de l’Église ? Heureux celui qui la connaît et qui la réalise ! Elle ne peut être que lettre morte pour les chers enfants de Dieu qui, retenus dans des systèmes qu’ils nomment leurs églises, n’ont jamais connu la communion de l’Église de Christ. Ces âmes ne comprennent pas que Jésus n’a jamais aimé les sectes humaines, mais qu’Il a aimé l’Église et s’est donné Lui-même pour elle. Aimons donc l’Église comme le Seigneur l’aime !

L’attente collective du Seigneur vient ici en premier lieu, mais il y a aussi, grâce à Dieu, une attente individuelle : « Que celui qui entend, dise : Viens ». Heureux le croyant qui réalise cette dernière ; cent fois heureux ceux qui les réalisent toutes deux ! Quand l’Esprit se joint à l’Épouse pour dire : Viens ! Il la met en communion directe avec toutes les pensées du cœur de Christ.

Le Seigneur, en parlant à l’Épouse de ce qu’Il est, ne lui dit pas tout d’abord : « Je viens bientôt ». Il veut qu’attirée par le brillant éclat de l’étoile du matin, elle-même s’écrie : Viens ! Il lui répond ensuite à elle seule ; Il ne parle plus ici aux nations bénies, ni au résidu fidèle d’Israël ; c’est à Son Épouse bien-aimée qu’Il dit : « Oui, je viens bientôt ». Sa parole est la vérité même ; n’est-Il pas le oui et l’amen (1, 7) ? Oui, dit-Il, je réponds à ton désir ; je viens bientôt.

Ce mot a-t-il retenti dans votre cœur, mes frères et sœurs bien-aimés, vous tous qui êtes l’Épouse de Christ dans ce monde ? Il répond : Oui, à votre désir. Direz-vous amen au sien, amen à Sa promesse, car ce qu’Il a promis, Il est puissant pour l’accomplir ? Quand Il dit : Oui, je viens bientôt, Il nous laisse le dernier mot : « Amen ! viens Seigneur Jésus ! ». Lui donnerons-nous une réponse hésitante ou Lui répondrons-nous par ce cri sorti de cœurs dont chaque battement Lui appartient ?

Tenons-nous prêts, les reins ceints, nos lampes allumées. Il va heurter à la porte. Entendez-vous déjà Ses pas qui s’approchent ?