La doctrine du Nouveau Testament sur le Saint Esprit
Méditation 8 — Baptisés en un seul corps (1 Cor. 12)
Je me propose maintenant de parler de quelques-uns des puissants effets de la présence du Saint Esprit. L’un de ces effets est ici désigné comme Son baptême, par lequel Il forme un corps nouveau et uni : le corps de Christ sur la terre. Non seulement cette vérité appartient exclusivement au Nouveau Testament, mais, même dans le Nouveau Testament, sa révélation pour nous en est confiée à un seul apôtre. On ne la trouve que dans les écrits de Paul. Je ne prétends pas que l’Église, le corps de Christ, n’existait pas avant que Dieu eût suscité cet apôtre pour faire connaître cette grande vérité. Mais tandis que le mystère de Christ et de l’Église fut révélé par l’Esprit aux saints apôtres et prophètes, il ne fut annoncé que par un seul d’entre eux.
Or, l’histoire de Paul, telle que l’Écriture nous la présente, montre combien il était propre pour l’œuvre que Dieu lui confiait. Il avait été ennemi tant que le témoignage de Christ glorifié en haut était limité au peuple juif. Il fut un témoin consentant au martyre d’Étienne, l’émissaire actif des Juifs dans la persécution des croyants non seulement à Jérusalem mais de ville en ville. Et dans l’ardeur de la haine qu’il portait au nom de Jésus, il avait reçu des lettres des plus hautes autorités religieuses, afin de poursuivre implacablement les chrétiens sous le couvert de la religion. C’était un moment où les voies de Dieu envers la terre prenaient un autre cours. La bénédiction ne descend plus vers Jérusalem, mais en découle. Tout ce qui constituait alors la vraie gloire est foulé aux pieds ou dispersé. L’Esprit de Dieu regarde, pour ainsi dire, en dehors ; Il bénit les anciens ennemis de Jérusalem. Non seulement Il opère parmi les Samaritains (et nous savons leur jalousie à l’égard de Jérusalem), mais même envers un étranger venu d’un pays lointain. L’eunuque éthiopien est recherché par le Seigneur qui le rencontre en grâce en dépit de sa complète ignorance, et le renvoie son chemin tout joyeux [Act. 8, 39], non pas montant à Jérusalem, mais s’en éloignant vers sa demeure lointaine.
C’est à ce moment critique qu’il plaît à Dieu d’appeler Saul de Tarse sur son chemin vers Damas. Lui aussi s’éloignait de Jérusalem, plein de fureur persécutrice contre les confesseurs du nom de Jésus. Plongé dans les ténèbres quant à la véritable grâce de Dieu et pourtant avec bonne conscience, il poursuit la mission de douleur, de honte et de mort dont l’avaient chargé les chefs religieux poussés par Satan. Le voici soudainement renversé par une lumière plus brillante que le soleil en plein midi ; aveuglé et en même temps rendu capable de voir surnaturellement le Seigneur de gloire et d’entendre Sa voix. Il est appelé non seulement comme saint, mais aussi comme apôtre : invité non pas simplement à goûter la grâce dont il devait être un témoin si remarquable, mais à servir dans le ministère, avec l’autorité du Seigneur. Il devient Son ambassadeur non seulement pour cette seule journée, mais en tout temps, non seulement pour un peuple, mais pour tous les pays sous le ciel. À cet homme béni fut donnée, dans les paroles mêmes qui convertirent son âme, la substance de la grande vérité, qui est l’objet de notre présente méditation. Il apprit, à son grand effroi, de Celui qu’il ne pouvait pas douter être le Seigneur, non seulement qu’Il était Jésus — vérité merveilleuse qui confondit son cœur — mais que ce Seigneur glorifié, Jésus de Nazareth, qui avait été crucifié, s’identifiait avec les objets de son implacable persécution : « Je suis Jésus que tu persécutes » [Act. 9, 5]. L’union de Christ avec Ses rachetés, autrement dit l’Église, était ainsi révélée pour la première fois. Et celui à qui était faite cette révélation se trouvait par là qualifié pour la développer dans ses écrits et l’appliquer d’une manière pratique. Son ministère consisterait à poser les fondements de l’Église de Dieu, à insister sur son caractère céleste comme corps de Christ, et à combattre pour la gloire de Dieu en elle. Cela devenait sa vie ; c’est à cela désormais que Dieu l’appelait par Jésus Christ notre Seigneur.
C’est Paul qui, aussitôt après sa conversion, commence à prêcher le Seigneur Jésus, non seulement comme le Christ, mais comme le Fils de Dieu (Act. 9) — autre grand point de ses écrits. Je ne dis pas que cette doctrine soit aussi caractéristique de Paul, ou tout au moins lui appartienne aussi exclusivement que celle du corps de Christ ; mais je la fais remarquer pour montrer la largeur des voies de Dieu développées par le bienheureux apôtre. Quoique l’Église de Dieu se rattache directement davantage à Christ comme l’homme exalté, n’oublions pas que Celui qui est l’homme exalté dans le ciel est le Fils ; et Dieu ne manque pas d’insister sur cette relation de Christ avec Lui-même, aussi bien que sur celle dans laquelle le Seigneur se tient pour nous comme homme à Sa propre droite. Bref, l’apôtre n’est pas conduit par l’Esprit à insister uniquement sur ce que d’autres ont dit avant lui. Il n’attire pas simplement, comme Pierre, l’attention sur le fait que Jésus a été fait Seigneur et Christ ; il ne parle pas de Lui comme le saint serviteur de Dieu (Act. 3 et 4). Non, Paul prêche immédiatement dans la synagogue que Jésus est le Fils de Dieu. Le Saint Esprit l’a rendu capable de saisir ce qui ne nous est pas déclaré lui avoir été dit sur la route de Damas. Dans ce qui se passa entre Christ et Saul, Dieu ne dirige pas particulièrement notre attention sur le caractère de Fils. Pourtant, les deux grandes vérités de la gloire de Christ, comme Fils et comme Tête céleste, deviennent dès lors son témoignage. Le temps de Le proclamer comme Messie sur la terre était passé, le Seigneur Lui-même ayant mis fin à cette prédication avant de quitter ce monde (lire Matt. 16, 20 et Luc 9, 20-22).
Jésus monté au ciel fut fait et Seigneur et Christ [Act. 2, 36]. Qu’il soit Seigneur est la confession la plus élémentaire qui puisse être faite parce que c’est simplement reconnaître Son autorité, et il est clair que l’autorité, quoique très réelle, est après tout le côté le moins élevé de la vérité en Christ. Elle ne fait pas ressortir Sa grâce, elle ne manifeste pas Sa gloire infinie. Elle représente ce qu’Il fut fait, non ce qu’Il était et ce qu’Il est en Lui-même. Elle n’est donc pas ce qui Lui est intrinsèque, mais une place qui Lui fut donnée, qu’Il revêtit, dans laquelle Il a été exalté. L’apôtre Pierre et les autres prêchent cela. Ensuite Étienne Le voit d’une autre manière, découvrant tragiquement combien est totalement rejetée (en sa propre personne) la vérité divine quant au Seigneur et Christ exalté. Il rend son témoignage que Jésus n’est plus seulement le Christ exalté dans la position de Seigneur mais le Fils de l’homme dans la gloire debout à la droite de Dieu. Finalement, Paul non seulement entre d’emblée dans la vérité déjà connue, mais il apprend là, au moins en substance, le grand mystère que Christ et les saints qu’il persécutait étaient un ; et il prêche aussitôt Jésus comme le Fils de Dieu.
Ce caractère de Fils de Dieu, bien que ne nous concernant pas aussi directement que les autres, est plus élevé qu’aucune autre de Ses gloires y compris Son exaltation à la droite de Dieu. Non pas que nous prétendions comparer et apprécier ce qui touche à une telle personne ou opposer une vérité à l’autre ; mais nous avons à maintenir la vérité entière de la gloire de Christ. Et je suis persuadé que c’est de la manière dont nous sentons et reconnaissons dans nos âmes la vérité de Sa gloire personnelle que découle toute puissance pour saisir le reste de la vérité, en jouir et y marcher. À mesure que la vérité de Christ exalté nous sera plus précieuse, la Parole toute entière prendra plus de réalité dans nos cœurs. Inversement tout ce qui peut atténuer, affaiblir, corrompre, détruire la vérité de Dieu, prend naissance dans les vues étroites de l’homme au sujet du Seigneur Jésus. Nous pourrons le vérifier dans ce que nous allons considérer présentement.
Qu’est-ce en effet que l’Église, sinon le corps même de Christ ? Elle est la réponse, produite sur la terre par le Saint Esprit, à la gloire de cet homme exalté dans le ciel. Comme corps elle est inséparable de la Tête glorieuse. La plupart des enfants de Dieu n’ayant jamais été exercés quant à cette gloire, la place dans laquelle Christ est entré ne peut que leur être inconnue. La gloire et la bénédiction de l’homme exalté dans le ciel sont aussi faiblement senties que la misère de l’homme maintenant, fût-il le plus grand sur la terre. Même les enfants de Dieu envisagent souvent les choses présentes comme capables de les satisfaire. Ils se croient autorisés à en jouir et en tirer le meilleur parti. N’est-ce pas là faire contribuer autant que possible la vérité et la miséricorde de Dieu aux aises et aux joies terrestres ? Ce qui n’est pour le monde qu’une vaine recherche de plaisir n’a pas, sans doute, ce même caractère pour le chrétien : des pensées spirituelles sont en lui. Mais combien sont peu nombreux cependant les chrétiens qui considèrent ce monde comme une scène jugée et condamnée ! Jusqu’à sa mise à l’épreuve finale, le monde avait été l’objet de témoignages continuels de la part de Dieu. Alors vint le Fils, l’homme Christ Jésus. Et ce fut la rencontre décisive si l’on peut parler ainsi, entre Dieu le Père, qui avait donné Son Fils, et le monde conduit par la puissance de Satan. Mais Dieu ne voulut pas reculer devant ce qui — nous pouvons bien le dire — était pour Lui l’épreuve infinie, celle de l’abandon de Jésus. Il permit que toute injustice fût faite à Celui qu’Il aimait par-dessus tout ; et le Fils de Dieu Lui-même ne s’épargna aucune douleur, aucune honte dont l’homme pouvait l’accabler. En vérité, c’est pour cela qu’Il était venu. Il fallait, selon les voies de Dieu, que le monde manifestât son état de péché comme il ne l’avait jamais fait auparavant ; et c’est ce qu’il fit. Ainsi tout le mal fut mis en évidence afin que Dieu puisse agir d’une manière unique et définitive, afin qu’Il puisse en finir par un coup suprême de Son jugement, non pas sur le monde, mais sur Son Fils ; oui, afin qu’Il puisse agir en grâce absolue envers ce pauvre monde. Dès lors tout est changé. Au lieu d’un homme chassé hors d’un jardin, en pleine déchéance au milieu d’un monde sans Dieu, l’homme dans la personne de Jésus entre maintenant dans le ciel même et s’assied sur le trône de Dieu dans la gloire.
C’est seulement lorsque Dieu eut accompli cela qu’un corps a pu être formé sur la terre ; car il fallait qu’il y eût d’abord une Tête suffisante, et une seule personne était digne d’être cette Tête, ce Chef. Or Jésus, cet Être béni, ne pouvait être Tête avant d’être homme aussi bien que Dieu, et plus encore, avant que le péché eût été jugé et que la grâce, en conséquence, pût avoir son libre cours. Admirons de quelle manière merveilleuse toute la vérité se concentre en Christ, dans Sa croix et dans Son exaltation à la droite de Dieu. En outre une puissance compétente et suffisante était nécessaire ici-bas. Ce serait le Saint Esprit, agent divin habituel des voies de Dieu sur la terre, mais agissant d’une manière nouvelle, conforme à celle dans laquelle Dieu s’était manifesté. Il s’était montré dans le Fils de Dieu, et Il ne voulait pas en sortir.
Une seule personne, même dans la divinité, pouvait manifester Dieu : c’était le Fils, resplendissement de Sa gloire et empreinte de Sa substance [Héb. 1, 3]. Dès l’Ancien Testament, Il pouvait venir sous la forme d’un ange visitant Abraham ou Manoah, pourtant c’était toujours le Fils. Mais s’il y eut jamais une puissance à l’œuvre, soit dans l’homme juste, soit dans l’inconverti, accomplissant quelque chose de divin par l’homme ou en lui sur la terre, c’était invariablement celle de l’Esprit de Dieu. Aussi prend-Il maintenant Sa place dans cette nouvelle œuvre de Dieu. Le Fils était entré comme homme dans la gloire qu’Il avait eue auparavant comme Dieu. Il avait en quelque sorte porté l’humanité dans Sa personne jusqu’au trône de Dieu. Chose merveilleuse, désormais tout dans le ciel était assujetti à un homme. Et Dieu manifestait ainsi publiquement, en haut, les conseils jusque-là cachés de Son cœur.
Mais qui pouvait raconter cela dignement ici-bas, être un témoin véritable de cette gloire céleste ? Celui qui la connaissait parfaitement ; Celui qui seul était capable de glorifier Christ et était prêt à le faire, Celui qui était habitué à enseigner à l’homme les pensées de Dieu et à l’en faire jouir. C’était le Saint Esprit qui descendit, céleste témoin de la gloire de Christ, pour nous la révéler. Et voici le fruit de Sa venue : Il forme sur la terre un corps et un seul. Dieu peut-Il reconnaître plusieurs corps de chrétiens sur la terre ? Une telle pensée non seulement est choquante pour le cœur du croyant, mais elle est une offense à Jésus, un tort fait à cette manière bénie par laquelle Dieu glorifie Son Fils, par le Saint Esprit envoyé du ciel.
Il existe désormais ici-bas ce que Dieu appelle Son Église, le corps de Christ, identifié avec Jésus Lui-même. Cela est si vrai que l’Esprit va jusqu’à appeler le tout (c’est-à-dire Christ et l’Église) le Christ (1 Cor. 12, 12) tant les saints constituent une partie de Sa gloire. Et, chose intéressante (bien qu’humiliante pour nous), ce furent les tristes désordres qui s’étaient introduits au milieu des saints de Corinthe qui donnèrent à l’Esprit l’occasion de nous instruire largement sur l’Église, le corps de Christ. Remarquons que ces désordres n’excluaient pas la puissance. Bien des personnes supposent que la faiblesse est la grande raison des désordres qui peuvent exister dans l’Église de Dieu. Il n’en est rien. De fait, quelques-uns de ceux qui ont causé les plus grands désordres dans l’Église ont trahi moins de faiblesse que de forte volonté charnelle. La cause du désordre à Corinthe et ailleurs a toujours été l’insoumission à Christ, la vanité avec l’abus du pouvoir, le désir plein d’ostentation de montrer ce qu’ils possédaient, en un mot la séparation de la puissance de l’Esprit d’avec la glorification de Christ. Quelles que soient la puissance ou les qualités qu’on possède, les posséder indépendamment de Christ est quelque chose de fatal — fatal à Sa gloire — fatal à la bénédiction des saints et des autres âmes — par-dessus tout, fatal à celui qui est ainsi abusé par Satan. C’est ce qui précisément se manifestait parmi les Corinthiens à cette époque. Combien nous devrions bénir Dieu pour l’instruction qu’Il nous donne à ce propos.
Deux puissances sont à l’œuvre ici-bas. L’esprit du mal qui agit dans les fils de la désobéissance, et l’Esprit Saint qui travaille dans les enfants de Dieu. La première à élever l’homme contre Jésus, la seconde à soumettre les croyants au Seigneur (car c’est le grand point présenté ici : Jésus comme Seigneur). Les Corinthiens faisaient de la cène du Seigneur leur propre repas, et de l’assemblée le théâtre où ils se donnaient en spectacle, comme si la Parole émanait d’eux, au lieu d’être venue à eux en réclamant leur obéissance à Dieu. De fait, ce n’est que lorsque les âmes sont rendues indépendantes par l’orgueil ou la négligence, qu’il est nécessaire d’insister sur cette vérité de la seigneurie de Jésus. Le racheté qui jouit de Christ n’a nullement besoin d’une telle pression ; il ne voudrait pas avoir d’autre Seigneur et il fait ses délices de Sa grâce. Il va sans dire que cela devrait être réalisé par tout croyant, mais il est nécessaire de rappeler cette vérité chaque fois que l’insubordination prédomine, et que la chair se fait valoir comme c’était le cas à Corinthe. C’est pourquoi l’apôtre commence par établir un fait sérieux et de toute importance : l’Église de Dieu se trouve là où le Saint Esprit maintient Jésus comme Seigneur. C’est le principe préliminaire atteignant les Corinthiens en fonction de leur état et c’est toujours ainsi que l’Esprit de Dieu opère. Dieu agit moralement ; cela seul peut être digne de Lui, et bon pour nous. Son but est de ramener nos âmes à la jouissance de Lui-même ; nous n’avons alors même plus besoin de penser à notre marche, car en fait il n’y a rien qui agisse aussi puissamment sur notre marche pour la conformer à Sa nature.
L’apôtre poursuit en déclarant qu’il y a « diversité de dons, mais le même Esprit », et encore : « il y a diversité de services, et le même Seigneur ; il y a diversité d’opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous » [v. 4-6]. Ces trois versets sont essentiels pour l’intelligence pratique de ce que le Seigneur place devant nous. Les plus simples éléments sont ici : pourtant dans la pratique l’Église les a oubliés. Ce sont les plus petites conditions requises qu’Il puisse accepter, le seul caractère qu’Il puisse reconnaître de l’assemblée de Dieu, envisagée dans son œuvre journalière.
La première des conditions requises est donc « la diversité des dons ». Partout où un groupe chrétien prétend répondre à l’idée de l’Église de Dieu sur la terre, il faut que soit reconnu le principe du libre exercice des dons. Quand ceux-ci sont méconnus et que la congrégation se contente de s’attendre à un ou à plusieurs individus (doués ou non) la preuve est faite que ce terrain n’est pas celui de la Parole de Dieu. Il y a diversité de dons, mais le même Esprit (pas le même ministre).
Tout ce qui nie cette vérité en principe ou en pratique n’est pas l’Église de Dieu et n’a par conséquent aucun droit à ma soumission ni à la vôtre. Puis-je sanctionner ou paraître approuver ce qui est contraire à la volonté du Seigneur dans ces graves sujets concernant le Saint Esprit ? Ne dois-je pas traiter comme une association humaine même une congrégation de vrais chrétiens s’ils jettent par-dessus bord ce qu’enseigne l’Écriture par exemple au sujet de la liberté de l’exercice de tous les dons ? Si des règles sont substituées à l’autorité de la Parole de Dieu, n’avons-nous pas affaire à l’Église de l’homme ? De quel droit un chrétien réglemente-t-il l’assemblée de Dieu ? Qui a permis à l’homme d’intervenir ? La formation de l’Église était une grande œuvre, même pour Dieu. Elle nécessitait, une fois la rédemption achevée, que le Fils montât au ciel et que le Saint Esprit descendît sur la terre. Dieu fit le monde par Sa parole pour le premier Adam, quoique, sans doute, Son but final ait été Christ manifesté comme Roi dans Sa gloire. Mais quant à l’Église, Dieu ne la constitua pas et, en toute révérence, nous pouvons dire ne pouvait la constituer avant d’avoir reçu le second homme, comme Tête glorifiée en haut, et envoyé le Saint Esprit pour former le corps en bas. Seules la mort et la résurrection de Christ pouvaient en être la base ; seul le Seigneur Jésus ressuscité et glorifié pouvait en être la Tête. Ainsi, l’Église de Dieu sur la terre n’est pas une société organisée pour répondre aux besoins religieux des hommes : elle est le corps que le Saint Esprit a formé ici-bas pour Christ en revendiquant d’emblée Ses droits au Seigneur.
Nous apprenons en effet ensuite « qu’il y a diversité de services, mais le même Seigneur ». Les activités chrétiennes sont multiples, mais c’est le Chef, Christ, qui les ordonne et les dirige. Le Saint Esprit ne prend pas ici-bas la place du Seigneur. Et je doute fort que ce soit là la vraie manière d’envisager l’Esprit de Dieu. J’admets entièrement la puissance, l’œuvre et la souveraineté de l’Esprit, et je suppose que c’est cette souveraineté qu’entendent certains quand ils parlent de Son gouvernement. Pourtant il y a danger à s’écarter du langage de la Parole de Dieu. Les paroles de l’Écriture sont les plus propres à exprimer les vérités de l’Écriture ; aussi, lorsque nous nous écartons des paroles, sommes-nous en danger d’affaiblir la vérité elle-même. Dans certaines sectes de la chrétienté, il existe une tendance à donner au Saint Esprit la place qui appartient au Seigneur. Or, puisque le Saint Esprit agit en l’homme et par lui, cela revient plus ou moins à mettre l’homme à la place de Christ. Tandis que, si nous nous tenons à ce qu’enseigne l’Écriture, il est clair que le Saint Esprit Lui-même, dans l’œuvre de l’Église, ne prend pas la place de tête et de Seigneur mais celle de serviteur, prenant soin de tout et glorifiant Christ. De même que le Fils ici-bas prit la place de serviteur du Père pour l’accomplissement des conseils divins, de même le Saint Esprit, quoiqu’Il soit Dieu dans Sa personne et par suite souverain, daigne, pour la poursuite des conseils de Dieu, s’assujettir actuellement au Seigneur Jésus. C’est ainsi qu’Il imprime le caractère de serviteur sur le saint réellement animé et conduit par Lui, pour la gloire de Christ. Autrement dit, même si Sa fonction est de gouverner l’Église de Dieu, le Saint Esprit se constitue serviteur dans Sa relation avec le Seigneur Jésus et Il donne à chaque croyant ce caractère. Au contraire, lorsque c’est l’homme qui commande, quelle valeur, quelle autorité ou quelle puissance peut-il y avoir ? Et si un homme est appelé à une quelconque administration, que sa sphère soit grande ou petite, il n’en reste pas moins serviteur, et il ne l’est réellement que s’il poursuit l’accomplissement de ce que le Seigneur lui a donné à faire. En Le servant ainsi, quel que soit son don ou sa place, ce n’est pas le moi qui est glorifié, c’est Christ Lui-même. Il y a diversité de services, mais le même Seigneur, comme il y a diversité de dons mais le même Esprit.
« Il y a diversité d’opérations », ajoute l’apôtre, « mais c’est le même Dieu qui opère tout en tous ». Dans l’Église l’homme n’a pas le moindre droit et il ne s’y trouve pas la plus petite place pour sa volonté. Si Dieu y travaille, le devoir de l’homme est de s’effacer pour que Dieu puisse réellement agir d’après Sa volonté. Sont-ce là, chers frères et sœurs, des vérités qui remplissent nos cœurs ? Quand nous nous réunissons pour l’édification ou l’adoration, est-ce comme l’assemblée de Dieu regardant au Saint Esprit, au Seigneur Dieu Lui-même ? Plusieurs peuvent trouver fort présomptueux qu’on s’appelle l’assemblée de Dieu. Mais si ce n’est pas l’assemblée de Dieu qu’est-ce, sinon l’assemblée de l’homme, autrement dit pas une assemblée du tout ? Ce qui reviendrait à détruire toute responsabilité des saints de Dieu sur la terre.
Accepteriez-vous que Jésus n’ait aucune gloire par vous, si pauvrement qu’elle puisse être réfléchie ? qu’Il ne reçoive de votre part aucune réponse à Sa grâce ? que le Saint Esprit soit contrarié, entravé, supplanté, maintenant qu’Il a daigné descendre pour glorifier Christ dans les saints ? Eh bien, s’il en est ainsi ne devons-nous pas être prêts à faire Sa volonté ? Et comment mieux la faire qu’en prenant à cœur ce qui Lui est cher ? Or un objet Lui est incomparablement plus cher que tout ce que poursuivent les hommes. Que représentent pour Christ tous les mondes, comparés à l’amour qu’Il éprouve pour Son Épouse, l’Église qui est Son corps ici-bas ? Dans ces conditions, est-ce que nous Lui obéirions moins volontiers sous prétexte que c’est pour nous une obligation ?
Le respect mêlé de tendresse, sentiment qu’une épouse doit normalement témoigner à son mari, illustre ce que devraient être les dispositions du cœur de l’Église pour Christ son Seigneur. Faible comparaison, suffisante toutefois pour montrer que l’intimité des relations n’affaiblit pas l’amour et le respect pour quelqu’un qui en est digne de toute manière.
C’est un mensonge de Satan, de dire que connaître Dieu comme notre Père en Christ affaiblit notre obéissance ; c’en est un autre de refuser à des enfants de Dieu le titre de membres de Christ. Les reconnaître comme siens donne essor à l’amour mutuel, inspire de la confiance et encourage la persévérance à chercher à les servir. Si vous ne tenez pas compte de leur relation avec le Seigneur, avec quelle différence de sentiments vous agirez envers eux ! En vertu de quel principe leur demanderez-vous d’abandonner les voies et les systèmes de l’homme ? À quel titre leur parlerez-vous de la bénédiction qu’il y a à se réunir au seul nom de Christ sur la terre, avant de Le rencontrer dans la gloire ? Il devrait être affreux et choquant pour le chrétien de voir le monde, souillé de la sanglante culpabilité de la croix de Christ, oser se mêler du corps et de l’Épouse de Christ ! Quelle désastreuse inconséquence pour un croyant que de s’associer à une « religion » gouvernée suivant des règles d’invention humaine ! Dans une telle conjoncture la responsabilité de chaque enfant de Dieu est simple : qu’il s’attache uniquement à ce que Dieu a fait et révélé, ne doutant nullement de la puissance et du vouloir de l’Esprit pour le rendre fidèle.
Mais une autre vérité se rattache à cela. L’Esprit de Dieu étant présent sur la terre, il ne s’agit nullement d’y former une nouvelle Église, encore moins de procéder à une espèce de raccommodage. Il nous appartient de reconnaître ce que l’Esprit a formé et n’abandonne jamais, de nous conformer aux injonctions de la Parole de Dieu en nous purifiant de ce qu’elle condamne et en cherchant à être fidèle à ce que Dieu Lui-même a donné ! Il se peut que, dans un endroit, deux ou trois seulement aient la foi nécessaire pour sentir et agir de la sorte. Mais n’y en eût-il, même dans une grande ville, que deux ou trois assemblés au nom du Seigneur Jésus, ils ne devraient rien tolérer d’incompatible avec les enseignements de la Parole touchant « les diversités de dons », « les diversités de services », et « les diversités d’opérations » de l’Esprit. La vérité et la volonté de Dieu ne peuvent jamais perdre leur autorité sur le peuple de Dieu par suite du changement des circonstances. Le cléricalisme et le libéralisme religieux sont également et entièrement opposés à l’Écriture et à l’action du Saint Esprit. Ce sont des formes différentes et opposées de la volonté de l’homme. Or quel autre que Dieu possède un droit réel au gouvernement de Son Église ? Si c’était « notre Église » nous pourrions légitimement l’organiser, la modifier ou l’élargir comme bon nous semble. Mais l’Église est une institution divine où l’ordre de Dieu doit régner et où le Saint Esprit seul peut tout mener à bien selon la Parole écrite.
Mais s’il n’y avait que deux ou trois saints seulement qui, à cause des droits méconnus du Seigneur Jésus, soient sortis de cette religion organisée par l’homme, je suis tenu de les reconnaître comme étant sur le vrai terrain de l’Église de Dieu. Les sentiments qui leur conviennent sont : l’humilité, la reconnaissance envers Dieu, l’humiliation à l’égard de la ruine de la chrétienté responsable, le désir de la bénédiction pour tous les croyants et une sainte crainte que leur propre faiblesse ou leur négligence n’attire du déshonneur sur le témoignage. Je me garde de dire que ces deux ou trois seuls sont l’Église de Dieu, mais je les appelle, marchant ainsi ensemble, Son Église. N’y eût-il, dans le monde entier, que ces deux ou trois ainsi rassemblés selon la Parole, ils seraient la seule chose de cette nature ici-bas. Ainsi ce qui constitue l’Église de Dieu sur la terre, ce n’est pas seulement que les saints qui la composent sont membres de Christ — cela, sans doute, est essentiel — mais qu’ils soient assemblés et marchent ensemble selon la Parole de Dieu, laissant au Saint Esprit Sa place en action souveraine pour la gloire du Seigneur Jésus.
Inversement beaucoup de saints peuvent s’être réunis ; mais s’ils se sont arrangés comme ils l’ont trouvé convenable en dehors des Écritures, s’ils ont reçu quelqu’un selon leur sagesse, appliqué leur discipline, reconnu cette doctrine-ci et non celle-là, que représentent-ils ? Rien d’autre qu’une association de chrétiens plus ou moins pieuse, plus ou moins prudente ou active. Il suffit d’un seul de ces principes humains, contraire à la Parole de Dieu, et substitué au Saint Esprit opérant dans l’Église, pour ôter à un tel rassemblement le caractère d’Église de Dieu. Quoique individuellement nous ayons à aimer ces chrétiens, ils n’ont dans ce cas aucun droit à être reconnus comme corps. L’Église, envisagée comme étant sur la terre, est l’assemblée des saints où Dieu agit par le Saint Esprit envoyé du ciel : c’est Son assemblée, et non pas simplement une assemblée de saints. Une assemblée de saints est une bonne chose ; mais s’ils ne sont que cela, ils ne peuvent prétendre avec vérité à la place d’Église de Dieu. Ce n’est pas leur présence mais celle du Saint Esprit qui les constitue Son Église. Qu’il est précieux qu’il y ait sur la terre des saints édifiés ensemble pour être l’habitation de Dieu par l’Esprit [Éph. 2, 22] !
Mais de même que pour le Fils de Dieu quand Il était ici-bas, ainsi de nos jours la place du Saint Esprit Lui est contestée. L’état actuel de la chrétienté oblige, hélas, à en convenir. Chose vraiment remarquable, de la même manière que Dieu permit à l’homme de faire ce qu’il voulut à Christ, Il lui permet maintenant d’outrager l’Esprit de grâce en méconnaissant Sa présence et Sa gloire dans l’Église. L’homme a failli successivement à cette double responsabilité. Mais nous savons que le temps approche où l’Église quittera le monde pour rejoindre son Chef et occuper avec Lui la position de gloire qui lui est destinée. Devant le monde aussi elle brillera au temps convenable. Combien il serait désirable que chaque enfant de Dieu examine jusqu’à quel point il a reçu dans son âme et jusqu’à quel point il réalise dans sa marche la vérité de Dieu concernant Son Église ! Si vous dites que vous ne vous en préoccupez pas particulièrement et que vous vous contentez du salut, je vous demande : Où est votre amour pour Christ ? Où sont vos affections pour ceux qui appartiennent à Christ et pour Sa gloire en eux ? Quelle condition égoïste et inférieure pour un chrétien ! Au reste ceux qui s’en contentent se condamnent généralement à une incertitude continuelle quant à leur acceptation personnelle devant Dieu et trouvent dans la mondanité un soulagement à leur manque de paix réelle.
Quelle différence avec la voie de Dieu ! Il sauve d’un parfait salut ; Il nous rend parfaitement libres afin d’accomplir en nous toutes Ses pensées, pour Sa gloire en Christ et tout particulièrement dans l’Église. Chrétien, Dieu vous a-t-Il sauvé pour vous laisser en dehors de Ses propres desseins et sans un souci pour la gloire de Christ ? Si Dieu vous a montré une telle miséricorde, est-ce que votre cœur éclairé par Sa Parole et sous l’action de l’Esprit ne vous pousse pas à servir Christ ? Le servir comment ? Tout spécialement en apprenant et en accomplissant la volonté de Dieu dans un domaine aussi précieux à Christ que celui de Son Église. Que Dieu donne à chacun de nous de considérer sérieusement la chose.
Mais ce chapitre 12 des Corinthiens nous enseigne encore bien davantage. L’apôtre parle de la manifestation de l’Esprit sous des formes diverses. Elle est donnée à chaque saint, non seulement pour lui-même, mais pour l’utilité de tous. « À l’un est donnée, par l’Esprit, la parole de sagesse ; et à un autre la parole de connaissance, selon le même Esprit ; et à un autre la foi, par le même Esprit ; et à un autre des dons de grâce de guérisons, par le même Esprit ; et à un autre des opérations de miracles ; et à un autre la prophétie ; et à un autre des discernements d’esprits ; et à un autre diverses sortes de langues ; et à un autre l’interprétation des langues ». Ce chapitre envisage les dons comme un signe pour le monde. Ils étaient dans l’Église, dans les différents membres du corps de Christ ; mais pas exclusivement pour le profit de l’Église puisque certains constituaient une marque extérieure en faveur de tous les hommes. Prenez par exemple le don des langues. Quel témoignage de la grâce parfaite de Dieu qui ne se limite plus à la nation élue, mais qui rencontre maintenant tous les hommes en grâce, là où Son jugement les avait placés après le déluge ! Les choses magnifiques de Dieu dans la rédemption sont proclamées par l’Esprit à chaque nation dans sa propre langue.
« Un seul et même Esprit opère toutes ces choses — ajoute l’apôtre — distribuant à chacun en particulier comme il lui plaît ». Quelle que soit la place de dépendance qu’il plaît à l’Esprit Saint de revêtir maintenant, Il n’en est pas moins souverain, agissant comme Il veut ; Il est divin ; Il est Dieu. « Car de même que le corps est un et a plusieurs membres, mais que tous les membres de ce seul corps, quoiqu’ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ ». Avez-vous été amenés à Dieu ? Avez-vous cru de cœur et confessé de votre bouche que Dieu a ressuscité Jésus d’entre les morts ? Alors vous êtes à Lui pour magnifier Celui qui est votre Sauveur et Seigneur. Reconnaissez-Le comme seul Seigneur. Reconnaissez le Saint Esprit comme le seul agent opérant dans les saints, en tant qu’Assemblée de Dieu ici-bas. J’admets que l’Esprit de Dieu, agissant librement en grâce, ne se confine pas à l’Assemblée comme telle. Il peut agir dans les membres de Christ, parfois même quand ils ne sont pas dans la place où Dieu les voudrait. Aussi n’ai-je pas la pensée de nier un instant que le Saint Esprit travaille dans quelque système ou dénomination chrétienne que ce soit. Mais celui qui apprécie et comprend l’Écriture peut voir que toute cette concurrence de sociétés chrétiennes prouve un total éloignement de la Parole de Dieu quant à Son Église.
L’Église est-elle libre de choisir certaines doctrines particulières ? Voyons-nous dans la Parole qu’elle désigne ses propres ministres ? Quand l’Église prend une telle place, elle abandonne en principe la sujétion au Seigneur. C’est la femme s’efforçant de prendre la place du mari. Rien ne peut être plus simple si nous tenons ferme ce que Dieu Lui-même a établi. L’Église ne confère point de mission, elle n’enseigne pas ; en revanche elle est tenue de juger, et non seulement quand il s’agit de mal moral, mais aussi de la doctrine, ne tolérant rien de ce qui peut nuire à la vérité ou à la sainteté de Dieu et vigilante sur tout ce qui touche la gloire de Christ. Mais entre cette fonction et le fait d’établir un clergé ou de définir des articles de foi, la différence est grande. En considérant l’Église dans l’Écriture, je la vois chargée de l’obligation de maintenir la vérité dont elle est la colonne et le soutien ici-bas. Je ne cherche pas au loin dans le monde pour trouver la vérité. Je sais qu’elle ne se trouve que dans l’Église. Et son état de désordre n’a pas mis fin à sa responsabilité.
L’état de choses actuel contraste fâcheusement avec ce qui est présenté dans la Parole de Dieu. En présence de toutes les dénominations qui chacune s’intitule Église, que doit faire un enfant de Dieu qui désire être fidèle ? Juger sa position d’après la Parole de Dieu ; s’assurer si ce qu’il approuve ou sanctionne par sa présence est bien selon l’Écriture. Prétendre que l’on n’a rien à faire avec les autres, que le seul devoir consiste à bien marcher soi-même est une piètre excuse, et revient à abandonner entièrement le terrain de l’Église de Dieu. Par contre, chers enfants de Dieu, si vous vous trouvez — peut-être à deux ou trois seulement — sur le terrain où la Parole seule a toute autorité, quelle heureuse part est la vôtre ! Car Dieu honorera en Son temps ceux qui L’auront honoré [1 Sam. 2, 30]. En attendant, la lumière divine brille sur votre sentier chaque fois que vous vous réunissez. Elle peut vous montrer votre faiblesse et vos manquements, n’importe, vous êtes à la place où Dieu vous veut, où Il prend soin de vous, satisfait aux besoins de votre âme en utilisant tantôt tel serviteur, tantôt tel autre, car « toutes choses sont à vous » [1 Cor. 3, 23]. Sous l’effet de la vérité votre âme fera des progrès dans les voies de Dieu. S’il existe du mal ici ou là, il est manifesté et jugé, le Saint Esprit agissant à cet effet par la Parole. Surtout, qu’il est doux de savoir qu’en fait et en vérité, nous faisons la volonté de Dieu ! Celui qui la fait subsistera à toujours. Heureux le croyant qui a ainsi la certitude d’être soumis à Jésus tout le long de l’aride chemin !
C’est là ce que l’apôtre désirait pour les Corinthiens. Pratiquement, ils avaient introduit chez eux le plus complet désordre, mais il ne leur refuse pas pour autant le caractère d’assemblée. Dois-je me détourner de l’assemblée à cause des fautes qui peuvent se trouver chez l’un ou chez l’autre ? Ce n’est sûrement pas le chemin du Seigneur. Il enseigne comment le mal doit être jugé et corrigé. Ce que nous avons à faire, c’est d’appliquer la Parole d’une manière intelligente et d’agir contre chaque source de mal à mesure qu’il se manifeste.
Sans doute, l’indifférence au sujet de la volonté du Seigneur n’est pas moins mauvaise que tel mal que je discerne chez les autres. Mais il est aussi contraire aux Écritures de sortir sur-le-champ à cause du péché des autres que de fermer les yeux à son sujet ou de l’encourager. L’assemblée confessant que Dieu est là n’est jamais excusable de tolérer le mal, mais je dois chercher à éveiller la conscience et à agir en obéissance même quant à cela. C’est dans l’Église (et non pas en sortant précipitamment) que je puis compter sur Dieu pour qu’Il opère dans Ses saints et par eux. Et ainsi, quel que soit le mal qu’introduit Satan, fausse doctrine, ou immoralité la plus flagrante, nous ne devons ni être trop surpris, ni refuser notre aide à l’Église dont le devoir est de faire la volonté du Seigneur en tout. Je dois en appeler à Lui et compter sur Lui, ensemble avec mes frères, afin que toutes nos consciences soient en activité et que nous puissions avoir la grâce de mettre dehors tout ce qui offense la gloire de Dieu, si aucun soin, aucune discipline n’a pu remédier au mal.
Ainsi ce n’est pas la faiblesse, ni même l’entrée d’un mal positif qui doit nous conduire à la séparation, quelque grands et pénibles que soient le chagrin et la honte pour nos cœurs. Ce qui est funeste c’est le refus d’agir contre le mal, c’est le rejet pratique de l’Esprit de Dieu s’élevant par la Parole pour le réprimer. C’est quand la volonté propre de l’homme prévaut et est sanctionnée, qu’on préfère les facilités d’une paix extérieure en conservant l’apparence de l’unité, quoique tout ce qui rend l’unité précieuse soit parti. Car quel est le sens d’une unité qui n’est plus fondée et maintenue selon la volonté de Dieu ? Si le Saint Esprit ne peut y mettre Son sceau, si la gloire du Seigneur Jésus n’y est pas maintenue, c’est une iniquité. Et une telle assemblée n’a aucun droit à mon obéissance.
Il se trouve des difficultés dans le sentier de Christ, mais la foi surmonte tout. L’Église se compose d’hommes qui, quoique dans l’Esprit, ont néanmoins la chair en eux. Si celle-ci n’est pas tenue pour morte, Satan s’efforcera de lui faire produire des fruits et d’en étendre les effets tout à l’entour d’une manière aussi funeste et aussi contraire que possible à la gloire du Seigneur. Ceignons nos reins et regardons vers Celui à qui appartient l’Église et qui demeure au milieu des siens. De Lui proviennent toute force et toute puissance ! Il manifestera Son précieux pouvoir en notre faveur, et agira contre ce qu’Il hait.
Mais que faire si un mal subtil, spécialement contre Christ (car tel est le but de Satan), prend le dessus dans l’assemblée, et si celle-ci rejette tout avertissement, toute tentative pour appeler l’attention sur la sentence que la Parole de Dieu prononce contre ce qui est certainement opposé à Sa gloire et détruit la vérité et la sainteté ? Évidemment, s’il en est ainsi, si le mal flagrant est tenu caché et non jugé, et si l’assemblée s’obstine dans le rejet des appels du Saint Esprit à juger ce qui est contraire à Christ, alors nous devons sortir, au nom du Seigneur, avec douleur, peut-être bien avec une honte profonde, un cœur déchiré, mais sans hésitation d’esprit. La preuve a été faite qu’ayant eu la lumière de Dieu, on a refusé de propos délibéré d’agir selon cette lumière ; qu’ayant été au bénéfice de la grâce de Dieu on est demeuré sourd à Sa Parole et on a tourné contre Lui Sa grâce en dissolution [Jude 4].
Que le Seigneur nous délivre d’un tel état de choses et nous rende toujours sensibles à Sa gloire et à Sa volonté révélée. Mais commençons par être lents à croire au mal. N’agissons jamais dans un cas individuel, encore moins vis-à-vis d’une assemblée, avant d’être forcés de reconnaître la certitude triste et humiliante que le saint ou l’assemblée est entièrement infidèle à Christ. La précipitation à mettre dehors des individus ou à juger ce qui a été reconnu comme l’assemblée de Dieu, est la dernière chose qui devrait caractériser l’enfant de Dieu. Lente et pénible devrait être pour nous une telle découverte, patients nos exercices et nos efforts en vue d’une restauration, jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible de supporter le mal sans nous identifier avec lui et qu’il faille agir. Lorsque Dieu place cette responsabilité sur nos consciences nous n’avons pas le droit de fermer les yeux ni de nous dérober. Ces quelques remarques peuvent nous aider à comprendre non seulement le principe des opérations du Saint Esprit telles que la Parole nous les révèle, mais aussi les conséquences pratiques pour notre marche au milieu des difficultés et des devoirs actuels.
Et maintenant quelques mots pour attirer notre attention sur la grande vérité contenue dans le verset 12, savoir que quoiqu’ils soient plusieurs tous les membres sont « un seul corps ». Le verset 13 complète : « nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit, pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit hommes libres ». Pas un enfant de Dieu n’est laissé dehors. Tout chrétien a cette qualité de membre du corps de Christ à partir du moment où il est baptisé du Saint Esprit, c’est-à-dire tôt ou tard. Et, dans quel but est-il baptisé du Saint Esprit ? Non pas pour rester indépendants les uns des autres, ce qui était anciennement l’état des saints en Israël ; mais c’est justement pour nous retirer de cet état de choses que le Saint Esprit est descendu. Certes, sous le christianisme, je ne perds pas ma bénédiction individuelle — bien au contraire — mais à côté d’elle existe un terrain que Dieu nous a imparti collectivement ici-bas. J’appartiens au seul et unique corps, à l’Église. Je suis baptisé en un corps par le Saint Esprit descendu du ciel. C’est une vérité que je saisis par la foi au même titre que mon privilège d’être enfant de Dieu. Est-ce que je crois à la réalité de ce seul corps résultant de la présence infaillible du Saint Esprit ? Si oui ne suis-je pas tenu de marcher en conséquence ? Et mon chemin sera clair si j’y avance avec cet œil simple qui ne cherche pas ses intérêts propres mais ceux de Jésus Christ.
Comment concevoir en effet qu’il puisse y avoir autre chose qu’une seule et même direction pour tous les enfants de Dieu qui se laissent guider par Sa Parole et Son Esprit ? Ce serait affirmer l’insuffisance de la révélation et de la conduite présente du Saint Esprit. Si nous étions simples et soumis aux Écritures, le Saint Esprit pourrait et ne voudrait produire qu’une seule et même conviction. La seule raison pour laquelle les chrétiens diffèrent tellement, c’est parce que la chair, non jugée, prévaut contre le Saint Esprit. Mais que Dieu nous accorde de n’abandonner ni l’assurance de la présence de l’Esprit, ni la suffisance de la Parole de Dieu maniée par le Saint Esprit. Le Saint Esprit n’est-il pas ici pour se servir puissamment de cette Parole en vue de la gloire de Christ dans le chrétien et dans l’Église, en proportion de la foi ? Par conséquent la responsabilité de chaque enfant de Dieu est de mettre de côté toute tradition et le poids mort de l’incrédulité qu’il reconnaît ; de quitter ce qu’il pratique ou tolère en contradiction avec l’Écriture ou qui s’en éloigne d’une manière ou de l’autre, afin de suivre complètement et en toutes choses la Parole de Dieu par l’Esprit.
Le reste du chapitre, qu’il n’est pas nécessaire de développer, en rapport avec notre sujet, nous enseigne d’abord que le corps n’est pas un seul membre. La variété des membres indique combien ils sont tous nécessaires — l’œil aussi bien que le pied ou la main — principe des plus importants. Ils n’ont pas tous la même fonction, ni la même place ; néanmoins ils sont tous utiles, petits et grands. Dans la faiblesse présente et la dispersion de l’Église de Dieu, l’œil peut être ici et la main là-bas, dispersés au lieu d’être rassemblés : hélas, qu’en est-il aujourd’hui de la manifestation extérieure du corps de Christ sur la terre ? D’où la confusion et la perplexité qui règnent ! Mais Dieu est toujours fidèle et opère encore par le Saint Esprit descendu du ciel, lequel est suffisant pour toutes les circonstances. L’Église peut être faible, et le ministère aussi ; mais l’Esprit de Dieu est-Il faible ? Ainsi ce n’est plus qu’une question de foi dans la réalité de la présence et de l’opération du Saint Esprit. Celui-ci rend forts et emploie des individus comme Il veut pour la gloire de Christ, chacun en tant que membre de Son corps. Eh bien, il est de toute importance d’user de hardiesse et de tenir ferme cette vérité, sans toutefois forcer les autres croyants au-delà de leur foi. Mais qu’y a-t-il de plus heureux sur la terre que d’entrer ainsi de cœur dans les œuvres variées de l’Esprit de Dieu ? Il distribue à celui-ci un don différent essentiellement de celui d’un autre. On peut affirmer qu’il n’y a jamais eu deux dons exactement semblables dans l’Église de Dieu. D’une manière générale, nous le savons, il n’existe pas dans le monde deux individus absolument identiques. En dépit de ressemblances qui peuvent être grandes, il y a tel cachet qui caractérise un homme, que nul autre ne possède ni ne posséda jamais. Il en est exactement de même dans l’Église. Dieu a besoin de toute cette diversité pour l’œuvre qu’Il nous a donnée à faire. Le discernement spirituel, fruit de la foi, saura reconnaître ces variétés dans l’œuvre du Seigneur. La chair au contraire, envieuse et jalouse, tendra toujours à effacer ces traits divins, assimilera lourdement fonctions et serviteurs et gâtera par là les beaux traits et les diverses opérations de l’Esprit de Dieu.
En rapport avec notre sujet, un dernier passage mérite notre attention, c’est Éphésiens 4. Le corps de Christ y est aussi mentionné, mais d’une manière bien différente et bien frappante. L’apôtre envisage ici l’Église non pas comme la scène des opérations du Saint Esprit sur la terre (1 Cor. 12) mais comme liée à sa Tête dans le ciel. Au lieu d’unir Christ à l’Église envisagée sur la terre comme le champ où le Saint Esprit manifeste la volonté de Dieu, ici un autre aspect nous est découvert. Christ Lui-même est présenté comme monté en haut, et le corps de Christ comme un avec Christ en haut. En sorte que si je regarde à Christ, je suis aussitôt lié avec le ciel (Éph. 4) ; si je regarde au Saint Esprit, je suis lié à la terre, comme la place où Il est Lui-même à l’œuvre pour la gloire de Dieu dans l’Église (1 Cor. 12). Telle est la différence dans tout le cours de ces épîtres. Les deux points de vue sont vrais et importants et aucun ne doit être négligé. Sans doute n’agissent-ils pas également sur les affections, mais ils sont tous deux utiles, tous deux divins, tous deux révélés pour notre profit et notre bénédiction.
Ainsi, ce que nous trouvons comme le sujet principal en Éphésiens 4, c’est Christ la source infaillible de nourriture pour Son corps. Il lui dispense Ses dons — des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des pasteurs, et des docteurs ; mais pas un mot des langues et des guérisons — signes dont nous avons une si grande variété dans 1 Corinthiens 12 et 14. Dans Éphésiens, tout est moyen direct de nourriture pour le corps et envisagé comme découlant de Christ pour les siens, plutôt qu’un témoignage de puissance dans l’Église de Dieu pour le monde. En Corinthiens, l’Esprit agit puissamment dans ce qui est appelé le Christ au verset 12 du chapitre 12 (la Tête et le corps ensemble) ; en Éphésiens, Christ, comme Tête, nourrit et chérit personnellement Son corps. Christ est aussi prééminent dans un cas, que le Saint Esprit est la grande énergie dans l’autre, agissant comme il Lui plaît dans ces manifestations variées qui sont données à chacun dans l’Église. Alors que, répétons-le, en Éphésiens, le grand objet c’est : « pour le perfectionnement des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ ».
La vraie et exacte manière dont Dieu voulait que Ses dons fussent déployés, c’est au titre de membres du corps de Christ. Ainsi en 1 Corinthiens 12, les dons ne s’exercent pas indépendamment de l’Église de Dieu, mais comme membres du seul corps. Cela est vrai, même pour l’évangélisation. Quand Paul et Barnabas partent, ils sont recommandés par l’Église à la grâce de Dieu [Act. 14, 26]. De même à leur retour, ils racontent à l’Assemblée ce que Dieu a opéré [Act. 14, 27]. Ce n’est nullement comme ayant reçu leur mission de l’Église, car celle-ci n’a aucune compétence pour choisir et envoyer un serviteur du Seigneur. Ce point est à souligner car il est totalement méconnu dans les systèmes de la chrétienté. Sans doute y a-t-il de vrais et sincères serviteurs du Seigneur parmi les ministres officiels des religions chrétiennes. Mais alors, pour exercer un ministère ou un don de nos jours dans la chrétienté, vous devez avoir l’approbation et le soutien de quelque soi-disant église, autrement dit vous devez faire partie de ce qui déshonore le Seigneur, et honorer l’église dans sa place d’usurpation, afin d’obtenir une mission ou un service. Ce principe n’est pas particulier au système romain, tous s’accordent dans cette substitution coupable de l’Église à la place du Seigneur.
Si Dieu nous a fait la grâce de nous éclairer au sujet de ces grandes vérités liées au don du Saint Esprit, qu’Il nous préserve de nous en glorifier et de nous complaire à nous-mêmes ! Au contraire, c’est pour nous une grande responsabilité. Plus encore : nous devrions réellement être honteux à la pensée que nous ne présentons pas ces vérités au cœur et à la conscience des autres avec une puissance telle qu’ils soient saisis par la crainte d’être en dehors des voies de Dieu. Reconnaissons que notre manque de spiritualité et de dévouement, notre mondanité et toutes les misères qui nous ont atteints individuellement ou collectivement, ont été les plus grands obstacles au témoignage ; car toute la puissance de Satan unie à celle de l’homme ne pourrait nous surmonter un instant s’il n’y avait pas en nous manque de foi ou infidélité non jugée. Voilà pour nous le vrai danger et notre sujet de honte devant notre Dieu ! Tenons ferme la vérité que Lui-même nous a donnée pour en être les témoins aussi bien que pour la croire. Les calomnies du dehors n’ont de puissance que sur ceux qui aiment le mal. Laissons les hommes dire ce qu’ils veulent ; mais pour nous nous n’avons pas à craindre tant que notre œil est simple, notre cœur vrai à l’égard de Christ, et le Saint Esprit l’objet de notre humble confiance selon la Parole.
Au sujet d’Éphésiens 4, un autre point peut encore être signalé. Ces dons sont tous accordés jusqu’à ce que nous soyons parvenus à la mesure de la stature de la plénitude de Christ. Ceci contraste encore avec 1 Corinthiens 12 où la même assurance n’est pas donnée au sujet des dons qui sont des signes pour le monde. Ainsi s’explique que ces dons n’existent plus. Le Seigneur ne s’est jamais engagé à faire continuer les guérisons ou les langues qui furent données à l’Église primitive. Par contre, quand il s’agit de ce qui est nécessaire à l’édification, aux dons ministériels de Sa grâce nécessaires pour l’appel de nouvelles âmes, ou pour le soin et la surveillance de celles déjà appelées, l’Écriture affirme qu’ils sont donnés « jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude de Christ » [v. 13]. Tout ce qui contribue au bien réel dans les circonstances présentes, demeure pour l’Église de Dieu jusqu’à la fin.
Celui qui nourrit et chérit Son Assemblée [Éph. 5, 29], qui la nourrit parce qu’Il la chérit, le fera fidèlement jusqu’à Son retour.