L’homme de douleurs

À la croix, Jésus — Lui seul le pouvait — sentait Dieu contre le péché, mais rien — non, rien ! — ne se trouvait entre Lui et Dieu. Rien ne mettait Son âme à l’abri du jugement de Dieu devant qui Il était fait péché. Il subissait la colère immédiate de Dieu — pensée terrible — Sa colère contre le péché. En Gethsémané, il trouvait la face de Son Père, en maintenant Son regard tourné vers Lui à travers les ténèbres que Satan pouvait accumuler. Mais sur la croix, tout était à découvert devant Dieu Lui-même.

*
*    *

Jésus a dû aimer en présence d’une haine qui jamais ne désarmait ; Il a dû nous aimer couverts de souillures, indifférents, ayant en haine la lumière, nous qui, mille fois, L’avons renié.

*
*    *

Tout ce que Dieu était dans Sa nature, Il l’était nécessairement contre le péché ; car, quoiqu’Il fût amour, l’amour ne trouve pas de place dans la colère contre le péché ; et la perte du sentiment de cet amour, la conscience, dans l’âme, d’être privé de Dieu, est la plus terrible de toutes les souffrances, une horreur indicible pour celui qui connaît cet amour ; or Christ le connaissait dans toute sa perfection. Et la majesté de Dieu, Sa sainteté, Sa justice, Sa vérité, tous ces caractères de Dieu, dans leur nature même, étaient dirigés contre Christ fait péché pour nous. Christ a été fait péché ; nulle consolation d’amour n’a atténué la colère. Jamais le Christ obéissant n’a été aussi précieux qu’alors ; mais Son âme devait être mise en oblation pour le péché, afin de porter judiciairement le péché devant Dieu. Voilà ce qui, à la fin des trois heures de ténèbres, a été exprimé par le Seigneur dans ces paroles du psaume 22 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». La perfection divine de Christ, en amour, a passé par cette souffrance, sans un seul rayon de consolation de la part de Dieu, ni des hommes. Toutes Ses autres afflictions Le poussèrent, avec une force croissante, vers cette souffrance suprême, et se confondirent avec elle dans ces ténèbres qui cachaient tout, sauf la colère qu’Il endurait de la part de Dieu.