Messager Évangélique:Fragments (avril 1862)/textev
Il peut y avoir rassemblement, ainsi que nous le voyons autour de nous, dans ce qu’on appelle l’église ; mais si ce n’est pas avec Christ, toute l'affaire, quelque grandiose qu’elle soit, n’est au fond qu’un moyen de disperser. On peut être encore bien ignorant sur ce qui concerne Christ, toutefois c’est autour de Lui qu’il faut rassembler.
Mais, d’un autre côté, nos cœurs sont tellement sectaires que nous avons besoin de veiller, de peur que, tout en reconnaissant Christ comme centre, nous ne fassions comme les disciples qui disaient : « Nous avons vu quelqu’un qui chassait les démons en ton nom, et nous le lui avons défendu, parce qu’il ne [te] suit pas avec nous » (Luc chapitre 9 verset 49). Ici le moi se montre ; car l’homme auquel ils le défendaient, glorifiait Dieu en chassant les démons au nom de Christ. Il est impossible de découvrir la subtilité du moi, à moins que Christ ne soit le centre de l’âme. Et il est certain que Christ ne sera pas le centre de mes efforts s’Il n’est pas le centre de mes pensées. Et il est également certain que je ne ferai pas de Christ le centre de tout ce qui est autour de moi, s’Il n’est pas pratiquement le centre de mon propre cœur.
C’est une grande chose pour un homme de pouvoir dire : Je n’ai d’autre objet que Christ ; Il est tout pour moi, et chaque chose, en moi, est tellement jugée par ce seul objet, que toute l’activité de mon cœur est pour Christ, et uniquement pour Christ. Ce n’est pas assez d’avoir Christ seul comme notre objet au fond — chaque chrétien possède cela, car si Christ n’était pas au fond de son cœur, l’homme ne serait pas du tout chrétien.
La vérité est simplement ceci, qu’entre Christ qui est la racine, au fond du cœur, et ce qui en sort, il y a ordinairement une quantité de choses qui ne sont pas jugées, et qui certainement ne sont pas Christ, et ne ressemblent pas à Christ, car on n’a qu’à les toucher et voilà aussitôt la nature qui se révolte. À côté de l’amour pour Christ, il y a souvent l’amour de l’argent, l’amour de la société mondaine, l’amour du pouvoir, de l’influence, sous prétexte de s’en servir pour Christ : tout autant de choses qui, si elles ne sont pas jugées, doivent interrompre la communion, et empêcheront Christ d’être l’objet simple et unique, et le centre de l’âme.
Il n’y a rien que les enfants de Dieu devraient aussi soigneusement cultiver que la pensée que nous avons affaire avec Dieu. « Christ a souffert une fois, le juste pour les injustes, afin de nous amener à Dieu » [1 Pierre chapitre 3 verset 18]. C’est avec Dieu que « nous avons affaire ». Et si cette vérité n’est pas pratiquement maintenue dans l’âme, notre force sera de la faiblesse, notre marche, une honte pour nous, et notre culte, une pure forme.
La pensée que nous devons entretenir est celle-ci : que par la rédemption « nous sommes amenés à Dieu », « nous avons affaire avec Dieu ».
Il est à peine besoin de dire que, dans tous les siècles, la puissance et la bénédiction pour l’homme résultaient du fait qu’il avait affaire avec Dieu. Dieu est la source de vie et de bénédiction ; mais la manière dont Sa présence, Sa puissance et Son secours se manifestent, est modifiée suivant les relations dans lesquelles Il se manifeste à Son peuple, et suivant Ses conseils dans Ses voies à l’égard de Son peuple.
Ainsi entre la dispensation passée et celle-ci, il y a contraste, dans le mode suivant lequel la présence et la puissance de Dieu sont manifestées. La présence de Dieu en Israël avait pour but de manifester Sa puissance et Sa bonté sur la terre, devant les nations ; en conséquence, la défaite des ennemis extérieurs, et la jouissance des bénédictions terrestres. Dans l’Église, la présence de Dieu a pour objet la manifestation de Sa puissance, comme maintenant, sur des principes célestes, un peuple qu’Il a rassemblé autour de Lui-même. De là vient que Sa puissance se déploie principalement pour la foi, dans la victoire sur des ennemis spirituels, le triomphe sur le monde, et la jouissance des bénédictions célestes.