Messager Évangélique:Correspondance (mars 1862)/textev
Réponse à une demande du frère C.B.
Quelques frères n’ayant pas bien compris le commencement de l’extrait d’une lettre, que nous avons insérée dans le n°1 du Messager Évangélique de cette année, nous croyons utile d’ajouter quelques mots d’explication. Nous disons donc : qu’on peut être appelé à s’humilier, non pas seulement pour une faute qui nous soit personnelle, mais aussi pour tout ce qui, en dehors de notre marche individuelle, porte atteinte à la gloire de Christ et à la vérité. Quant à nos manquements individuels, il est hors de doute qu’il est convenable que nous nous en humiliions ; cela est même un effet, en nos cœurs, de l’intercession efficace de notre souverain Sacrificateur auprès de Dieu. Mais encore, nous devons nous humilier lorsque le mal se montre en quelqu’un des membres du corps de Christ, car le principe divin que « le corps est un » [1 Corinthiens chapitre 12 verset 12], consacre la solidarité des membres entre eux. Maintenant, que ce mal se manifeste sous une forme grossière, ou bien qu’il revête une forme plus subtile, comme c’est le cas lorsque des hérésies sont mises au jour, n’importe, nous sommes appelés à nous humilier devant Dieu, et c’est une grande grâce de le faire, car de telles choses atteignent nécessairement, quant à notre profession, la gloire du nom de Christ. Quel privilège que de nous identifier à Sa propre gloire, laquelle se rattache évidemment à notre profession actuelle de la vérité dans ce monde. L’apôtre Paul dit aux frères de Corinthe : « Et vous n’avez pas plutôt mené deuil » [1 Corinthiens chapitre 5 verset 2], et ailleurs nous trouvons aussi que ce principe de solidarité forme un des caractères de la foi et de la piété. Daniel, dans son humiliation et sa confession à l’Éternel, dit : « Nous avons péché, nous avons commis l’iniquité » [Daniel chapitre 9 verset 5], etc. ; il ne dit pas : « ils », mais « nous », bien que le caractère de sa piété nous autorise à croire que lui-même n’avait commis aucun des péchés pour lesquels les Juifs étaient captifs à Babylone. Toutefois l’état et la position du peuple de Dieu l’appelait à s’humilier. Plût à Dieu qu’un tel état d’âme fût plus habituellement le nôtre.
Mais un autre écueil peut se présenter sur le chemin du chrétien ; il peut mal entendre l’application qu’il doit faire de la grâce et de l’humilité que l’Esprit de Dieu produit en son âme. Par exemple, il y a des hérésies qui s’attaquent à la divinité de Christ, d’autres à Sa sainteté personnelle, d’autres à l’inspiration plénière des Écritures, etc. Dans ces divers cas, comme en tant d’autres de ce genre, dois-je employer ma grâce et mon humilité, à être tolérant envers de telles choses ? Dois-je, au détriment de la vérité, avoir communion avec ceux qui en sont les instruments ? Agir ainsi ne serait-ce pas élever ou magnifier ma grâce et mon humilité, au-dessus de la gloire du Seigneur Jésus ? Car de fait, sa gloire n’use pas de tolérance envers ce qui la ternit, et nous ne devons pas non plus le faire ; puisque par une telle voie, nous arriverions à ne plus avoir le Christ révélé par la Parole. Or il nous faut, il faut à nos âmes, le Christ révélé de Dieu — le vrai Christ ; Celui en la face duquel la gloire même de Dieu nous est révélée (2 Corinthiens chapitre 4 verset 6).
Il y a, en nos jours, un mal qui gagne du terrain ; ce mal est le latitudinarisme, cette tolérance mal entendue et mal appliquée, au moyen de laquelle on peut associer les erreurs les plus évidentes à la profession du nom de Christ et à la communion des saints ; d’ailleurs chacun n’a-t-il pas sa manière de voir et d’interpréter les choses ? Malheureusement ce n’est que trop vrai, mais je ne puis pas et je ne dois pas être courtois avec l’ennemi, car il n’a point d’égards pour la gloire de Christ. Cet esprit de fausse tolérance est dû à ce fait, qu’on magnifie sa grâce et son humilité, jusqu’au déshonneur de Celui qui s’est abaissé afin que nous fussions élevés. C’est toujours, sous une autre forme, le langage de Satan : « Quoi ! Dieu aurait dit d’être si étroits ? » [Genèse chapitre 3 verset 1]. Le chrétien a le bonheur de se rappeler que le chemin qui mène à la vie est étroit [Matthieu chapitre 7 verset 14], nous n’avons aucun droit à le faire plus large que le Seigneur ne le veut ; Il parle d’un chemin étroit et non d’un chemin large.
Que Dieu nous garde de tout ce qui n’est pas de Lui ; qu’Il nous garde même de la douceur des relations fraternelles si Christ n’en était pas le centre et la source !