Messager Évangélique:Réflexions sur la seconde épître à Timothée/texte

De mipe
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

(note : Au moment où nous publiions, dans nos numéros 3, 4 et 5, quelques considérations sur cette épître, un frère écrivait cet article que nous donnons à nos lecteurs comme complétant le premier.)

[Messager Évangélique 1863 pages 135-140]

Cette épître a deux parties distinctes, quoique comme fondues l’une dans l’autre. La partie principale renferme les instructions et les exhortations que l’apôtre adresse, de la part de Dieu, à son enfant Timothée. L’autre partie se compose de quelques brèves indications sur les circonstances de Paul au moment où il écrivait cette lettre, indications du plus grand intérêt, car elles sont, pour ainsi dire, la dernière page de l’histoire de ce serviteur de Dieu. Et cette dernière partie n’est pas moins la Parole de Dieu que la première, ni moins « utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice », que n’importe quelle autre portion des Écritures. Les circonstances par lesquelles les serviteurs de Dieu ont passé, et l’exemple qu’ils nous ont laissé, sont pour nous un sujet d’instruction. Aussi est-il écrit : « Souvenez-vous de vos conducteurs qui vous ont annoncé la parole de Dieu, et, considérant l’issue de leur conduite, imitez leur foi » (Hébreux chapitre 13 verset 7). Si donc nous examinons un peu ce que cette épître nous dit de Paul, nous ne ferons qu’obéir à cette exhortation.

Et d’abord, une circonstance bien solennelle dans laquelle se trouve l’apôtre est celle-ci : il est près de son délogement, il le sait et il l’annonce ainsi à son cher Timothée : « Pour moi, j’ai déjà reçu l’aspersion du sacrifice, et le temps de mon départ est arrivé ; j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi » (chapitre 4 versets 6 et 7). Ces paroles solennelles ne nous apprennent pas seulement que Paul savait que le moment de son départ était arrivé, mais il y a aussi comme un regard rapide jeté sur la course que Paul venait de fournir, course que l’apôtre caractérise par ce mot remarquable : « J’ai combattu le bon combat ». Tel a bien été en effet l’un des traits saillants de la carrière de Paul : il a combattu. C’est ici un soldat qui va entrer dans le repos et attendre la couronne de justice que son Seigneur tient en réserve pour lui. Car il a « combattu dans la lice et couru dans l’arène », afin de recevoir une couronne incorruptible (1 Corinthiens chapitre 9 versets 24 et 27). Il a couru et combattu, non à l’aventure, non comme battant l’air, mais il attaquait avec une extrême vigueur les forteresses mêmes de Satan ; il possédait des « armes puissantes par Dieu pour la destruction des forteresses, détruisant les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu » (2 Corinthiens chapitre 10 versets 3 à 5). Un soldat est établi pour détruire, et Paul, soldat de Jésus Christ, a dû détruire aussi. Mais hâtons-nous de le dire : si Paul a été soldat, il a été aussi architecte, « un sage architecte » qui a posé le fondement et édifié sur ce fondement de l’or, de l’argent, des pierres précieuses (1 Corinthiens chapitre 3). S’il a été laboureur et a, comme tel, déraciné des ronces et des épines, il a aussi été semeur. Paul a pu, à la fin de sa carrière, contempler sans regret et sans remords les ruines de plusieurs grosses forteresses de Satan ; mais il a pu aussi contempler avec joie « l’édifice de Dieu et le champ de Dieu » ; édifice auquel il a travaillé activement ; champ où il a labouré et semé avec larmes, travaillant nuit et jour. L’évangile détruit et renverse, il le faut ; mais il fonde et édifie, et cette œuvre de destruction et d’édification se fait par l’établissement, la propagation, la prédication de la vérité. Paul, arrivé lui-même au terme de la lutte, écrivait à un jeune soldat de Jésus Christ pour l’exciter à se comporter vaillamment : « Toi donc, lui disait-il, endure les souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ. Nul homme qui va à la guerre ne s’embarrasse dans les affaires de la vie, afin qu’il plaise à celui qui l’a enrôlé pour la guerre ; de même si quelqu’un combat dans la lice, il n’est pas couronné, s’il n’a pas combattu selon les lois ; il faut aussi que le laboureur travaille premièrement pour qu’il jouisse des fruits » (chapitre 2 versets 3 à 7).

Revenons à Paul. Il est près de son départ ; sa course est terminée ; il a combattu et il combat encore. Mais où est-il ? Dans quelles circonstances se trouve-t-il ? L’épître nous répond qu’il est à Rome, prisonnier, lié de chaînes comme un malfaiteur, et que Luc seul est avec lui ; car « Démas l’a abandonné, ayant aimé le présent siècle » [chapitre 4 verset 10] ; tous ceux qui sont en Asie se sont aussi détournés de lui, entre lesquels étaient Phygelle et Hermogène !

Arrêtons-nous un peu devant la position de ce vieillard prisonnier et demandons-lui quelle est la cause de ses souffrances actuelles et des nombreuses persécutions qu’il a endurées durant sa course. Pourquoi est-il dans un cachot ? Pourquoi ces chaînes ? La réponse de l’apôtre se trouve d’abord chapitre 1 versets 8 à 12. Là il nous donne un résumé de la doctrine qu’il prêchait, de cette doctrine de la grâce, de la croix, scandale aux Juifs et folie aux Grecs. L’apôtre maintenait cette doctrine envers et contre tous ; il a même résisté en face à un autre apôtre, quand il vit que cet apôtre ne marchait pas de droit pied selon la vérité de l’évangile [Galates chapitre 2 versets 11 à 14]. Or le verset 12 nous montre que c’est parce qu’il prêchait fidèlement cette doctrine qu’il souffrait ces choses. « C’est pourquoi aussi je souffre ces choses, dit-il, mais je n’ai pas de honte ». Galates chapitre 6 verset 12 nous montre que l’abandon de la saine doctrine de la croix était un moyen d’éviter la persécution ; le maintien de cette doctrine amenait inévitablement la persécution et la souffrance. Mais l’apôtre ne borne pas là sa réponse. Dans le chapitre 3 versets 10 à 12, après avoir parlé de sa doctrine, de sa conduite et de ses persécutions, il ajoute : « Et tous ceux qui veulent vivre pieusement selon le Christ Jésus seront persécutés ». Pour rendre un fidèle témoignage à l’évangile, il ne suffit pas de prêcher la saine doctrine ; un tel témoignage est impossible sans cela, je n’ai pas besoin de le dire, mais il ne s’arrête pas là ; il faut que la conduite, que la vie rende témoignage à la vérité, aussi bien que les paroles : il faut vivre pieusement selon le Christ Jésus. Les deux choses sont essentielles au témoignage. Prêchez l’évangile au monde ; annoncez-lui dans toute sa pureté et toute sa force la saine doctrine, votre témoignage sera de fort peu de valeur, produira fort peu d’effet, si votre conduite est semblable à celle du monde, car il vous regardera comme l’un des siens et vous laissera tranquille malgré vos idées, malgré votre doctrine. Il vous laissera tranquille aussi et vous regardera comme l’un des siens, malgré votre grande austérité de mœurs, malgré vos pénitences et votre apparent renoncement au monde, s’il découvre que cette vie pieuse n’est le fruit que de la volonté de la chair et du vieil homme, au lieu d’être le fruit de la grâce et de son enseignement. Votre témoignage est sans portée et sans valeur, malgré votre conduite exemplaire devant les hommes, parce que le principe qui vous dirige est mauvais ; il s’appelle : orgueil, propre justice. En résumé, l’exemple que l’apôtre nous a laissé est celui-ci : fidélité à toute épreuve à maintenir la saine doctrine, c’est le côté fondamental de tout témoignage vrai du Seigneur, et fidélité pratique, marche et conduite en harmonie avec la vérité de l’évangile. Oh ! qu’il nous soit donné d’imiter l’apôtre en ces deux choses !

Examinons maintenant quelques-uns des enseignements que l’apôtre donne à Timothée. J’ai dit que Paul, parvenu au terme de sa carrière, avait pu contempler le champ de Dieu et l’édifice de Dieu. Dans sa première épître à Timothée, il parle de l’Église comme étant la maison de Dieu, « colonne et appui de la vérité » [1 Timothée chapitre 3 verset 15], et il donne là toutes les directions nécessaires pour qu’on sache comment il faut se conduire dans une telle maison. Dans cette seconde épître, cette maison se présente à l’apôtre sous un tout autre aspect ; au lieu de la montrer ici comme colonne et appui de la vérité, il parle, au contraire, dans une comparaison, d’une « grande maison », dans laquelle il y a des vases à honneur et des vases à déshonneur [chapitre 2 verset 20], d’une maison dans laquelle le mal entrait du dehors et jaillissait du dedans, à tel point que l’homme de Dieu avait surtout maintenant à veiller pour se garder du mal qui l’environnait de toutes parts. Les mauvais jours commençaient ; la foi de quelques-uns était renversée [chapitre 2 verset 18] ; les faux ouvriers étaient multipliés ; la grande maison s’emplissait de toutes sortes de vases impurs. Or le but manifeste que se propose le Saint Esprit dans cette épître, c’est de donner à l’homme de Dieu les instructions nécessaires, non pour qu’il sache comment il faut se conduire dans l’Église, colonne et appui de la vérité, mais bien pour qu’il sache ce qu’il a à faire au milieu du mal et du désordre qui envahissait « la grande maison ». Et comme nous sommes nous-mêmes, sous certains rapports, dans la grande maison, cette épître a pour nous une importance extraordinaire, car elle est véritablement une prophétie pour le temps présent, une lampe qui éclaire dans un lieu obscur [2 Pierre chapitre 1 verset 19], et quiconque ne la comprend pas, ne peut que se heurter contre des difficultés sans cesse renaissantes.

[Messager Évangélique 1863 pages 141-148]

Ensuite, remarquez que les enseignements de cette épître sont destinés à un homme en qui habite « une foi sincère » [chapitre 1 verset 5], à un « homme de Dieu », pour qui la question du salut était une affaire réglée. Aussi Paul n’expose-t-il pas ici la foi, il ne prêche pas l’évangile ; il n’enseigne pas quelqu’un qui cherche le salut, mais quelqu’un qui l’a ; il n’instruit pas un homme du monde, mais un « homme de Dieu ». Or l’homme de Dieu ne trouve pas ici l’exposé de ses privilèges, comme homme de Dieu, mais il y trouve les instructions nécessaires pour sa conduite dans la « grande maison ».

Et cette grande maison est pour nous la chrétienté tout entière. Je n’ai pas le plus léger doute à cet égard. Les cinq premiers versets du chapitre 3 décrivent l’état moral de ceux qui habitent la maison. C’est le mal dans toute sa laideur, mais recouvert d’un manteau religieux, de la profession chrétienne. C’est une vie loin de Dieu avec une apparence de piété. C’est le tableau exact de ce que nous avons sous les yeux, de la chrétienté. L’instruction donnée à l’homme de Dieu relativement à ceux qui sont tels, est très brève, mais parfaitement claire : « Évite de telles gens ». Ne porte pas, ô homme de Dieu, un même joug avec eux ; sous aucun prétexte, ne sois leur associé, car les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs [1 Corinthiens chapitre 15 verset 33]. L’obéissance simple et enfantine à cet ordre de Dieu est d’une portée incalculable. Mais, malheur à qui raisonne en présence d’un ordre si net, si précis ! Il ne s’agit pas de juger, de condamner, de haïr « de telles gens » ; il s’agit seulement de les éviter. Dieu ne dit pas : Hais, juge, condamne ; il dit : Évite ! Il s’agit, je pense, dans ce passage, de la masse des professants, dont le cœur est vraiment éloigné de Dieu, mais qui ont une apparence de piété.

Mais outre cette catégorie d’habitants de la grande maison, il y en a une autre, dont le verset 20 du chapitre 2 nous parle : ce sont les « vases à déshonneur » dont l’homme de Dieu doit aussi se purifier. Qui sont ces vases à déshonneur ? Les prédicateurs de l’évangile avaient le trésor dans des « vases de terre » [2 Corinthiens chapitre 4 verset 7]. Paul a été un tel vase bien utile au Maître. Or je ne crois pas émettre une idée erronée, en disant que ces vases à déshonneur sont des hommes qui agissent, qui enseignent, qui prêchent… dans la « grande maison ». C’est toute la troupe des faux docteurs qui, au lieu de prêcher « la Parole », font des discours vains et profanes [chapitre 2 verset 16]. Ce sont ces docteurs que les gens de la maison s’amassent pour leur chatouiller les oreilles, et contenter leurs convoitises [chapitre 4 verset 3]. De tels vases, l’homme de Dieu doit se purifier : leurs discours rongent comme la gangrène [chapitre 2 verset 17]. — Voilà deux catégories d’habitants de la grande maison, vis-à-vis desquelles l’homme de Dieu est appelé à prendre une position bien déterminée, bien tranchée.

Et ce n’est pas tout. L’une des recommandations faites à l’homme de Dieu et qui m’a bien frappé est celle-ci : « Or fuis… les convoitises de la jeunesse ». Ah ! ce ne sont pas seulement des personnes, des professants, des vases à déshonneur, qu’il faut fuir, ce sont aussi des convoitises. C’est que dans la grande maison, il y a ce qu’on trouve dans le monde : « La convoitise des yeux, la convoitise de la chair et l’orgueil de la vie » (1 Jean chapitre 2). La jeunesse convoite tout ce qui a de l’apparence, tout ce qui peut satisfaire la chair, et donner un aliment à son orgueil. Or la grande maison est toute remplie de choses propres à exciter toutes ces convoitises. C’est dans la grande maison que les arts et l’industrie fleurissent ; c’est là que le commerce apporte ce que les nations ont de plus magnifique et de meilleur ; c’est là que la science répand ses charmes et brille d’un vif éclat… et par-dessus tout cela s’étend le grand et magnifique manteau de la profession religieuse, car la religion aussi déploie de grandes pompes dans la grande maison : tout est propre à séduire, à exciter les convoitises. Mais, ô homme de Dieu… fuis, fuis ces choses, car elles rongent aussi comme la gangrène. Ne pense pas, ô enfant de Dieu, qu’il suffise d’être extérieurement séparé des deux catégories d’habitants de la grande maison dont il est parlé ici, car malgré cette séparation, tu peux être enfoncé dans la misère et la mondanité, si tu ne fuis aussi les convoitises de la jeunesse. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui [1 Jean chapitre 2 verset 15].

Telle est la position que l’homme de Dieu doit garder dans la grande maison : ce qui la caractérise, c’est la séparation du mal. Mais si, dans cette maison, il y a des gens qu’il faut éviter et des choses qu’il faut fuir, il y a des choses aussi que l’homme de Dieu doit poursuivre et des gens dont il doit rechercher la compagnie. Or fuis les convoitises de la jeunesse, et poursuis la justice, la foi, l’amour et la paix, avec ceux qui invoquent d’un cœur pur le Seigneur (chapitre 2 verset 22). Se détourner du mal, s’en séparer, est une bonne chose, mais mon âme n’est pas nourrie, restaurée, fortifiée par le seul fait que je m’éloigne du mal ; il faut, en outre, que je m’abreuve à la source de la vie, et que je cherche dans la communion avec Dieu, par le moyen de la prière et la lecture de la Parole, la justice, la foi, l’amour et la paix. Autant l’homme de Dieu met de soin à fuir les convoitises de la jeunesse, autant il doit en mettre à poursuivre ces choses et à les poursuivre avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur. Grâces à Dieu, son enfant n’est pas condamné à un isolement complet ; il y a dans la grande maison des gens qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur. Ceux-ci, il faut les rechercher au lieu de les fuir ; l’homme de Dieu doit se trouver avec eux, pour chercher avec eux, non les choses qui se trouvent dans la grande maison, mais celles qui sont « en haut », là où Christ est assis à la droite de Dieu [Colossiens chapitre 3 verset 1]. Et remarquez qu’il n’est pas dit simplement : « Avec ceux qui invoquent le Seigneur », car tous ou presque tous ceux de la grande maison prétendent l’invoquer, tous ou presque tous professent le christianisme et ont l’apparence de la piété. La Parole dit : « Avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur ». Ici plusieurs se récrient : « Prenez garde, disent-ils, vous ne pouvez pas juger des intentions du cœur, vous pouvez vous tromper, accueillir des gens sans droiture et en repousser de bien sincères ! Comment juger de la sincérité, de la pureté d’un cœur ? Quelle terrible responsabilité ! N’est-ce pas l’affaire de Dieu seul ? Donc il faut recevoir tous les professants, sans distinction ». — Mais Dieu dit le contraire ici : Il nous commande d’éviter certains professants, et Il nous commande aussi de marcher avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur. On conviendra qu’il n’est, hélas ! que trop facile de reconnaître les professants que l’enfant de Dieu doit éviter : il n’y a qu’à regarder les fruits qui accompagnent leur profession : si ces fruits sont ceux désignés dans les premiers versets du chapitre 3, alors je dis et je dois dire : quiconque invoque le nom du Seigneur et porte en même temps de pareils fruits, n’invoque pas ce nom béni d’un cœur pur. Et en effet, qu’est-il écrit sur le solide fondement de Dieu ? Que lit-on sur le sceau de Dieu ? On y lit : « Quiconque invoque le nom de Christ, qu’il se retire de l’iniquité ». Je suspecte, et c’est mon devoir, la profession de quiconque pratique l’iniquité, vit dans la souillure. En aucune manière je ne puis faire de Christ « un ministre de péché » [Galates chapitre 2 verset 17]. Il n’y a pas de vérité dans l’évangile plus claire que celle-ci, savoir : que quiconque connaît réellement Christ et L’invoque d’un cœur pur se retire aussi de l’iniquité. C’est à cela qu’on peut reconnaître la sincérité de la profession chrétienne. Ah ! sans doute, dans la foule des professants qui ne connaissent pas Dieu, il s’en trouve quelques-uns qui cherchent le Seigneur d’un cœur pur. Mais Dieu les connaît !… car « il connaît ceux qui sont siens ». Dieu les connaît, et les hommes de Dieu les cherchent pour les réunir à eux et pour poursuivre avec eux, à part, la justice, la foi, l’amour et la paix. Et :

Ô Seigneur ! qu’il est doux, qu’il est bon pour des frères,
De t’offrir en commun leurs vœux et leurs prières
Et de travailler réunis ;
De s’aider au combat, de partager leurs joies
Et de marcher ensemble en ces pénibles voies
Où tu diriges et bénis !

Il y a, dans cette épître, une autre instruction très importante à recevoir. Elle nous signale l’une des causes principales qui a amené le triste état dans lequel nous voyons « la grande maison », la chrétienté. Cette épître, en effet, nous parle de ceux qui s’écartent de la vérité — d’autres qui résistent à la vérité — qui ne supportent pas le sain enseignement — qui s’amassent des docteurs selon leurs propres convoitises — qui détournent leurs oreilles de la vérité et se tournent vers les fables (chapitre 2 verset 18 ; chapitre 3 verset 8 ; chapitre 4 versets 3 à 5). Remarquez d’abord qu’il y a ici des docteurs, des prédicateurs, qui s’écartent de la vérité, qui, au lieu de prêcher la saine doctrine, l’évangile, dans sa pureté, débitent à leurs auditeurs « les discours éloquents de la sagesse humaine », discours qui, au lieu de réformer ceux qui les écoutent, ne font que les ronger comme la gangrène. Et remarquez que ce sont de tels docteurs que les hommes aiment et recherchent. On veut bien des discours, et même des discours religieux, mais la vérité… voilà ce de quoi on se détourne. On parle religion et beaucoup dans la grande maison, mais on en parle selon les propres pensées de l’homme, selon les vaines imaginations de son cœur et non selon la vérité de Dieu, selon la Parole de Dieu. Or du moment qu’on néglige, qu’on abandonne ce seul réservoir de la vérité, on a beau puiser dans les citernes de la sagesse et de la science humaine, on ne peut retirer de là ni une goutte d’eau vive, ni une goutte de lait, ni un grain de sel. La vérité est le seul sel qui puisse empêcher une âme d’homme de se corrompre. « Sanctifie-les par ta vérité : ta parole est la vérité » [Jean chapitre 17 verset 17].

Et voilà, je pense, pourquoi Paul insiste avec tant de force auprès de Timothée, afin que celui-ci « conservât le modèle des saines paroles qu’il avait entendues de lui. Étudie-toi, lui dit-il, à te rendre approuvé de Dieu, ouvrier qui n’a pas à avoir honte, exposant justement la parole de la vérité… Demeure dans les choses que tu as apprises, et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises, et que dès ton enfance tu connais les saintes lettres qui peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus. Toute écriture est divinement inspirée et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre… Je t’adjure devant Dieu… prêche la Parole » (chapitre 1 verset 13 ; chapitre 2 verset 15 ; chapitre 3 versets 14 à 17 ; chapitre 4 verset 1). La nécessité pour l’homme de Dieu de rester fermement attaché à la Parole de vérité, aux Écritures, nous est démontrée dans cette épître avec une grande puissance. D’un côté, elle montre ce que la négligence et l’abandon de cette Parole produit ; de l’autre, elle affirme que l’Écriture, et elle seule, est propre pour enseigner, convaincre, corriger, instruire. L’attachement à la Parole, voilà ce qui nous gardera de tomber nous-mêmes dans cette profession vaine, dans cet épouvantable formalisme qui règne dans la « grande maison », et dont le cœur naturel s’arrange si bien. Et, si cette parole habite en nous richement [Colossiens chapitre 3 verset 16], nous serons ainsi gardés nous-mêmes du mal, mais encore elle deviendra dans nos mains un instrument pour la bénédiction des autres, pour les convaincre, les corriger, les instruire [chapitre 3 verset 16], car elle est puissante, vivante et pénétrante. Ô vous donc, hommes de Dieu ! revêtez-vous de cette arme ; saisissez l’épée de l’Esprit qui est la Parole de Dieu [Éphésiens chapitre 6 verset 17] !