Article:Préface à la traduction de la Bible/textev

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La première édition de la version J.N. Darby remonte à 1859 pour le Nouveau Testament, à 1885 pour l’Ancien. Des générations de lecteurs ont pu en apprécier la valeur. Elle leur a maintes fois donné sujet de rendre grâces à Celui qui a soutenu le traducteur à travers tous les labeurs et les difficultés de cette œuvre, et lui a permis de la mener à bonne fin. Profondément convaincu de la divine inspiration des Saintes Écritures, il s’est efforcé de traduire en français, simplement et exactement, ce que Dieu nous a donné en des langues inconnues à la plupart des lecteurs de la Bible. Il s’est attaché à rendre l’hébreu ou le grec aussi littéralement que le comportait la clarté nécessaire à l’intelligence des textes. La profondeur de la Parole de Dieu est infinie, et l’enchaînement de toutes les parties du mystère divin, admirable, bien que ce mystère ne soit pas révélé comme un tout. Nous rencontrons souvent dans l’Écriture sainte des expressions qui naissent du fond de ce mystère, et qui sont propres à nous faire entrer dans la liaison des diverses parties entre elles, et de chacune de ces parties avec le tout. Il est parfois nuisible au style de la version de conserver ces expressions, mais, lorsque la clarté de la phrase n’en souffrait pas, il était avantageux de laisser subsister celles qui pouvaient contribuer à faire mieux saisir la portée de l’hébreu ou du grec. En d’autres cas, on trouvera en note la traduction littérale, lorsque le français ne permet pas de rendre mot à mot le texte original, ou lorsque la forme de la phrase renferme des pensées quelque peu modifiées, peut-être même perdues, par l’expression française.

A part quelques sections isolées (Esdras chapitre 4 versets 8 à chapitre 6 verset 18 ; chapitre 7 versets 12 à 26 ; Jérémie chapitre 10 verset 11 et Daniel chapitre 2 verset 4 à chapitre 7 verset 28) écrites en chaldéen, idiome très voisin de l’hébreu, appelé aussi araméen, l’Ancien Testament tout entier est écrit en hébreu. On n’y trouve qu’une seule et même langue, chose bien digne de remarque si nous considérons la diversité des écrivains et des lieux où ils vécurent, et surtout la longue période de dix siècles durant laquelle les différents livres furent rédigés. Achevés après les temps d’Esdras, lus et expliqués dans les écoles publiques des Juifs et dans leurs synagogues, objets de vénération pour les rabbins, les livres saints de l’Ancien Testament furent entourés par eux de soins aussi persévérants que méthodiques et minutieux. Entre le septième et le dixième siècle après Jésus Christ, la tradition ancienne, déjà établie concernant leur lecture et leur interprétation, fut fixée par écrit (soit dans le texte qu’on appela Chetib, « ce qui est écrit », soit par les annotations et rectifications ajoutées en marge, et qui reçurent le nom de Keri, « ce qui doit être lu », et affirmée par la ponctuation massorétique. Sous cette forme, pour ainsi dire stéréotype, le texte sacré est parvenu jusqu’à nous, tel qu’on le trouve aujourd’hui dans les nombreuses éditions répandues parmi les Juifs et dans le monde entier. Les premières éditions imprimées de l’Ancien Testament hébraïque remontent aux dernières années du quinzième siècle. Elles furent précédées de l’édition des Psaumes en 1477, puis d’autres impressions partielles.

Comme nous l’avons fait pour nos éditions successives du Nouveau Testament, nous avons aussi abandonné, pour l’Ancien, la division en versets séparés. Nous n’en avons excepté que certaines portions poétiques où il n’était pas sans importance de faire ressortir le rythme hébraïque et son parallélisme. Dans les Proverbes, ces divisions se justifient d’elles-mêmes par le sens.

Pour le grec du Nouveau Testament, les questions de texte sont plus complexes ; mais, dans ce cas aussi, la grâce et la providence de Dieu ont fourni des évidences claires et suffisantes quant au vrai texte à suivre. Sans parler de la version latine appelée la Vulgate, les manuscrits grecs dont disposèrent les traducteurs de la Réforme étaient en fort petit nombre, treize ou quatorze au plus. Théodore de Bèze n’eut pas d’autre secours pour publier son édition du Nouveau Testament, à laquelle il joignit une traduction latine. Mais les Elzévirs de Hollande, ayant adopté pour type de leurs nombreuses éditions le texte de Théodore de Bèze, eurent la hardiesse d’affirmer, dans la préface qui accompagne l’édition de 1633, que leur texte était le « texte reçu de tous » (textus ab omnibus receptus).

Les appréhensions de personnes qui craignaient que la foi ne fût ébranlée, empêchèrent, pendant longtemps, de mettre en question l’exactitude du texte accrédité par les Elzévirs. Mais la découverte de nombreux manuscrits, dont plusieurs fort anciens, l’étude de versions encore plus anciennes, les travaux d’une multitude de savants qui, après avoir examiné et comparé les textes et documents connus aujourd’hui, les ont classés d’après divers systèmes, chacun les jugeant à son point de vue particulier — toutes ces choses ont permis de purger le texte des fautes qui s’y étaient glissées par l’incurie ou la présomption des hommes, et ont contribué à en établir la certitude. Sans doute, en cela aussi, comme en tout ce qui a été confié à l’homme, la faiblesse humaine a laissé son empreinte, mais la providence de Dieu a veillé sur sa Parole, en sorte que, malgré la différence des systèmes suivis par les savants pour la révision du texte, les résultats auxquels ils sont arrivés sont presque identiques. Sauf en une ou deux occasions, leurs diverses éditions du texte grec sont presque partout d’accord entre elles pour les passages de quelque importance. Les variantes, relativement peu nombreuses et d’un ordre secondaire, sont souvent à peine saisissables dans une traduction.

Ces considérations feront comprendre pourquoi, dès notre première édition du Nouveau Testament publiée en 1859, et plus complètement dans celles de 1872, 1875, 1878, ainsi que dans l’édition actuelle, nous avons abandonné le texte appelé sans aucune raison valable : « Texte reçu ». C’est aussi pourquoi, dès la seconde édition, le traducteur s’est livré à l’étude approfondie du texte, travail dont ceux qui l’ont entrepris connaissent seuls l’étendue et les difficultés. Cependant, partout où les variantes d’avec le « texte reçu » présentaient la moindre importance, nous avons eu soin de les signaler.

Le lecteur ne doit pas s’attendre à trouver ici une œuvre scientifique ou une édition critique ; notre seul désir a été de lui fournir, par tous les moyens dont nous pouvions disposer, une traduction aussi simple et aussi littérale que possible. Pour oser entreprendre cette tâche, nous avons mis notre confiance en la grâce de Dieu. Nous avons été soutenus par la conviction que notre travail pourrait être utile aux âmes, et contribuerait à glorifier Celui qui seul peut bénir. Qu’Il daigne donc mettre sa bénédiction sur sa Parole et sur vous qui la lisez.