Messager Évangélique:La Pâque et la mer Rouge/texte

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Exode 12-14

[Messager Évangélique 1860 pages 101-111]

Dans les délivrances que Dieu accorde à Son peuple, nous trouvons toujours que Dieu doit aussi punir le monde. Il rend témoignage contre le monde — un témoignage contre le monde universel, sans excepter un seul individu. La loi distingue les hommes selon leurs actions, mais le Saint Esprit convainc le monde de péché, parce qu’ils n’ont pas cru en Celui que Dieu a envoyé [Jean chapitre 16 versets 8 et 9]. Aussi dès le début, l’évangile traite le monde comme étant déjà condamné. Dieu a fait l’épreuve du cœur humain de toutes manières. L’évangile suppose cette épreuve terminée, et déclare tout le monde perdu. Souvent les âmes désirent, et par conséquent sentent le besoin de faire l’épreuve de leur propre force, et elles trouvent qu’elles n’en ont aucune ; même des âmes converties essayent parfois de se rendre recommandables à Dieu de cette manière. Mais c’est là déshonorer Jésus ; c’est là oublier que leur condition propre a été jugée par Dieu.

En Égypte Dieu s’était contenté du premier-né de chaque maison comme manifestation de son jugement. Pharaon ne voulait pas laisser aller le peuple de Dieu. Quand Dieu demandait, comme un droit, que les enfants d’Israël le servissent, le monde — Pharaon son prince — ne voulait pas y consentir. Alors des signes et des plaies furent accomplis pour attirer l’attention des Égyptiens et pour confirmer les droits de Dieu, mais l’Égypte ne voulut pas écouter. Pharaon s’endurcit, puis il fut endurci, et devint à la fin un monument du jugement pour l’instruction de tous les hommes. Ainsi en fut-il aux jours de Noé, ainsi en est-il maintenant que le monde est encore une fois averti des jugements de Dieu qui s’approchent. Le Seigneur Jésus sera révélé du ciel, avec les anges de sa puissance, en flammes de feu ; exerçant la vengeance contre ceux qui ne connaissent pas Dieu et n’obéissent pas à l’évangile [2 Thessaloniciens chapitre 1 versets 7 et 8].

En attendant Dieu demande une soumission complète à Sa volonté révélée. Il demande que le monde se soumette à Jésus : tous ceux qui ne le veulent pas seront forcés de le faire quand le jugement viendra, et ce sera alors à leur confusion et à leur éternelle misère. Dieu présente Son Fils dans l’humiliation, afin de sauver le monde ; mais à moins de la soumission à Jésus, tout est inutile, parce que c’est là ce que Dieu demande et apprécie. Croire au Fils, c’est la vie éternelle [Jean chapitre 3 verset 36], c’est le salut ; rejeter le Fils de Dieu, c’est le jugement. Dieu veut que le cœur se donne à Jésus comme Sauveur et Seigneur, qu’il se rende à Sa grâce en Lui. C’est ainsi que le cœur et toutes choses sont changés et que toute question, quant aux bonnes œuvres, est décidée. Tout se borne ici à un seul point : recevoir ou rejeter Jésus. Dieu passe par-dessus tout le reste. Zachée peut parler de ce qu’il a eu l’habitude de faire [Luc chapitre 19 verset 8], mais ce n’est pas ce dont il s’agit maintenant. « Aujourd’hui le salut est venu à cette maison » [Luc chapitre 19 verset 9]. Si Jésus est accueilli, la vie est là ; si Jésus est repoussé, il faut que la vengeance atteigne bientôt ceux qui ne se soumettent pas. Qu’il est heureux pour le pauvre pécheur convaincu, de n’avoir pas à chercher en lui-même quelque chose à présenter à Dieu. Si le cœur est ouvert, Christ est la grâce, la gloire et la perfection dont l’homme a besoin, et les effets moraux suivront bientôt après, sans aucun doute.

Cependant la Parole de Dieu présente la certitude du jugement. Satan est, de fait, en possession du monde, mais Dieu conserve Ses droits. Les inconvertis sont séduits par l’ennemi, et sont en sa puissance. Satan fait tout son possible pour faire croire aux mondains qu’ils sont libres et heureux, qu’ils sont ou peuvent être assez justes et assez bons. Mais Dieu a Ses droits. Le monde ne veut pas obéir à l’évangile de notre Seigneur Jésus Christ, et il espère échapper au jugement. Satan aussi profite de tout ce que Dieu voudrait employer pour réveiller et bénir les âmes. Ainsi chez les inconvertis de la chrétienté, la conscience naturelle a honte de ce que les païens font, même dans ce qui concerne leur religion. Mais Satan se sert de cela pour persuader aux hommes qu’ils peuvent se présenter devant Dieu et Lui rendre culte, en particulier ou en public, parce que, dans ces pays chrétiens, il n’y a rien d’aussi grossier que parmi les païens. Mais Dieu maintient Ses droits, et rien n’est bien si Jésus n’est pas reçu par la foi.

En Jésus tout ce qui était parfait en Dieu et dans l’homme est présenté à la conscience. Là est la sainteté de Dieu, non en condamnation, mais en grâce parfaite ; or Dieu exige une entière soumission à Jésus. Aucun de ceux qui viennent à Lui n’est mis dehors [Jean chapitre 6 verset 37]. Il est Dieu dans toute Sa bonté pour attirer les cœurs ; il est homme dans Son complet abaissement non pour exercer une volonté propre, ou un propre choix, mais pour recevoir quiconque vient à Lui, car telle est la volonté de Celui qui l’a envoyé ; mais Dieu veut la soumission à Jésus. Si Jésus est rejeté, c’est la preuve concluante que le cœur ne veut pas de Dieu, de quelque manière que Dieu s’y prenne pour se présenter à l’homme. C’est la démonstration de ce qu’est le cœur de l’homme, de son orgueil, de sa dureté et de sa légèreté. Rien de semblable ne peut subsister en la présence de Dieu, et Jésus manifestait cette présence en amour. L’orgueil a honte de la croix. La vanité ne saurait marcher devant Jésus, méprisé et rejeté par l’homme. Dieu sonde le cœur de cette manière, et c’est ce que l’homme n’aime pas. Il est tenu de se reconnaître pécheur, de soumettre sa conscience, et de renoncer à sa volonté, mais il ne le veut pas. C’est la joie de Jésus de chercher celui qui s’égare ; mais revenir dans ses haillons pour montrer sa misère, est tout ce qu’il y a de plus répugnant à la nature de l’homme ; la grâce seule peut l’engager à le faire. Aussi son orgueil hait la grâce plus encore que la loi. Le cœur ne peut supporter d’être mis complètement à nu ; et cependant pour que l’homme puisse être béni, il faut que Dieu sonde le cœur et sauve l’âme pour toujours. Dieu agit selon ce qu’Il est, non pas selon nos pensées. Si l’homme ne veut pas croire en Jésus, Dieu manifestera ce qu’Il est par le jugement.

L’Égypte doit être frappée. Mais d’abord nous avons la sécurité de ceux qui se soumettent à Dieu, en se confiant à l’aspersion du sang de l’agneau. Israël connaissait le jugement qui allait être exécuté sur le pays d’Égypte. Il en devrait toujours être ainsi chez les âmes sauvées. Elles sont appelées à considérer les voies de Dieu quand Il jugera le monde en justice.

Lorsque Dieu révèle le jugement, Il révèle aussi le moyen d’y échapper. L’âme qui a la crainte de Dieu se tient collée à Sa Parole ; et cette question surgit entre Dieu et Israël : Si Dieu venait en jugement, est-ce qu’Israël pourrait subsister ? Les Égyptiens étaient des pécheurs et seraient certainement jugés ; mais si Dieu descendait pour juger, qu’étaient les enfants d’Israël ? Où étaient leurs péchés ? Dieu donne des directions à Moïse : il faut qu’ils prennent du sang de l’agneau immolé et qu’ils en arrosent les deux poteaux et le linteau des portes de leurs maisons. « Et le sang vous sera pour signe sur les maisons dans lesquelles vous serez : et quand je verrai le sang, je passerai par-dessus vous, et il n’y aura pas de plaie à destruction parmi vous, quand je frapperai le pays d’Égypte » [chapitre 12 verset 13]. Pour l’esprit de l’homme c’était une folie ; mais la simplicité de la foi honore la parole de Dieu, et agit d’après cette parole. L’ange destructeur de Jéhovah passa au travers du pays, et s’il s’était trouvé des Israélites, même des plus honnêtes, mais n’ayant pas le sang sur les poteaux de leurs portes, il fallait qu’il entrât pour frapper. Car, sous ce signe, c’était Dieu jugeant le péché, et le péché nivelle toutes les distinctions ; et là où le sang n’était pas, là était le péché, le péché, dans tout ce qu’il a de haïssable pour un Dieu saint, le péché non expié et non jugé.

Ainsi maintenant c’est Christ et le salut, ou point de Christ et point de salut. « Qui croit au Fils a la vie éternelle, mais celui qui désobéit au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui » [Jean chapitre 3 verset 36]. Il y a la plus complète sécurité pour ceux qui se trouvent au-dedans des portes aspergées de sang. C’est le Seigneur qui exécute le jugement par Son ange. Impossible qu’il soit trompé, et impossible que l’homme échappe ; mais il dit : « Quand je verrai le sang, je passerai par-dessus vous ». Il n’y a pas lieu à élever un doute, quel que soit le jugement.

Il n’est pas dit : quand vous verrez le sang, mais : « quand je le verrai ». L’âme d’une personne réveillée se repose souvent, non pas sur sa propre justice, mais sur la manière dont elle voit le sang. Or, quelque précieux qu’il soit pour le cœur d’en avoir le sentiment, ce n’est pas là le fondement de la paix. La paix est fondée sur ce que Dieu le voit. Lui ne peut manquer de l’apprécier à sa pleine et parfaite valeur, comme ôtant le péché. C’est Lui qui abhorre le péché, Lui qui a été offensé par le péché ; Il voit la valeur du sang comme l’ôtant. Il se peut qu’on dise : Mais ne dois-je pas avoir foi à la valeur de ce sang ? La foi à sa valeur consiste à croire que Dieu le considère comme assez précieux pour ôter le péché. Votre appréciation de ce sang, c’est d’en faire une mesure de vos sentiments. La foi regarde aux pensées de Dieu.

Ainsi donc Dieu voit le sang : c’est là-dessus que nous nous reposons pour échapper au jugement, et non sur notre propre vue, soit du péché soit du sang de l’Agneau. Dieu lui-même estime le sang de Son Fils, comme c’est Lui aussi qui hait pleinement notre péché : et ces deux appréciations de Dieu, nous les sentons d’autant mieux que nous en réalisons la vérité et que nous les retenons par la foi. La foi saisit le jugement de Dieu quant au péché, et sent le besoin de saisir aussi Son appréciation du sang de Christ.

C’est là la première grande question — question entre un Dieu saint et un peuple pécheur. Dieu apparaît comme juge. Le sang expiatoire de la rédemption lui barre le chemin comme juge, et sauvegarde infailliblement le peuple. Dieu n’entre pas dans leurs maisons — la valeur du sang abrite contre le jugement.

Le peuple ayant mangé l’agneau à la hâte, avec les herbes amères de la repentance, ils commencent leur voyage ; mais ils le font en Égypte ; cependant Dieu peut être avec eux maintenant, et Il y est en effet. Plus nous connaissons Christ et nous jouissons de Sa pureté, plus nous sentirons vivement nos péchés. C’est alors que les Israélites mangent l’agneau, mais ils le mangent en sécurité. C’eût été un péché de penser que Dieu pouvait manquer à Sa parole ou à la délivrance qu’Il avait promise ; et c’est un péché maintenant de douter que le sang de Jésus Christ, Son Fils, nous purifie de tout péché [1 Jean chapitre 1 verset 7].

Israël peut être en Égypte, mais il n’y est plus esclave. Cette nuit-là, leurs reins sont ceints, leurs souliers sont à leurs pieds, ils ont le bâton à la main. Telle aussi est notre position dans le monde, qui n’est plus pour nous que le tombeau vide de Jésus. Israël commence son voyage après que la question du péché a été réglée. Ils avaient été garantis, et ils le savaient, même au milieu du jugement de Dieu tombant sur le péché. Lorsque la révélation de Dieu entre dans le cœur, on ne peut trouver la paix jusqu’à ce que la révélation de Sa grâce nous soit aussi claire que l’est celle de Ses voies à l’égard du péché. Le chrétien voit ce jugement tombé sur Christ Lui-même ; il commence par se soumettre à la justice de Dieu qui condamne notre nature et nos actes, racine et rameaux, mais qui nous montre la condamnation portée par le Seigneur Jésus.

Vous êtes-vous soumis à Jésus ? Dieu requiert cela. Il ne demande ni offrande ni sacrifice ; Il présente Jésus et vous montre ce que vous êtes. Les plus grands pécheurs qu’il y ait au monde peuvent être reçus en grâce par Jésus. « Voici maintenant le temps de la grâce, voici maintenant le jour du salut » [2 Corinthiens chapitre 6 verset 2].

Lorsque Israël sortit, la rage de Satan ne connut plus de bornes. Pharaon fit préparer tous les chariots d’Égypte, ses gens de cheval et son armée, et les poursuivit. Jamais Israël n’avait été si triste qu’à la veille de sa nouvelle délivrance. Mais alors que, dans leur cas, le péché était réglé, la seule question qui restât à vider, était une question entre Dieu et l’ennemi. « Et Moïse dit au peuple : Ne craignez point ; arrêtez-vous, et voyez la délivrance de l’Éternel, laquelle il vous donnera aujourd’hui : car pour les Égyptiens que vous avez vus aujourd’hui, vous ne les verrez plus jamais. L’Éternel combattra pour vous, et vous demeurerez tranquilles. Et les enfants d’Israël entrèrent au milieu de la mer à sec ; et les eaux leur servaient de mur à droite et à gauche. Ainsi l’Éternel délivra en ce jour-là Israël de la main des Égyptiens ; et Israël vit sur le bord de la mer les Égyptiens morts. Israël vit donc la grande puissance que l’Éternel avait déployée contre les Égyptiens ; et le peuple craignit l’Éternel, et ils crurent en l’Éternel et à Moïse son serviteur » [chapitre 14 versets 13, 14, 22, 30 et 31].

Il est nécessaire de distinguer le jugement des premiers-nés d’avec celui de la mer Rouge. L’un était les prémices de l’autre, et aurait dû détourner Pharaon de sa téméraire poursuite. Mais le sang, qui préservait le peuple du jugement de Dieu, avait une signification bien plus profonde et bien plus sérieuse même que la mer Rouge, quoique le jugement fût exécuté là aussi. Ce qui arriva à la mer Rouge fut, il est vrai, la manifestation de la grande puissance de Dieu, détruisant par le souffle de Sa bouche, l’ennemi qui s’était mis en rébellion contre lui. C’était un jugement final et destructif qui, par la puissance de Dieu, effectuait la délivrance de son peuple. Mais le sang de l’agneau pascal signifiait le jugement moral de Dieu, ainsi que la pleine et entière satisfaction de tout ce qu’Il était en soi. Dieu, tel qu’Il était, dans Sa justice, Sa sainteté et Sa vérité, ne pouvait toucher ceux qui étaient abrités par le sang. Y avait-il du péché ? Son amour envers Son peuple avait trouvé le moyen de satisfaire les exigences de Sa justice ; et à la vue de ce sang, répondant à tout ce qui était parfait dans Son être, il passait par-dessus, en étant conséquent avec Sa justice et même avec Sa vérité. Toutefois Dieu, même en passant par-dessus, est vu comme juge. De là vient, également, qu’aussi longtemps que l’âme est sur ce terrain, sa paix est incertaine, son chemin en Égypte, bien qu’elle soit d’ailleurs réellement convertie, parce que, pour elle, Dieu a encore le caractère de juge, et que la puissance de l’ennemi est encore là.

À la mer Rouge Dieu agit en puissance selon les desseins de Son amour. En conséquence l’ennemi, qui poursuivait et serrait le peuple, est détruit sans ressource. C’est ce qui arrivera au peuple au dernier jour ; au peuple déjà en réalité — aux yeux de Dieu — abrité par le sang. Comme type moral, la mer Rouge est évidemment la mort et la résurrection de Jésus, et celle de ses rachetés en lui, Dieu agissant là pour les retirer de la mort, où il les avait amenés en Christ, et pour les mettre, par conséquent, au-delà de la portée et hors des atteintes de l’ennemi. Nous en sommes déjà rendus participants par la foi. Abrités contre le jugement de Dieu par le sang, nous sommes, par sa puissance qui agit pour nous, délivrés du pouvoir de Satan, le prince de ce monde. Le sang nous garantissant contre le jugement de Dieu, a été le commencement ; la puissance qui nous a ressuscités avec Christ, nous a rendus libres de tout le pouvoir de Satan qui nous poursuivait, ainsi que de toutes ses attaques et ses accusations.

Le monde qui veut suivre ce chemin est englouti dans les eaux. C’est là un avertissement solennel ; car le monde qui se nomme chrétien, se place de fait sur le terrain d’un jugement à venir, et du besoin d’une justice, mais qui n’est pas selon Dieu. Le chrétien traverse ce jugement en Christ, se connaissant sans cela irrémédiablement perdu. Le mondain le fait dans sa propre force et est englouti. Israël voyait la mer Rouge devant lui large et profonde, et croyait tout salut impossible. Ainsi une conscience réveillée craint la mort et le jugement. Mais Christ est mort, et a porté le jugement à notre place, et nous sommes garantis et délivrés par la chose même qui en soi nous effrayait. Le mondain, voyant cela, adopte la vérité dans sa propre force, comme s’il n’y avait pas de danger, et il se perd par sa fausse confiance. Pour le croyant, ce qui était l’objet de sa crainte (la mort et le jugement) lui donne de la joie, maintenant qu’il connaît quels ont été, dans la main de Dieu, les résultats de la mort de Christ. « De celui qui dévorait est procédée la viande, et du fort est procédée la douceur » [Juges chapitre 14 verset 14]. Le miel est recueilli dans la carcasse du lion. La résurrection de Christ est le témoin constant de cette vérité : que le jugement du chrétien est passé, et que le jugement du monde est à venir (Romains chapitre 4, Actes chapitre 17). Christ est ressuscité ; par conséquent, comme nous sommes justifiés en Lui, ainsi le monde doit être jugé par Lui.