Messager Évangélique:Quelques remarques sur Genèse 48

De mipe
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Il y a dans la vie de l’homme, un moment où tout ce qui est illusion disparaît, et où tout devient sérieux pour lui : ce moment est celui qui l’amène aux portes de l’éternité. S’il est un vrai chrétien, tout en lui prend alors sa place et son vrai nom ; ― il juge tout selon la lumière de Celui devant lequel il se trouve. C’est arrivé à ce moment solennel, que le patriarche Jacob nous est présenté dans ce chapitre. Or, ce qui rend la vie et les temps de ce patriarche particulièrement instructifs pour nous, c’est que, d’un bout à l’autre de sa carrière, il nous est offert comme objet et monument de la grâce divine. Ce n’est pas durant une partie de sa vie seulement, qu’il fut l’objet des soins de Dieu, car lui-même rend ce témoignage : « Le Dieu qui me paît depuis que je suis au monde » etc. Or, qui ne sait ce que fut dans sa marche celui de la bouche duquel sortit un tel témoignage ? Au reste, l’Écriture dit de lui que « dès le ventre, il supplanta son frère », et que son train de vie déplaisait à Dieu ; même le prophète semble relier le train des enfants à celui du père, auquel il se ramifie (Osée 12). Ce n’est donc ni la foi, ni la fidélité de Jacob envers Dieu, qui ressortent en sa vie ; mais bien cette fidélité immanquable de Dieu, en vertu de laquelle Il avait veillé sur Son élu, afin qu’aucun mal ne lui arrivât. Dieu, sans doute, trouva plus d’une fois urgent de laisser Jacob goûter un peu de l’amertume dont ses infidélités étaient la cause ; car jamais Dieu ne les approuve. Au reste, les propres paroles d’Israël confirment cette pensée : « les jours des années de ma vie, avait-il dit à Pharaon, ont été courts et mauvais ». ― Ces paroles ont trait à ses expériences propres, dans les difficultés qu’il avait rencontrées ; et non à une absence quelconque d’intérêt de Dieu pour lui. Pharaon, complètement étranger aux divers exercices et aux expériences du croyant, ne pouvait saisir la portée des paroles du vénérable vieillard qui lui parlait, autrement que comme un homme du monde. Pour nous, par l’Esprit, nous pouvons les comprendre, et même retirer des infirmités morales souvent manifestées de ce patriarche, une leçon sérieuse et durable. Un fait, à l’arrivée de Jacob en Égypte, fait ressortir la miséricorde dont Dieu usa toujours envers Son serviteur : en présence du monarque mondain, Dieu revêtit Israël d’une haute dignité, de cette dignité que donne la foi ; c’est pourquoi, dans le sentiment du caractère que lui conférait sa relation avec Dieu, « Jacob bénit Pharaon », etc. (Gen. 47, 10). Ainsi, au point de vue moral, Jacob était plus grand que Pharaon, car, dit l’Écriture, « le moindre est béni par celui qui est plus grand » (Héb. 7).

Mais revenons près du lit de Jacob.

Le récit, que nous donne ce chapitre, des dernières circonstances de la vie du patriarche, et des derniers actes de sa foi, montre quelle fin honorable il a plu à Dieu d’accorder à Son serviteur. Durant le cours de son pèlerinage, il avait plus d’une fois voulu déposer son bâton de voyageur, mais Dieu le lui avait toujours remis en main, et, par des peines de cœur assez vives (Gen. 30, 30 ; 31, 1, 2 ; 33, 18, 19 ; 34, 25-27, 30 ; 35, 1), Il l’avait aidé à réaliser une vocation qui le séparait du monde. ― Dieu coupait ainsi le câble qui retenait le cœur de Jacob à une rive, de laquelle il était appelé à s’éloigner ; ― une patrie céleste était, d’après le témoignage de l’Écriture, le seul but de la foi qu’il avait reçue. Il est vrai, que l’espérance du patriarche était parfois enveloppée dans des objets qui en paralysaient l’énergie ― « quand ferai-je, dit-il, quelque chose pour ma maison ? ». Dans ce cas, le but que se proposait Jacob, n’était pas de réaliser sa position d’étranger, et surtout chez Laban. Si la foi manque, on se croit autorisé, si ce n’est même obligé, à agir comme ceux qui sont sans espérance ; ― on perd de vue le but, et on cesse d’être en témoignage au milieu des hommes. Remarquons que ce fut précisément lorsque Jacob ne s’occupait pas de sa position terrestre, qu’il était, en ce qui regarde la foi, vraiment libre ; pas un seul nuage n’est sur son cœur ; aussi fut-il, dans la circonstance suprême qui nous occupe, l’expression de la volonté de Dieu, en ce qui regardait les destinées de ses fils et de ceux de Joseph. De plus, c’est dans cette circonstance que le Saint Esprit trouva un acte de foi à enregistrer : « Par la foi, Jacob mourant bénit chacun des fils de Joseph, et adora étant appuyé sur le bout de son bâton ».

Quant aux sentiments qui, dans ce moment solennel, devaient se presser dans l’âme du serviteur de Dieu, il est plus facile de les comprendre, que de les dépeindre ; ― que de motifs ― que de délivrances dont le souvenir lui était renouvelé ; quelle belle perspective était devant lui ; voilà ce qui l’invitait ou plutôt le poussait à adorer Celui qu’il avait appris à connaître et qui avait toujours été pour lui un berger dont l’amour et la fidélité ne lui avaient jamais fait défaut ! Quant à lui, sa course était à son terme, les instants de son existence terrestre pouvaient aisément se compter : il ne lui restait plus qu’à franchir le seuil des portes éternelles, que lui ouvrait son Dieu ; mais avant de faire ce dernier pas, il faut qu’il bénisse ses fils et qu’il adore son Dieu ; ― beau témoignage de la foi, dans laquelle Jacob s’est endormi. Qu’elles sont belles ces paroles qu’il adresse à Joseph : « Voici, je m’en vais mourir, mais Dieu sera avec vous ». Je puis, je dois vous laisser, mais Dieu ne vous laissera pas.

Maintenant, cher lecteur, ne trouvez-vous pas qu’il y a dans la conduite de Dieu à l’égard de Jacob, quelque chose de bien encourageant pour nos cœurs ? Quelque chose qui nous invite à Lui remettre le soin de tout ce qui nous concerne, « car aussi prend-il soin de nous » ! Que les circonstances dans lesquelles Jacob s’est trouvé nous instruisent. Qu’a-t-il gagné chez Laban sous le rapport de la foi ? À son retour, lorsqu’il doit se présenter devant son Dieu, à Béthel, il faut qu’il ordonne d’abord à sa famille d’ôter les dieux des étrangers qui sont au milieu d’eux et de se purifier (chap. 35). Quand a-t-il été l’interprète des pensées de Dieu touchant l’avenir ? C’est pour notre instruction que Dieu a fait écrire ces choses ; qu’Il nous donne maintenant d’en profiter. Nous sommes les légitimes héritiers des promesses de Dieu et nous pouvons en tout temps nous assurer en Lui. Nous ne sommes pas à notre place, si nous ne marchons pas sous la dépendance du Seigneur : on est sous la dépendance de Laban ou sous celle de Dieu.