Messager Évangélique:Explication de passages (juin 1861)/texte
Nous n’avons rien reçu en réponse à la demande que notre frère H.B. nous faisait (voir la troisième page de la couverture du numéro 6) de développements sur le sujet de l’enlèvement de l’Église. — Nous ne pouvons, pour le moment, répondre au désir de notre frère ; nous nous contenterons de le renvoyer aux ouvrages publiés depuis quelques années sur ce sujet, et, en particulier, à l’excellent traité intitulé : La Venue du Seigneur, l’enlèvement de l’Église, etc. (n° 15 de la série des traités chrétiens). Nous espérons tôt ou tard, Dieu voulant, revenir sur cette importante question et y consacrer un article spécial dans notre feuille.
Notre frère S.T., à R., demande :
1° S’il y a une différence de sens entre ces deux mots de la Parole : amour et charité ?
À quoi nous répondons que ces deux mots, dans nos anciennes versions françaises, étaient donnés arbitrairement pour traduire un seul et même mot grec, agapê, d’où vient agape, qui se trouve cent seize fois dans le Nouveau Testament, et qui est toujours rendu par amour dans les traductions récentes publiées en Suisse. Charité vient du latin caritas, qui signifie cherté et amour. Notre adjectif cher a ces deux mêmes sens.
2° Dans Éphésiens chapitre 3 verset 15, on lit : « Duquel toute famille dans les cieux et sur la terre est nommée ». Que faut-il entendre par ces mots : « toute famille », et encore : « dans les cieux et sur la terre » ? À quoi nous répondons avec les « Études sur la Parole, volume 4, page 325 » :
« C’est au Père de notre Seigneur Jésus Christ que l’apôtre s’adresse maintenant (verset 14), comme, au chapitre 1, il s’était adressé au Dieu de notre Seigneur Jésus Christ. Ainsi « toute famille », non pas « toute la famille », se range sous ce nom de Père de notre Seigneur Jésus Christ. Sous le nom de Jéhovah, il n’y avait que les Juifs : « Je vous ai connus, vous seuls, d’entre toutes les familles de la terre », dit Jéhovah aux Juifs (Amos chapitre 3 verset 2) ; « c’est pourquoi je vous punirai de toutes vos iniquités ». Mais sous le nom de Père de notre Seigneur Jésus Christ, toute famille : Église, anges, Juifs, Gentils, tous se rangent : toutes les voies de Dieu, dans ce qu’Il avait arrangé pour Sa gloire, se coordonnent sous ce nom et sont en rapport avec Lui ».
Un de nos abonnés a bien voulu compléter, par les lignes suivantes, la réponse que nous avions donnée à la page 138 à une question que, à dessein (nous l’avons fait entendre), nous ne voulions pas traiter plus à fond.
« En relisant et la question de la page 80, et la réponse donnée aux pages 138 et suivantes, il m’a paru qu’il y a quelques mots à ajouter.
Quant à la question, d’abord, elle a pour centre un mot français, par lequel les traducteurs ont, plus ou moins arbitrairement, traduit divers mots hébreux de l’Ancien Testament, ou grecs du Nouveau.
La réponse signale cet inconvénient et le corrige en donnant les divers mots hébreux ou grecs qui ont été traduits par enfer, et les passages où ils se trouvent. Mais elle s’en tient là, et ne donne ni la signification ni la portée de ces mots. Je vais essayer d’aller un peu plus loin, au risque, en étant moins prudent, de devenir plus téméraire.
Le mot shéol ne se trouve que dans l’Ancien Testament. Or ce livre, quoiqu’il parle de flammes éternelles (Ésaïe chapitre 33 verset 14), d’opprobres et d’infamies éternelles (Daniel chapitre 12 verset 2), et d’être exterminé éternellement (Psaume 92 verset 7), ne va pourtant au fond pas au-delà de ce règne dont la durée a été limitée dans l’Apocalypse à mille ans. Je crois donc qu’on peut en conclure que le mot shéol, là même où il s’agit d’un séjour des morts, ne comprend que le temps depuis leur mort jusqu’à la fin du règne, c’est-à-dire jusqu’au jugement final ; aussi l’a-t-on souvent traduit par sépulcre, et, comme le juste meurt aussi bien que le méchant, ce mot s’applique au lieu du séjour du juste aussi bien qu’à celui du méchant (Genèse chapitre 37 verset 35 ; chapitre 42 verset 38 et chapitre 44 versets 29 et 31 ; 2 Samuel chapitre 22 verset 6 ; Psaume 16 verset 10 ; Psaume 18 verset 5 ; Psaume 30 verset 3 ; Psaume 49 verset 15 ; Psaume 86 verset 13 ; Psaume 116 verset 3 ; Ésaïe chapitre 38 verset 10 ; Jonas chapitre 2 verset 3).
Dans le Nouveau Testament c’est ordinairement le mot hadès qui est traduit par enfer, et c’est effectivement par hadès que les Septante traduisent aussi ordinairement le mot shéol.
En tant que séjour des morts nous y voyons le riche de la parabole de Luc chapitre 16, et nous apprenons que pour lui c’était un lieu de tourments. Mais cette même parabole nous montre le pauvre, quoique reposant dans le sein d’Abraham, assez rapproché du riche pour qu’ils puissent converser ensemble, et je crois qu’on peut affirmer sans témérité qu’il était aussi dans le hadès. Au reste c’est le mot qui est employé dans Actes chapitre 2 versets 27 et 31, traduction de psaume 16 veret 10, pour marquer le lieu dans lequel le Seigneur Jésus a séjourné entre Sa mort et Sa résurrection, et en 1 Corinthiens chapitre 15 verset 55, hadès désigne le lieu d’où sortiront les morts qui ressusciteront incorruptibles. Je crois donc que le hadès, comme le shéol, est le lieu où séjournent tous les morts quels qu’ils soient, avant la première résurrection (1 Corinthiens chapitre 15 verset 55), ou avant le dernier jugement (Apocalypse chapitre 20 verset 13).
Le mot géhenne a évidemment une signification plus restreinte en ce qu’il désigne toujours un lieu de jugement (Matthieu chapitre 5 versets 22, 29 et 30 ; chapitre 10 verset 28 ; chapitre 18 verset 9 et chapitre 23 verset 33 ; Marc chapitre 9 versets 43, 45 et 47 ; Luc chapitre 12 verset 5).
Ensuite nous trouvons des expressions qui ne se rapportent que au lieu du jugement pendant le règne, comme :
La fournaise de feu ; là seront les pleurs et les grincements de dents (Matthieu chapitre 13 versets 42 et 50).
Le feu inextinguible (Matthieu chapitre 3 verset 12).
Le feu (Matthieu chapitre 13 verset 30).
Les ténèbres du dehors où il y aura des pleurs et des grincements de dents (Matthieu chapitre 8 verset 12 ; chapitre 22 verset 13 ; chapitre 25 verset 30 ; Luc chapitre 13 verset 28).
Les pleurs et les grincements de dents (Matthieu chapitre 24 verset 51).
Le dehors (Matthieu 25, 10 ; Luc chapitre 13 versets 25 et 28).
Je pense que tout cela est compris dans la géhenne ; comparez Marc chapitre 9 versets 44, 46 et 48.
Enfin nous trouvons une expression qui, sauf le jugement de la Bête et du faux prophète (Apocalypse chapitre 19 verset 20), ne s’applique qu’au jugement final et éternel devant le grand trône blanc, c’est celle de étang de feu (Apocalypse chapitre 20 verset 15), ou étang brûlant de feu et de soufre (Apocalypse chapitre 21 verset 8) ; elle désigne donc le lieu des peines éternelles après ce jugement. »