Traité:Les temps actuels/textev

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Auteur: J.N. Darby

Le temps actuel est un temps d’épreuve pour les bien-aimés frères qui se sont rassemblés au nom et pour le nom du Seigneur Jésus, parce que les prétentions et l’énergie de l’homme se manifestent dans toute leur ampleur. Ce n’est pas facile de se contenter d’être simplement ce que nous sommes en réalité devant Dieu. Les temps des « réveils » découvrent les pensées de beaucoup de cœurs ; mais apprendre à se tenir tranquille, et reconnaître que Dieu est Dieu, est complètement au-dessus de l’éducation de la chair, dans un jour de grâce.

L’esprit du siècle affecte beaucoup de chrétiens, lesquels travaillent à restaurer les vieilles choses pour le service de Dieu, au lieu d’être brisés devant Lui par le sentiment de leur propre chute. Je ne doute nullement de leur sincérité ; mais je doute qu’ils se soient jugés, et qu’ils reconnaissent l’état actuel de la ruine qui les environne ; il en résulte qu’ils ne peuvent avoir, au milieu de cette scène où l’homme a manqué à tout ce qui lui a été confié, une confiance adéquate, reposant seulement sur le Dieu vivant qui est le Dieu de toutes les ressources.

Nous ne devons jamais nous effrayer de toute la vérité. Confesser ouvertement ce que nous sommes en présence de ce que Dieu est, c’est toujours là le chemin de la paix et de la bénédiction. S’il en est ainsi, quand même deux ou trois seulement se trouvent devant Dieu, il n’y a pas de désappointements ni d’espérances déçues. Si les puits creusés aux jours d’Abraham sont bouchés et remplis de terre (Genèse chapitre 26 verset 15), nous avons néanmoins affaire à un Dieu qui peut faire sortir l’eau du rocher, même frappé, et la faire couler dans le désert aride pour rafraîchir Son peuple altéré et fatigué.

Je n’envie pas le travail de ceux qui creusent des canaux dans le sable pour établir des ruisseaux qui, après tout, peuvent prendre un autre cours.

Les voies actives de Dieu, dans tous les temps de bénédiction, consistent à mettre en évidence les gloires et l’œuvre du Seigneur Jésus. Plus la longue nuit de l’apostasie devient obscure, plus la lumière de la vie se fait voir distinctement. La parole pour le résidu est toujours : « l’Éternel des armées, lui, sanctifiez-le » (Ésaïe chapitre 8 verset 13). Le Seigneur est le seul centre de rassemblement. Les hommes peuvent faire entre eux des confédérations ayant bien des choses pour but ; mais la communion des saints ne peut être connue, à moins que chaque pensée ne converge vers ce centre vivant.

Le Saint Esprit ne rassemble pas les saints autour de simples opinions (aussi justes qu’elles puissent être) sur ce qu’est l’Assemblée, ce qu’elle a été et ce qu’elle peut être sur la terre ; mais Il les rassemble toujours autour de cette personne bénie, qui est la même hier, aujourd’hui et éternellement [Hébreux chapitre 13 verset 8]. « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Matthieu chapitre 18 verset 20). Il est certain que Satan et la chair chercheront à résister à cette œuvre et à cette voie du Seigneur, ou à les renverser.

Nous avons besoin d’être gardés de nous vanter, comme on le fait de nos jours, et de nous tenir tranquilles dans la présence de Dieu. Il y a tant d’indépendance et de volonté propre presque partout ! « Nous ferons de grandes choses », est le cri le plus inconvenant qu’on puisse entendre dans ce temps où la lumière a manifesté combien peu on l’a fait.

Dieu nous a fait connaître Sa vérité, comme celle qui nous délivre. « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira » [Jean chapitre 8 verset 32]. Cette liberté n’est pas celle de la chair, parce qu’elle pénètre nos cœurs de toute la réalité d’une séparation conforme au caractère de Dieu, lequel est saint. On ne peut se trouver dans cette position qu’avec des cœurs brisés et humiliés. Si quelqu’un parle de séparation du mal sans en être humilié, qu’il prenne garde que sa position ne soit seulement ce qui, dans toutes les époques, a constitué les sectes, et aussi produit l’hérésie en fait de doctrine.

Quant à notre service, nous avons vu notre précieux Maître et Seigneur, dans un profond abaissement, laver les pieds de Ses disciples et se présentant à nous comme un exemple [Jean chapitre 13 versets 12 à 15]. Or je ne connais aucun service dans le temps présent, qui soit digne de Lui et qui Lui soit agréable, s’il n’est pas fait dans l’humiliation. Ce n’est pas le temps de parler d’une place pour nous-mêmes. Si l’Église de Dieu, si chère à Christ, est déshonorée dans ce monde, dispersée, ignorée, affligée, celui qui a la pensée de Christ prendra toujours la place la plus basse. Le vrai service d’amour cherchera à donner selon les besoins, et ne pensera jamais à faire honte aux objets de l’amour du Maître à cause de ce qui leur manque.

Les hommes enseignés de Dieu pour Son service ne peuvent être utiles que s’ils ont appris leur propre faiblesse et leur propre néant. Ils trouvent que Jésus est tout dans la présence de Dieu ; et Jésus est tout pour eux, en tout et partout. De telles personnes, dans les mains du Saint Esprit, sont des aides réelles pour les enfants de Dieu, elles ne rechercheront pas une place, une distinction, ou de l’autorité parmi le troupeau dispersé.

La communion de l’homme avec Dieu, au sujet de l’Assemblée, se montre par une franche disposition à n’être rien en elle, et on sera heureux dans son cœur de se dépenser néanmoins pour elle.

Dans nos souvenirs personnels, nous avons des leçons à apprendre, avec crainte et tremblement. Que la pensée de la puissance n’occupe jamais trop nos cœurs. « La puissance appartient à Dieu ». C’est ainsi qu’à l’époque des réveils, il y eut un temps d’excitation ; on cherchait la puissance partout, et on aurait traversé les mers pour la trouver. Beaucoup pensaient à l’Église, mais plutôt à l’Église en puissance. On sentait que la puissance était perdue, mais comment la regagner ? On s’occupa alors des choses terrestres, comme si l’on pouvait opérer la délivrance sur la terre.

Beaucoup se rappellent comment, dans ces temps-là, Satan avait réussi à mettre l’homme en relief, et le résultat fut le même partout. Quelle que fût la forme des efforts réalisés dans ces jours de confusion et d’excitation, ces efforts ne conduisirent qu’à des déceptions, car tous manquèrent leur but, et leurs résultats ne furent que des sectes. Il y eut des marques d’hostilité mortelle contre le Seigneur Jésus, et si même Son nom était laissé sans tache, on n’en préparait pas moins la voie pour le terrible résultat qui était d’annuler la présence du Saint Esprit qui seul peut glorifier Jésus.

Le souverain Pasteur n’oubliera pas le travail fait en Son nom, avec un cœur heureux, pour Ses chères brebis, pauvres et nécessiteuses : une couronne inflétrissable de gloire et une louange abondante seront, au jour de Son apparition, la portion de ceux qui auront agi ainsi. Dieu reconnaîtra tout ce qu’Il peut reconnaître, et aucun ne perdra sa récompense. Je ne suis pas surpris des désappointements qui ont suivi tous les efforts qu’on a faits dans l’Église, pour introduire quelque système formel de ministère, d’autorité ou de gouvernement ; Dieu ne peut pas permettre que des hommes viennent raccommoder le terrain sur lequel, dans ces derniers jours, Il s’est plu à grouper et à bénir Ses saints. Nous savons fort bien quel est le chemin de la chair qui, en méconnaissant la chute de l’Église, cherche à occuper une place parmi les hommes, là où Dieu ne l’a pas accordée.

Il y a une grande instruction dans la conduite de Zorobabel, rapportée dans le libre d’Esdras. Fils et héritier de David, il prend sa place avec le résidu de retour de la captivité, et il est content de travailler à Jérusalem, sans trône et sans couronne, en bâtissant l’autel de l’Éternel et la maison de Dieu ; il servait simplement Dieu et sa génération. Héritier de la place que Salomon avait occupée autrefois dans les jours de prospérité et de gloire, il ne parle pas de sa naissance ni de ses propres droits. Cependant il est fidèle dans tout le chemin de séparation, de douleur et de luttes qu’il est obligé de parcourir.

Que le Seigneur nous rende de plus en plus tranquilles et confiants en Lui-même, dans ces jours d’épreuve ! « Quand je suis faible, alors je suis fort » [2 Corinthiens chapitre 12 verset 10], c’est une leçon que Paul a dû apprendre par un procédé bien humiliant. Si nous parlons de notre témoignage sur la terre, il sera bientôt évident que tout n’est que faiblesse, et comme la semence qui se perd le long du chemin, le témoignage finira de même à notre honte. Mais si le Dieu vivant a pour nous sur la terre un témoignage à Sa propre gloire, alors le sentiment de la faiblesse ne fera que nous amener plus directement là où est la puissance. Un apôtre avec une écharde dans la chair, apprend la suffisance de la grâce de Christ. Un petit résidu est réuni et assemblé, n’ayant rien en quoi il puisse se glorifier dans la chair, mais c’est ainsi qu’il est rendu capable de demeurer fidèle au nom de Jésus, quand ce qui semblait être quelque chose devant les hommes a manqué.

Ni la colère, ni la prudence, ni les prétentions de l’homme ne peuvent rien dans l’état de confusion où l’Église est maintenant. Je déclare hautement que je n’ai aucun espoir dans les efforts que beaucoup font pour s’assurer une position ecclésiastique. Lorsque, dans un tremblement de terre, la maison est minée dans ses fondements, il importe peu à un homme de voir comment il pourra rendra agréable sa demeure. Nous nous trouverons mieux de rester là où nous a placés la première découverte de la ruine des choses qui ont été confiées à l’homme, avec nos fronts dans la poussière. Voilà la place qui nous appartient de droit, et après tout, c’est la place de la bénédiction.

Dans l’Apocalypse, Jean apprend l’état actuel des églises en tombant aux pieds de Christ. Il a été ensuite amené au ciel, afin que, de là, il vît les jugements qui devaient atteindre la terre ; mais le mal dans l’Église ne peut jamais être bien connu, que lorsqu’on est humilié aux pieds de Jésus.

J’ai lu jadis, que plusieurs se réunirent dans une telle affliction que de longtemps ils ne purent prononcer un seul mot ; mais le sol de la chambre de réunion était mouillé de leurs larmes.

Si le Seigneur nous accordait encore de telles réunions, il serait sage de fréquenter ces maisons de larmes. « Ceux qui sèment avec larmes, moissonneront avec chant de joie » (Psaume 126 verset 5). Ce n’est pas seulement pour le résidu terrestre que cela est vrai, mais c’est aussi écrit pour nous. Je ferais volontiers un long voyage pour rejoindre ces personnes affligées, mais je ne ferais pas un seul pas dans le but de recevoir des mains des hommes les plus excellents, de la puissance pour tout renverser aujourd’hui et réédifier demain.

Tout ce que nous pouvons faire, c’est de marcher avec vigilance, mais tranquillement, pensant aux choses du Seigneur Jésus, n’ayant quant à nous-mêmes rien à gagner et rien à perdre ; le sentier de la paix, la place du témoignage, est de chercher à plaire à Dieu. Nous avons besoin d’être bien vigilants sur nous-mêmes, de peur que, après avoir été préservés de la corruption du siècle, par de bien précieuses vérités qui nous ont été révélées dans notre faiblesse, nous ne soyons pris dans le filet de la présomption, ou lancés dans l’insubordination ; chose que Dieu ne pourra jamais reconnaître ni tolérer, « nous appliquant à garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix » [Éphésiens chapitre 4 verset 3]. La Parole de Dieu est la même aujourd’hui comme toujours.

Tout ce qui est arrivé n’a pas changé le dessein de Dieu, qui est de glorifier le Seigneur Jésus. Si nous sommes humbles devant Lui, tout ce qui est de la gloire de Christ nous sera d’une grande importance, et que voulons-nous de plus ?