Écho du Témoignage:La doctrine du Nouveau Testament sur le Saint Esprit/Partie 7

De mipe
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Méditation 7 — Romains 8, 1-27

Notre sujet embrasse deux points principaux. Pour comprendre l’un ou l’autre, il importe beaucoup que l’enfant de Dieu puisse les distinguer. L’un est la vérité bénie que nous sommes dans l’Esprit. C’est là une condition qui suppose un état entièrement changé : en contraste avec la nature et la chair, c’est une condition nouvelle que les âmes revêtent déjà sur la terre. Puis, il y a la demeure actuelle, personnelle, du Saint Esprit en celui qui croit. Le chapitre que nous lisons insiste, d’une manière nette et précise, sur ces deux vérités. J’essaierai donc d’en expliquer un peu la différence, et de tirer la conclusion qui ressort de chacune d’elles pour la bénédiction du chrétien, à la propre gloire de Dieu (et cela évidemment par Jésus Christ), ce qui est la fin dernière de toute chose. Pour bien saisir la première de ces vérités il nous faut étudier un peu les traits principaux de l’épître aux Romains.

Remarquons, en premier lieu, que la clef de cette épître est la justice — surtout, et en toute première ligne, la justice de Dieu ; c’est-à-dire la manière d’être de Dieu, la qualité divine — révélée par l’évangile et fondée sur la rédemption — par laquelle Dieu peut être parfaitement conséquent avec Lui-même en justifiant le coupable qui croit en Christ.

Si nous nous demandons comment il se fait que Dieu puisse nous justifier ainsi, cette justice divine est par Jésus Christ, le Seigneur. C’est en vertu de Son sang, de Sa mort ; mais ce n’est pas cela seulement. C’est bien là que la plupart des fidèles aiment à s’arrêter. Bénissons Dieu qu’il y ait des pécheurs quelconques qui aillent même aussi loin que cela ; pourtant nous devons vivement regretter que nos frères n’avancent pas au-delà de ce point ; le regretter non seulement pour eux-mêmes — pour la joie qu’ils perdent par rapport à la liberté — mais parce que tout ce qui dérobe à l’âme sa bénédiction propre, son entière liberté devant Dieu, diminue d’autant la gloire de Christ, et entraîne, en proportion, faiblesse dans le service de Christ aussi bien que dans le culte.

Cet état, il en est qui le regardent comme de peu d’importance : nous ne leur portons pas envie ; nous ne saurions non plus sympathiser en aucune manière avec ceux qui estiment que la seule chose désirable est qu’une âme soit sauvée de la colère à venir. Si le salut de l’homme était le seul but de Dieu, ce serait fort bien ; mais jamais Dieu ne se propose moins que Sa propre gloire ; et celui qui fait du simple salut la grande question, prouve qu’il est plus occupé de lui-même et de ses compagnons qu’exercé dans son âme à l’égard de ce que le Saint Esprit révèle de Dieu et de Son Fils. Du reste, il y a toujours juste rétribution : jamais, en effet, depuis le commencement des âges il n’y a eu une âme douée de la puissance de jouir de Dieu, ou de prendre plaisir à Le glorifier — une âme capable de triompher du monde ou simplement et profondément adorer dans l’énergie de l’Esprit Saint, qui s’arrêtât là où l’homme est prompt à s’arrêter, et où termine ordinairement la théologie humaine. Car la théologie consiste en certaines conclusions ; c’est un système d’inductions ; ce n’est jamais la foi. De certains principes, qui peuvent bien se trouver dans la Parole de Dieu, elle tire des conclusions ; et, sans doute, il en est beaucoup qui sont vraies ; mais cela même qui constitue la théologie empêche la puissance, sacrifie la liberté, s’oppose à la gloire de Dieu, et donne à l’homme une place qui ne lui appartient pas, lorsqu’il systématise les doctrines et se constitue chef d’école. Il en résulte que les enfants de Dieu sont arrêtés dans leurs progrès ; ils ne croissent point ; et le Saint Esprit est contristé par le déshonneur qu’on Lui fait ainsi, à Lui qui seul a titre pour guider pleinement, et capacité pour bénir tout ce qui appartient à Christ, pour la gloire de Dieu le Père. En premier lieu j’appellerai votre attention sur les faits évidents qui se présentent à la première lecture de l’épître aux Romains. Il ne s’y trouve pas un mot sur l’amour de Dieu, pas un mot sur la victoire dont jouit le chrétien, jusqu’à ce que la question entière de la justice soit décidée. Au premier abord il ne semblerait pas que ce fût là le moyen le plus court de soulager le cœur, de lui donner la paix, la liberté, néanmoins c’est bien le moyen dont Dieu se sert. D’abord et en toute première ligne, nous trouvons ce mot toujours si inflexible, si accablant pour l’homme — « la justice de Dieu ». Et pourquoi ? Parce que sa justice place devant l’homme l’autorité divine, ne lui permet pas d’oublier Son droit solennel de juger ; car jusqu’au moment où le péché fut entré dans le monde, il n’était pas question de justice. Qu’y avait-il à juger avant que l’homme se fût ruiné, et lui-même et la création qui dépendait de lui comme son chef ? Auparavant, tout était très bon. Le jugement n’était donc pas la relation naturelle, normale, pour ainsi dire, entre Dieu et l’homme dans l’état d’innocence. Dieu n’agissait alors envers l’homme que pour le combler de toutes les bontés qui ressortaient de la création. L’homme alors ne faisait que jouir, et les actions de grâces d’une créature absolument sans péché s’élevaient jusqu’à Dieu. Mais bientôt la scène fut changée et gâtée ; et la conscience acquise à l’homme par la connaissance du bien et du mal — connaissance du bien, qu’il avait perdu et du mal, gain amer du péché qui l’avait vaincu — porta l’homme tout d’abord à cacher sa nudité dont il était conscient, et puis, au son même de la présence de Dieu, à se retirer de devant Lui. Hélas ! bien avant que la voix de Dieu ne prononçât contre lui la sentence judiciaire, la conscience de l’homme L’avait déjà banni moralement ; et il sentait qu’en présence de Dieu il n’y avait plus place pour lui. La conséquence fatale fut manifestée dès ce jour-là, bien qu’elle ne se déclarât que par degrés, selon le bon plaisir de Dieu, et avec une clarté toujours croissante. Le péché nécessitait le jugement.

De là, évidemment, si l’homme devait être sauvé, il fallait qu’il fût appelé ; et cela, de plus, par la gloire et par la vertu, comme il est dit au chapitre 1 de 2 Pierre. C’est là le caractère de la vocation de Dieu. Il appelle l’homme à ce qu’il ne possède pas. Il ne s’agissait pas seulement pour lui de maintenir ce qu’il possédait et d’en user sagement. Il avait perdu sa tenure originelle ; ah ! il avait perdu non pas seulement ce qui lui avait été soumis dans un état excellent sans tâche, mais encore Celui qui était au-dessus de lui — Dieu Lui-même ; et sa propre conscience en portait le témoignage pénible mais véritable. C’est pourquoi Dieu l’appelle dans Sa grâce ; mais Il l’appelle par la gloire. Il l’appelle à ce qui ne se voit pas, en dehors de ce qui se voit, tout en agissant sur lui par des motifs moraux comme frein pour le mal qui s’était introduit dans le cœur de l’homme et l’avait soumis à sa domination. Tout cela est, sans contredit, développé dans le christianisme avec une force et une propriété incomparablement plus grandes ; toutefois, le principe n’en est pas moins vrai du moment que l’homme tomba. Au moment convenable pourtant, Dieu fit des promesses ; et celles-ci, est-il besoin de le dire, agirent puissamment en ceux qui avaient la foi. Au temps convenable, encore, la loi fut donnée par Moïse, et, par là même, celui dont la conscience était exercée possédait une connaissance non médiocre du péché ; car la loi soulevait la question de l’état de l’homme — chose que les promesses ne touchaient point. Les promesses présentaient simplement un bien que Dieu donnerait assurément en Son propre temps. Le point qui les caractérisait était qu’elles ne dépendaient pas de l’état de l’homme, mais de la Parole et de la volonté de Dieu agissant en grâce. Toutefois l’homme étant pécheur, il est évident qu’il ne serait pas bon pour lui de ne pas sentir son état réel. Aussi, les promesses une fois données mais non encore accomplies, la loi fut-elle introduite ; elle sonda l’homme, et le mit en évidence comme méchant et coupable au dernier point ; elle prouvait que, doué même de la connaissance de sa méchanceté, il ne possédait ni la volonté ni la puissance d’amender ses voies.

Christ vint enfin. Soumis à la loi, Il eût pu s’approprier les promesses. En effet, Il était l’héritier véritable aussi bien que le témoin fidèle — le seul qui ait jamais fait ressortir la beauté de la loi, comme instrument moral ; le seul qui ait répondu à cette expression du droit que Dieu a sur l’homme. Lui seul justifia Dieu, qui avait donné la loi, dans toutes Ses voies ici-bas ; mais si, pour cela, Il s’était saisi des promesses comme se rattachant à la loi, il est bien évident que personne n’eût pu partager avec Lui l’héritage. C’est pourquoi, dans la croix du Seigneur Jésus se fait voir une chose toute nouvelle : Lui qui avait accompli la loi, Lui, l’héritier même des promesses, au lieu de la couronne, Il prend la malédiction — au lieu du royaume de Dieu, Il reçoit Son jugement ! Alors s’accomplit cette œuvre, la plus merveilleuse de toutes : tout ce que Dieu ressentait contre le péché se répandit sur Celui qui ne connut point le péché ; tout ce que pouvait Dieu dans Sa sainte indignation contre le mal, tomba sur Celui qui n’avait point commis le mal, dans la bouche duquel il ne se trouvait aucune fraude. Lui, Son propre Fils, l’objet de Ses parfaites délices, de la faveur absolue, éternelle, Il fut abandonné au jugement impitoyable, Dieu agissant envers Lui comme jamais Il n’avait agi, ni ne peut jamais agir de nouveau envers aucun autre. La gloire même de la personne du Fils unique, qui Lui donnait la force de soutenir ce jugement, rendait cette colère d’autant plus insupportable. Le fait même qu’Il était Dieu, et comme Fils en rapport avec le Père (car Il possédait et la nature de Dieu, et la connaissance du Père comme nul autre ne l’eût jamais), ajoutait aux souffrances du Seigneur à cette heure solennelle une extrémité, poignante, indicible. Mais, « c’est accompli… ». Et, dès ce moment, la justice de Dieu n’est plus seulement promise ; elle commence à être révélée. Ce sujet-là n’est peut-être pas entièrement exposé dans l’épître aux Romains ; mais on y en trouve une partie bien importante — celle surtout qui se rattache aux besoins de l’homme. Dans 2 Corinthiens, l’Esprit contemple une autre partie de la justice de Dieu : « Ce que nous sommes faits en Christ ». Là le point principal c’est que Jésus est glorifié au ciel dans la gloire de Dieu. Du reste, cette vérité-là n’est pas absolument omise dans les Romains ; car comme nous le savons tous, il y est fait très brièvement allusion dans le chapitre 8 selon que le comporte le but de cette épître qui présente la vérité fondamentale, plutôt que la hauteur céleste à laquelle la justice divine nous donne droit. Ce dernier point de vue eût pu aller à la traverse du courant de l’Esprit occupé alors à faire ressortir la vie en celui qui est ressuscité des morts plutôt qu’à révéler la gloire du siège où Christ s’est assis dans les cieux. Mais, indubitablement, ce qu’il y avait de plus absolument indispensable pour établir la base et la manifestation de la justice de Dieu (telle que la présente l’Écriture, si on l’envisage dans son ensemble et comme un tout), c’est que Dieu entrât dans la scène de la mort, là où s’abaisse Jésus comme sacrifice pour le péché, s’étant, en grâce parfaite, rendu responsable pour nous. Là-dessus, Il ressuscite Christ des morts, et enfin Le fait asseoir à Sa droite dans les lieux célestes.

Tout cela était bien évidemment la justice de Dieu par suite de la croix. C’était ce que Dieu devait à Jésus ; c’était une dette qu’Il ne pouvait que payer soit comme Dieu, soit comme Père. Car Jésus était l’homme qui L’avait glorifié au plus haut degré — comme jamais auparavant Il n’avait été glorifié — et cela quant à ce qu’Il détestait le plus — quant au péché même. Il ne s’épargna rien, Il endura tout. Il ne tint pas à montrer Sa gloire ; Il la mit de côté. Sa vie même, Il la remit entre les mains de Dieu. Il se plaça, pour ainsi dire, complètement entre les mains de Dieu, prenant sur Lui tout ce qui était dû à Dieu pour le péché. La conséquence en est que Dieu, aussi bien comme Dieu que comme Père, ressuscita, comme il est dit en Romains 6, par Sa propre gloire, Celui qui était Fils et pourtant homme. Mais cela même n’eût pas suffisamment exprimé la valeur de l’œuvre et des souffrances de Christ. Aux yeux de Dieu la croix méritait encore incomparablement davantage. Là, en vérité, Il mourut, portant nos péchés en Son propre corps. Par la grâce de Dieu, Il goûta la mort pour tout. Voilà ce qui détruisait la puissance de Satan, effaçait le péché, rapportait à Dieu une gloire infinie — et Dieu se trouvait endetté envers l’homme, le Fils de l’homme. De là, comme il est dit dans Jean 13 : « Si Dieu est glorifié en lui, Dieu le glorifiera en lui-même et incontinent le glorifiera ». Aussi, au lieu d’attendre l’administration de la plénitude des temps, au lieu de Lui donner toute la terre et toutes les nations sur la terre, Dieu glorifie Christ en Lui-même — de suite, et dans le ciel. Quant à ce qui est de la terre, aucun retard, aucun changement. Mais il était question de la justice de Dieu, de Sa gloire morale et céleste, absolument à part de toute autre chose. Ni la race, ni le monde ne contribuent en rien à la procurer. Dieu relève Christ et Le place sur Son propre trône dans le ciel. Qui, excepté Dieu, eut jamais la pensée d’un tel dessein ? Sans doute, dans les Psaumes, et ailleurs, il se trouvait des paroles inspirées, qui, après que Dieu eut agi de la sorte, reçurent une signification de ce fait même, et firent voir que telle était déjà dans le passé la pensée divine ; mais glorifier le Fils de Dieu en Lui-même, c’est là un moyen d’exprimer la gloire dont Il couronna Jésus, qu’on chercherait en vain dans la Parole de Dieu jusqu’à ce qu’Il le déclare Lui-même au moment où Il allait quitter la terre.

Et pourtant, toute glorieuse qu’elle soit, cette portion ne suffirait pas à Dieu. Elle était personnelle à Christ et précieuse par-dessus tout ; mais Son œuvre s’appliquait à d’autres, et voilà le côté de la justice de Dieu que nous déploie l’épître aux Romains — savoir l’effet de Sa justice par rapport aux croyants plutôt que par rapport à Son Fils. Il souffrit sur la croix et fut exalté dans la gloire céleste ; mais que deviendraient ceux pour lesquels Il mourut ? Dieu les laisserait-Il dans leurs péchés ? Serait-il juste que Jésus fût ainsi traité ? Comment estimer la juste valeur de l’œuvre accomplie par le Fils de l’homme pour Ses brebis perdues qu’Il était venu chercher et sauver ? Avait-Il failli ou vaincu dans cette puissante entreprise ? Il avait souffert et était mort pour eux et pour leurs péchés : qu’en est-il résulté ? La réponse se trouve dans l’épître aux Romains qui nous présente ce que cette vérité opère pour l’homme dans le péché : « La justice de Dieu envers (ou pour) tous — et sur ceux qui croient ». Le chapitre 3, auquel nous empruntons ces paroles, nous apprend que la justice de Dieu a satisfait entièrement aux péchés. C’est la satisfaction, comme l’appelaient les anciens docteurs, qui fut donnée par rapport au péché. Ce n’est pas que j’aime beaucoup cette expression, ni la pensée qu’elle exprime ; mais ce que nous trouvons là est évidemment l’expiation, ou la propitiation, pour les péchés des hommes. Ce chapitre prouve que la mort, ou le sang de Christ, ne se borne en aucun sens à suffire aux besoins de l’homme : tout se rapporte maintenant à la gloire de Dieu. « Les hommes n’atteignent pas à sa gloire » ; mais si Dieu introduit Son salut, ce doit être pour rendre l’homme capable de se tenir en Sa présence dans le ciel, et non seulement là où il se trouvait auparavant, ce qui n’accomplirait pas les desseins de Dieu. Le rétablissement n’est pas le salut. Si le salut s’accomplit, ce n’est pas pour réinstaller l’homme où il était avant sa chute, mais bien pour lui fournir la capacité de se tenir dans la présence de la gloire de Dieu.

Eh bien ! c’est là ce qui se trouve aux chapitres 4 et 5, et dans un sens plus avancé : et par quel moyen ? Le sang si précieux du Seigneur Jésus n’est pas tout : « Il fut livré pour nos offenses et ressuscité pour notre justification ». Remarquez bien la liaison : Il fut ressuscité pour notre justification. Il en est qui entendent ainsi ce passage : « Parce que nous avons été justifiés ». Ce qui me paraît bien loin de la sainte doctrine. L’effet d’une version, d’un sens pareil, serait de faire de notre justification, comme de l’effusion du sang de Christ, une chose du passé, à part, en dehors de la foi. Mais la Parole de Dieu ne la présente pas ainsi ; et cette pensée se trouve réfutée par les paroles suivantes du commencement du chapitre 5 : « Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu ». Le « donc » n’aurait pas de place, si nous avions été justifiés lorsque Christ ressuscita. Sans doute l’œuvre de la rédemption était accomplie, quand Dieu Le ressuscita ; et Christ entra dans cet état glorieux de résurrection, qui démontrait la nature de la justification assurée à celui qui croit en Lui. Mais les mots qui suivent immédiatement prouvent que la justification, là même où l’homme chercherait à la séparer de la foi, se trouve indispensablement liée à la foi : « Ayant été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu ».

C’est là, remarquons-le, que, pour la première fois dans cette épître, nous trouvons la paix avec Dieu, l’accès à cette faveur dans laquelle nous sommes, et notre privilège de nous glorifier dans l’espérance de la gloire de Dieu. L’épître aux Romains ne nous considère jamais ainsi que le fait celle aux Éphésiens, comme déjà, dans un sens, unis à la gloire ; mais elle nous représente comme capables, ici-bas, d’abonder dans l’espérance de la gloire que nous avons en perspective. Puis aussi, au milieu des tribulations, dont nous pouvons tirer de quoi nous glorifier, il est dit que nous avons l’amour de Dieu répandu dans nos cœurs, par l’Esprit Saint qui nous a été donné. Ainsi donc la première allusion à l’amour de Dieu n’apparaît qu’après que la justice de Dieu a été expliquée aussi complètement que l’exigeait cette épître.

Ce que je conclus de cela, c’est que Dieu voulait produire en ceux envers lesquels Il agissait avec tant de grâce, un sentiment profond, solennel du péché. De plus, Il voulait leur faire voir qu’après tout, Il a soin de Sa propre gloire. Je ne dis pas que c’est ainsi que nous, nous devons en agir envers une pauvre âme inquiète ; mais, en fait, l’épître aux Romains ne s’adresse pas à ceux qui sont inquiets et troublés dans leur conscience. Il ne s’agit pas là de gagner des âmes non encore converties à Dieu. Avec celles-là rien de plus important que de démontrer l’amour : et c’est là d’abord ce que fait Jésus. Il gagne l’attention, puis Il éveille la conscience avant de la mettre dans la parfaite liberté telle que nous la connaissons par le Saint Esprit, depuis que l’œuvre est achevée. Mais dans nos rapports avec ceux qui croient, et surtout avec les âmes qui ont saisi la bénédiction de l’évangile sans que la conscience ait été bien profondément labourée, il est de toute importance de maintenir, avec la plus grande clarté possible, le côté juste du salut de Dieu ; et de comprendre distinctement que l’évangile est « la puissance de Dieu pour le salut » parce qu’il est la justice de Dieu. C’est là le raisonnement de l’apôtre quand il commence à discuter cette question en Romains 1.

Continuons cet examen un peu plus loin, et une autre question surgit devant nous. Dans tout le développement de ces quatre premiers chapitres, et même jusqu’au milieu du 5, voici le point principal qui nous occupe : les pécheurs coupables, et Dieu qui, à Sa propre manière, vient au-devant d’eux tels qu’ils sont, dans leurs péchés. Mais alors, pour l’âme réveillée qui a trouvé la paix, il y a autre chose qui donne encore bien plus de peine : ce ne sont pas ses péchés mais son péché ; non pas ce qu’elle a fait, ce dont elle est coupable, mais son état même devant Dieu. Ce que l’homme trouve en lui de plus lamentable, c’est qu’après la conversion, après avoir trouvé la paix, il découvre cet état misérable, ces replis de méchanceté dans sa nature, qu’il ne pouvait croire possibles chez un enfant de Dieu — replis qu’aucun homme ne prévoit avant d’en faire l’expérience personnelle. La Parole de Dieu en parle bien, mais il passe outre, et ne s’attache pas à ces passages. À vrai dire, du reste, personne ne le comprend, avant d’en avoir l’expérience personnelle une fois que le cœur est véritablement amené à Dieu.

C’est là précisément que le christianisme de nos jours, et depuis bien longtemps assurément, manque d’atteindre à la vérité révélée de Dieu… Il laisse les âmes, je puis bien le dire, à demi sauvées ; il leur présente des pensées partielles de Christ, mais il ne leur offre jamais une vraie intelligence, une connaissance simple et précise qu’ils sont en Christ. Je ne veux pas dire que l’expression même « en Christ » ne se reproduit pas ; mais qu’en lisant ce passage : « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » — la plupart des personnes n’y comprennent rien, au-delà du fait que Christ est mort et ressuscité pour elles, et que par conséquent elles sont justifiées devant Dieu. Mais ce n’est pas là toute la signification de ce passage. La différence est que, dès le milieu du chapitre 5 de l’épître aux Romains, le Saint Esprit de Dieu soulève une question nouvelle : c’est l’homme coupable, et la manière dont sa culpabilité peut-être traitée, et dont l’âme peut avoir la paix par rapport à elle. Tout cela a été décidé ; et c’est là la doctrine propre de l’épître aux Romains. Ce qui suit immédiatement est plutôt un supplément, du chapitre 5 au chapitre 8. C’est une instruction, ajoutée par l’Esprit Saint, de l’importance la plus profonde pour l’âme qui a déjà trouvé Christ. Voici le point qui y est discuté : non seulement il y a un Sauveur qui est mort pour mes péchés, et ressuscité pour ma justification ; mais dans la mort de Christ ma vieille nature a été jugée, condamnée : « Comme par un seul homme le péché est entré au monde ». — Il ne s’agit donc pas de ce que j’ai fait. Où il est question de péchés, nous avons la culpabilité personnelle, et c’est à elle que s’applique la loi — à elle encore que s’applique le jugement de Dieu quant aux choses faites dans le corps.

Mais la grâce nous donne encore autre chose. Si tous mes péchés étaient effacés et pardonnés, je me trouverais encore dans un état misérable pour moi-même, et plein de déshonneur pour Dieu. Comment cela s’est-il opéré ? Cet état fut introduit par un seul homme — Adam ; et, comme un seul homme est le chef du mal, il est, Dieu soit béni, un autre homme qui, avec autant de certitude que le premier homme a introduit le péché et la mort, a accompli, effectué, Lui, la justice — « la grâce qui règne par la justice en vie éternelle ». Voilà la délivrance. Ce ne sont plus des pécheurs et la 1oi, mais Adam à une extrémité et Christ à l’autre. Mais vous et moi, comment cela nous touche-t-il ? Aucun Juif ne pouvait nier, à l’égard de toute la race, l’effet de la position d’Adam. Quant à la loi, il pouvait se glorifier ; mais avant même que la loi n’entrât, il y avait un monde ruiné ; et la loi, loin de réparer la ruine, ne fit absolument qu’imposer à l’homme de nouvelles entraves ; elle prouvait plus complètement l’étendue de la ruine. Elle ne pouvait faire davantage. Mais maintenant était venu un autre homme, Jésus. Et comment ce passage parle-t-il de Jésus ? Comme de Celui qui passa, par la mort, dans la vie de résurrection. Par conséquent, depuis le milieu du chapitre 5 des Romains, le Saint Esprit entame une question toute nouvelle : ce n’est pas la justification par le sang, c’est la justification de la vie.

C’est ici que les théologiens sont complètement en défaut. Je ne sache pas qu’ils aient aucune idée de la justification de vie. Évidemment, il n’est pas question de ce que le Seigneur a fait. C’est un état, une condition fondée sur la rédemption, et déployée dans Sa résurrection. Les œuvres, quelque bonnes qu’elles soient, ne suffisent pas à l’exigence du cas. Christ, nous l’avons dit, a magnifié Dieu en toutes choses ; et cela était absolument nécessaire pour la gloire de Dieu, de même que c’est une partie de notre profonde bénédiction, parce que nous possédons réellement un Christ entier. Toutefois quand il s’agit de ce qui fait face à notre état de péché comme hommes, l’Écriture ne fait pas ressortir ce que Jésus fit ici-bas, mais ce à quoi Il fut élevé. C’est pourquoi, de même précisément qu’Adam ne devint chef de race qu’après être devenu pécheur (l’on pourrait dire, quand il eut accompli l’œuvre du péché), de même, le Seigneur Jésus ne devient chef, le Chef reconnu et révélé — « un Esprit vivifiant » — qu’en entrant en résurrection. Ce n’est que lorsqu’Il eut déposé Sa vie dans la mort qu’Il eut fini l’œuvre que Dieu Lui avait confiée. C’est alors que le grain de froment, qui était tombé en terre et était mort — maintenant ressuscité — porterait du fruit en abondance.

Ce principe s’applique dans le chapitre 6 au péché, qui faisait le trouble du croyant. Le point principal du chapitre n’est pas que nous sommes ressuscités, mais que nous vivons à Dieu en Christ ressuscité. Le raisonnement de l’apôtre ne va pas jusqu’à contempler celui qui croit comme ressuscité avec Christ ; ce n’est pas là la doctrine des Romains. Dans les Colossiens, on le voit ainsi ressuscité ; dans les Éphésiens, il est même assis en Christ dans les lieux célestes. Mais dans les Romains, le croyant n’est jamais considéré comme ressuscité : il est simplement « mort au péché et vivant à Dieu ». Mais si je suis ressuscité je ne puis me tenir pour mort ; c’est évident ; ce serait une contradiction dans les termes. Une telle erreur est exclue par le raisonnement même, ainsi que par toute la portée de l’épître ; et c’est un point d’une très grande importance comme on le verra dans l’Écriture. Mais c’est là justement ce qui fournit au croyant une délivrance bien merveilleuse pour la pratique ; délivrance à laquelle j’ai droit dès le premier moment de ma carrière chrétienne, dès que je reconnais le Seigneur Jésus et que je suis baptisé en Son nom.

Quelle est la chose pour laquelle je suis baptisé ? Pour Sa vie — pour ce qu’Il a fait ? Point du tout ; c’est pour Sa mort que je suis baptisé. Je commence, tout d’abord, par ce grand acte, cet acte infini de grâce divine, dans lequel Il vint au-devant de moi, et non seulement de mes péchés — pour eux en effet, je trouve Son sang précieux. — Mais il ne dit pas que je suis baptisé pour le sang de Christ, mais pour Sa mort — expression plus large et qui descend plus profondément. Voilà ce qui répond à ma condition comme pécheur — comme homme vivant au péché ; et j’ai besoin de trouver la mort à tout cela, j’ai besoin de trouver la délivrance de tout cela. Et la seule délivrance possible d’un état de péché, c’est la mort. C’est là précisément ce qu’il me fallait. Je ne suis pas seulement pardonné — ce qui est fort béni et très nécessaire pour commencer. Mais ce n’est pas ce qui est appelé le salut, même si l’on applique ce terme simplement comme intérêt personnel. Il y a plus. J’ai besoin de me voir appliquer la mort de Christ et Sa vie au-delà de la mort, aussi bien que Son sang précieux : et c’est là ce que je possède en Christ. C’est un fait glorieux que j’ai le droit de tenir la mort de Christ comme satisfaisant pleinement à ma condition quant à toute la racine du mal ; de sorte que j’ai le bonheur non seulement de savoir que je suis pardonné par Son sang, mais que, par Lui ressuscité j’ai le droit de me tenir pour mort à tout péché demeurant en moi, qui serait autrement un fardeau insupportable. Il y a donc une bénédiction qui ressort du Christ Jésus mort et ressuscité. Il y a la rémission des péchés ; mais il y a aussi délivrance plénière. Celui-là seul qui est mort est quitte du péché. Le sang de Christ suffit pour les péchés ; mais pour le péché, il me faut la mort de Christ dans toute sa valeur. C’est là seul ce qui répond à nos besoins. Car Celui qui est mort en expiation est ressuscité dans un état tout à fait nouveau où ne saurait jamais reparaître la question du péché, non plus que celle de quelque chose qui devrait être faite, ou souffert de la part de Dieu. La bénédiction entière de Christ est en faveur du croyant ; et, remarquez-le bien, dès son baptême. Est-ce quelque chose que l’homme atteint par degrés, et qui donne une certaine valeur à l’expérience ? Cela ne tendrait qu’à l’exposer tristement à être content de lui-même et, par suite de la subtilité de son cœur, à lui fournir le moyen de dépouiller Christ sous prétexte d’honorer l’œuvre de l’Esprit de Dieu au-dedans de lui. C’est là précisément, hélas ! malgré le soin de Dieu dans l’Écriture et dans les faits du christianisme, c’est là que tant de chrétiens glissent de côté ; et voulez-vous savoir pourquoi ? C’est bien simple : le monde, la loi et la chair marchent de front. Si je suis purement un homme vivant dans le monde, il me faut une loi pour me tenir dans l’ordre, une règle pour gouverner ma nature, tantôt me reprendre, tantôt me frapper. Aussi, lorsque Dieu était occupé de fait de Son peuple d’Israël — nation vivant dans le monde, Il leur donna Sa loi, qui agissait en frein, en restriction — une espèce de mors, de bride pour leur chair rebelle. D’une part il fallait la réprimer ; de l’autre, pour ainsi dire, la pousser. C’est ainsi que la loi en agissait envers la chair de l’homme ; c’est là ce que la loi voudrait tenter chez les chrétiens. Mais y revenir aujourd’hui, c’est simplement renier le christianisme. Il est des hommes qui, tristement dans l’erreur, voudraient imposer la loi comme règle de vie pour le chrétien. Ils ont fort bonne intention, je n’hésite pas à le dire, car ils visent à la piété ; mais je suis bien sûr que tout cela ne constitue qu’un principe faux ; et que la loi, au lieu d’être une règle de vie, est nécessairement une règle de mort pour celui qui a le péché dans sa nature. Loin d’être une puissance libératrice elle ne peut que le condamner ; loin d’être un moyen de sainteté, elle est de fait, et d’après l’apôtre, la force du péché.

Ce qu’il me faut avant tout c’est la délivrance. Et comment l’obtenir ? Par la mort. Notre mort, à nous ? Dois-je mourir moi-même ? Ce serait la destruction, et non le salut ; ce n’est pas là non plus l’enseignement de l’Écriture. Me reposant sur la mort de Christ, je puis mourir tous les jours. Je puis, selon la mesure de ma foi, me soumettre au mépris du monde, m’exposer à ce qui m’obtiendra, je le sais bien, de la part du monde et la séparation et la souffrance, et c’est la gloire du chrétien — tout en se séparant ainsi — d’avancer avec humilité, et pourtant avec hardiesse, dans le sentier qui est semé de toute l’amertume de l’épreuve. Mais que me faut-il comme point de départ ? Si j’avais à mourir graduellement à ma nature mauvaise, il y aurait lieu pour moi de me glorifier, de m’honorer, en quelque sorte, moi-même. Mais il n’en est pas ainsi ; et de là l’importance de la vérité qui est démontrée dans le baptême du chrétien. Au début de sa profession de Christ, l’homme confesse Sa mort et Sa résurrection. Je n’entamerai point ici des questions controversées, mais regarderai le baptême comme institution initiative. Sans doute, comme chacun l’avoue, certaines différences existent sur ce point, mais tous reconnaissent le caractère initiatoire que revêt le baptême aussi bien que la vérité objective qu’il exprime. Que signifie-t-il ? Que le Sauveur qu’on a confessé n’est pas vivant, mais mort et ressuscité. « Tous ceux qui sont baptisés pour Jésus Christ sont baptisés pour sa mort ». C’est là pour moi, encore plus que l’aspersion de Son sang, tout précieux qu’est, sans contredit, ce privilège.

Outre le sang, il y a Sa mort ; c’est elle qui a affaire avec ma nature, et me met en liberté devant Dieu en Christ ressuscité. Plus je le prends simplement et mieux cela vaut. Dans les choses de Dieu, il n’y a rien de comparable à la simplicité ; et il n’est pas de foi aussi vraie que celle qui reçoit Sa Parole sur sa propre autorité, bien qu’il soit possible que nous ne la comprenions encore que bien peu. Si Dieu me dit à moi chrétien que je suis mort, dois-je le croire ou non ? Si donc il est certainement vrai que je suis mort, ne dois-je pas aussi croire les conséquences que Sa Parole en déduit pour moi — que mon jugement est tombé sur Christ, que Lui ressuscité est la puissance et le modèle de ma délivrance, et que, quant à l’homme et au monde, ils n’ont aucun droit sur moi, qui appartiens désormais à un autre, savoir à Celui qui est ressuscité des morts ? Quel droit peut-on encore exercer sur un homme qui est mort ? Tout le monde le sait : un tel être doit être enseveli hors de la vue des hommes. La loi n’a plus absolument d’application envers les morts : non qu’elle cesse de retenir sa force, mais c’est à l’égard de ceux qui sont en vie sous elle. Dans sa propre sphère la loi est de toute importance ; mais sa force et sa sphère se déploient envers les hommes vivant dans le monde. Je suis sorti de cet état-là par la mort et la résurrection de Christ ; de sorte que pour ce qui est de ma vie proprement chrétienne, je ne suis plus vivant dans le monde. Je suis mort à la chair et au monde ; et c’est bien là mon point de départ dans le baptême et dans ma profession du Seigneur Jésus. Comme homme naturel, je vivais ; mais un Christ mort et ressuscité a terminé tout cela pour moi. Ce n’est pas seulement que je crois en Christ et que je connais le pardon par Son sang précieux ; la Parole de Dieu me donne encore le droit de savoir et de déclarer que, dans la mort de Christ, je suis mort moi-même. L’une de ces choses-là est aussi bien vraie que l’autre. Mais le saint le plus faible, tristement mêlé avec le monde dans la vie pratique, sent le besoin de connaître ce qui arrête le jugement de Dieu, et de là, dans l’heure de l’épreuve et de la douleur, embrasse avec ardeur cette consolation. Pourquoi ne pas accepter aussi l’autre vérité ? C’est qu’on n’aime pas à voir en face toute la grâce de Dieu, ni toute la responsabilité du chrétien dont il avait été fait aspersion. Le sang de l’agneau pascal, sur les poteaux des portes, était connu même dans le pays de la servitude ; mais la mer Rouge en séparait manifestement le peuple, afin que, racheté et délivré, il fût désormais seulement au Seigneur. Il est donc absolument nécessaire que la marche du chrétien soit dans la pure lumière de la grâce de Dieu. « Nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la grâce ». — Le chapitre 6 de l’épître aux Romains insiste sur ce point. Et c’est là une marche aussi humble que sainte où la chair ne compte pour rien : aussi n’y est-il pas dit un mot de la loi, si ce n’est expressément pour déclarer celui qui croit complètement affranchi de sa juridiction. Elle n’est pas faite pour un homme juste, et c’est bien sûrement ce qu’est un croyant. Sa force est contre les injustes : elle s’applique aux méchants qui vivent dans le monde, contre la méchanceté des hommes comme tels ; ce n’est pas en vain que la loi porte son témoignage. Ils vivent dans l’orgueil du monde, dans les voies profanes ou la propre justice de la chair. C’est pour de telles personnes qu’est la loi ; c’est-à-dire, que soit que les hommes lâchent la bride à la chair impure, ou qu’ils se retranchent dans les prétentions religieuses de la chair exaltée, la loi agit également envers eux tous. Mais, quant au chrétien, il commence par la mort de sa nature comme en vie dans le monde. J’insiste encore sur la pensée que c’est là précisément le sens, je ne dis pas du baptême de Jean, mais du baptême chrétien pour la mort. Ce qui est si terrible pour le cœur naturel — le mort, le chrétien, y trouve sa bénédiction ; mais c’est dans la mort de Christ qu’il est un homme mort devant Dieu, de même qu’il était mort dans ses péchés. Telle est la condition du premier Adam, hors de laquelle le chrétien surgit par la foi en Christ, par la mort duquel, lui aussi est mort à tout ce en quoi il vivait auparavant ; et maintenant il jouit, comme faisant partie de la grâce de Dieu à son égard, du privilège de se tenir pour mort au péché et vivant à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur.

Voilà un des privilèges auxquels l’Esprit Saint applique la mort et la résurrection de Christ ; et à ce privilège se rattache une grave responsabilité. Remarquons bien qu’il ne s’agit pas de nos péchés, ou de la grâce de Dieu qui nous en nettoie dans le sang de Christ. Le péché comme péché — la nature charnelle — trouve son juste sort, sa fin en condamnation, dans la mort de Christ, qui, ressuscité, communique une vie nouvelle, une nature spirituelle, dans la puissance de Sa résurrection. Cet homme est mon Sauveur, et cette nouvelle nature est exactement ce que j’ai acquis comme ma part de la nouvelle création ; car, « si quelqu’un est en Christ il est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici toutes choses sont devenues nouvelles ». Comme je l’ai déjà remarqué, la deuxième épître aux Corinthiens peut porter la doctrine plus en avant, car elle s’occupe de la gloire de Christ et non pas seulement d’expliquer la justice de Dieu comme base du salut, ce qui est le sujet de l’épître aux Romains.

Puis, dans Romains 7, nous abordons la question de la loi, et, bien que ce ne soit pas ici le moment de traiter pleinement ce point-là, je dois observer que nous trouvons ici, de la part de Dieu, une aussi pleine délivrance de cette difficulté-là que de celle dont traite le chapitre 6, par rapport au péché. « C’est pourquoi, frères, dit l’apôtre, vous aussi êtes morts à la loi par le corps de Christ ». Comment cela se fait-il ? Cette expression « le corps de Christ » est pleine d’expression ; personne, en effet, ne se servirait d’une telle phrase pour décrire la vie de Christ ici-bas. Appliquez-la à Sa mort, et tout devient simple et conséquent. « Vous êtes morts à la loi par le corps de Christ afin d’être mariés à un autre ». Et dans quelle condition ? Est-ce à Celui qui versa Son sang pour vous ? Non pas ; mais à Celui même « qui est ressuscité des morts, afin que vous portiez du fruit pour Dieu. Car lorsque nous étions dans la chair »… nous n’y sommes donc plus maintenant. Et c’est là ce qu’il vous faut. Mais pour ceux qui insistent sur la loi comme règle de vie du chrétien, lorsqu’ils font allusion à cette expression de l’apôtre, « vous n’êtes pas dans la chair », ils lui prêtent un sens tout erroné, car ils entendent par là notre vieille condition d’inconvertis. Mais cette expression va plus loin. Quelle est, en effet, l’expérience que nous présente le Saint Esprit à la fin du chapitre ? C’est un homme misérable, mais évidemment converti. Il lui a été donné de revenir à Dieu ; il déteste le péché — pourtant il y tombe toujours ; il aime la sainteté — mais jamais il n’y atteint ; il est, en tous points, misérable. Ses sentiments sont droits ; mais pour faire le bien ou éviter le mal aucun effort ne lui réussit. Le mal est présent ; le bien semble toujours lui échapper ; telle est l’expérience de son cœur ; je ne parle pas de sa vie extérieure ; car ce n’est pas là la question, c’est quelque chose de bien plus profond. Il peut n’y avoir aucune chute en péché manifeste, mais le péché est tristement à l’œuvre au-dedans.

Ce que l’apôtre rapporte ici à lui-même comme pour se l’appliquer, c’est l’amertume d’une âme qui pensait n’avoir plus que bénédiction, et qui pourtant ne s’est jamais trouvée aussi malheureuse dans sa vie. Avant d’être régénéré cet homme eût pu goûter les plaisirs du monde qui ne donnent pas de vraie satisfaction. Maintenant il a tourné le dos au monde et la face vers Dieu ; et pourtant jamais il n’y eût (il le sentait) d’être si dénué de consolation, et la misère augmente jusqu’au point qu’il pousse ce cri de douleur : « Misérable que je suis, qui me délivrera ? ». Dès lors l’obscurité disparaît devant une lumière qui est plus calme, plus sereine que jamais. C’est donc l’espérance d’une âme qui avait connu Christ, comme son espérance, une âme née de Dieu, et n’ayant néanmoins aucun sentiment de délivrance. Dieu lui laisse sentir son mal propre, intérieur, jusqu’à ce qu’elle regarde tout à fait hors d’elle-même à Christ, comme son libérateur, non seulement de la condamnation et de la colère, mais « de ce corps de mort ».

Ce ne sont pas ses péchés, c’est le péché qui le déchire d’autant plus que sa conscience est éveillée, devenue sensible à ce qui est dû à Dieu, sans connaître suffisamment ou la grâce ou la rédemption — Dieu, ou son propre cœur — elle souffre péniblement jusqu’à ce qu’elle apprenne la réalité, la nature, l’étendue de la liberté en Christ. Aussi c’est là précisément la question à laquelle le Saint Esprit prépare une réponse dans le passage que je viens de lire. Et quelle en est la portée ? La première réponse est que Dieu a déjà, dans Son amour, introduit pour mon âme une délivrance complète ; plus tard Il effectuera une délivrance aussi entière pour mon corps mortel. Ainsi donc, en premier lieu, vient une délivrance réelle de la grâce — puis elle est le gage de tout ce qui suit dans la gloire. Quelle est donc la nature de la délivrance dès à présent ? Si, en parlant de ce que Dieu donne maintenant, je me sers du mot « partiel », c’est simplement parce qu’il y a le corps aussi bien que l’âme. Pour tout ce qui regarde l’âme, l’émancipation est parfaite — mais elle est parfaite seulement pour l’homme intérieur, si je puis ainsi parler, et non encore pour l’homme extérieur.

C’est pourquoi l’apôtre nous présente cela dans les premiers versets de Romains 8 : « Il n’y a maintenant aucune condamnation », parce qu’il n’envisage que Christ, se repose et est en Christ seul. C’est là, en partie, la réponse pour l’âme qui confesse sa misère et crie après un libérateur. Réveillé pour sentir que ce n’est pas le pardon seul qu’il lui faut, mais bien d’être délivré de soi-même, le cœur trouve que la délivrance est dans un autre. Il s’était imaginé qu’ayant obtenu le pardon en Christ, il lui fallait se délivrer par l’opération intérieure de l’Esprit de Dieu ; mais au moment même où Son secours lui était le plus nécessaire, il apprenait que l’Esprit Saint ne l’aidait pas. D’une manière ou d’une autre, il éprouvait que le Saint Esprit le rendait misérable en lui-même. La raison en est claire ; dans la pensée de son entendement il s’était placé sous la loi, et le Saint Esprit — précisément parce qu’Il est l’Esprit de Dieu descendu pour glorifier Christ — ne donnera jamais la puissance — mais Il fera sentir à l’homme la faiblesse, tant qu’il cherche à mettre la loi à la place de Christ. Ce n’est là nullement ce que le Saint Esprit est venu faire. Il est descendu du ciel sur la terre pour glorifier le Seigneur et non pas la loi.

C’est dans les gémissements qu’il avait appris l’absence de la délivrance ; il est donc réduit à se tourner vers le Libérateur, et la conclusion qu’il en tire c’est « qu’il n’y a aucune condamnation » — non pas pour ceux pour lesquels Christ mourut — mais « pour ceux qui sont dans le Christ Jésus ». Nous sommes maintenant par grâce établis en un autre — Christ ressuscité. — Voilà ce qui nous donne notre condition, notre état devant Dieu. Rien de plus béni. La comparaison suivante pourra aider quelques chrétiens à se faire de cela une faible idée. Prenez un homme digne, dont les sentiments honorables et les ressources (je parle le langage des hommes) égalent la dignité. Il fait choix d’une femme. Sage et digne lui-même, il choisit sagement et dignement, et il se plaît à faire ce choix là où d’autres n’avaient pas le cœur de choisir — là où aucun autre n’eût osé le faire. Ce choix fait, qu’en résulte-t-il ? La personne qu’il a choisie et qui devient sa femme acquiert l’état propre à son mari, et tous les anciens antécédents, les perplexités, les angoisses disparaissent entièrement. Parmi les hommes la femme prend le nom de son mari ; son propre nom est à jamais abandonné : elle en prend un nouveau. Il en est de même pour ceux qui sont dans le Christ Jésus. Quelle est leur place ? Là où Il est. Jésus marchant sur la terre… Est-ce là ma position ? Comme exemple céleste divin, nous pouvons Le suivre, mais Il « demeure seul ». S’il n’y avait eu que cela, moi j’eusse été à jamais exclu. Mais Christ est mort — bien plus, Il est ressuscité. Alors Il peut me donner Son Esprit, et c’est là ce que fait Christ. Sa mort a agi de deux manières à l’égard du mal : les péchés ne sont plus, mais la nature même est aussi jugée, saintement et justement. Aussi, Dieu peut-Il alors révéler la nature nouvelle qu’Il a donnée, et accorder une position tout à fait différente.

Christ ressuscité est le seul chef de la famille de Dieu. Je ne parle pas de Son corps, mais de la famille ; car, sauf dans le langage figuré employé d’une manière si pratique dans le chapitre 12, l’épître aux Romains ne va pas au-delà de la famille. Mais ici je trouve la famille de Dieu, et la condition, la demeure, l’état de cette famille devant Lui, comme résultat de la mort et de la résurrection de Christ. « Me voici, moi et les enfants que Dieu m’a donnés ». La grâce fait participer la famille tout entière à l’état même de Christ. Et quel en est le résultat pour eux ? « Aucune condamnation ». Christ avait souffert pour le chrétien, et maintenant qu’Il est ressuscité, le chrétien, pour ainsi dire, fait partie de la justice de Dieu comme il est dit avec plus de force encore en 2 Corinthiens 5. Comment Dieu pourrait-Il, en justice, exiger une seconde fois le paiement d’une dette ? Et désormais Christ était entré dans cette position, où Il pouvait en avoir d’autres identifiés avec Sa propre bénédiction devant Dieu. C’est là, et rien de moins, ce qui la caractérise : « Il n’y a aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus ».

Et puis vient la raison : car dit l’apôtre, « la loi de l’Esprit de vie ». Remarquez bien que ce n’est pas simplement parce que Son sang a été répandu. Cela seul ne suffirait pas. Tout efficace qu’il soit contre les conséquences de la vieille condition d’être, cela ne nous donnerait pas la nouvelle position devant Dieu. Sans Son sang précieux, je ne pourrais jamais entrer dans cette condition nouvelle ; mais ce qu’il me faut ce n’est pas seulement le sang qui nettoie les péchés de ma vie passée, mais encore l’affranchissement complet hors de l’ancienne condition et une place sainte, fixe, joyeuse, dans la création nouvelle. Et qu’est-ce qui peut faire cela ? Lui-même mort et ressuscité. Comme c’est bien Lui qui donne satisfaction parfaite pour les péchés ; qui, plus que cela, fut jugé pour le péché ; c’est Lui de même qui est l’exemple béni et la puissance du nouvel état en résurrection. Il est le chef et la source de toute la bénédiction. Et en conséquence, l’apôtre parle d’une « loi de l’Esprit de vie ». De là vient que lorsque Christ fut ressuscité des morts, ayant, au prix de Son sang, acquis les bénédictions les plus chères, les plus profondes, Il souffla sur Ses disciples : Sa personne adorée en accorde le signe. Le jugement était tombé sur Christ au lieu de tomber sur nous — le péché était aboli, la mort vaincue ; mais aucune de ces choses n’a affaire avec cette vie nouvelle qui est en Christ. Ce n’est pas qu’un chrétien ne puisse tomber dans le péché, comme il peut aussi mourir. Mais ce n’est pas parce qu’il possède la vie nouvelle qu’il pèche ou qu’il meurt. Il pèche, parce qu’il a cédé à la vieille nature, il meurt, parce qu’il plaît à Dieu que Jésus ne vienne pas encore — et en attendant, Il l’appelle à être en haut avec Lui. La vie qu’il obtient de Jésus ne pèche, ni ne meurt point. C’est une vie sainte. Aussi, en vertu de sa source, il peut être dit : « Celui qui est né de Dieu ne commet pas le péché ». De même, quant à la nature nouvelle, le chrétien ne meurt pas, puisqu’il a même la vie éternelle du Christ. Mais remarquez que toute cette délivrance est purement pour l’homme intérieur : reste encore le besoin de l’homme extérieur. Quant à l’âme, la réconciliation est complète ; pour ce qui regarde le reste de la nature, elle n’est que partielle ; et Dieu ne se contentera jamais de ce qui n’atteint pas à Ses propres conseils. Il entend affranchir complètement, et cet affranchissement sera digne de Lui, du Saint Esprit, de Christ et de Sa rédemption.

Plus loin, l’apôtre donne la raison pourquoi la loi de l’Esprit de vie en Christ a affranchi le chrétien de la loi, du péché et de la mort. Il dit : « Ce qui était impossible à la loi en ce qu’elle était faible par la chair, Dieu l’a fait ». Remarquez que la loi et la chair vont naturellement ensemble : « Ce qui était impossible à la loi en ce qu’elle était faible par la chair », Dieu ayant envoyé Son propre Fils en ressemblance de chair de péché. Il ne dit pas « en chair de péché » bien entendu : car il n’en fut pas ainsi ; toutefois ce fut assurément en sa ressemblance. C’est-à-dire, que ce ne fut pas du tout dans les circonstances d’un être qui refusait de se trouver dans un monde souillé par le péché, mais d’un être qui, né d’une femme, né, sans doute, ainsi par puissance surnaturelle — ne serait qu’en ressemblance de chair de péché, et pourtant serait né véritablement dans le monde ; sans quoi Il n’eût point été en nature humaine.

Mais Celui qui était Fils de Dieu, devient néanmoins homme, aussi véritablement qu’Il était Dieu de toute éternité, et meurt dans la nature qu’Il avait prise — meurt pour l’homme, meurt pour glorifier Dieu quant aux péchés de l’homme ; et plus encore, non seulement pour ses péchés, mais pour son péché. J’appelle votre attention sur ce point, car c’est là ce qu’il fallait ; et c’est là ce qui est affirmé ici : « Dieu envoya son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché ». Ce n’est pas seulement qu’il y avait une accumulation de péchés ; mais ici c’est de la nature même qu’il est question. Le pardon de mes péchés, il me le faut, et je le possède ; mais pensez-vous que je désire que Dieu pardonne à ma mauvaise nature ? Mais, je ne lui pardonne pas moi-même ! Non, ce dont j’ai besoin, c’est que cette nature soit condamnée, et que moi je sois affranchi. Et c’est là exactement le caractère du nouvel état où Christ nous introduit et nous place devant Dieu. Quant à l’âme, c’est la liberté parfaite ; délivrance non seulement de ce que j’ai fait, mais de ce que je suis. De sorte que comme chrétien, je n’ai plus affaire avec la responsabilité qui s’attache à l’homme mortel ; je suis déjà passé à un état nouveau, lors même que je suis encore dans le monde. Avant de quitter les choses d’ici-bas, j’ai acquis, par grâce, une relation nouvelle envers Dieu. Et Celui qui déclare cette relation, qui l’établit, qui en est le modèle, c’est Jésus dans Sa présence. Telle est, en vertu de sa rédemption, la place du croyant ; et elle appartient à tous les chrétiens.

La question sérieuse est de savoir si nous y sommes réellement et d’une manière consciente. Selon l’Écriture, qui peut douter que Dieu n’ait véritablement destiné cette position aux siens ? Mais la foi devrait y entrer, dès à présent, la réaliser en regardant à Christ. C’est se tromper soi-même, et se méprendre sérieusement sur la Parole de Dieu, que de supposer que l’homme puisse au même instant être engagé dans la lutte entre le mal et le bien, décrite aux derniers versets de Romains 7, et jouir de la liberté de Romains 8. Ces deux états sont complètement incompatibles l’un avec l’autre. Un homme peut-il être, au même instant, esclave et libre ? Ce sont deux états qui se contredisent et s’excluent mutuellement. Mais, dans la nature, l’homme voit l’absurdité de la chose plus facilement que dans la grâce. Personne ne peut être en même temps, et misérable et heureux. Personne ne peut dire tout d’une haleine, « misérable que je suis ! » et « je rends grâce à Dieu ». Mais après avoir été « misérable », on peut dire : « je rends grâce à Dieu ». Mais c’est le fruit d’un système faux — système qui lui-même découle de l’incrédulité — que de soutenir que l’on puisse être à la fois « affranchi de la loi de la mort et du péché » et « charnel », « vendu au péché ». La loi de l’Esprit ne règne pas de concert avec la loi qui fait que « pour celui qui veut pratiquer le bien, le mal est avec lui ». On peut connaître l’abattement par suite de tentations réitérées, et avoir aussi la paix dans le Saint Esprit ; on peut avoir la paix avec Dieu et souffrir, pourtant, profondément à cause de ce qu’est le monde et de ce qu’est le peuple de Dieu. Cette douleur pleine de grâce pesait sur notre bien-aimé Sauveur ici-bas, et causait Ses gémissements ; et nous pouvons et devons connaître la communion de Ses souffrances. Tout cela, je l’admets : mais ces gémissements n’étaient pas les gémissements de quelqu’un à qui manquait la paix de Dieu. La communion non interrompue est précisément ce que posséda sans cesse le Seigneur Jésus dans les jours de Sa chair. Ne dit-Il pas, en effet : Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ? Eh bien, nous demeurons maintenant dans cette paix qui a été faite par Son sang, telle qu’elle a été établie pour nous dans la puissance de Sa résurrection ; mais c’est après avoir laissé derrière nous les exercices du cœur sous la loi décrits dans le chapitre 7. Ce dont je me plains, c’est que des âmes vivifiées, qui regardent réellement à Christ — s’attachent à la loi, et, dans leur erreur, se fassent un devoir de travailler comme un forçat à la rame de cet amer esclavage, lorsque Dieu les appelle à la liberté du Christ. En elles-mêmes elles ne sont pas mortes à la loi. La mort de Christ nous place absolument en dehors de cette condition-là, de la même manière qu’un homme emprisonné pour ses dettes, ne demeure plus, après sa mort, sous le pouvoir de la loi. Tant qu’il est en vie, la loi, sans doute, s’applique à lui ; mais la mort vient, et il est impossible, alors, que la loi le retienne ; il est irrévocablement passé au-delà de sa portée. Pour le chrétien, il en est précisément de même.

Il en est qui traitent tout cela de mysticisme. Sans doute c’est dans un style figuré que l’apôtre nous parle ; mais c’est la déclaration la plus expressive d’une réalité bienheureuse. Ceux qui n’y croient pas en toute simplicité, paient la peine de leur incrédulité par l’incertitude et l’impuissance qui en sont la suite. Dès que la conscience est exercée chez celui qui se place sous la loi comme règle de vie, il éprouve aussitôt l’esclavage de la loi qui est la force du péché, et non de la sainteté. C’est la défaite qui en est la fin ; ce n’est pas la victoire. Ce n’est jamais ainsi qu’on trouve la force ; car elle est le fruit de la grâce et non pas de la loi. De là quant une âme est ainsi sous la loi, plus le Saint Esprit agit sur la conscience, et plus elle est malheureuse : aussi, il en résulte que les plus consciencieux en sont souvent là. Osera-t-on affirmer que c’est là l’ordre de Dieu ? Est-ce bien Son œuvre qu’un chrétien soit pieux et consciencieux, et privé, pourtant, d’une joie paisible et de repos en Christ ? Voici la raison qui explique un état si étrange, c’est que l’âme n’a jamais compris la condition de mort à la loi, dans laquelle Christ voulait l’établir.

D’autres me diront peut-être que c’est une fausse doctrine que Christ soit mort pour le péché, aussi bien que pour mes péchés. J’ai rencontré de telles attaques de la part de gens qui devraient en savoir davantage. Mais la mort au péché par la mort de Christ me semble être une vérité essentielle du christianisme. Celui qui voudrait me borner au pardon par le moyen du sang de Christ ; qui, dans l’œuvre de Christ, n’admet rien de plus que Sa mort pour mes péchés ; qui nie qu’Il n’ait, outre cela, donné la mort au péché, celui-là n’a pas saisi le côté positif du christianisme. Savoir que toutes mes œuvres mauvaises et ma culpabilité sont entièrement effacées est une bénédiction suprême de la part de Dieu ; mais cela tout seul est comparativement négatif ; et de là vient que tant d’enfants de Dieu tâchent de se construire un terrain positif de justice de tout ce que fait, jour par jour, le Seigneur Jésus dans Sa marche sur la terre. Mais le côté positif existe aussi bien que le côté négatif ; seulement, il se trouve en avant, dans la résurrection — et non pas sous la loi, en deçà de la croix.

Et le chrétien apprendra qu’il a besoin de tout ce que Dieu lui a donné — y compris cette précieuse vérité. Être mort à la loi est une partie bien substantielle de la bénédiction du chrétien ; et qui ne le sait pas, omet une doctrine capitale du côté positif du christianisme, révélée dans les Romains depuis le verset 12 du chapitre 5 jusqu’au chapitre 8. Je ne dis rien absolument sur les épîtres aux Colossiens et aux Éphésiens, épîtres qu’on ne doit jamais s’attendre à voir comprises par ceux qui se retranchent sur le terrain de la loi. Je limite ma pensée à ce dont le chrétien a besoin pour la liberté, sinon pour la fondation de son âme. Remarquez que, jusqu’à ce que nous soyons arrivés là, il n’est pas dit mot de victoire — pas mot d’être « plus que vainqueurs », jusqu’à ce que nous ayons atteint ce point. Il n’y a ni soupirs, ni joie de l’Esprit — ce travail intime de Dieu dans l’âme — jusqu’à ce qu’on soit solidement affermi sur le terrain précieux où nous placent la mort et la résurrection du Seigneur Jésus Christ. Dieu garde Ses enfants d’abandonner ce qu’Il a déclaré pour leur délivrance et pour la victoire pratique ! L’Écriture est bien claire : comme toujours, c’est ailleurs que la difficulté existe. Le cœur recule devant ce qui porte l’arrêt de mort sur la nature sous toutes ses formes.

Les jours sont-ils mauvais ? Raison de plus pour tenir ferme. En parlant de ce sujet, permettez-moi de recommander fortement à ceux qui m’entourent, l’étude de la seconde épître de Pierre et de celle de Jude — deux portions de la Parole de Dieu qui ont particulièrement en vue un jour de déclin, de méchanceté croissante, et même d’apostasie. Qu’y trouvez-vous ? Que les saints sont abandonnés au déclin comme chose inévitable ? Point du tout. C’est dans ces épîtres-là, plus que dans toutes les autres, que nous sommes exhortés à croître et à avancer dans la vérité de Dieu. Telles sont les ressources de la grâce pour un jour d’obscurité, de ténèbres de plus en plus profondes.

Quant au point qui nous occupe, sachons traiter comme l’œuvre de l’ennemi, n’importe quelle en soit la forme ou la prétention, tout ce qui pourrait effacer une vérité si précieuse, et après tout, si simple et si fondamentale, et qui se rattache même à notre baptême. Quel avertissement pour nous dans le fait que les hommes seraient séduits au point de traiter cette vérité d’étrange doctrine !

Comment donc décrire cette position nouvelle où le Seigneur Jésus place le chrétien ? Selon le Nouveau Testament, il n’y a pas deux mais bien trois conditions dans lesquelles l’homme peut se trouver. J’insiste sur cela, car c’est une question de foi aussi bien que de pratique. Il n’est pas vrai que, si l’on n’est pas un homme spirituel on doive nécessairement être un homme naturel. Ce dernier état est évidemment l’état de celui dont les péchés ne sont pas encore remis — qui est simplement enfant d’Adam, sans rien posséder qui soit au-dessus de la nature déchue.

Que la grâce de Dieu convertisse une telle âme, elle reçoit une nouvelle nature, et sur le pied de la rédemption, elle est amenée à Dieu. Mais tout homme ainsi réconcilié avec Dieu n’est pas nécessairement un homme spirituel ; il est plus d’une cause qui peut empêcher un chrétien d’être ce que l’Écriture appelle spirituel. Les spirituels sont ceux qui « ne sont pas dans la chair mais dans l’Esprit ». Comme s’exprime l’apôtre Paul.

Puis encore, en parlant des saints de Corinthe, quelque graves que fussent leurs fautes, l’apôtre ne dit pas qu’ils sont des hommes naturels. Il pose ce principe : « L’homme naturel (vers. angl.) ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu ». Il n’en dit pas de même des saints ; mais il leur dit bien, qu’ils sont des enfants, qu’au lieu d’être arrivés à l’état de pleine croissance — au lieu qu’il puisse leur parler des choses profondes de Dieu, il est contraint de les nourrir du lait convenable à leur état. Et qu’étaient-ils donc ? « Des hommes charnels ». De là les hommes sont charnels, naturels ou spirituels. C’est là une vérité bien humiliante : je comprends facilement que les hommes ne l’aiment pas — et pourquoi ? C’est qu’ils craignent, si les croyants peuvent être charnels, sans être des hommes naturels, qu’on ne les estime pas, eux, comme spirituels. Faites allusion à une action du Saint Esprit qui soit distincte de la nouvelle naissance, et ces personnes-là dressent l’oreille. Elles refusent d’entendre parler de Ses opérations qui sont distinctement chrétiennes, comme si l’assertion de privilèges si brillants devait les priver de ce qu’ils ne possèdent pas, au lieu de leur faire sentir le manque de ce qu’ils devraient posséder. Soit charnel, soit spirituel, il est clair, au contraire, que si quelque chose me manque, ou va mal, je devrais reconnaître mon état : n’est-ce pas là le moyen de rectifier le mal, et d’obtenir de Dieu qu’Il supplée à ce qui fait défaut ?

Eh bien, il y a plusieurs causes qui retardent le progrès spirituel du croyant. La première est qu’il n’ait pas encore acquis le sentiment intime que, dans sa chair, il n’existe absolument que le mal, ou la foi que la chair a été complètement jugée dans la mort de Christ. Mais sans cela, en substance, est-il possible d’être véritablement spirituel ? J’en doute sérieusement ; tout en admettant volontiers tout ce que peut effectuer, chez celui qui n’a pas appris cette vérité, un sentiment bien profond de l’amour de Christ. Mais il y a une autre difficulté qui survient — je ne dis pas la loi, mais la sagesse de la chair. On peut attribuer une telle valeur aux pensées de l’homme, sans subir le poids de l’influence qu’exerce sur l’esprit la déférence pour la philosophie de ce monde sous une forme ou sous une autre, que, dans un pareil état, on ne peut être que charnel : ceux qui sont spirituels manifestent ce que Dieu les a fait être dans le second homme ; et pour ce qui appartient au premier, ils désirent le mortifier et non pas le cultiver. Au lieu de nourrir délicatement ou d’admirer la chair, des personnes telles la traitent, au contraire, en chose morte. Il en résulte qu’elles ne peuvent manquer d’acquérir ainsi la puissance d’échapper à tout piège de ce genre-là.

Le danger — celui dans lequel Satan cherche toujours à entraîner les enfants de Dieu — c’est de saisir toute la consolation possible en Christ, tout en retenant de main ferme tout ce qu’on souhaite des aises de ce monde. Il est clair que le cœur et la conscience du croyant doivent repousser de telles pensées et une telle conduite ; comme, du reste, le fait aussi le monde lui-même. En effet, qu’un chrétien soit découvert là où il ne devrait pas être, les autres exprimeront ce qu’on aurait dû ressentir sans le besoin d’un tel avertissement — leur étonnement qu’un chrétien puisse se trouver là. N’est-ce pas humiliant au dernier degré pour un chrétien d’étonner le monde de cette manière-là ? — se permettant, lui, une licence qui, d’après le sentiment des hommes en général, convient si peu au nom du Maître ? Le monde sait apprécier une conduite conséquente. Il peut tenter le chrétien à le suivre dans ses occupations et ses plaisirs ; il peut insister sur la grande importance qu’il y a à ce que le chrétien aide à bien diriger le monde et à donner un bon exemple, en entrant dans ses assemblées, en siégeant dans ses sénats, dans ses tribunaux, et en exerçant l’autorité dans toutes les sphères imaginables. Et, sans aucun doute, il est extrêmement doux pour la chair de se trouver au sein de la dignité et du pouvoir ; mais n’est-ce pas là précisément ce que Christ a formellement défendu aussi bien par l’esprit de Son enseignement que par Son exemple ? Voilà ce que pratiquent les nations, et voilà ce qui leur est cher ; mais Christ est mort et ressuscité afin de nous retirer de ce présent siècle mauvais. Au milieu de notre humble sort, Sa grâce nous rend heureux et contents des circonstances, quelles qu’elles soient, qu’il a plu à Dieu de nous départir. Dans un monde tel que celui-ci, c’est une chose radieuse et bénie que de trouver une âme estimant Christ à un tel prix, et jouissant si pleinement de la place que Dieu lui a faite en Christ, qu’elle ne soupire qu’après Sa volonté et Sa gloire.

D’un autre côté, aussi longtemps qu’un homme est à travailler sous la loi, il est toujours faible à raison de la chair. Il prend des résolutions, mais il ne les tient pas ; il peut faire des efforts inouïs, mais le pouvoir d’atteindre lui manque. Il lutte incessamment ; mais au bout de chaque journée, il est contraint de reconnaître que « ce qu’il voulait il ne le fait pas, et ce qu’il ne voulait pas, il le fait ». Il passe ainsi son temps à se repentir et à pécher, à pécher et à se repentir. Telle est la condition invariable d’un homme sous la loi. Mais des hommes intelligents peuvent-ils affirmer que c’est la condition du chrétien ? Je ne puis nier que l’état de bien des chrétiens y ressemble ; mais c’est entièrement anormal et contraire à ce que suppose l’Écriture chez tous les chrétiens. En faisant valoir que ce n’est pas là une condition chrétienne, je ne prétends pas insinuer que c’est un état où aucun chrétien ne puisse se trouver, mais seulement que cet état est tout l’opposé de ce que notre Dieu nous accorde, et de ce qu’Il attend de nous. Un enfant de Dieu peut être dans un état qui ne répond pas à la grâce qui lui a été témoignée. Si l’on prend les épîtres en toute simplicité, il est impossible de ne pas voir que l’intention de Dieu est que, par le moyen du Saint Esprit agissant par la Parole, je me saisisse de la place qu’Il m’a donnée, de manière à m’établir dans une paix stable et dans la joie véritable du cœur. Pour le témoignage pratique, c’est ce qui est de la plus haute importance ; et, comme vaisseau du Saint Esprit, Dieu veut que je sois toujours à rendre témoignage de Christ dans ce misérable monde. Voilà la raison principale de tant de bénédictions octroyées par la grâce, qui veut que nous le sachions et que nous en jouissions pleinement.

Ce que je viens de dire explique ce que c’est qu’être « dans l’Esprit », et cela dépend du fait que le Saint Esprit habite en nous ; ce qui en est aussi la preuve. Ce n’est pas l’Esprit agissant sur l’âme pour y produire la foi ; c’est l’Esprit habitant en celui qui croit. « Vous n’êtes pas dans la chair mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous ; mais si quelqu’un n’a pas l’Esprit du Christ, il n’est point à lui ». C’est là ce qui caractérise le chrétien. Sans Son Esprit, l’on n’est pas revêtu de l’empreinte de Son caractère essentiel. C’est le Saint Esprit et non seulement la chair, qui distingua Christ dès Sa conception ; de même, au temps convenable, Il fut scellé par l’Esprit, et jamais Il n’agit que dans l’Esprit. Le chrétien de même : comme il vit dans l’Esprit, il est appelé désormais à marcher dans l’Esprit. Il ne s’agit pas de ne pas être perdu — ce n’est pas là la force de l’expression, mais bien d’être distinctement de Christ même ici-bas. « Et si Christ est en vous, le corps est bien mort à cause du péché, mais l’esprit est vie à cause de la justice ». L’homme qui est converti, mais tourmenté sous la loi, n’a aucun sentiment d’une telle position, aucun pouvoir de tenir le corps pour mort. L’Esprit, tant qu’il est ainsi tourmenté, lui donne la conviction du péché, et non pas la force de glorifier Dieu en paix. Mais qu’il abandonne tout à l’arrêt de Dieu sur la chair, trouvant son tout en Christ, alors l’Esprit le fortifie intérieurement. Non seulement il est affranchi, mais il peut encore user de sa liberté en puissance pratique. Il y a encore plus. « Mais si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts vivifiera aussi vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous ». C’est là la pleine délivrance même pour le corps, et la réponse complète a la question soulevée dans la détresse du chapitre 7, verset 24.

Ainsi donc, l’Esprit Saint, qui rend témoignage de la rédemption, ne me fournit pas seulement mon état présent en Christ mort et ressuscité devant Dieu ; Il est encore le gage divin, qu’en regardant à Christ, ce corps mortel sera pénétré de cette vie dont je jouis dans mon âme ; car ce n’est pas seulement comme Fils de Dieu que j’envisage Christ, mais comme ressuscité selon la justice et par la gloire du Père. Je dis qu’en grâce Il descendit et mourut ; Il est ressuscité en justice et assis à la droite de Dieu ; et le juste décret qui découle de l’œuvre infinie qu’Il accomplit en grâce coule et déborde en une richesse surabondante, de manière que nous, qui jadis étions esclaves du péché et de Satan, mais qui maintenant croyons en Lui, nous sommes affranchis par Dieu dans l’efficace même de la liberté de Christ — pour l’âme, d’abord, puis pour le corps, quand le Christ viendra nous réveiller ; et l’Esprit est le sceau de l’une de ces deux parties de notre bénédiction et les arrhes de l’autre.

Christ est-Il ma portion ? C’est Christ qui détermine l’étendue de la justification. Elle est réellement aussi parfaite que Christ devant Dieu. Quelle mesure devant Dieu que Christ Lui-même ! C’est pourquoi il est dit que « nous sommes devenus la justice de Dieu en lui ».

Avec cette justice pour base, l’Esprit Saint vient, dès maintenant, habiter en moi, et non seulement agir en moi ; de là, Il anticipe le jour radieux de la gloire, et, en attendant, Il me donne la puissance dans la mesure même où je tiens pour morte la vieille nature et fais de Christ mon tout. Voilà donc la réponse complète pour celui qui crie après un libérateur. L’âme est émancipée d’abord ; plus tard, le corps sera vivifié. En attendant, l’Esprit Saint prend Sa place bénie, non seulement par rapport à l’âme, mais aussi par rapport au corps. Lorsqu’aura lieu bientôt la résurrection du croyant, elle ne s’effectuera pas sans le Saint Esprit. C’est le Fils qui donne la vie, mais par l’Esprit, qui a Sa part dans toutes les parties de la bénédiction que reçoivent l’âme et le corps. Qu’il est doux, qu’il est glorieux de posséder ainsi l’Esprit de Dieu s’identifiant avec chaque partie de la bénédiction ! Que ne devrions-nous donc pas sentir quand nous attristons le Saint Esprit de Dieu « par lequel nous avons été scellés pour le jour de la rédemption » ? Mais ce n’est pas tout. Assurément, le Saint Esprit n’a pas encore ressuscité nos corps mortels ; néanmoins Il opère en nous déjà, et soutient en nous le cri : « Abba, Père ». C’est là l’action première, l’action propre du Saint Esprit quand le croyant a bien compris la délivrance. Nécessairement cette action se dirige vers Dieu, et elle est l’action de l’Esprit comme Esprit filial ou d’adoption. Par là, ce n’est pas dans la bénédiction seule que l’âme se réjouit, mais dans la source d’où elle a découlé : aussi l’expression est-elle bien : « Abba, Père ».

Et ce n’est pas seulement de cette manière que le même Esprit qui habite en nous y opère ; comment opère-t-Il encore ? Il donne la certitude que nous serons bientôt délivrés ; bien plus : Il soupire en nous ; et ce sont « des soupirs inexprimables ». Il y a donc sympathie parfaite avec l’état tout entier dans lequel nous nous trouvons à présent. Ce n’est pas parce que je ne suis pas affranchi que l’Esprit de Dieu pousse ces soupirs, mais justement parce que je le suis. Il est vrai que je ne suis délivré qu’en partie, non pas complètement encore. De là si je gémis dans l’Esprit, c’est parce que, affranchi dans mon âme, je sens l’état contraire de mon être extérieur et de tout ce qui m’entoure ; et mon cœur envisage le jour où la création même sera affranchie de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu. La liberté de la grâce de Dieu, je la possède déjà ; la liberté de la gloire, pour le corps même, sera à moi tout à l’heure. Et de là nous avons cette place bénie que prend l’Esprit de Dieu, comme on l’observera, en tant qu’une personne, et comme distincte de la nouvelle nature ; mais en même temps le Saint Esprit donne Son nom, pour ainsi dire, à la condition où je suis introduit comme âme affranchie, comme chrétien, en vertu de la mort et de la résurrection de Christ ; et ainsi je suis dans l’Esprit, et l’Esprit habite en moi.

On ne s’attendra pas à retrouver dans cette esquisse toutes les applications et tous les usages pratiques que l’on peut faire d’une aussi grande vérité. Je voulais particulièrement discuter la question qui est ordinairement la moins comprise, c’est-à-dire l’Esprit comme la condition où nous nous trouvons à présent. Je suppose que la vérité à laquelle la plupart de ceux qui sont ici se sont familiarisés davantage, c’est celle de l’Esprit de Dieu habitant en nous ; mais l’autre vérité est aussi du plus grand intérêt, de la plus grande importance pour le chrétien.