Écho du Témoignage:La doctrine du Nouveau Testament sur le Saint Esprit/Partie 9

De mipe
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Méditation 9 — Une habitation de Dieu par l’Esprit — Éphésiens 2

Quoique j’aie lu ce chapitre en entier, comme un tout, mon intention est de m’arrêter presque exclusivement sur les derniers mots. On va en voir tout de suite la raison. Le Saint Esprit envisage l’Église, non seulement comme le corps de Christ, mais comme l’habitation de Dieu. Le corps de Christ met spécialement devant nous notre communion avec Lui-même, comme Tête dans le ciel. L’habitation de Dieu se lie tout à fait aussi simplement et aussi clairement avec la place actuelle de l’Église maintenant sur la terre. Ce n’est pas la seule différence, mais elle est considérable et importante. Néanmoins, les deux s’accordent en ce qu’il ne peut y avoir ni corps de Christ, ni habitation de Dieu, si ce n’est par le Saint Esprit et sur la base de la rédemption. Comme doctrine, cette vérité est d’une grande importance. Mais elle l’est tout autant pour la pratique. Collectivement aussi, elle décide pour toute âme, réellement soumise à la Parole de Dieu, les limites de l’Église — le temps où commença sa formation. Ainsi l’Église est la conséquence de la rédemption.

Une chose telle que le corps de Christ ou l’habitation de Dieu par l’Esprit, n’exista pas jusqu’à ce que le péché eût été jugé en la croix, et le Saint Esprit envoyé du ciel sur la terre pour la former. Savoir cela est un pas immense pour bien des âmes. Il n’en est pas un dans cette salle qui connaisse depuis longtemps cette vérité ; il y a comparativement peu d’enfants de Dieu qui l’admettent ; et c’est un grand dommage pour eux. Toutefois, ils ne laissent pas pour cela de participer à la bénédiction, car ce n’est pas notre relation, mais notre jouissance de la relation, qui dépend de cette connaissance. Et c’est une grande miséricorde de la part de Dieu. Il en est de celui-ci comme des autres privilèges que confère Sa grâce. Bien des âmes regardent simplement à Christ, et par cela ont la vie éternelle ; mais si vous leur demandez : « Avez-vous la vie éternelle ? », il y aura peut-être une hésitation très grande à répondre ; et même pour ceux qui n’ont pas conscience de cette difficulté, ils n’ont aucune conception suffisante de la nature de la vie éternelle. Ils ne mettraient pas en doute les paroles dont se sert l’Écriture, mais ils connaissent fort peu le caractère, la nature et les conséquences (pour maintenant et pour plus tard) de la vie éternelle. Il en est de même pour la vérité de l’Église de Dieu sous ses deux aspects — son union avec Christ en haut, ou la demeure de Dieu par l’Esprit ici-bas. Dans notre dernière méditation, nous avons effleuré la première de ces vérités ; aujourd’hui nous sonderons les Écritures sur la deuxième, quoiqu’on ne puisse pas faire plus que diriger l’investigateur vers ces parties de la Parole qui développent, avec une certitude divine, l’une ou l’autre de ces grandes vérités. Je toucherai, en passant, quelques-unes des conséquences pratiques, car certainement nous ne goûtons jamais la bénédiction d’une vérité quelconque, ni n’honorons Dieu par elle, jusqu’à ce que, par le Saint Esprit, nous soyons suffisamment éclairés pour moissonner pour nos âmes, et aussi pour cultiver dans notre expérience, dans nos voies, dans notre culte, les fruits de ce que Dieu nous a fait connaître.

Dans les versets que nous avons lus, il est clair que le point auquel le Saint Esprit est arrivé dans cette épître, est le rejet du système juif et l’introduction de quelque chose d’entièrement nouveau sur la terre. Dieu agit d’une manière tout à fait nouvelle et sans aucun précédent : Il introduit des Gentils qui étaient, comme Il le dit, l’incirconcision dans la chair. Mais plus encore ; ayant introduit ces Gentils, qui, avant de recevoir l’évangile, étaient éloignés et étrangers, sans espérance et sans Dieu dans le monde, Il les place, avec les croyants en Israël, ensemble dans une position nouvelle devant Lui. Pourquoi tout cela ? Parce que la rédemption est maintenant accomplie. N’est-il pas étrange que des chrétiens puissent mettre cela en doute ? N’est-ce pas un fait extraordinaire (car c’est un fait) qu’on permette à la théorie de renverser l’enseignement le plus évident et le plus incontestable de la propre Parole de Dieu ?

Toute notre épître, du commencement à la fin, a en vue des chrétiens, et des chrétiens seulement. Si je prends quelque parole isolée je puis, sans doute, l’appliquer aux saints de l’Ancien Testament (par exemple le mot « saints » lui-même), mais je ne trouve pas même une telle expression toute seule. S’il nous est parlé des saints, tout est placé dans de nouveaux rapports. Ainsi, nous lisons dès les tout premiers mots : « Paul, apôtre de Jésus Christ, par la volonté de Dieu, aux saints qui sont à Éphèse, et aux fidèles en Jésus Christ ». Il n’y avait rien de semblable dans l’Ancien Testament. Il ne peut pas être question là d’un fidèle en Christ. Un tel langage eût été complètement inintelligible, et on ne le peut concevoir employé à une telle époque. Non qu’il n’y en eût de fidèles, non qu’ils ne fussent pas des saints, mais on ne pouvait pas les appeler de cette manière. Ils attendaient le Messie conformément à la promesse et à la prophétie. L’Esprit de Dieu, sans doute, n’avait pas manqué de travailler en eux. Il y avait de précieux fruits dans leur saison, mais pas une seule phrase, que je sache, de cette épître eût pu être prononcée à aucun moment, ou par une seule âme dans tout le cours des temps de l’Ancien Testament. Que doit-on penser alors de ceux qui en appliquent chaque mot à toutes les époques ? Simplement qu’ils n’en comprennent nullement la portée. Je ne nie pas qu’ils ne recueillent du bien du Sauveur parce qu’Il est présent à leurs âmes ; ils ont goûté la grâce en Lui ; ils voient quelques-unes des précieuses miséricordes manifestées aux chrétiens. Mais sûrement la profondeur et la nature spéciale des privilèges présents, aussi bien que leur force et leur caractère céleste, sont obscurcis, atténués, émoussés pour leurs âmes par le vague brumeux jeté sur le tout par le triste et faux système d’étendre à tous les saints ce que Dieu a révélé distinctement et uniquement des âmes amenées à la connaissance de Sa grâce, depuis qu’Il s’est manifesté en Christ et que l’œuvre de la rédemption a été opérée. En conséquence, je maintiens que, dans tout son ensemble, notre épître, dans chacune des pensées qu’elle exprime, chacune des phrases qu’elle renferme, envisage exclusivement les saints qui ont été appelés entre l’apparition de Christ dans le monde pour mourir comme victime de propitiation, et Son retour pour les prendre à Lui.

Tout cela n’a pas besoin de commentaire, je suppose, pour la plupart de mes auditeurs. C’est une simple question de foi en la Parole qui ouvre le mystère du Nouveau Testament, et de comparaison de ce langage avec celui de tout l’Ancien Testament qui, nécessairement, est la seule partie des Écritures capable de nous faire connaître avec une certitude entière l’état, la condition, les expériences des saints de l’Ancien Testament. En faisant allusion à ce qui, après tout, devrait être, ici du moins, une vérité triviale et familière, mon motif est de faire remarquer que toute tentative d’atténuer les diversités dans la Parole et dans les voies de Dieu a pour effet d’affaiblir notre appréciation de ce à quoi Dieu appelle maintenant Ses enfants ; et aucune méprise n’a engendré de plus grands maux, quant à la vérité dont nous nous occupons maintenant, que celle de permettre à ces généralités d’effacer la précision de la révélation de Dieu. On croit, par exemple, que c’est l’Église qui a été de tout temps l’objet des voies de Dieu dans ce monde ; que de nos jours elle a un peu plus de lumière, un peu plus de bénédiction (on ne peut pas nier les différences) mais que néanmoins, en substance, c’est le même système du commencement à la fin. Je nie cela formellement ; mais je presse ceux qui n’ont pas encore dûment considéré la question de ne pas recevoir mes paroles, mais de les examiner par la Parole de Dieu. Je les supplie d’examiner par cette même Parole divine ce qu’ils ont jusqu’ici maintenu. Je les prie instamment d’apporter toutes leurs propres pensées et les suggestions des autres sur cette grande question, à la seule pierre de touche que Dieu reconnaisse, aux seuls moyens de lumière et de vérité possibles.

Si nous sommes désireux de soumettre ainsi nos pensées concernant l’Église, comme l’habitation de Dieu par l’Esprit ici-bas, nous apprenons d’abord que l’œuvre de la rédemption est appliquée aux âmes d’une manière complète et sans distinction. C’est-à-dire que maintenant il ne s’agit pas de savoir si un homme est Juif ou Gentil, si cette différence existe dans le terrain sur lequel l’Église est formée — sous son aspect de corps de Christ d’un côté, ou d’habitation de Dieu d’un autre. — Dans les deux cas il est supposé, pour cette nouvelle œuvre, le renversement total de ce que Dieu avait sanctionné et élevé dans les premiers temps. De là, le langage continue : « Mais maintenant dans le Christ Jésus vous qui étiez autrefois loin, vous avez été approchés par le sang du Christ. Car c’est lui qui est notre paix, qui des deux en a fait un, ayant détruit le mur mitoyen de clôture, et ayant aboli dans sa chair l’inimitié ». Ainsi s’évanouit la clôture qui subsistait dans les temps de l’Ancien Testament par ordre de Dieu, « savoir la loi des commandements qui consiste en ordonnances, afin qu’il créât les deux en lui-même pour être un seul homme nouveau ». C’est-à-dire, non seulement nos péchés sont effacés, et le ciel assuré pour nous plus tard ; mais c’est la formation ici-bas d’une création entièrement inconnue auparavant. C’est la communication de privilèges inconnus et impossibles tant que Dieu avait des relations avec Son ancien peuple, agissait au milieu d’eux et les gouvernait par une loi comme en Israël, « et qu’il les réconciliât (nous est-il dit, en conséquence) tous les deux en un corps à Dieu par la foi, ayant tué en elle l’inimitié. Et étant venu, il a annoncé la bonne nouvelle de la paix à vous qui étiez loin, et à ceux qui étaient près ; car par lui, nous avons, les uns et les autres, accès auprès du Père par un seul Esprit ».

Nous arrivons ici au point qui constitue plus particulièrement notre sujet ce soir. « Ainsi donc », est-il dit, « vous n’êtes plus étrangers, ni forains, mais concitoyens des saints et gens de maison de Dieu, ayant été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin ». Remarquez qu’il n’est pas question ici des prophètes de l’Ancien Testament. L’ordre dans lequel le Saint Esprit a écrit exclut une telle pensée ; car si les saints d’Éphèse « étaient édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes », qu’est-ce qui pouvait être moins naturel qu’une allusion aux prophètes de l’Ancien Testament dans un tel cas, ou dans un tel ordre ? « Les apôtres » sont placés avant « les prophètes ». Plus encore, la construction de la phrase implique une classe commune de personnes qui forment un fondement pour cet édifice que Dieu allait construire. Et à quelle époque ce fondement fut-il posé ? Ce ne fut pas de suite après le péché de l’homme ni dans les temps des anciens que Dieu commença à exécuter cette grande œuvre sur la terre. Nous trouvons ici que c’est plus tard vers la fin du jour, après un espace de quatre mille ans, après la venue et la mort de Christ, que le fondement fut posé (non pas l’œuvre, longue en durée, amenée à la perfection) par les apôtres et les prophètes. La classe commune déterminée par l’article grec nous empêche de songer aux prophètes de l’Ancien Testament qui étaient passés. Les prophètes dont il s’agit étaient présents alors et associés avec les apôtres dans cette œuvre. Et les apôtres et les prophètes, savoir ceux du Nouveau Testament, sont ceux qui posèrent ce nouveau fondement[1] « en qui tout l’édifice » dit-il « bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur ». Tel est le résultat final. Ce saint temple sera vu plus tard ; mais remarquez la dernière clause : « en qui aussi vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit ». La conclusion que j’en tire est simple et certaine. — Il y a maintenant, avant que le saint temple ait atteint ses pleines proportions, cette œuvre sur la terre, déplaçant le système d’Israël, une tout à fait nouvelle construction qui est véritablement l’habitation de Dieu en vertu de la présence de l’Esprit.

Ainsi les croyants, maintenant, fussent-ils Gentils, par nature, avant de recevoir l’évangile, sont amenés avec les Juifs qui croient maintenant, dans cette habitation de Dieu « en qui vous aussi — parlant aux Éphésiens — êtes édifiés ensemble pour une habitation de Dieu ». De quelle manière ? « Par » ou « dans l’Esprit ». C’est-à-dire que l’Esprit est précisément aussi nécessaire pour l’habitation de Dieu que pour le corps de Christ dont nous nous occupions dernièrement. Toutefois, l’habitation de Dieu, sous quelques rapports, n’est pas une pensée aussi exclusivement nouvelle que le corps de Christ. Nous trouvons, du moins, plus de types distincts de la grande vérité de l’habitation de Dieu au milieu des hommes sur la terre dans les écrits de l’Ancien Testament. Mais, cependant, rien n’était révélé de la réunion du Juif et du Gentil en un seul corps — encore moins qu’ensemble ils composeraient le corps de Christ. Sans doute nous en avons un type dans le mariage d’Adam ou son union avec Ève ; mais cela ne révèle rien de son composé, ne nous dit rien du Juif et du Gentil — distinction à laquelle il n’est pas alors fait allusion — réunis en un. On ne peut faire valoir que le fait, et nous savons que l’Esprit de Dieu s’en est servi lorsque l’Église vint à la lumière, mais rien de plus.

Quant à l’habitation de Dieu, nous n’en avons, comme chacun le sait, aucune trace dans la Genèse. Il n’y en a pas même une promesse. Et c’est d’autant plus frappant que, s’il y a un livre dans l’Ancien Testament qui soit plus qu’aucun autre fertile en germes de vérité divine, c’est le livre de la Genèse. Tous les autres livres mis ensemble, et ce n’est peut-être pas trop dire, ne présentent pas autant de vues variées des voies à venir de Dieu ; pourtant, il y a cette exception remarquable : il n’est pas une fois fait allusion à l’habitation de Dieu, au dessein de Dieu d’avoir une demeure sur la terre. La raison en est claire. Quoique nous voyions le commencement des sacrifices dans la Genèse, quoiqu’il nous y soit parlé d’holocauste, quoique des relations d’alliance soient souvent placées devant nous, il n’y est pourtant pas encore question de rédemption. L’absence de toute allusion à la rédemption est aussi remarquable que celle de toute allusion à la demeure de Dieu dans tout le cours de ce livre merveilleux.

Puis vient le deuxième livre de la loi qui n’est pas aussi remarquable comme présentant de cette manière variée les révélations des voies de Dieu, et Ses conseils qui devaient plus tard s’effectuer en Christ. Mais certainement le livre de l’Exode réclame maintenant notre attention spéciale en tant qu’il nous présente en types la vérité que nous cherchons — premièrement la rédemption, et puis la demeure de Dieu avec les hommes. Nous pouvons ajouter en passant que quoique, cela va sans dire, la loi intervienne aussi, au-dedans de cette loi nous trouvons l’assurance renouvelée de cette même vérité. Ainsi les grandes vérités mises en relief dans le livre de l’Exode sont parmi les choses révélées en Éphésiens 2 et dans le même ordre.

La première partie de l’Exode s’occupe à nous montrer la condition désespérée, misérable, avilie du peuple de Dieu. Grâces à Dieu, non seulement ils crièrent du profond de leur ruine, mais aussi l’Éternel les entendit et s’occupa de leur délivrance. Non content d’envoyer des messages de miséricorde, au temps convenable Il travaille, non pas d’abord en jugement, quoiqu’Il jugeât, mais réclamant Son peuple pour Lui-même. Il envoie Moïse et Aaron, et, comme signes accompagnant leur mission, des plaies par lesquelles Il châtie l’orgueil du monde qui tenait Son peuple en esclavage. Finalement nous voyons le plus remarquable type de rédemption de l’Ancien Testament et cela dans ses deux parties — le sang de l’Agneau avec la mort et la résurrection, la Pâque et la mer Bouge. Toute seule, l’une ou l’autre de ces deux choses eût été insuffisante pour présenter la rédemption qui ne peut être bien comprise que lorsqu’elles sont reçues ensemble. Car si nous considérons la Pâque, nous trouvons, après tout, Dieu jugeant encore ; et il doit en être ainsi : Dieu est armé de puissance, Dieu agit en vengeance sur ce qui était péché ; mais, en même temps, dans Sa propre sagesse admirable, Il procure un moyen de refuge juste pour Son peuple.

Ainsi la vérité la plus proéminente dans la Pâque, c’est Dieu en jugement quoique pourvoyant au salut des siens. La même chose apparaît réellement dans un des aspects de l’évangile. Une des pensées centrales de l’évangile, c’est que Dieu s’y trouve comme juste (Rom. 1, 17). Ce n’est pas seulement la miséricorde. Toute précieuse qu’elle soit, la miséricorde est toute différente de la justice de Dieu, quoiqu’il ne pût jamais y avoir le fondement ou le déploiement de la justice de Dieu sans la miséricorde ; mais ce qui est la gloire de l’évangile, c’est que Dieu s’y montre juste en justifiant. Lorsque le pécheur est reconnu juste, ce n’est pas simplement que Dieu pardonne et montre de la miséricorde, mais qu’Il est juste en justifiant. Il en est de même de la Pâque. Dieu, en cette nuit-là, descendit en jugement sur l’homme aussi bien que sur les dieux de l’Égypte. Il manifesta Sa haine pour le péché comme Il ne l’avait jamais fait avant, et cela d’une manière tout aussi évidente dans Ses rapports avec Israël que dans Ses rapports avec les Égyptiens. Bien entendu, il y eut la mort. Cette nuit-là, dans toutes les maisons d’Égypte, le premier-né était étendu sans vie, et les lamentations déclaraient à tout le pays ce que c’était que mépriser les avertissements du Seigneur ; mais, dans chaque habitation des Israélites, les poteaux aspergés de sang déclaraient aussi véritablement, et d’une manière plus bénie encore, que Dieu est juste et en même temps Celui qui justifie — parlaient d’un substitut, du sang d’un autre ; parlaient de l’Agneau de Dieu et de l’effusion de Son sang.

Toutefois ce n’était pas là toute la bénédiction, même typiquement. L’agneau pascal tenait simplement Dieu dehors, empêchait seulement Son jugement de tomber sur la personne des Israélites. Est-ce en cela que consiste toute la rédemption ? C’est l’opinion d’un trop grand nombre, mais combien elle est loin de la rédemption selon Dieu ! Quelqu’important que cela soit sans contredit, ce n’est pas toute la vérité du sujet, bien s’en faut. C’est pourquoi nous trouvons que Dieu ajoute un autre type comme complément du premier, savoir, la mer Rouge, où la fleur de l’Égypte trouva un tombeau et où Dieu fit passer Israël à travers ce qui semblait devoir être une mort certaine, mais, en vérité, devint un type de la vie éternelle et leur meilleure sécurité. C’est précisément ainsi que le chrétien trouve la mort et la résurrection de Christ. Alors pour la première fois Dieu daigne parler de salut en rapport avec Son peuple (Ex. 14, 13, 30 ; 15, 2). Il ne parle jamais comme étant le « salut » de rien de ce qui avait été opéré antérieurement, quelque glorieux que c’eût été d’ailleurs.

Nous pouvons remarquer, en passant, que c’est une chose nuisible pour les âmes de parler comme étant le salut d’une connaissance non mûrie, partielle de Dieu — je veux dire — connaissance même de l’amour de Christ. Ainsi nous entendons souvent parler ainsi : « Il est vrai, cet homme n’est pas encore heureux, il n’a aucune liberté d’âme ; mais en tous cas il est sauvé ». L’Écriture ne sanctionne jamais un pareil langage. Ce qu’elle désigne comme le salut ce n’est pas simplement une âme convertie ou vivifiée — une âme ayant reçu de Christ ce qui lui permet de se juger et de crier vers Dieu, même avec une certaine mesure d’espoir. L’Écriture réserve le nom de « salut » précisément, quoique pas exclusivement, pour le fait d’être amené dans une liberté dont on a conscience, pour la réalisation de la délivrance actuelle, par l’évangile, de tous les ennemis, par la puissance de Dieu en Christ. Aussi n’entendons-nous parler de salut que lorsqu’Israël arrive à la mer Rouge, et quand par conséquent il y a pleine et entière délivrance du pays d’Égypte et destruction totale de ses fiers ennemis. « Aujourd’hui, dit Moïse, vous verrez le salut de l’Éternel ». Ce n’était pas la nuit de la fête pascale ; c’était le jour où ils purent regarder en arrière la mer Rouge traversée pour toujours. Pour cette raison, il est de la dernière importance de parler sur cela selon les Écritures et de ne reconnaître rien de moins comme salut. Autrement nous n’aiderons pas les enfants de Dieu, comme nous le pourrions, à arriver à une assurance ferme de la puissante victoire de Christ, dont le manque les laisse toujours dans une sorte d’état moitié de vie, moitié de mort, condition d’anxiété et de trouble, au lieu de paix. Il est bien précieux, en effet, pour une âme d’être travaillée profondément par l’Esprit et de découvrir ce qu’elle est devant Dieu ; mais jusqu’à ce qu’elle puisse se reposer, avec simplicité et confiance, sur l’œuvre achevée de Christ, il n’y a là rien de ce que Dieu appelle salut dans son sens complet.

Après que cette œuvre puissante est opérée — pour autant qu’il s’agit du type — alors, pour la première fois, nous entendons chanter Israël. Le cantique de Moïse est entonné de l’autre côté de la mer Rouge. Remarquez particulièrement le langage de ce cantique concernant notre sujet de ce soir. « Je chanterai à l’Éternel, car il s’est hautement élevé. Il a jeté dans la mer le cheval et celui qui le monte. L’Éternel est ma force et ma louange, et il a été mon Sauveur, mon Dieu fort, je lui dresserai un tabernacle ». Comme la vérité ressort d’une manière remarquable ! Le type tout entier de la résurrection aussi bien que de la mort est placé devant nous ; et alors, pour la première fois, nous entendons parler du salut, et immédiatement (aussi loin, sans doute, qu’il s’agit de l’ombre de ces choses) le cœur désire que Dieu ait une habitation. Comment cela se fait-il ? Devons-nous supposer un instant qu’il se trouvât dans ceux qui chantèrent ainsi dans le désert quelque qualité ou une conduite plus agréable à Dieu que ce qu’Il avait trouvé dans leurs pères ou dans d’autres anciens du livre de la Genèse ? C’était tout le contraire. Parmi ceux-là, il s’en trouvait que Dieu avait honorés de la façon la plus signalée, qui avaient été choisis de Dieu pour être les dépositaires de Ses secrets, qui avaient été non seulement exemptés du jugement infligé au monde entier, mais, dans un cas, au moins, élevés au ciel sans passer par la mort, comme dans un autre cas Dieu était descendu pour souper avec Son ami sur la terre. Ai-je besoin de rappeler comme ce dernier fut fait l’objet des promesses — promesses qui ne cesseront de poursuivre leur cours de bénédiction jusqu’à ce que tous les âges soient achevés dans l’éternel repos de Dieu quand le bien et le mal auront chacun leur lot pour toujours, conformément au jugement de Dieu aussi bien qu’à Sa grâce ?

N’est-il donc pas impossible de supposer que ce soit une question de personnes ? Mais c’est justement la raison pour laquelle les merveilles de la rédemption sont mises ainsi en relief. La mort de Christ soit dans le type, soit dans l’antitype explique seule cela ; et je ne crois pas aller trop loin en disant que la rédemption devait l’expliquer. J’affirme que c’est convenable et pas du tout surprenant, après tout, quand nous savons ce que mérite la rédemption et qui a acquis cette rédemption, et comment elle fut acquise ; quand nous savons qu’elle réclamait le Fils de Dieu et qu’Il vint dans ce monde comme un homme, non seulement pour abandonner pour un temps la jouissance de Sa gloire propre, mais pour entrer en grâce dans les circonstances de toute la honte, de la douleur et des souffrances de l’homme, et encore, après tout cela, au lieu d’entrer dans une place de bénédiction et de la gloire, entrer au contraire dans un abîme plus profond, après que l’homme eut fait contre Lui tout ce qu’il pouvait, après que Satan ne pouvait faire davantage : car c’est alors, après tout le reste, que fut résolue une question qui devait se régler entre Dieu et ce Bien-aimé. Et cette question devait être, de toutes, la plus dure pour Dieu, et, en elle-même, la chose la plus éprouvante pour le Fils de Dieu. Car que peut-on comparer à cette heure merveilleuse où le péché dut être jugé par Dieu, et puni dans la plus étrange place dans laquelle il fût possible à l’homme de le concevoir — imputé à la personne du Saint de Dieu, au Fils même de Dieu, par Dieu Lui-même ?

Lorsqu’on réfléchit sur ces choses, peut-on s’étonner que Dieu voie dans la rédemption une valeur si infinie et une place de repos pour Lui-même, que les cieux des cieux cessent, pour ainsi dire, de Le contenir ? Comme si Dieu Lui-même disait : « Il me faut descendre maintenant ; mon Esprit doit habiter où se trouve ce sang précieux ; il ne peut pas rester plus longtemps en haut ». Ce point peut avoir été le point le plus vil de toute la création ; ce peut être ce qui trop souvent éleva sa mesquine tête, dans la rébellion la plus furieuse et en même temps la plus effrontée : mais n’importe ce que la terre peut être ; n’importe ce que le peuple sur la terre peut s’être montré contre Dieu et contre Son Oint, Dieu ne pouvait pas, en vertu de Son estimation des souffrances de Christ, demeurer dans le ciel plus longtemps, mais doit venir trouver Sa demeure sur cette même terre et parmi les membres de cette même race qui L’ont toujours traité d’une manière outrageuse. Selon moi, cela, et cela seulement, peut expliquer la vérité bénie que Dieu a Sa demeure parmi nous sur la terre, ou même la possibilité de Sa demeure sur la terre. La rédemption explique le fait, et le Saint Esprit l’effectue aussitôt que la rédemption est accomplie. Et voilà pourquoi nous voyons dans ce même chapitre, quand le type de la rédemption est accompli, que l’habitation typique de Dieu devient immédiatement désirée sur la terre. Quand la vraie rédemption, la rédemption éternelle, fut un fait, Dieu descendit réellement pour habiter, demeurant pour toujours par le Saint Esprit dans les rachetés. Ainsi, nous ne pouvons rien concevoir de plus harmonieux que les faits typiques d’un côté, ou leur accomplissement réel de l’autre, dans la rédemption éternelle que Christ a acquise pour le chrétien.

Mais une autre chose encore mérite d’être notée. Non seulement, nous avons le peuple exprimant, par Moïse, leur désir commun de préparer une habitation pour Dieu, mais, un peu plus loin, nous trouvons (et c’est aussi digne de remarque) le premier chapitre dans la Bible où la sainteté de Dieu soit présentée. Personne ne soupçonnerait cela ; nul, j’en suis convaincu, ne peut croire, avant de s’être assuré par lui-même du fait, que Dieu ait attendu tant de temps avant de donner une révélation de Lui-même, dans Son caractère saint, dans Ses voies avec les hommes ici-bas. Il y avait, sans doute, une allusion à la pensée de sainteté quand Il sépara le jour du sabbat, et je le mentionne parce que c’est le seul passage qui puisse paraître faire une exception. Ainsi, avant qu’il fût question de péché, Dieu trouva bon d’énoncer dans le jour du sabbat un gage de « ce repos qui reste pour le peuple de Dieu ». Cela vient aussi en sa saison. Mais lorsqu’Il en agit avec l’homme, et que l’homme était de fait devant Lui sur la terre, pas un mot sur la sainteté n’est prononcé avant Exode 15.

Un peu plus bas, verset 11, nous lisons : « Qui est comme toi entre les forts, ô Éternel, magnifique en sainteté, digne d’être révéré ? ». Nous verrons que cela se lie avec l’habitation de Dieu, dans le Nouveau Testament. Je fais simplement remarquer la circonstance frappante : les deux choses sont pour la première fois présentées ensemble en conséquence de l’accomplissement de la rédemption typique. De fait, ce n’est que lorsque la rédemption est accomplie que l’homme peut supporter la pleine révélation de la sainteté de Dieu. Il peut y avoir eu un appel à ceci ou à cela auparavant ; mais évidemment, ce n’était, après tout, que d’un ordre charnel ; ce n’était qu’une relation cérémonielle avec le premier Adam d’une manière ou de l’autre. Mais, dès l’instant qu’il y a le type de la rédemption en Jéhovah accomplissant la délivrance, alors même les Israélites peuvent parler sans anxiété et, dans leur mesure, se réjouir et louer Son nom. Cela va sans dire, ce n’est encore qu’une délivrance terrestre, mais ils chantent la sainteté de Dieu.

À présent, si nous nous tournons vers le Nouveau Testament, dans le chapitre que j’ai déjà lu, nous voyons ce qui répond à tout cela. Ici, nous avons la rédemption opérée. Le Fils de l’homme a donné Sa vie en rançon pour plusieurs ; l’effet qui en résulte est d’amener les âmes, même les plus éloignées, près de Dieu, et cela en parfaite paix — Christ Lui-même en étant l’expression. « Il est notre paix », bénédiction à laquelle rien ne peut être comparé, rien — je ne dirai pas ne saurait être supérieur — mais même s’en rapprocher. Mais, c’est justement là-dessus que nous commençons à entendre parler de l’habitation de Dieu.

Et cette vérité n’est pas confinée à une seule épître. Prenez par exemple, 1 Corinthiens 3. « Nous sommes collaborateurs », dit l’apôtre, « de Dieu ; vous êtes le labourage de Dieu ; l’édifice de Dieu ». L’apôtre parle de sa propre relation avec elle ; il dit : « Selon la grâce de Dieu qui m’a été donnée, j’ai posé le fondement comme un sage architecte ». Il est bâti sur le fondement des apôtres et des prophètes. Ainsi ici, Paul prend cette place, et en conséquence, plus bas dans le chapitre, il en appelle à eux : « Ne savez-vous pas, dit-il, que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ». Aussitôt c’est la base d’un ardent appel à la sainteté : « Si quelqu’un corrompt le temple de Dieu, Dieu le détruira, car le temple de Dieu est saint, et vous êtes ce temple ». C’est-à-dire que ce n’est pas une simple révélation de ce que doit être l’Église dans la suite, mais il parle de faits actuels. Il me semble que nous devrions faire plus attention à cela que nous ne le faisons d’habitude, car il est de la plus grande importance que les chrétiens sachent et comprennent que le christianisme ne se compose pas seulement de doctrines, mais de faits ; et ces faits sont le fondement de la doctrine. Il y a une personne, un homme réellement vivant, qui est né, a été manifesté dans ce monde ; qui a vécu ici-bas, est mort ici-bas, est ressuscité ici-bas, quoiqu’Il soit maintenant allé au ciel ; et cette personne n’est pas seulement le moyen de faire connaître la vérité, mais est Lui-même la substance de la vérité qu’Il fait connaître. Ôtez Christ du christianisme et que reste-t-il ? Et maintenant qu’Il est parti, Dieu réalise le christianisme par une autre personne, savoir le Saint Esprit qui est descendu, qui, au lieu de supplanter Celui qui est monté, est maintenant la puissance pour nous Le faire connaître. Je ne puis réellement connaître, selon Dieu, Celui qui est parti, sinon par Celui qui est venu. C’est Sa présence qui constitue le temple de Dieu. Le Saint Esprit habite dans les saints sur la terre, selon qu’il est dit : « Vous êtes bâtis ensemble pour une habitation de Dieu par l’Esprit ».

À présent, je voudrais demander à mes frères ici présents : Avez-vous pensé à estimer l’immense importance d’un fait tel que celui-là ? Est-ce cela qui remplit vos cœurs jusqu’à déborder, lorsque vous vous assemblez, disons, le jour du Seigneur, ou à quelque autre moment où l’assemblée de Dieu est réunie soit pour adorer, soit pour s’édifier l’un l’autre ? La présence du Saint Esprit vous console-t-elle comme matière de foi ? Comptez-vous sur le Seigneur, comme étant vraiment au milieu de vous ? Ou bien ne pensez-vous qu’à ceux qui composent cette assemblée ou à ceux qui ouvrent leurs lèvres pour l’adoration ou l’édification des saints ? Que penserait-on d’un visiteur entrant dans quelque grand bâtiment, et qui ne s’occuperait que des petits accidents ici ou là ? Il est évident que la portée de tout serait perdue pour lui. Mais combien plus encore lorsque nous réfléchissons qu’il se trouve une personne vivante et divine, présente dans l’Assemblée ici-bas, et qui seule la fait être l’Assemblée de Dieu. Ce n’est pas simplement la foi de ceux qui sont réunis, car leur foi ne faisait pas des saints de l’Ancien Testament l’Assemblée de Dieu. Ce n’est pas non plus leur vie à nouveau, car certainement tous les saints depuis le commencement étaient nés de nouveau, et pourtant, comme nous le savons, jusqu’à la Pentecôte l’Assemblée de Dieu n’existait pas. La seule chose qui pouvait donner à l’assemblée de ceux qui avaient la foi, et par cela même la vie, le titre d’Assemblée de Dieu, c’est la présence, là, de Dieu Lui-même ; et Il est là par le Saint Esprit.

Je dirai plus : Cela est si capital que le fait que quelques personnes non nées de Dieu se sont glissées parmi Ses saints ne détruit pas Son Assemblée. Un tel fait est pénible et humiliant ; mais je ne dois pas m’en alarmer, ni en être trop abattu. Nous devons être peinés d’avoir eu si peu de discernement pour permettre à des âmes, non nées de Dieu, de pénétrer dans l’Assemblée de Dieu. Mais il n’y a rien que Satan ne mette en œuvre pour souiller et détruire l’Assemblée de Dieu. Elle est la chose la plus près du cœur de Dieu sur la terre. C’est la plus grande gloire présente de Christ. C’est à ce corps que Dieu commet Sa vérité. Dieu demande de lui une réponse à Sa gloire morale et à Son caractère ici-bas, et s’Il ne lui a pas donné un pouvoir de miracles infaillible, Il a envoyé Son Esprit pour demeurer avec nous et être en nous pour toujours — Sa propre habitation par l’Esprit. Ce n’est donc pas à cause de telle ou telle qualité qu’Il nous a tant bénis, mais par Son Esprit présent.

À supposer que l’on dût voir le triste spectacle de quelques-uns qui, ayant été amenés, mais n’ayant pas de vie dans leur âme, sortent un jour de l’Église, ceux-là sont capables de devenir les plus ardents adversaires, non seulement de l’Église, mais de Christ Lui-même, haïssant Son nom, et reniant Sa gloire (nous en trouvons de tels en Hébreux 6). Ils avaient partagé des pouvoirs étonnants, nous est-il dit, jusqu’à être faits participants du Saint Esprit. Cette dernière clause est une grande difficulté pour quelques-uns, tandis qu’en bien l’envisageant, elle n’est pas d’un petit secours pour nous aider à comprendre la vérité que nous considérons ce soir. Loin d’être une énigme, cela me semble s’accorder avec la vérité en général et nous donner la clef des faits qui peuvent arriver en tout temps, comme ils sont arrivés depuis le commencement. Ainsi nous trouvons incontestablement qu’il y a des hommes qui se glissent au milieu des saints, et ces hommes, quand ils se détournent, sont d’autant plus mauvais — deux fois morts, comme les appelle l’apôtre Jude — parce qu’ayant pris la place de confesseurs du Seigneur Jésus, ils se sont éloignés de Lui, ont abandonné la vérité avec dédain, l’ont traitée avec le plus grand mépris, et sont devenus des fanatiques infiniment plus violents contre la vérité de Dieu que zélés et ardents en sa faveur en débutant. Ces hommes peuvent avoir eu un grand nombre de privilèges extérieurs, car il y a des miséricordes extérieures et non de médiocre valeur, entièrement en dehors de la vie éternelle. Il n’est pas dit qu’aucun de ces professants eût jamais été vivifié de Dieu. La vie éternelle n’est nullement un privilège extérieur, et il n’est pas question dans la Parole d’un homme qui, ayant une fois été fait participant de la vie éternelle, ait perdu cette vie. Ceux qui sont ainsi vivifiés de Dieu ne retombent jamais dans la mort dans ce sens-là. Il est très possible pour un homme, touché dans ses sentiments et persuadé dans son jugement, de renier le Christ qu’il professait et de ne plus marcher avec Lui, comme ce fut le cas de certains disciples scandalisés par l’enseignement du Sauveur si impitoyable pour la chair et le monde. C’est ainsi seulement que nous pouvons comprendre ces passages d’une manière compatible avec d’autres. Le professant mort par nature, était désormais deux fois mort, comme dit Jude, ayant renoncé à ce qu’il semblait avoir, et étant retourné vers les ordonnances terrestres, ou le péché ouvert — selon le cas — avec plus de charme même qu’auparavant et une haine plus intense que jamais pour ce qu’il abandonnait ainsi ouvertement. Ce son-là les personnes décrites en Hébreux 6 et 10, et de telles désertions, décrites dans l’Écriture, se présentent de temps en temps devant les yeux des chrétiens attristés.

Ainsi la chair peut aller aussi loin que possible dans la profession de la vérité et la possession de tous les privilèges et pouvoirs extérieurs dont il soit permis de jouir, et cela plus encore dans les temps chrétiens que dans les temps anciens. Nous savons, par exemple, que, dans l’Ancien Testament, Saül se faufila parmi les prophètes ; d’autres furent doués de grands pouvoirs par le Saint Esprit qui, alors comme à présent, était le seul agent d’énergie divine et pouvait agir par qui Il voulait pour la gloire de Dieu. Maintenant la grâce de Dieu ouvre la porte, si possible, pour des abus plus faciles, si l’homme ose s’en prévaloir. Il est tout à fait aussi possible aux inconvertis de se tromper qu’à l’Église de Dieu, et de se précipiter dedans, s’arrogeant la profession du nom de Jésus, d’autant plus qu’ils ont moins de conscience. Le Saint Esprit donne maintenant Son sceau personnel, chose qui est particulière à celui qui a la véritable foi et la vie éternelle. Mais tandis que l’Esprit est donné comme sceau, ce serait errer que d’oublier les pouvoirs extérieurs qu’Il confère. Hébreux 6 ne parle pas plus de Son sceau que de la vivification des âmes, ni du gage que le chrétien a en Lui de l’héritage prochain de la gloire. Il y a la plus grande réserve de langage en parlant de tout ce qui pourrait produire une difficulté réelle. Pourtant il y a participation au pouvoir du Saint Esprit. Cela, bien des hommes irrégénérés peuvent l’avoir eu dans les premiers jours de la chrétienté. Peut-on s’étonner que de telles personnes abandonnent le nom du Seigneur, à cause duquel seul de tels pouvoirs leur étaient conférés ?

Cela explique aussi l’état présent de la chrétienté — l’extension de l’habitation de Dieu aux incrédules et aux profanes, qui néanmoins extérieurement portent le nom du Seigneur Jésus, et s’aventurent là où la présence de Dieu est réalisée par le Saint Esprit. Sans doute, là où il y avait de la négligence on pouvait se servir avec légèreté des privilèges extérieurs, comme, par exemple, quant à baptiser au nom du Seigneur Jésus. Toutes ces sortes de choses pouvaient facilement être effectuées irrégulièrement par des hommes, de manière à faire entrer des multitudes de professants inconvertis, comme nous savons que tel fut de bonne heure le cas. En conséquence, ce fut par un ecclésiasticisme latitudinaire pareil, sous des formes variées, qu’il n’est pas nécessaire de développer à présent, que la maison de Dieu, quoique l’Esprit y habitât, fut, par degré, corrompue de toutes manières ; et à mesure qu’une ambition profane rechercha un accroissement d’influence en dehors des intentions de Dieu, l’homme, comme toujours, perdit de vue sa responsabilité solennelle et tourna la grâce de Dieu en licence.

Je voudrais faire observer une autre chose encore qui est, je crois, importante pour juger justement de ce sujet. Nous avons, dans l’Écriture, non seulement la maison de Dieu, selon l’idée divine, décrite à la fin d’Éphésiens 2, mais aussi sa connexion avec le travail de l’homme et sous sa responsabilité, dans le chapitre 3 de la première aux Corinthiens auquel j’ai déjà fait allusion. Il y a même plus que cela, car nous avons une esquisse, demi-morale, demi-prophétique, de ce qui était à l’œuvre, dans une certaine mesure, quand l’apôtre écrivit sa dernière épître (2 Tim. 2) à laquelle il faut que j’en réfère brièvement à cause de son immense portée sur ce qui est aujourd’hui notre devoir. L’apôtre exhorte Timothée à étudier à se montrer approuvé de Dieu et lui parle des profanes et vains babils qu’il devait éviter, mais qui néanmoins s’élevaient à un ton d’impiété plus grand encore. Il parle de personnes qui, par rapport à la vérité, avaient erré, mais il encourage aussi et soutient son fidèle compagnon de service, évidemment trop affecté par les difficultés et les dangers du moment, en lui adressant ces consolantes paroles : « Toutefois le solide fondement de Dieu demeure ayant ce sceau : Le Seigneur connaît ceux qui sont siens » ; et « que tout homme qui prononce le nom du Seigneur se retire de l’iniquité ». Mais cela est suivi d’une figure bien animée de ce qui existait alors, et devait se réaliser plus tard d’une manière encore plus littérale : « Or, dans une grande maison, il y a non seulement des vases d’or et d’argent, mais aussi de bois et de terre, et les uns sont à honneur, et les autres à déshonneur. Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur, sanctifié et utile au maître, et préparé pour toute bonne œuvre ». Ici nous avons évidemment une description très exacte d’un état de choses en voie de progrès rapides, quoique devant d’un jour à l’autre avancer plus rapidement encore. Cette condition de grande maison est pleinement réalisée en nos jours : ce n’était que l’anticipation de l’état de pleine croissance de la chrétienté. C’est-à-dire, que nous avons dans ces pays-ci un vaste édifice, où se trouvent des vaisseaux à honneur aussi bien que des vaisseaux à déshonneur.

Que doit donc faire un chrétien ? Doit-il abandonner la grande maison ? Certainement non. Un homme ne peut pas sortir de la grande maison, sans cesser d’être chrétien. Car c’est justement la condition à laquelle est arrivée la profession du nom de Christ. Il ne peut donc s’agir jamais en aucune manière d’abandonner la profession du nom du Seigneur : ce que nous avons à faire, c’est de nous séparer de tout ce qui est contraire à Sa volonté, ne jamais abandonner la profession de Son nom. La profession de Christ est en elle-même la seule position révélée qui soit bonne et complète ici-bas. Aucune autre profession ne peut y atteindre. Elle Lui est aussi assurément due, et c’est une bénédiction pour le saint, aussi bien que son salut, que de la Lui rendre. Car qui peut être sauvé, sinon celui qui invoque le nom du Seigneur ? Et ainsi tout le long du sentier, depuis qu’on est arrivé à Sa connaissance, invoquer le nom du Seigneur, confesser Son nom est évidemment une joie autant qu’un devoir. Ce ne peut donc être bien en aucun cas d’abandonner la maison, caractérisée par la profession du nom du Sauveur. Mais, dans cette grande maison, il y a des vaisseaux à honneur et des vaisseaux à déshonneur. Que dois-je faire ? Il m’est ordonné de me purifier des vaisseaux à déshonneur. Telle est la signification du texte, telle est l’intention manifeste du Saint Esprit, quand il est dit : « Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci » (c’est-à-dire des vaisseaux à déshonneur). Un homme fait cela quand il cesse d’avoir communion avec ce qu’il sait être jugé par la Parole de Dieu, quand il abandonne tout ce qui, par l’invariable témoignage écrit de Dieu, est démontré opposé à Sa volonté.

Si donc un homme se trouve rattaché et soumis à un ministère établi contrairement aux Écritures, ou bien encore prostituant une institution du Seigneur (la cène, par exemple), qu’il l’abandonne de suite ! Le Seigneur ne veut pas que Son serviteur sanctionne ce qui est contraire à la vérité et à la sainteté. Pourquoi, moi chrétien, sanctionnerais-je un ministère qui n’est pas de Dieu ? Pourquoi, par ma présence, m’associerais-je à la profanation de la cène du Seigneur transformée en un sacrement devenu moyen de grâce pour la foule, pour n’importe qui, pour tout le monde ? Celui qui possède tant soit peu de connaissance de la Parole de Dieu, sur l’un ou l’autre point, sait parfaitement bien qu’ils ne peuvent être appuyés par l’Écriture et qu’ils annulent la volonté du Seigneur dans ces graves questions. Dois-je donc abandonner la cène du Seigneur ? Dois-je désormais me passer du ministère de la Parole ? Certainement non, si je suis sage et obéissant. Ce qu’il faut abandonner, c’est l’abus de ces choses. Je dois en avoir fini avec ce qui, n’étant pas selon les Écritures, est manifestement au déshonneur de Dieu. Je ne renonce donc pas au ministère chrétien ; je ne renonce pas à la cène du Seigneur ; mais je juge, selon la Parole de Dieu, autant que j’en suis rendu capable par Sa grâce, quelle est Sa volonté à cet égard. Le même principe s’applique à tous les autres points. Prenez le culte, par exemple ; je dois sonder les Écritures pour juger ce qu’est le culte chrétien selon la Parole de Dieu pour nous maintenant, ainsi que faisait un Juif d’après l’Ancien Testament. Ne suis-je pas tenu d’en agir ainsi ? Ne dois-je pas suivre la volonté de Dieu ?

Quant à la question qui nous occupe — qu’est-ce que Dieu veut que Ses saints pensent relativement à leur position sur la terre ? Qu’ils ne sont rien moins que Son assemblée. Ici donc, nous avons sur-le-champ une pierre de touche des plus précieuses pour découvrir si ce à quoi nous nous tenons rattachés jour après jour, comme Son Église dans ce monde, au milieu de tant de prétentions contraires, est réellement pour nos consciences selon Sa volonté. Ce n’est pas assez pour moi et ce ne devrait satisfaire aucun chrétien, pas même le plus faible enfant de Dieu, de savoir que ceux qui composent cette corporation sont des chrétiens ; encore moins s’agit-il d’arranger des chrétiens en diverses classes de doctrines, comme offrant la meilleure garantie de paix. Quelle présomption ! Qui m’a appelé à arranger les saints de Dieu ? Qui vous a chargé de régler l’ordre de la maison de Dieu ? Qui vous a donné le droit d’établir ceux-là ici et ceux-ci là ? Le caractère et le témoignage de l’Église de Dieu sont détruits par tout arrangement pareil. Supposé que toutes les âmes en communion professassent exactement mes vues ou les vôtres sur tous les points, je regarderais cela comme une grande calamité pour l’Église de Dieu. Quelle mesure pourrait-on imaginer plus efficace pour effacer la vérité, que nous sommes l’Assemblée de Dieu ? Qu’est-ce qui peut être mieux calculé pour produire une fausse appréciation de l’état des saints, que de les voir tous ainsi ligués ensemble, avec des vues identiques ; tous absolument remplis des mêmes pensées ; satisfaits les uns des autres, et méprisant ceux du dehors qui n’ont pas les mêmes sentiments ? Même en supposant que toutes les vues professées sont justes et que les choses faites sont conformes à la pensée de Dieu, à mon avis, un pareil tableau ne répond ni à l’Écriture, ni à l’amour de Christ.

Frères, permettez-moi de parler ouvertement. L’Église de Dieu n’est pas une citadelle pour les forts seulement, ni une niche pour les sages et les intelligents seuls. Ce n’est pas un fronton pour ceux qui sont arrivés à une certaine maturité de sainteté, encore moins de connaissance. Il veut que je contemple toujours tous les saints (excepté ceux qui sont dans le péché ou la fausse doctrine). Je suis si loin de considérer l’école éclectique comme répondant à la pensée du Seigneur, qu’à mon point de vue, elle gâte et fausse entièrement la vérité que Dieu a fait connaître sur Son Église. Ce que je trouve là, c’est le corps de Christ, et, sans doute, les divers membres à leur place. Il y a des pieds aussi bien que des mains. Le faible a son usage aussi bien que le fort, et tout comme il plaît à Dieu de donner et d’ordonner. Comme l’enseigne l’apôtre au cœur large, les parties les moins honorables, au lieu d’être laissées en dehors, sont traitées avec plus d’honneur par cela même qu’elles sont en danger d’être méprisées. Telle est la voie de notre Dieu, telle Sa volonté expresse. Avons-nous appris à nous incliner ? Ceux qui sont forts doivent porter les infirmités des faibles au lieu de se complaire en eux-mêmes. Le rationalisme religieux peut penser qu’il vaut mieux n’avoir que les forts, ceux-là seuls qui ont la même pensée, ou qui ont atteint un certain point de vérité donnée. Mais est-ce là Christ ? L’Église de Dieu devrait être devant nos cœurs telle qu’elle est dans Sa Parole. Du moment que nous cherchons à façonner ou même à désirer dans nos cœurs quelque chose de différent de ce qu’Il nous a donné, il y a un cachet d’insoumission empreint sur la pensée, et il en résultera la confusion partout où on aura cherché à réaliser la théorie. Et ainsi, frères, je suis persuadé que c’est la volonté de Dieu à notre égard, particulièrement dans l’état actuel de ruine de l’Église, que celui qui est le plus affermi dans la sagesse divine cherche tout spécialement à chérir l’ignorant et le faible quelque peu qu’ils aient atteint — qu’il cherche à marcher envers tous les saints selon l’amour de Christ pour l’Église. Assurément Christ chérit, non seulement les membres de Son corps les plus dignes et les plus honorables, mais l’Église comme un tout : Il chérit le plus, s’il peut exister des différences, ceux qui ont le plus besoin de Son amour. Devons-nous, ou non, avoir communion avec Lui en cela ?

C’est absolument de la même manière que, pour ce qui est de Son habitation par l’Esprit, Dieu contemple en cela Son Église entière ; Il contemple tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur. Ici, naturellement, en Éphésiens 2, ceux qui portent vraiment Son nom y ont part, mais en est-il de même pour ceux qui invoquent un faux Christ ? Assurément, pas le moins du monde, si ce n’est pour le jugement. Dans l’état présent de la chrétienté, il y a des vaisseaux à déshonneur. Dois-je m’unir à eux ? Cela m’est défendu par l’Esprit Saint : « Si quelqu’un donc se purifie de ceux-là ». La communion avec des vaisseaux à déshonneur est un mal. Je suis appelé à me séparer de tous ceux qui sont tels, si je ne puis pas les faire séparer de ce qui porte le nom du Seigneur. Autrement, je fais partie du mystère d’iniquité, car si un chrétien continue à être en communion avec un mal reconnu, c’est, pour ainsi dire, reconnaître que Christ a communion avec Bélial. Quelquefois c’est l’admission d’un mal de doctrine ou de pratique, quelquefois c’est une indifférence qui ignore la présence du Saint Esprit ou neutralise Ses opérations dans ce qui porte le nom de Christ ici-bas. Mais quelles que soient les formes particulières du mal toléré, qu’on n’a pas la possibilité de juger, un homme doit s’en purifier. Là se trouve le devoir clair et positif. Vous n’êtes pas présomptueux en agissant de la sorte ; vous n’assumez nullement une autorité usurpée ; vous n’êtes qu’obéissants. Ce n’est pas une question d’élévation, mais d’obéissance à Dieu. Il est obligatoire pour tout homme qui invoque le nom du Seigneur de se retirer de l’iniquité. Et, au lieu de laisser l’occasion indéterminée, au lieu de rejeter un chrétien sur sa propre pensée ou son cœur pour juger de ce dont il doit se séparer, voici la demande explicite du Seigneur : il doit se purifier des vaisseaux à déshonneur quels qu’ils soient et où qu’ils soient. Si des personnes, portant le nom du Seigneur (et ainsi Son nom dans leur personne), s’adonnent au péché, ce sont des vaisseaux à déshonneur, et le chrétien est tenu de s’en éloigner et se maintenir pur. C’est la ligne de conduite prescrite en un état de corruption de la chrétienté aussi sûrement que d’autres passages traitent de cas individuels comme objets de discipline pour l’Assemblée. Le désir de paix ou d’unité ne devait jamais laisser porter atteinte au caractère de Christ qui ne doit être compromis à nul égard. Le saint ne peut pas abdiquer sa responsabilité. Le premier devoir est de rendre au nom de Christ ce que nous lui devons. Nous ne pouvons jamais sanctionner le mal ou fermer les yeux à son sujet.

Et ce n’est pas non plus, permettez-moi de le dire, une question de torts flagrants seulement. L’Église, étant l’habitation de Dieu, doit être intolérante pour tout ce qui ne convient pas à Sa présence, quoique nous ayons aussi besoin de patience ; et qui est aussi patient que Dieu ? Mais Il veut être sanctifié dans tous ceux qui L’approchent, et au milieu desquels Il habite. Tout ce qui est contraire à Sa parole doit être jugé. À supposer qu’il n’y eût, comme disent les hommes, qu’un peu de mal, dois-je lier Son nom et Sa présence, pour ne pas parler de moi-même, même avec un petit mal ? Loin de nous une telle pensée ! Non que nous soyons appelés à nous séparer pour toute faute, mais nous ne devons jamais participer à ce qui est contraire à Dieu, mais par la grâce de Dieu nous en tenir toujours purs. En même temps, la manière dont cela doit être fait doit être déterminée par la Parole de Dieu. Par exemple, tout frère digne de censure ne doit pas être éloigné de l’assemblée, mais bien ceux qui sont coupables de méchanceté (1 Cor. 5) ; mais en aucun cas, un chrétien n’est tenu de cheminer avec ce qu’il sait être offensant pour Dieu. De plus, nous avons à nous juger, de peur d’être trop prompts à imputer le mal. Dieu veut que Ses enfants soient lents à soupçonner, à parler, à agir dans de telles circonstances. Hélas ! comme nous sommes prompts à imputer aux autres le mal que nos consciences nous reprochent à nous-mêmes !

D’un autre côté, notre encouragement et notre consolation, aussi bien que notre source de responsabilité, c’est que Dieu habite en nous, comme Son habitation par l’Esprit. Nous pouvons et devons compter sur cela, assurés qu’Il nous aidera, nous entendra, se montrera pour nous ; et ainsi, quelle que soit la difficulté, quel que soit le chagrin, quelle que soit la honte, ayons cette confiance — Dieu habite dans l’Assemblée qui est Son temple. Elle peut être dans un état bien humble, elle peut être seulement (comme les choses le sont réellement) représentée dans tel ou tel endroit, par deux ou trois individus seulement. Même une seule âme peut être obligée de se tenir à l’écart toute seule ; il peut même ne pas y avoir de sentiment suffisant de la vérité pour produire ce résultat ; mais je n’en tiens pas moins comme un axiome chrétien fixe et fondamental, qu’il n’y a pas de circonstance possible où un membre de Christ soit obligé d’avoir communion avec ce qui est contraire à la volonté de Dieu. Il peut y avoir lieu à de sages et fermes remontrances, à attendre patiemment, mais tolérer le mal connu, jamais ! Ce n’est pas la somme du mal (comme nous l’avons déjà fait remarquer) qui détruit la qualité de temple de Dieu, mais la sanction réfléchie d’un mal connu, ne fut-ce pour toute forme extérieure qu’une simple indifférence. Cela détruit son caractère, autrement ce serait supposer indifférent Dieu Lui-même qui y habite. Lorsque ce qui porte le nom de Sa maison se rend coupable d’associer ce nom avec un mal toléré, tout est fini avec elle. La question alors est simple quoique pénible (non sans de vifs appels à la conscience de ceux qui demeurent) : il faut abandonner ce qui a cessé d’être, en quelque sens que ce soit, une vraie représentation de Dieu. Quel droit pourrait-elle avoir encore sur la foi de Son enfant pour le retenir ?

Cela est évidemment de la dernière importance. Cela fait de la question d’église une question de jugement selon la Parole de Dieu par Sa présence. La profession et le préjugé, la tradition ou la volonté humaine sont également sans portée et de nulle valeur. Cela devient chose extrêmement sérieuse de reconnaître ou de méconnaître une assemblée comme assemblée de Dieu. Celui qui le fait faussement ou légèrement abuse ou se joue du nom de Dieu. Que cela est différent d’une dispute ecclésiastique ! Au lieu d’un homme jugeant selon ce qu’il pense devoir être dans l’Église, au lieu de ses propres sentiments et pensées sur elle, c’est Dieu qui est le critérium. Comme c’est saint et juste ! Certainement Sa Parole est la pierre de touche, et Son Esprit la puissance ! Ainsi, où se trouve la foi simple, Dieu apparaîtra, entendra le cri et viendra en aide : rien ne peut être plus simple et en même temps plus certain. Il rendra le sentier manifeste.

Nous pouvons observer une autre chose : l’Église, cela va sans dire, peut commettre des erreurs. Les mesures prises dans la discipline peuvent être trop promptes, trop lentes ou erronées. De fait, il en est de même avec l’habitation de Dieu, par l’Esprit collectivement, qu’avec le chrétien individuellement. Si les saints sont le temple de Dieu, le saint individuellement l’est aussi. Or, personne dans son bon sens ne peut maintenir qu’un chrétien est exempt de mal ou de méprises, parce que le Saint Esprit habite en lui. C’est exactement le même principe pour l’Assemblée de Dieu. Pour elle le même danger existe. Elle peut dans la pratique, humainement parlant, en être gardée en proportion des hommes de Dieu qui s’y trouvent. Cet homme-ci ou celui-là peut facilement errer ; mais il serait difficile de supposer qu’au milieu d’une assemblée fidèle il ne s’en trouve pas un seul qui regarde au Seigneur de manière à comprendre Sa pensée. Pourtant, c’est possible ; et particulièrement là où l’influence dominatrice d’un ou de plusieurs affaiblit le sentiment que doit avoir l’assemblée de sa dépendance de Dieu. Il est évident qu’un faux principe, une fausse position ou même une simple précipitation peut exposer une assemblée de Dieu à mal agir. Aussi, n’y a-t-il rien d’aussi important, quel que soit le serviteur ou les serviteurs de Dieu à l’œuvre, comme de se bien mettre dans l’esprit que la seule sauvegarde est que Dieu est là. Il peut trouver bon de corriger le plus sage de Ses serviteurs, sur la terre, par un tout faible enfant.

Par conséquent, nous devons nous tenir résolument et avec vigilance à ceci, que l’Église n’est pas l’assemblée, même d’un Paul, bien moins de vous et de moi ; c’est l’Assemblée de Dieu. Donc, dans un cas de discipline, par exemple, ce serait la destruction de cette assemblée si les mesures prises devaient être établies pour elle d’une manière déterminée par lequel que ce soit de Ses serviteurs. Quiconque connaît la Parole de Dieu concernant les besoins ou les difficultés pratiques de l’Église, doit reconnaître l’immense valeur du secours de ceux qu’Il a donnés pour guider et régler. Il y a autant règle qu’enseignement, et l’Église abandonnerait ses propres grâces si elle méprisait le secours de l’un ou de l’autre. Sans doute, quelques-uns ont de grandes capacités spirituelles et de grandes expériences des âmes, et sont capables, comme règle générale, de juger justement sur de telles choses, plus que ceux qui sont moins doués ou versés en ces matières. Néanmoins Dieu est jaloux et il doit être laissé place pour Sa propre et libre action dans Sa propre Assemblée jusqu’au dernier moment. Là où il n’y a point de place pour réviser ce que des individus ont pu juger, où il n’est pas laissé de pouvoir à l’Esprit pour mettre de côté, par le plus faible membre de Christ présent, le jugement du meilleur des guides, je n’ose pas plus appeler cette assemblée, assemblée de Dieu qu’aucune autre société quelconque de croyants sous le soleil.

Ainsi, il ne s’agit pas simplement de doctrine pure ou de précieux saints ou de grands dons. Ce sur quoi j’insiste est plus grave encore. J’admets toutes ces choses à leur place, mais la vérité fondamentale à saisir et à maintenir toujours et en toutes circonstances, c’est que l’Église, même maintenant, est la propre Église de Dieu ; et Dieu, parce qu’Il est là, maintiendra Son action souveraine. Il peut répandre de nouvelles lumières ; Il peut corriger les plus expérimentés, sur lesquels on s’appuie trop, par qui il Lui plaît. Il doit toujours y avoir cette réserve gardée ; car Dieu ne permettra pas que nous nous glorifiions dans la chair ; plus encore, Il ne permettra pas que nous nous glorifions dans les dons qu’Il nous a donnés Lui-même. Il nous convaincra, quelque reconnaissants que nous puissions être pour tous les fruits de Sa bonté, quelle que soit la manière dont nous Le bénissions pour tout ce qu’Il nous a donné, que l’Église est à Dieu, qu’Il aime à être reconnu, et qu’Il fera sentir Sa présence dans l’assemblée qui a foi en Lui.

La foi aime à savoir et à voir Christ au milieu des siens ; et cela dans le jour le plus sombre, quand même deux ou trois seulement seraient réunis en Son nom. Et, regardant ainsi à Lui, l’Esprit manquera-t-Il de nous guider ? Je ne le crois pas ; pourtant j’admets librement que, soit la trop grande confiance dans un conducteur, soit la jalousie d’un conducteur, soit toute autre œuvre de la chair, ou la hâte de l’incrédulité, soit relâchement, soit propre justice, puisse pratiquement séparer l’assemblée de la pensée de Christ dans quelque cas donné. Ainsi, l’assemblée, aussi bien que l’individu, doit toujours être laissée ouverte pour la correction de l’Esprit par la Parole écrite. Si elle vient de fait à manquer, l’humiliation lui convient aussi devant le Seigneur qu’elle a déshonoré.

Le temps m’empêche d’aborder d’autres passages maintenant ; en vérité, je sens combien le sujet a été imparfaitement traité. Pourtant, j’ai désiré indiquer quelques résultats pratiques, aussi bien que cette vérité que nous sommes l’habitation de Dieu, par l’Esprit. S’il plaît au Seigneur de se servir de ces aperçus pour disposer les Siens à examiner pour eux-mêmes Sa Parole sur ces points, ils verront avec surprise combien Son témoignage repose largement sur cette vérité.



  1. Comparez Éphésiens 3, 5 : « révélé maintenant » aux deux (c’est-à-dire à ses apôtres et prophètes).