Écho du Témoignage:Le Fils de Dieu/Partie 3

De mipe
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V

« Tu as assujetti toutes choses sous ses pieds »

En lisant le commencement de l’évangile de saint Luc, on est frappé de l’expression vraie et profonde d’un rapprochement intime entre le ciel et la terre. C’est la faiblesse, le dénuement de l’homme qui ouvre la porte céleste ; mais une fois cette porte ouverte, elle l’est à double battant.

Zacharie et Élisabeth étaient tous deux justes devant Dieu, et marchaient saintement selon les commandements du Seigneur. Ils appartenaient à la famille sacerdotale de la semence d’Aaron ; toutefois, ce ne fut pas leur justice qui leur ouvrit le ciel, mais leurs misères et leurs infirmités. Ce fut à la femme stérile, au mari sans enfants, que l’ange Gabriel apporta une promesse du ciel. Tout est joie et activité chez les anges : qu’il s’agisse du temple de la sainte cité, ou d’un village lointain, situé dans la province méprisée de Galilée, Gabriel met le même empressement à s’y rendre. Et non seulement des milliers d’anges apparaissent aux bergers, mais la gloire de Dieu inonde les plaines de Bethléhem. Le Saint Esprit dans Sa lumière et dans Sa puissance divine, remplit Ses vases d’élection, et le Fils est manifesté en chair. Il y a donc rapprochement entre les cieux et la terre, puisque la joie que ressent « l’armée céleste » trouve un écho ici-bas. Les bergers, les femmes privilégiées, Siméon, Anne, prennent part à ce saint enthousiasme.

La transition fut accomplie dans quelques courts instants (Luc 1 ; 2). C’est par la bouche des messagers célestes que la terre apprend que la porte du ciel lui est ouverte, et la grâce établit ainsi une intimité tendre et profonde. L’ange appelle Zacharie et Marie par leurs noms ; il leur parle aussi d’Élisabeth par son propre nom, et le cœur interprète sans peine ce langage.

Nous saurions rendre grâces au Seigneur de toutes ces choses, si nous marchions avec un sentiment plus constant de la réelle proximité du ciel.

Ce fut ainsi que dans leur « jour », Jacob et Étienne virent le ciel s’ouvrir, et comprirent qu’il s’ouvrait pour eux. Une échelle fut établie sous les yeux de Jacob, et tandis qu’une des extrémités de cette échelle disparaissait dans les cieux, l’autre touchait la terre où il était couché. Sa présence dans ce lieu misérable, solitaire, témoignait à la fois de son péché aussi bien que de son malheur. À mesure que l’échelle se dressait, la voix du Seigneur qui planait dans Sa gloire au-dessus du chétif coin de terre où s’était réfugié le coupable exilé, lui parle de bénédiction, de sécurité, de direction et de l’héritage qu’Il lui réservait.

Étienne, lui aussi, vit le ciel s’ouvrir et en contempla la gloire ; mais alors le Fils de l’homme se tenait debout à la droite de Dieu, et ce spectacle révélait au martyr ce que l’échelle avait appris au patriarche, que le ciel n’était pas indifférent aux circonstances où il se trouvait sur la terre.

L’intervalle des temps n’y change rien, et la foi contemplant maintenant ces mêmes cieux ouverts, comprend qu’ils sont aussi à nous.

Elle voit aux degrés de l’échelle qui se dresse et qui conduit aux « cieux ouverts », l’homme Christ Jésus, le « médiateur de la nouvelle alliance », le « souverain Sacrificateur », notre « avocat auprès du Père », Celui qui sympathise avec nous et qui est aussi notre précurseur dans les régions de la gloire.

Jésus est monté au ciel, et la foi reconnaît que l’œuvre qu’Il y fait, Il la fait pour nous ; nos douleurs et nos besoins sont toujours présents à Sa pensée. Les souffrances de Jacob étaient celles d’un homme coupable et repentant ; celles d’Étienne, d’un martyr ; mais le ciel s’ouvrit pour Jacob comme pour Étienne.

La foi s’incline aussi devant un autre mystère. Elle sait que si le Seigneur, dans les voies de Sa grâce envers nous, a pris place dans les cieux, Il y est comme Celui que les hommes ont méprisé, et que le monde a rejeté.

Le Seigneur Jésus mourut sous la main de Dieu. Son âme fut mise en oblation pour le péché, « l’Éternel l’a voulu frapper », et la résurrection de Celui qui mourut ainsi témoigna que Son sacrifice avait été accepté. Il monta au ciel pour y continuer cette même œuvre de grâce que Dieu avait en vue dans cette mort et dans cette résurrection.

Mais le Seigneur Jésus mourut aussi sous la main des hommes ; c’est-à-dire, que la main des méchants eut part à cette mort, aussi bien et aussi réellement que la grâce infinie de Dieu. Il fut rejeté « par les vignerons », haï par le monde, repoussé, crucifié. C’est là un autre aspect de la mort de Jésus, car Sa résurrection et Son ascension étaient aussi des incidents dans l’histoire de Celui que le monde avait rejeté. En effet, Sa résurrection est le gage du jugement de ce monde (Act. 17, 31) ; et Son ascension Le place dans l’attente de ce jour où Ses ennemis deviendront Son marchepied (Héb. 10, 13).

L’évangile proclame le premier de ces mystères, c’est-à-dire la mort que le Seigneur Jésus a subie pour nous sous la main de Dieu, et montre Sa résurrection et Son ascension comme étant en parfaite harmonie avec une telle mort. Réjouissons-nous dans cet évangile du salut[1] ; mais ne négligeons pas le second mystère, la mort du Seigneur par la main des hommes : car s’il est oublié sur la terre, il ne l’est pas dans les cieux.

Ce mystère n’est pas, il est vrai, le mobile de l’action immédiate qui se passe maintenant dans le ciel, car cela repose sur la mort de la victime et sur les intercessions du sacrificateur en vertu de cette mort. Mais bientôt ce sera la mort du divin martyr, la mort du Fils de Dieu par la main des hommes, qui donnera son caractère spécial à l’action dans le ciel.

Ces distinctions sont très clairement formulées dans l’Écriture. Le ciel tel qu’il est dépeint en Apocalypse 4, n’est pas celui qui nous est décrit dans l’épître aux Hébreux. Il y a la même différence que celle qui existe entre la mort du Seigneur Jésus considérée comme l’acte criminel que l’homme a commis, ou regardée comme venant de la main de Dieu, comme un sacrifice accompli pour nous. Nous avons les mêmes objets, mais nous les considérons sous un aspect tout différent. Ainsi, l’épître aux Hébreux et l’Apocalypse mentionnent également un temple et un trône, mais le contraste entre eux est constamment maintenu. Dans l’épître aux Hébreux le trône est un trône de grâce, et nous y obtenons tout ce dont nous avons besoin en traversant ce désert. Dans l’Apocalypse le trône est un trône de jugement, et il est environné des agents et des instruments de la vengeance. Dans les Hébreux, le sanctuaire ou le temple est occupé par le souverain Sacrificateur, le médiateur de la nouvelle alliance qui y sert en vertu de Son précieux sang répandu. Dans l’Apocalypse, le temple résonne de terribles préparatifs pour le jugement, tels que des voix, des éclairs, des tremblements de terre. Il ressemble au temple que vit le prophète, temple rempli de fumée et dont les colonnes étaient ébranlées à cause de la présence de Dieu qui s’y manifestait dans Sa gloire (És. 6). N’est-ce pas là le ciel sous un nouvel aspect ? Et le contraste qu’il nous présente mérite toute notre attention. Ce n’est pas là le ciel tel que la foi le comprend maintenant, un sanctuaire de paix rempli des provisions et des témoignages de la grâce ; mais un ciel qui nous enseigne une vérité ; le jugement est pour Dieu une œuvre étrange, inusitée ; toutefois, Il l’accomplira en temps convenable. Car le ciel dans ses diverses phases, est le lieu de la grâce, du jugement et de la gloire. C’est maintenant le ciel de la grâce, il deviendra au temps décrit en Apocalypse 4, le ciel du jugement et continuera ainsi pendant toute l’action du livre, jusqu’aux chapitres 21 et 22, qui nous mettent en présence du ciel de la gloire.

Il faut que l’âme s’habitue à cette pensée solennelle, que le jugement précède la gloire ; il s’agit bien entendu de l’histoire du monde, car le croyant a passé de la mort à la vie… Pour lui il n’y a point de condamnation. Il ne ressuscite pas pour le jugement, mais pour la vie éternelle. Cependant il est utile qu’il sache que la verge de fer sera manifestée dans le royaume avant le sceptre.

Quand le Fils prend tout d’abord pour Son héritage les nations, Il les brise avec « un sceptre de fer » et « les met en pièces comme un vase de potier ». L’Ancien des jours est assis sur un trône environné de « flammes de feu », avant que le Fils de l’homme ne vienne dans les nuées des cieux, pour recevoir « la seigneurie, l’honneur et le règne ».

Le chapitre 4 de l’Apocalypse nous montre la pensée du ciel occupée d’un objet tout nouveau et dirigée vers Christ comme le « rejeté des hommes », et non pas vers Christ accepté de Dieu pour le rachat des pécheurs. C’est pourquoi il s’y fait des préparatifs pour venger les torts que le monde a eus envers le Seigneur Jésus, et pour établir Ses droits sur la terre. En d’autres termes, c’est le ciel qui commence ce plan d’action qui doit livrer à Jésus Son royaume, après le jugement de Ses ennemis.

Ce sont là des phases diverses du même mystère, et c’est toujours le même Jésus que nous sommes appelés à contempler. Il était sur notre terre comme Celui qui manifestait parfaitement la grâce de Dieu envers les pécheurs et qui endura aussi, dans toute sa violence, l’inimitié du monde. C’est sous ce double aspect qu’Il nous apparaît maintenant dans les cieux. Mais il semblerait qu’avant d’entrer dans le ciel de l’Apocalypse, le Seigneur Jésus hésite. Il diffère l’heure du jugement et s’attarde dans le lieu de la grâce. Comme jadis Il s’avance à pas ralentis vers Jérusalem, et avant de prendre place sur le mont des Oliviers pour annoncer le jugement et la désolation de Sion, Il s’écrie : « Combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes ! » ; comme il est écrit en 2 Pierre 3 : « Le Seigneur est patient envers nous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance »[2].

Tel qu’était Jésus sur la terre, Il est maintenant dans le ciel, malgré les changements de condition et de circonstances. « La grâce qui se manifestait en Lui sur la terre, est la même qui demeure en Lui dans le ciel », et la foi Le reconnaît là-haut comme Celui qui a vécu sur la terre, le ministre et le témoin de la grâce de Dieu envers les pécheurs, et qui a enduré toutes les conséquences de l’inimitié de l’homme contre Dieu. Et cependant c’est à regret que le Seigneur Jésus devient un Dieu de jugement.

Quand le Seigneur Jésus Christ vivait ici-bas, Il attendait Son royaume. Il se présenta à la fille de Sion comme son Roi, le Fils de David. Il se manifesta comme Celui que les prophètes avaient annoncé en entrant à Jérusalem monté sur un âne. Déjà Son étoile, l’étoile du royal Bethléhémite, avait apparu dans l’orient, appelant les Gentils vers le Fils de David dans la cité de David. Mais ce qu’Il cherchait alors, Il ne le trouva pas : « les siens ne l’ont pas reçu ». Toutefois, Il emporta avec Lui dans le ciel cette même pensée, ce même désir de posséder Son royaume. « Un homme noble s’en alla dans un pays éloigné, pour recevoir un royaume et revenir ». Jésus était bien réellement roi d’Israël ici-bas, mais le royaume qu’Il désira de posséder, et qui Lui fut refusé par Ses concitoyens, Il l’a obtenu dans les cieux. Et en temps convenable, Il reviendra dans la plénitude de la joie pour l’administrer dans les lieux mêmes où Il l’avait vainement cherché tout d’abord. « Je regardais dans les visions de la nuit, et je vis comme le Fils de l’homme qui venait dans les nuées des cieux, et il vint jusqu’à l’Ancien des jours, et on le fit approcher de lui. Et il lui donna la seigneurie, et l’honneur, et le règne, et tous les peuples, et les nations de toutes langues le servirent ; sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son règne ne sera point détruit ».

Il y a plus encore. Lorsque Jésus était sur la terre, Il désirait être connu tout entier de Ses disciples. Il voulait que leur regard perçât le voile qui cachait Sa gloire. Il se plaisait aussi à communiquer les trésors de Sa grâce à la foi qui ne posait aucune limite aux demandes qu’elle Lui adressait, qui avait recours à Lui en toute occasion, et qui savait même triompher par sa ténacité d’une apparente froideur. Le pécheur qui s’attachait à Jésus malgré les mépris du monde, qui s’adressait avec une parfaite confiance à Lui seul, sans avoir recours à des intermédiaires, était toujours le bienvenu. Celui qui recherchait Sa présence, la communion intime avec Lui, assis à Ses pieds ou penché sur Son sein, pouvait obtenir de Lui tout ce qu’il demandait.

Il cherchait aussi la sympathie dans Ses douleurs et dans Ses joies, et quand Il ne la rencontrait pas chez les siens, Son cœur en souffrait. Il ne voulait pas être seul. Il désirait une union complète et durable avec Ses élus, car Il voulait partager avec eux l’amour du Père et la gloire de l’héritage, comme ils étaient appelés à partager avec Lui ici-bas Ses afflictions et Son opprobre.

Et tous Ses désirs doivent être un jour exaucés. L’Église est destinée à combler les vœux du Seigneur Jésus en toutes ces choses, dès à présent par le Saint Esprit, et plus tard dans le royaume qui doit être établi. Elle est appelée maintenant à entrer dans les pensées du Seigneur Jésus, à prendre part à Ses affections, à Ses joies, et ensuite à resplendir dans Sa gloire et à prendre place sur Son trône.

Quel mystère ! L’Église dès aujourd’hui remplie du Saint Esprit, est destinée à partager la gloire de Christ, en réponse à l’ardent désir qu’Il ressentit pendant les jours de Sa chair. Il vint réclamer un royaume qui Lui appartenait de droit, et Il voulut aussi posséder la sympathie des siens ici-bas ; mais Son peuple n’était pas disposé à reconnaître Sa royauté, et Ses saints n’étaient pas capables d’entrer en communion de pensées avec Lui. Toutefois, Il reçoit maintenant dans le ciel les prémices de ce royaume qu’Il viendra administrer ici-bas ; et grâces à la présence de l’Esprit dans les cœurs des élus, Il commence à trouver cette communion dont Il jouira dans toute sa plénitude, au jour de leur perfectionnement. Le royaume sera Sa gloire et Sa joie, la « joie du Seigneur », car il sera dit à ceux qui le partageront avec Lui : « Entre dans la joie de ton Seigneur ». Mais Sa communion étroite et intime avec l’Église sera pour le cœur de Jésus plus précieuse que la possession du royaume. Dès le principe elle était l’objet de Ses désirs, et elle sera bientôt une source de joie ineffable et éternelle.

Avons-nous, bien-aimés, assez de spiritualité pour nous réjouir de la certitude que le cœur de Jésus sera ainsi pleinement satisfait ?

Le royaume appartiendra à Christ à plus d’un titre. Il l’obtiendra par l’alliance, dans les conseils de Dieu dès la fondation du monde. Il l’obtiendra par Son droit personnel, car le Fils de l’homme ne perdit jamais « l’image » de Dieu, et la conservant dans toute son intégrité, la domination Lui appartint de droit d’après le décret de Dieu Lui-même lors de la création de l’homme : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux des cieux, sur les animaux domestiques, et sur toute la terre, et sur tout reptile qui rampe sur la terre ».

Jésus prendra aussi le royaume à cause de Son obéissance : « Étant trouvé en figure comme un homme, il s’est abaissé Lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, la mort même de la croix. C’est pourquoi aussi, Dieu l’a souverainement élevé, et Lui a donné un nom au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus se ploie tout genou ». Il prendra cette place d’honneur en raison de Sa mort, car nous lisons : « Et se réconcilier toutes choses par Lui, tant celles qui sont dans les cieux que celles qui sont sur la terre, ayant fait la paix, par le sang de sa croix ». Et sur la croix qui fut l’instrument de Sa mort étaient écrits, dans les principales langues de la terre, ces mots dont chaque lettre a été indélébilement conservée par la main de Dieu : « Celui-ci est Jésus le roi des Juifs ».

Ainsi, la domination sur toutes choses appartient de droit au Fils de l’homme en vertu de Son titre personnel, de Son obéissance, de Sa mort, et je puis ajouter aussi par conquête, car les jugements qui doivent Lui ouvrir le chemin du trône, et retrancher du royaume tout ce qui en fait le scandale, seront exécutés par Sa main elle-même : « Portes, élevez vos têtes ; portes éternelles haussez-vous, et le Roi de gloire entrera ; qui est ce Roi de gloire ? C’est l’Éternel fort et puissant dans les combats ».

Quelles puissantes fondations sont ainsi posées pour la domination du Fils de l’homme ! Comme nous voyons clairement chacun de Ses titres contribuer à la gloire de Son nom en Apocalypse 5 ! Nul être créé, qu’il fût dans les cieux ou sur la terre, ne put ouvrir le livre, sinon l’Agneau immolé, qui était aussi le lion de la tribu de Juda. Et Celui qui était assis sur le trône le Lui confie sans aucune hésitation. Alors l’Église glorifiée, les anges, et chaque créature dans toutes les parties du royaume, triomphent dans les droits de l’Agneau. Tous les desseins de Dieu dans le gouvernement universel sont rétablis en Christ le Fils de Dieu, Seigneur du ciel aussi bien que Fils de l’homme. Nous pouvons dire que si les promesses de Dieu sont en Lui « oui et amen », toutes les destinées de l’homme sous le gouvernement de Dieu sont aussi « en Lui oui et amen ».

En Christ toutes les gloires sont réunies. La restitution de toutes choses se fera par Lui. Il portera « plusieurs diadèmes » et sera revêtu de plusieurs titres, dont chacun exprimera une gloire spéciale. Par exemple, l’appellation de Seigneur qui Lui est donnée au psaume 8 n’a pas la même signification que celle de roi au psaume 22. Les couronnes sont différentes, mais l’une et l’autre Lui appartiennent. Il est aussi le « Père d’éternité » (És. 9) — roi et cependant père, le Salomon et l’Abraham de Dieu. En Lui tous seront bénis, et devant Lui tout genou fléchira. L’épée, la verge de fer sont entre Ses mains aussi bien que la verge de la justice. Il jugera comme le fit David, et le règne Lui appartiendra comme à Salomon. Comme Fils de David Il prend la puissance afin de l’exercer dans une sphère de gloire limitée ; comme Fils de l’homme Il agit dans une sphère plus vaste. Il vient dans Sa propre gloire, dans la gloire du Père, et dans la gloire des saints anges. Il prend aussi la puissance comme l’homme ressuscité (1 Cor. 15, 23–27). Et ce caractère s’exerce dans une sphère spéciale. Il foule aux pieds la mort, ce dernier adversaire, et c’est de toute justice que ce soit le ressuscité qui abolisse la mort.

Le royaume sera rempli des gloires de Christ, gloires variées mais s’harmonisant ensemble.

La croix a déjà présenté un exemple de cette œuvre parfaite : la miséricorde et la paix s’y réunissant, Dieu s’y montrant juste et cependant Celui qui justifie. Il en sera dans les jours de puissance qui vont venir comme dans les jours de faiblesse qui sont passés. Autrefois, la miséricorde et la vérité, la justice et la paix se sont embrassées, et bientôt l’autorité et l’obéissance, la bénédiction et le gouvernement, un nom de toute majesté et de toute puissance, et qui cependant tombera « comme une pluie même sur l’herbe », seront connus et appréciés simultanément. Il y aura la domination universelle de l’homme sur toute l’étendue de la création de Dieu, les honneurs du royaume dans le gouvernement des nations, ainsi que la présence du « Père d’éternité » pour répandre la bénédiction.

Tout tend à réaliser cette glorieuse suprématie du Fils de Dieu, bien que pour y arriver plusieurs devront traverser des océans de tribulation, et le jugement de ce « siècle mauvais ». Dieu conduit à ce dénouement, et l’homme ne peut s’y soustraire quoiqu’il essaie de consolider les fondements de la terre, ne voulant pas s’avouer qu’ils sont ébranlés et que Christ seul en soutient les colonnes. Le « faisceau de la vie », comme dit la femme qui a su deviner la gloire de David au temps de son abaissement, est solide et ferme parce que le Seigneur l’a formé. Tout chancelle, et les temps approchent où ceux qui ne veulent pas admettre ce fait dans un esprit de vigilance et de prière seront contraints à le reconnaître quand il sera devenu un fait historique et positif. Le « soleil sera changé en ténèbres et la lune en sang », « les puissances des cieux seront ébranlées », « la lune tremblera » au jour de la colère de l’Éternel ; alors le Seigneur Jésus « foulera la cuve du vin de l’indignation et de la colère du Dieu tout-puissant ». Les choses élevées de la terre, les principautés qui gouvernent les ténèbres de ce monde, la bête et le faux prophète, les rois, les riches, les capitaines aussi bien que le « grand dragon, le serpent ancien, appelé le diable et Satan », seront parmi les adversaires qui en sentiront la redoutable puissance.

L’épée de l’Éternel est seule dans une telle gloire. L’épée de Josué ou celle de David pouvaient-elles opérer de semblables effets ? Les principautés des ténèbres ont-elles reconnu leur puissance ? La mort et l’enfer s’y sont-ils soumis ? « Enlèveras-tu le léviathan avec l’hameçon ? ». Mais « Celui qui l’a fait peut lui appliquer son épée ».

Dans quelles mains faut-il donc que cette épée soit placée pour subjuguer de si formidables armées ? Son terrible emploi dans ce jour de vengeance, comme toute l’œuvre du Seigneur, qu’elle soit faite dans la faiblesse ou dans la force, nous montre assez quel est ce vainqueur. Quel que soit Son mode d’action, ou même le degré de Son abaissement, il rayonne en Lui et autour de Lui une divine lumière qui nous éclaire et nous convainc. Les victoires qu’a remportées le Seigneur des armées ont toujours eu le même caractère de grandeur. Elles révélaient la gloire de Sa personne comme il est écrit : « L’Éternel est un vaillant guerrier ; son nom est l’Éternel ». C’est-à-dire que Sa méthode de faire la guerre manifeste Son nom, Sa personne, Sa souveraineté. Les faux dieux d’Égypte, des Philistins, et de Babylone sentirent Sa main s’appesantir sur eux. Dagon tomba « le visage contre terre devant l’arche de l’Éternel » ; « Bel s’est incliné sur ses genoux, Nebo est renversé ».

Et la même supériorité se trouve dans le sceptre du Seigneur. Celui de Salomon n’en était qu’une figure, et la domination d’Adam aussi bien que le gouvernement de Noé s’éclipsent s’ils lui sont comparés. L’univers tout entier sera assujetti à Sa puissance. « Chantez à l’Éternel un nouveau cantique, vous, toute la terre, chantez à l’Éternel. Chantez à l’Éternel, bénissez son nom, annoncez de jour en jour sa délivrance. Racontez sa gloire parmi les nations, et ses merveilles parmi tous les peuples ». À l’ombre de ce sceptre, et dans l’éclat de ce trône glorieux, les nations soumises et justes demeureront en paix. Il y aura alliance entre les hommes et les bêtes des champs. « Le désert se réjouira », « le boiteux sautera comme un cerf, et la langue du muet chantera ». Le soleil ne se couchera plus, et la lune ne se retirera plus, car l’Éternel sera pour lumière perpétuelle. On ne nuira point et on ne fera aucun dommage dans la montagne de Sa sainteté, car la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel.

Israël revivra ; les ossements desséchés seront vivifiés ; la cité sera appelée : « Le Seigneur est là ». Il sera dit : « Cette terre-ci qui était désolée est devenue comme le jardin d’Éden ». Et elle recevra une salutation qui rendra hommage à ses saintes dignités : « L’Éternel te bénisse, ô demeure de la justice, montagne de sainteté ! ».

Les Gentils rentreront en eux-mêmes ; la raison leur reviendra. Le monde insensé que le Seigneur avait créé ne le connut point. Les rois de la terre se liguèrent contre l’Oint de l’Éternel. Ils « regimbèrent contre les aiguillons », trahissant ainsi l’excès de leur folie. Mais ils recouvreront la raison, et ce qui arriva à Nebucadnetsar paraîtra alors à la fois comme un mystère et comme une histoire. Après avoir subi judiciairement pendant un temps la sentence de folie, celui qui était symbolisé par la « tête d’or », et qui était le chef de la puissance païenne, retrouva sa raison, pour confesser la souveraineté divine. De même bientôt aussi la terre, au lieu de renier son Créateur, Le confessera et L’adorera, car « les rois fermeront la bouche sur toi ». « Le cœur de bête » leur sera enlevé, et un « cœur d’homme » leur sera donné. Ils ne mériteront plus le reproche d’être au-dessous du « bœuf qui connaît son possesseur », ou de la « cigogne, la tourterelle, et l’hirondelle qui on pris garde au temps qu’elles doivent venir », mais ils voleront « comme des pigeons à leur colombier ». « Voici, ceux-ci viendront de loin ; et voici, ceux-là viendront de l’aquilon, et ceux-là de la mer, et les autres du pays des Siniens ».

La création tout entière aussi bien qu’Israël et les Gentils se réjouira sous ce sceptre divin : « Le loup et l’agneau paîtront ensemble », « le léopard gîtera avec le chevreau ». Le sol lui-même connaîtra de nouveau les bienfaits de « la pluie de la première et de la dernière saison » et le travail du divin laboureur. « Tu visites la terre, tu l’enrichis amplement : le ruisseau de Dieu est plein d’eau, tu prépares leurs blés, après que tu l’as ainsi disposée ».

Quel sceptre que celui-là ! Tout ce qu’Adam a perdu lors de la chute, ce qu’Abraham a perdu dans sa race rejetée et dispersée, ce qu’Israël a perdu dans la terre de la promesse, ce que la maison de David a perdu dans le trône, ce que la création a perdu à cause de celui qui l’a assujettie « à la servitude de la corruption », tout cela sera réuni de nouveau, et manifesté dans les jours du Fils de l’homme.

Le Fils seul pouvait gouverner un pareil royaume. Nous l’avons déjà vu dans le cours de ces méditations ; l’efficacité du sacrifice qu’Il a accompli se pose sur la personne de la victime ; le sanctuaire où nous avons un libre accès n’est rendu agréable aussi que par la personne du sacrificateur et du médiateur qui le remplit et y exerce Ses fonctions, et le royaume qui doit être établi ne pourra être administré, ni sa majesté manifestée que par la même glorieuse personne. Le Fils de l’homme agit dans la condition la plus humble et la plus élevée, dans la pauvreté et dans l’abondance, dans l’opprobre et dans la dignité, comme le Nazaréen et le Bethléhémite sur la terre et dans le ciel ; et Il agira aussi pendant le millénium, ce temps de gloires terrestres et célestes. Mais quelles que soient les phases qu’Il a traversées, chaque degré ou modification dans le grand mystère qui Le concerne déclare ce qu’Il est. Le Christ de Dieu seul pouvait être ce qu’Il a été à la croix, ce qu’Il est maintenant assis à la droite du Père ; et pourvu que la foi ait toujours sous les yeux cet objet béni, il lui importe peu de Le suivre ici ou là.

Mais dans ce royaume à venir, il est encore d’autres gloires qu’il nous faut considérer.

« Le second homme est le Seigneur venu du ciel », et Son apparition doit être accompagnée d’une gloire que le trône de Salomon n’a jamais connue. « La lune rougira et le soleil sera honteux quand l’Éternel des armées régnera en la montagne de Sion et à Jérusalem ; et ce ne sera que gloire en la présence de ses anciens ». Dans ce royaume il y aura des choses célestes, et le renouvellement des choses terrestres. Adam possédait le jardin d’Éden avec toute son éclatante beauté ; mais bien plus encore, l’Éternel Dieu se promenait avec lui. Noé, Abraham, et tant d’autres dans les temps des patriarches avaient des troupeaux et du bétail, et Dieu avait donné à Noé la suprématie sur la terre. Mais ils avaient des privilèges autrement précieux que leurs possessions matérielles. Non seulement des anges leur apparaissaient, mais ils jouissaient d’entretiens avec le Seigneur des anges Lui-même qui descendait pour les visiter. La terre de Canaan était riche et belle, un pays découlant de lait, de miel ; mais plus que ces bénédictions purement terrestres, la gloire y resplendissait, et le témoignage de la présence divine brillait entre les chérubins.

Il en sera de même lors de la manifestation du Fils de Dieu en puissance. Le ciel éclairera cette grande scène d’une gloire toute nouvelle, aussi certainement que l’Éternel Dieu marcha dans le jardin d’Éden, ou que les anges apparurent aux patriarches, ou que la présence divine se manifesta dans le sanctuaire à Jérusalem.

Et non seulement ces visites célestes à la terre et ces manifestations visibles de la gloire auront lieu, mais toutes ces choses revêtiront un caractère nouveau et merveilleux. La terre recevra le témoignage de ce mystère ineffable ; à savoir, que du milieu même de sa poussière et de son asservissement elle a donné une famille aux cieux, une famille qui toute resplendissante de gloire reviendra la visiter ici-bas, bienvenue plus que les anges, et destinée à exercer sur elle une autorité bénie. « Car ce n’est point aux anges qu’Il a assujetti le monde à venir dont nous parlons. Mais quelqu’un a rendu ce témoignage, disant : Qu’est-ce que l’homme que tu te souviennes de lui ? ».

Dans la scène qui a eu lieu sur la montagne de la transfiguration (Matt. 17), et, au moment de l’entrée triomphale du Roi dans la ville sainte (Matt. 21), cet avènement de la puissance du Fils de Dieu est entrevu en figure dans les lieux célestes et terrestres. La gloire céleste resplendit sur la montagne. Jésus est transfiguré ; Son visage « luit comme le soleil », Ses vêtements sont blancs comme la lumière, et Moïse et Élie apparaissent avec Lui dans la gloire. De même à l’occasion de Son entrée royale dans la cité sainte, l’humble Jésus de Nazareth se montre à la fois le Seigneur de la terre et de sa plénitude, et le fils de David triomphant. On Le voit pendant un court moment sur la route qui conduit de Jéricho à Jérusalem, revêtu de Ses gloires et de Ses dignités terrestres, comme dans une autre occasion Il était apparu sur la haute montagne dans Sa gloire personnelle et céleste.

Chacun de ces incidents solennels était une transfiguration, bien qu’autre soit la gloire céleste et autre la gloire terrestre. Mais dans ces deux circonstances si différentes, Jésus fut glorifié, et soustrait pendant quelques instants à Sa position de Fils de Dieu abaissé, brisé, rejeté.

Et bientôt le chef de la famille ressuscité, soleil de la gloire céleste, sera manifesté comme Seigneur de la terre et de sa plénitude, et comme roi d’Israël et des nations.

Oui, Celui qui de toute éternité était dans le sein du Père, Celui qui, comme Dieu manifesté en chair, traversa les âpres sentiers de ce monde aboutissant à la mort sur la croix, se lèvera comme le soleil de justice sur cette terre, revêtu de tous Ses droits, de toute Son autorité, dans Son ineffable majesté et dans Sa gloire.

Mais avant que cette ère de bénédiction et de joie puisse être inaugurée, il faut qu’un autre événement s’accomplisse. Il faut que l’Église soit rattachée aux cieux comme son Seigneur. Le sentier de l’Église à travers le monde est celui que pourrait parcourir un étranger, auquel personne ne ferait attention. Et de même que la marche de l’Église sur la terre n’excite aucun intérêt, de même aussi son départ de la terre restera inaperçu. Et de même que le monde ne connaît pas la voie de l’Église, et ne verra point sa transmutation, de même elle ignore le moment fixé pour son enlèvement. Nous savons néanmoins que ce lien entre nous et les cieux sera formé avant que le royaume ou « monde à venir » soit manifesté. Car les saints prendront part aux actes d’autorité du Roi, lorsqu’il s’armera de l’épée du jugement, avant d’inaugurer le règne de la justice. « Celui qui aura vaincu, et qui aura gardé mes œuvres jusqu’à la fin, Je lui donnerai puissance sur les nations, et il les gouvernera avec une verge de fer ».

« Je lui donnerai l’étoile du matin ».

Le soleil est le luminaire qui a le rapport le plus direct avec la terre, et qui exerce le plus d’influence sur les intérêts et le bien-être des enfants des hommes. « Le soleil pour dominer sur le jour ; la lune et les étoiles pour avoir domination sur la nuit ». Mais dans ce système l’étoile du matin n’a pas sa place. « Il a fait la lune pour les saisons, et le soleil connaît son coucher. Il amène les ténèbres et la nuit vient, durant laquelle toutes les bêtes de la forêt rodent. Les lionceaux rugissent après la proie, et demandent au Dieu fort leur pâture. Le soleil se lève-t-il, ils se retirent, et demeurent gisants en leurs tanières, alors l’homme sort à son ouvrage et à son travail jusqu’au soir ». Dans tous ces arrangements, l’étoile du matin n’est pas nommée. Elle est belle, mais elle luit solitairement à son heure, et les enfants des hommes qui goûtent les bienfaits d’un sommeil réparateur ne la contemplent pas.

Le soleil est le compagnon, l’ami de l’homme, mais l’étoile matinière ne l’appelle pas à son labeur quotidien. Elle apparaît à l’instant qui lui est propre, et qui n’est ni le jour ni la nuit. L’enfant qui se réveille avant l’aube du jour, l’homme qui se lève avant le soleil, le veilleur de nuit la voient, et nul autre.

Le soleil, dans le langage des Écritures, luit pour le royaume : « Le juste dominateur des hommes, le dominateur en la crainte de Dieu, est comme la lumière du matin quand le soleil se lève » (2 Sam. 23, 3, 4 ; voyez aussi Matt. 13, 43 ; 17, 4, 5).

Ne devons-nous donc pas nous attendre à une lumière qui paraisse avant l’établissement du royaume ? N’y a-t-il pas des signes dans les cieux qui annoncent les temps et les saisons ? N’y a-t-il pas des voix dans ces sphères ? Dans l’apparition de l’étoile du matin à son heure solitaire n’est-il pas un mystère, aussi bien que dans le lever du soleil sur l’horizon ? N’est-ce pas là un « signe dans les cieux » de la venue de Celui dont la manifestation n’est pas d’abord pour le monde, mais pour un peuple qui attend un Seigneur céleste ? Israël, le peuple terrestre, salue « le soleil levant » (Luc 1, 78) ; mais l’Église attend « l’étoile du matin. Je suis la racine et la postérité de David, l’étoile brillante du matin. Et l’Esprit et l’Épouse disent : Viens » (Apoc. 22, 16, 17). Tout doit être à nous ; l’étoile matinière pour notre transfiguration à l’image de Jésus, et le soleil levant pour le jour de notre puissance avec Jésus.

Et lorsque l’étoile du matin aura brillé pour un peu de temps, le soleil se lèvera à son heure : « Alors les justes reluiront comme le soleil dans le royaume de leur Père ». « Et ce sera un matin sans nuages ; comme l’herbe qui sort de la terre après la lumière du soleil, quand il paraît après la pluie ». « Que les cieux se réjouissent, et que la terre s’égaie ; que la mer et ce qu’elle contient retentisse. Que les champs soient dans les transports, et tout ce qui est en eux ; que tous les arbres de la forêt chantent de joie au-devant de l’Éternel, parce qu’Il vient pour juger la terre ».

La foi a un monde qui lui est propre, et ce monde sera à nous selon le degré de ferveur et de simplicité auquel notre foi atteindra. David et Abigaïl marchèrent dans ce monde de la foi lorsqu’ils se rencontrèrent au désert de Paran ; selon les apparences, David n’était alors que le jouet des méchants, errant de caverne en caverne ; il consentait à se faire le débiteur d’un homme riche pour obtenir du pain, mais la foi sut découvrir autre chose en David. Le fugitif persécuté, poursuivi, dénué de tout, était à ses propres yeux et aux yeux d’Abigaïl, le seigneur du royaume à venir, et l’oint du Dieu d’Israël. Abigaïl se prosterna devant lui comme devant son roi, et ce fut avec la grâce d’un roi qu’il accepta son offrande. Les provisions qu’elle apportait, le pain et le vin, les grappes de raisin et les figues n’étaient pas une aumône accordée à David fugitif et pauvre, mais le tribut d’un sujet offert à David souverain. Elle se croyait trop honorée qu’Il daignât lui permettre de venir en aide à ses serviteurs. Ce monde nouveau où entra Abigaïl par la foi, avait pour son cœur une importance bien autrement grande que toutes les possessions de Nabal ; et le désert avait pour elle plus d’attrait que les champs fertiles et les nombreux troupeaux du mont Carmel.

Pour nous c’est une situation bénie que de pouvoir entrer et demeurer dans le monde qui est à nous. Noé le possédait quand il construisit l’arche immense qui semblait faite pour la terre et non pour l’eau. Ce fut en vue de ce monde-là qu’Abraham abandonna sa parenté, son pays, et la maison de son père. Paul n’avait-il pas ce même monde présent à la pensée quand il put dire : « Notre bourgeoisie est dans les cieux, d’où aussi nous attendons le Sauveur, le Seigneur Jésus Christ qui transformera notre corps vil afin qu’il soit conforme à son corps glorieux » ? Et ne possédons-nous pas déjà ce monde quand, par la foi, nos âmes ont l’accès de cette grâce où nous demeurons ? Cette grâce est la demeure paisible et heureuse de la conscience lavée, purifiée, ainsi que l’habitation illuminée par l’espérance qui attend la gloire de Dieu. Nous ne connaissons que très imparfaitement ces choses, mais elles nous appartiennent néanmoins.

En terminant cette méditation dans laquelle nous avons contemplé selon nos faibles moyens le monde à venir, ajoutons que, si le Seigneur Jésus est glorieux comme Il le sera dans ce monde à venir, Il n’en est pas moins rejeté dans ce présent siècle mauvais.

De nos jours où les progrès moraux, sociaux et intellectuels cachent un Christ qui n’est pas de ce monde, cette vérité n’est que trop facilement oubliée. Mais la foi sait contempler un Christ rejeté et un monde jugé. La foi reconnaît que la maison, bien qu’elle ait été « vidée, balayée, ornée », n’a cependant pas changé de propriétaire, et qu’elle n’est que mieux adaptée aux projets de son maître.

C’est une grande erreur, bien-aimés, que de songer à cultiver et à orner ce triste monde pour le Fils de Dieu. Ceux qui essayent d’unir le nom du Seigneur Jésus au monde tel qu’il est maintenant, ou aux royaumes qui en font partie, exposent leur ignorance de la gloire du Seigneur dans sa lumineuse pureté. Le Fils de Dieu est toujours un étranger sur la terre. Il ne la recherche pas, mais Il veut en retirer un peuple qui, au milieu des pièges et des tentations, l’habite en étranger comme Lui, et qui doit y demeurer encore un peu de temps.

« Vous êtes ceux qui ont persévéré avec moi dans mes tentations. Et moi, je vous confère un royaume, comme mon Père m’en a conféré un ».

VI

« Alors le Fils aussi lui-même sera assujetti à Celui qui lui a assujetti toutes choses »

Il est bon de nous rappeler sans cesse que c’est le même Jésus ayant vécu sur la terre, qui est maintenant dans le ciel et que nous connaîtrons pendant l’éternité. À l’époque de Son séjour parmi les hommes, dans Sa vie tout était réel et personnel. Lorsqu’Il guérissait une maladie physique ou une douleur morale, Il s’y associait par la sympathie : « Il a pris nos langueurs, et a porté nos maladies ». Non seulement Ses joies, Ses souffrances et Ses mécomptes étaient réels, mais Il entrait dans les détails de chaque incident. Il comprenait le langage muet de cette femme affligée qui Le touchait dans la foule, et Il sentait cette silencieuse pression. Ce fut avec une grande joie qu’Il vit la foi du centenier gentil percer le voile épais de Son abaissement pour découvrir la gloire divine qu’Il cachait aux regards de la chair. De même à Naïn, la foi énergique de la pauvre pécheresse, qui malgré sa souillure et sa honte, s’empara de la grâce qui seule pouvait la guérir, réjouit le cœur de Jésus. Il comprit l’empressement de Zachée à monter sur l’arbre, et les méditations de Nathanaël assis sous le figuier. Il entendit les discussions des disciples sur la route de Jérusalem, et avant même que la querelle n’éclatât, Il s’était aperçu des convoitises et des ambitions charnelles qui en furent la cause cachée. C’est ainsi qu’Il apprécia l’amour de Pierre qui, aussi bien que sa présomption, l’attira de la barque sur l’eau à la rencontre de son Maître.

Quand nous lisons le merveilleux récit de la vie de Jésus, c’est donc à nous de l’y chercher Lui-même partout et toujours. Alors chacun de Ses actes, Ses moindres paroles produiraient sur nous une impression toute nouvelle, et nous ferions de sensibles progrès en présence d’un Jésus vivant et personnel. Il y a de nos jours une certaine tendance à perdre de vue Sa personne pour s’occuper plus exclusivement de Son œuvre. Les régions de la doctrine peuvent être minutieusement analysées, au lieu d’être contemplées avec adoration, comme la manifestation de la gloire du Fils de Dieu. Cependant, c’est ce culte de louanges et d’actions de grâces que le Seigneur Jésus nous demande avant toute chose. De même que nous sommes chacun personnellement les objets de Sa préoccupation, Il veut être aussi l’objet constant de nos pensées.

N’est-ce pas là en effet le point culminant ? L’élection, le pardon, l’adoption, la gloire et le royaume, ne trouvent-ils pas leur couronnement dans le fait que nous sommes les objets des désirs et de la dilection de Christ ? Et c’est là le point le plus élevé auquel nous puissions atteindre. L’adoption, la gloire, une place dans le royaume à venir laisseraient encore un côté incomplet dans ce mystère d’amour, car il comprend toutes les œuvres et tous les desseins dans l’histoire de la grâce, et par cette raison même il les dépasse tous.

L’Esprit se complaît à parler de l’œuvre de Christ, et à convaincre les consciences et les cœurs de sa plénitude et de son efficacité. On ne saurait rien substituer à cette œuvre, telle qu’elle a été accomplie selon les conseils de Dieu. Cependant si l’œuvre de Christ absorbait toute l’attention au détriment de Sa personne, l’âme éprouverait certainement une perte spirituelle.

Il nous arrive aussi, en considérant les voies les plus mystérieuses de notre Dieu, de nous sentir moralement écrasés sous la grandeur de cette contemplation et d’éprouver une sorte de soulagement en revenant à des vérités plus élémentaires. Mais si nous savions mieux pénétrer le sens de ces mystères, nous comprendrions que nous n’avons pas à nous y soustraire, puisqu’ils ne sont que l’expression plus développée de la même grâce et du même amour que nous avons appris à connaître dès le commencement. C’est un développement plus abondant dans le lit de la même rivière qui devient plus vaste en raison de l’éloignement progressif de son point de départ.

Loin de nuire à nos sentiments d’affection à l’égard de Christ, plus la gloire se développera à nos regards, plus les richesses de la grâce nous seront manifestées. L’aspect d’une rivière à sa source quand la vue embrasse sans effort, sans surprise, toute l’étendue du paysage, a bien son attrait. Mais quand cette rivière devient peu à peu un vaste fleuve avec ses courants rapides, ses bords variés, nous comprenons pourquoi elle a commencé à couler en nous rendant compte des merveilleux effets de fécondité qu’elle a produits sur son passage. Cependant ce sont toujours les mêmes eaux, et nous pouvons parcourir ses rives dans tous les sens avec un intérêt toujours soutenu quoique varié. Il en est de même de la « rivière de Dieu ». Nous pouvons en suivre le cours à travers les siècles et les économies sans qu’il soit nécessaire de nous reposer en remontant à la source. Quand nous arrivons en esprit « aux nouveaux cieux et à la nouvelle terre », nous sommes toujours en présence de la même personne glorieuse, de la même ineffable grâce que nous avons connues dès le début.

« Jésus Christ le même hier, le même aujourd’hui, le même éternellement », voilà l’objet de notre contemplation. C’est ce qu’Il est dans la gloire qui Lui est propre, et dans Ses relations avec nous.

Dans d’autres époques, le Fils de Dieu apparaissait tantôt dans Sa gloire voilée, tantôt en manifestant cette gloire. Pour Abraham devant sa tente, pour Jacob à Peniel, pour Josué sous les murs de Jéricho, pour Gédéon, pour Manoah, la majesté se trouvait voilée, et la foi était appelée à pénétrer le mystère. Mais à Ésaïe, à Ézéchiel, à Daniel, le Fils de Dieu apparaît dans la plénitude de Sa gloire, et il fallut que la grâce rendît supportable le spectacle de cette gloire transcendante.

Mais avec ou sans voile, la personne demeurait la même. Dans les jours qui suivirent les temps dont nous avons parlé, lorsque Jésus participa à la chair et au sang, la gloire était voilée, et la foi était appelée à la découvrir comme au temps d’Abraham ou de Josué ; et après que Christ fut monté au ciel, Il apparut à Jean revêtu d’une gloire tellement transcendante qu’Il dut agir avec lui comme avec Ésaïe et avec Daniel pour que l’apôtre pût en supporter la splendeur.

Il va sans dire que ce ne fut que lors de la « plénitude des temps » que le Fils « naquit d’une femme », participant bien réellement à la chair et au sang avec les enfants de Dieu. Mais les manifestations qui précédèrent l’incarnation du Fils de Dieu étaient les arrhes des figures exactes de ce précieux mystère. Elles manifestaient sous des formes pleines de grâce et de beauté, les voies de Celui qui plus tard séjourna sur la terre dans l’amour humble, sympathique, dévoué, et qui est maintenant l’homme glorifié dans le ciel.

Il est édifiant de considérer ces types, ces figures. Si nous voyons dans la grange d’Ophra une gloire voilée, il en est de même au puits de Sichar. Si nous contemplons la splendeur de la gloire manifestée sur les bords du fleuve Hiddékel, nous la retrouvons dans l’île de Patmos. Le Fils de Dieu s’offrit aux regards d’Abraham comme un voyageur fatigué, et c’est ainsi qu’Il se montre aux disciples d’Emmaüs au déclin du jour. Et après Sa résurrection Il revêtit des formes diverses, afin de pouvoir répondre dans Sa divine grâce aux besoins du moment, comme jadis Il s’était fait voir sous les traits d’un voyageur ou d’un visiteur, apparaissant soit comme « un homme de Dieu » à Manoah et à sa femme dans les champs, soit comme un homme armé à Josué dans le camp de Jéricho.

Combien donc il est précieux de voir toujours le même Jésus dans les incidents racontés dans la Parole et de savoir que c’est un Christ vivant et vivant pour nous. Mais pour Le voir ainsi, il faut que nos yeux soient purifiés et que nous soyons habitués à contempler le ciel où Jésus a Sa demeure. Cette confiance simple qui Le glorifie n’est pas le fruit de la chair. Elle ne peut être produite que par l’opération et le témoignage du Saint Esprit. Quand Ésaïe fut mis en présence de la gloire de Dieu, il ne put en supporter l’éclat. Il se souvint de ses souillures, de ses misères et se sentit perdu. La chair ne put découvrir l’autel qui aussi bien que sa gloire se présentait à la vue du prophète. Il ne discernait pas dans le trouble de sa conscience ce qui pouvait lui donner une tranquillité parfaite, une ferme assurance, en l’unissant, tout pécheur qu’il était, avec la présence de la gloire dans toute sa splendeur. Cet autel que l’homme naturel ne pouvait apercevoir, le messager de l’Éternel le manifeste, et le prophète reste en paix revêtu d’une sainteté qui lui permet d’envisager la splendeur du trône de l’Éternel. La chair en nous craint de regarder en haut, l’Esprit nous y attire dans un sentiment de saint affranchissement. Lorsque Siméon conduit par l’Esprit se trouve en présence de la gloire, il s’avance plein de confiance et de joie. Il prend l’enfant Jésus dans ses bras. Il ne remercie personne du privilège dont il jouit d’embrasser « le salut de Dieu ». Par l’Esprit il a vu l’autel et par conséquent la gloire n’est pas un obstacle pour lui.

Et ces choses sont vraies maintenant comme au temps d’Ésaïe et de Siméon. L’Esprit conduit dans un chemin que la chair ne saurait jamais trouver, car souvent elle entravera les élans d’une foi pleinement assurée.

Nos méditations ont suivi le Seigneur depuis Sa demeure de toute éternité dans le sein du Père jusqu’au temps à venir du royaume millénial. Nous avons contemplé Son abaissement et Son élévation pendant les économies intermédiaires, et observé les liens qui unissent les diverses parties de ce grand mystère. L’Écriture qui est notre unique guide, ne nous donne pas le droit de Le suivre plus loin. Les psaumes et les prophètes ouvrent toute grande la porte du royaume à venir, mais ils n’en dépassent guère le seuil. Ils ne font qu’indiquer l’existence de régions plus lointaines sans nous les faire voir.

Ils dépeignent ce royaume à venir comme étant éternel dans sa durée, car il ne sera jamais remplacé par un autre royaume. Il ne pourrait pas être transféré plus que ne le pourrait la sacrificature du même Christ, le Fils de Dieu.

Il aura la durée de la royauté elle-même, et elle continuera tant que Celui à qui toute puissance appartient aura encore quelque œuvre à opérer par le moyen de cette puissance. Mais après un certain laps de temps, quand tout ce qui concerne le royaume aura reçu son accomplissement, il prendra fin.

Nous avons dans le psaume 8 une indication que ce royaume prendra fin. Ce psaume célèbre le jour de la puissance du Fils de l’homme et Sa domination sur la création. Mais 1 Corinthiens 15, 27, 28 est un commentaire inspiré de ce psaume, et déclare que ce jour de puissance sera suivi d’un nouvel état de choses.

Le royaume à venir sera une économie, et ce mot implique un état imparfait, incomplet. Nous ignorons à quel degré et dans quelles circonstances la puissance sera exercée, mais il est de toute évidence qu’elle existera, et qu’elle sera toute prête à se faire sentir. Les prophètes, il est vrai, contemplent ce royaume dans sa force, dans son étendue, dans sa gloire, dans sa paisible béatitude ; toutefois, la présence du mal et de la douleur est prévue quoiqu’il y ait l’autorité pour réprimer et pour secourir.

Dans la pensée de l’Esprit, l’idée du royaume implique une responsabilité, un ministère dont il faudra rendre compte. On peut dire que tout est ministère dans l’œuvre de Jésus Christ. Il est descendu ici-bas pour faire la volonté de Dieu, et l’a pleinement accomplie. La place qu’Il occupe actuellement dans les cieux est aussi un ministère, car comme souverain Sacrificateur, Jésus « est fidèle à Celui qui l’a établi, comme Moïse aussi était fidèle dans toute sa maison ». Il en sera de même de Son royaume de puissance. Il s’agira, il est vrai, de quelque chose qui ne Lui a pas encore été confié, de quelque chose de nouveau, d’excellent et de glorieux, mais ce sera toujours un ministère. Et comme tel, il viendra un temps où il faudra en rendre compte, et le remettre entre d’autres mains. Le mystère serait plein d’édification pour nos âmes si nous savions le comprendre ; car la gloire infinie de Christ donne à Son assujettissement son incommensurable valeur, et ainsi il glorifie Dieu bien plus que ne l’eût fait l’obéissance de toutes les créatures réunies.

Le Fils Lui-même trouve des délices à être le dispensateur ou le serviteur de Dieu pour faire Sa volonté, que ce soit dans la grâce, dans la gloire, dans l’humiliation ou dans la puissance. Et quand nous contemplons dans un esprit d’adoration la personne de Celui qui passe par ces diverses phases, nous comprenons que tous ces changements de circonstances et de conditions ne sont rien en réalité. Dans un sens qu’est-ce qui pourrait élever Jésus ? Serait-ce la gloire, serait-ce un royaume ? La foi n’a pas de peine à reconnaître en Jésus Celui qui doit venir, le dispensateur de la puissance, de la domination et des honneurs royaux, comme elle L’a reconnu aussi dans la faiblesse et dans l’abaissement lorsqu’Il séjourna sur la terre. Dans un sens, ces contrastes ne sont rien lorsqu’il s’agit « du Fils ». Mais dans un autre sens ils ont une grande portée, car en temps convenable Il a pris part à la douleur, comme en temps convenable Il prendra part à la joie. Pour Lui tout a été, tout est, tout sera une réalité. « L’homme de douleur prendra la coupe des délivrances ». Tout genou fléchira devant le « méprisé des hommes », toute langue confessera son nom. Cependant la personne est toujours la même, le Christ homme et Dieu. C’est pourquoi la foi admet qu’ayant été pendant les jours de Son abaissement le dispensateur de la grâce du Père, Il sera également dans les jours de Sa puissance, le dispensateur du royaume du Père.

Christ reconnaît que le temps fixé pour l’investiture de ce royaume et la répartition des récompenses et des honneurs du royaume, n’est pas entre Ses mains, mais qu’il appartient au Père (Matt. 20, 23 ; Marc 13, 32). Dans ce jour toute langue confessera que Christ est le Seigneur, mais ce sera à la gloire de Dieu le Père. Maintes et maintes fois Jésus en parle comme du royaume de Son Père. Il sera oint pour l’administrer, comme Il l’a été pour accomplir Sa mission sur la terre (És. 11, 1-3 ; 61, 1, 2).

Pour Christ tout est service et assujettissement ; les jours terrestres du renoncement et de la douleur ; les jours célestes du ministère sacerdotal ; les jours royaux de la puissance à venir. De même que le Christ ne s’est pas glorifié Lui-même pour être souverain Sacrificateur, mais Celui-là L’a glorifié qui Lui a dit : « Tu es mon fils, je t’ai aujourd’hui engendré », Il ne s’est pas non plus exalté comme Roi.

Le Fils sera trouvé fidèle là où tout autre a été trouvé en défaut. Il est dit des hommes : « Dieu assiste dans l’assemblée des forts : il juge au milieu des juges ». Mais du Fils il est écrit : « Ton trône, ô Dieu, est à toujours et à perpétuité ; le sceptre de ton règne est un sceptre d’équité. Tu as aimé la justice et tu as haï l’iniquité ; c’est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t’a oint d’une huile de joie par-dessus tes compagnons ». Tout ceci démontre que c’est pour un temps seulement que le Seigneur Jésus administre le royaume. Mais qu’Il tienne entre Ses mains l’épée ou le sceptre ; qu’Il agisse comme David ou comme Salomon, Il sera également fidèle. Quand Il sortira pour exécuter le jugement ou pour se mettre à la tête des armées célestes, il sera dit de Lui : « Le Seigneur est à ta droite ; Il froissera les rois au jour de sa colère ». Et encore : « Venez, contemplez les faits de l’Éternel, et voyez quels dégâts Il a faits en la terre ».

Le royaume sera une chose parfaite dans son temps, mais quand tout ce qui le concerne aura été accompli, le sceptre sera déposé, comme il est écrit : « Il remettra le royaume à Dieu le Père. Le Fils Lui-même sera assujetti à celui qui Lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous ».

Dieu par le Fils a créé l’univers et les siècles. Et quand les mondes et les âges auront fourni leur carrière ; quand les dispensations auront manifesté les conseils, et les œuvres et les gloires qui leur étaient propres, le Fils en tant que Celui par qui toutes ces choses étaient fondées, ordonnées, maintenues, sera Lui-même assujetti au Père qui les avait placées sous Sa domination.

C’est la subordination du ministère, la sujétion de Celui auquel tout était assujetti à Celui qui Lui avait assujetti toutes choses. Quant à la personne elle est éternelle. Le Fils règne dans la gloire de la divinité avec le Père et le Saint Esprit, et comme en tant que Fils manifesté en chair, la personne de Christ est un tabernacle qui ne sera jamais aboli.

La personne que nous considérons est en elle même le mystère des mystères. Car lorsque nous contemplons Christ tel qu’Il est, l’éclat du royaume à venir n’est qu’un voile qui cache Sa gloire inhérente. La splendeur du trône peut-elle y ajouter ? Les honneurs de Salomon et du monde entier ne voileraient-ils pas aussi réellement la gloire du Fils qu’ont pu le faire les outrages du prétoire ou les ignominies de Golgotha ? La foi sait discerner le serviteur dans Ses jours d’exaltation comme dans Ses jours d’abaissement. Christ sert comme serviteur, Il sert comme sacrificateur, Il sert comme roi. Le service est la voie qu’Il s’est choisie, et Son service est agréable à Dieu au suprême degré. Il l’a accompli et Il l’a ennobli dans toutes ses phases, dans la force et dans la faiblesse, dans l’honneur et dans l’opprobre, dans la joie et dans la douleur, dans la ville de Nazareth, dans le tabernacle qui est aux cieux, et sur le trône de la puissance milléniale.

Dans la foi à ce mystère toutes les distances et tous les intervalles disparaissent. Le ciel et la terre, Dieu et l’homme, Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés, les plus élevés et les plus abaissés, se trouvent associés pour la gloire de Dieu et pour notre propre bénédiction.

Quels anneaux ! Quels mystères ! Quelles harmonies ! Quels conseils concernant les fins de la création dans les âges cachés de l’éternelle sagesse avant que le monde fût ! Quelque vaste que soit l’étendue qu’a embrassée l’Écriture, elle se meut comme dans un cercle, et revient toujours au point d’où elle est partie. Le ciel qui avait disparu au chapitre 3 de la Genèse, reparaît dans les derniers chapitres de l’Apocalypse. L’arbre de vie est encore une fois près du fleuve d’eaux vives, et il n’y a plus d’anathème.

Il a été dit avec raison : « Les formes différentes sous lesquelles reparaît le royaume céleste sont profondément significatives ». Elles démontrent non seulement que tout a été reconquis, mais aussi sous une forme plus glorieuse, puisque cette restauration a été accomplie par le Fils de Dieu. Ce n’est plus le paradis, mais la Jérusalem céleste. Ce n’est plus le jardin d’Éden dans sa fécondité naturelle et sans culture ; c’est la cité de Dieu plus magnifique et plus glorieuse, mais édifiée au prix de durs labeurs, de longues souffrances, et formée de pierres qui d’après le modèle de la « pierre de l’angle », ont été taillées et préparées pour occuper la place qui leur a été destinée.

Nous voici arrivés à la restitution du royaume et aux confins des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Les cieux et la terre qui existent maintenant auront été le théâtre de la puissance du Fils, et le témoin de Sa parfaite grâce, de Sa gloire ineffable dans l’humilité et dans l’élévation, dans le ministère du Serviteur, du Sacrificateur et du Roi, dans la vie de la foi et dans la suprématie sur toutes choses. Lorsque le Fils aura été ainsi manifesté, dans la faiblesse comme dans la force, sur la terre comme dans les cieux, de la crèche jusqu’au trône, comme Nazaréen et comme Bethléhémite, comme l’Agneau et l’Oint de Dieu, comme Seigneur au-dessus de toutes choses, alors ces cieux et cette terre auront accompli tout ce qu’ils avaient à faire. Ils passeront, et alors cette parole du prophète de Dieu se fera entendre : « Je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première à terre s’en étaient allés ».

Mais comme nous l’avons déjà observé, l’Écriture ne nous autorise pas à suivre le Seigneur Jésus bien loin au-delà du royaume. L’Esprit nous indique cependant quelques caractères des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Ésaïe nous dit que le premier ciel et la première terre seront effacés de notre souvenir, démontrant ainsi leur imperfection relativement à l’état de choses qui doit leur succéder. Il dit aussi que cette nouvelle organisation demeurera devant Dieu. Saint Paul dit qu’après la restitution du royaume Dieu sera « tout en tous ». Ceci nous permet de penser qu’alors se termineront toute puissance déléguée, tout ministère même celui du Fils, comme ayant rempli leur but. Saint Pierre parle des cieux nouveaux et de la terre nouvelle, comme étant l’habitation de la justice, et transporte ainsi notre pensée au-delà, à l’époque du sceptre de la justice.

Mais dans l’Apocalypse Jean en parle plus explicitement dans le passage que nous avons déjà cité (21, 1). Et en décrivant ce « nouveau ciel et cette nouvelle terre », il dit : « Voici, l’habitation de Dieu est avec les hommes, et Il habitera avec eux ; et ils seront son peuple, et Dieu Lui-même sera avec eux, leur Dieu. Et Dieu essuiera toutes larmes de leurs yeux ; et la mort ne sera plus ; et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni souffrance, car les premières choses sont passées ». Les larmes sont passées ; la mort est passée ; la douleur, les cris, et le deuil ne sont plus. Il ne reste aucune trace des suites désastreuses du péché. La terre milléniale ne répondra pas à cette description : « Les premières choses sont passées ». Ce n’est pas que nous devions perdre un côté de ce qui nous a été donné dans les conseils de grâce et de gloire, dans le ministère du Fils et dans l’œuvre de l’Esprit. Rien de ce que nous aurons reçu dans le cours des dispensations divines ne sera perdu pour nous, pas même les rafraîchissements de l’Esprit Saint dont les mouvements de la chair troublent souvent le cours ici-bas. Tout cela restera en témoignage de ce qui est éternel par son essence même. Et c’est ainsi que toute la sagesse de Dieu qui nous est cachée maintenant en partie, sera savourée pleinement pendant l’éternité dans ses magnifiques effets. Ces manifestations de Dieu dans Sa sagesse, dans Sa puissance, dans Sa grâce et dans Sa gloire se sont montrées dans la marche des siècles. Elles ont rencontré dans notre monde perdu, dégradé, la résistance et la lutte ; mais dans les nouveaux cieux et dans la nouvelle terre tout conflit aura disparu ; et elles seront connues par leurs complets et glorieux résultats.

En présence de Celui qui est assis sur « le cheval blanc », l’apostasie des puissances de ce monde est frappée dans le plein développement de son audace et de son orgueil, et le Seigneur avec Ses saints règnent en justice sur la terre pendant l’économie milléniale. Puis la terre et le ciel actuels disparaissent devant la face de Celui qui est assis sur le trône blanc ; et on ne les trouve plus. « Et Celui qui est assis sur le trône, dit : Voici je fais toutes choses nouvelles ».

Ce ne sera plus le sceptre, mais « l’habitation de la justice », et par conséquent ce ne sera pas le trône du Fils, mais le tabernacle de Dieu avec les hommes. Ce ne sera plus cette terre souillée jadis par le sang de Christ, et qui a été le sépulcre de centaines de générations, mais une terre nouvelle ; ce ne seront plus les cieux qui ont été « vêtus de deuil », dans lesquels le tonnerre, les tempêtes et le déluge ont opéré l’œuvre de jugement, et témoigné de l’indignation divine, mais ce sera « un ciel nouveau ».

Celui qui aura soif boira à la source d’eau vive ; celui qui vaincra héritera de toute chose (Apoc. 21, 6, 7). Ce sont là des traits bénis dans les caractères des saints, et puissions-nous, en les méditant, connaître en quelque mesure ce que c’est que d’avoir soif du Dieu vivant et de remporter la victoire sur ce monde qui gît dans le mal.

Nous n’avons pas à nous appesantir sur ce sujet, car nous ne devons pas faire des suppositions là où nous ne pouvons donner des enseignements. Je m’arrête donc ici avec cette pensée qui m’a été en bénédiction. Si nous ne distinguons pas encore ces régions lointaines, nous pouvons du moins y croire et nous confier pleinement à Celui qui en est le Seigneur. Nous pouvons être assurés qu’elles seront tout ce que notre cœur désire, tout ce qu’exigera notre condition nouvelle. Le ciel a toujours répondu aux besoins de la terre. Au commencement le soleil a été établi pour « dominer sur le jour » et « la lune et les étoiles pour dominer sur la nuit ». Mais il n’y avait pas d’arc-en-ciel parce que la terre n’avait pas besoin d’une garantie contre les jugements de Dieu. Le jugement était alors chose inconnue. Mais quand la conscience fut réveillée, et que le jugement fut compris et devint un sujet de crainte ; quand Dieu fut connu dans Sa justice par les actes qu’Il avait accomplis, et que la terre éprouva le besoin de recevoir l’assurance que dans Sa colère Il se souviendrait d’avoir compassion, le ciel revêtit le gage de cette miséricorde, et le passé est une garantie pour l’avenir, bien qu’un ciel nouveau et une terre nouvelle doivent être révélés. Et je puis ajouter que la terre milléniale éprouvera de même à son égard cette faveur du ciel. Car elle y verra l’habitation de la gloire comme la foi y contemple maintenant le sanctuaire de la paix. La cité céleste de cette économie à venir descendra telle qu’elle doit être pour satisfaire les désirs des rois et des nations. Le Dieu du ciel et de la terre dans Son infatigable bonté, poursuivant toujours la même voie, s’occupera constamment du bonheur de Ses créatures : « Tout ce qui nous est donné de bon, et tout don parfait, sont d’en haut, descendant du Père des lumières, en qui il n’y a pas de variation, ni d’ombre de changement ».

Et les cieux nouveaux et la terre nouvelle rendront à jamais le même témoignage à la bonté inépuisable de Dieu.

Je désire par la grâce du Seigneur ne pas perdre de vue le fait que ce pays céleste est très rapproché de nous. Le ciel ne connaît ni distances, ni mesures comme celles de la terre. La science de l’homme nous parle d’étoiles auxquelles il faudrait des milliers d’années pour que leur lumière puisse parvenir jusqu’à nous. Qu’importe ? Laissons là de semblables spéculations ; elles n’ont rien de commun avec la lumière que donne l’Écriture. Ce sont les écoles, et non le Saint Esprit, qui enseignent ces choses. Car d’après les enseignements de la Parole, l’habitation de la gloire est si proche, que naguère une échelle en mesurait, au regard de Jacob, la distance qui la séparait de la terre. Il en est de même aujourd’hui pour la foi ; elle nous apprend que nous en sommes si près qu’un clin d’œil suffira pour accomplir le passage dans le temps voulu. Ce dont nous avons besoin, c’est de la foi qui fait de ces grands mystères une réalité pour l’intelligence.

Puissent ces méditations nous aider à reconnaître la proximité ainsi que la réalité des choses glorieusement bénies qui appartiennent à la foi.



  1. Quand on annonce l’évangile, le péché de l’homme d’avoir mis à mort le Seigneur de gloire est toujours mis en évidence ; mais c’est la mort du Seigneur comme Agneau de Dieu qui est le fond de la grâce publiée par l’évangile.
  2. L’expression « Fils de l’homme » est caractéristique de Sa personne lorsqu’Il nous est présenté sous l’aspect de Sa gloire judiciaire, comme aussi lorsqu’il s’agit de Sa domination sur la terre (Ps. 8 ; Jean 5, 27 ; Matt. 20, 28).