Écho du Témoignage:Notes sur l’épître aux Galates/Partie 4

De mipe
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Chapitre 4

Nous avons déjà passé en revue l’admirable contraste donné par le Saint Esprit, dans la dernière partie du chapitre précédent, entre les promesses et la loi, montrant qu’elles sont entièrement distinctes, non seulement dans leur date et leurs circonstances, mais encore dans leur principe, leur caractère, et leur dessein. En ce point, sans doute, elles se rapportent, c’est qu’elles sont également venues de Dieu. Mais alors, l’objet pour lequel Dieu les donna, était aussi différent que possible. Ses promesses étaient le fruit de Son propre amour — de Son dessein de bénir, de Sa joie en bénissant, et cela, non seulement à l’égard des Juifs, mais aussi à l’égard des Gentils. Et nous avons vu que l’apôtre attache une importance spéciale à ces promesses qui furent faites d’abord à Abraham, puis à Isaac, et qui étaient formelles sur ce point, que les Gentils seraient bénis de Dieu. Le fait remarquable que le Saint Esprit fait ressortir, c’est que, partout où il y a une promesse absolue de bénédiction pour les Gentils, il n’y a aucune allusion à la nombreuse postérité d’Abraham si fréquemment mentionnée dans l’Écriture ; mais lorsqu’il est parlé de la postérité multipliée comme les étoiles des cieux et le sable de la mer, il est question des Juifs. Et si nous examinons la chose de plus près encore, nous verrons que le moment où « la semence » unique nous est présentée, est après que le type de la mort et de la résurrection a été pleinement donné en la personne d’Isaac (Gen. 22) : emblème de Christ qui, étant ressuscité, fait entrer les Gentils dans la pleine bénédiction de Dieu, à part toute question de la loi. Et je suis persuadé que ce point est si peu compris qu’il ne sera pas inutile de le considérer brièvement en passant, outre ce qui a déjà passé sous nos yeux. Il n’y a pas une seule portion des vérités fondamentales, qui ait été plus faiblement comprise par les chrétiens en général, que la position dans laquelle la résurrection de Christ place le croyant. C’est la mort de Christ qui met fin à toutes nos questions. Si c’était notre propre mort, il y aurait le jugement, et par conséquent notre ruine ; mais la mort de Christ a précisément une efficace tout aussi grande, et même infiniment plus grande, sous le rapport de la grâce. Et comme Christ étant ressuscité est entré dans une condition nouvelle, où il ne peut y avoir aucune condamnation, le croyant passe devant Dieu dans la même sphère. La puissance de Dieu en la mort de Christ ôte le mal ; la puissance de la résurrection de Christ nous introduit dans la sphère du bien dont Il est le centre et la tête. Dans ce quatrième chapitre, l’apôtre prend un autre sujet. Si la loi et les promesses étaient opposées en leur nature — non pas contradictoires, mais totalement différentes dans leur portée et leur objet — quel était donc l’état du croyant sous l’Ancien Testament ? La réponse se trouve au commencement du chapitre 4, et cela particulièrement en vue de la condition dans laquelle tous les croyants juifs avaient été, et de ce qu’est leur relation actuelle avec Dieu en vertu de la rédemption.

« Or je dis qu’aussi longtemps que l’héritier est en bas âge, il ne diffère en rien d’un esclave, quoiqu’il soit seigneur de tout ». C’est là un principe vrai à l’égard des croyants sous ce que nous pouvons appeler l’ancienne alliance. Ils étaient héritiers, sans doute, et la bénédiction doit être leur portion ; mais l’héritier n’est pas plus que le serviteur ou l’esclave aussi longtemps qu’il est en bas âge, car c’est là la force du mot ; — c’est le mot qu’on employait chez les anciens, comme le terme de loi encore aujourd’hui, pour désigner une personne qui n’est pas arrivée à l’âge fixé par la loi et qui est incapable d’entrer dans des contrats ou des engagements, en un mot d’agir pour elle-même. C’était précisément la position des anciens sous la loi. Ils n’étaient pas arrivés à l’âge voulu ; ils étaient réellement héritiers, destinés à s’asseoir avec Abraham, Isaac et Jacob. Il n’y avait pas de différence quant à cela. La conversion et la régénération sont les mêmes dans tous les temps et dans toutes les économies. Il peut y avoir aujourd’hui un plus grand degré de plénitude, de simplicité et de joie ; mais quant à la substance de la chose, même depuis la chute, avant le déluge et après, soit sous une loi, soit sans loi, l’héritier était en vérité seigneur de tout. Il doit réellement avoir part dans le royaume de Christ et régner avec Christ ; mais si nous cherchons quelle est sa condition pendant qu’il est en ce monde, nous la trouvons décrite ici comme celle d’un esclave. Le dessein de Dieu est que, lorsque la gloire arrive, il ait une place glorieuse et bénie ; mais pendant qu’il était en ce monde, il était « en bas âge », « sous des tuteurs et des curateurs jusqu’au temps déterminé par le père ». La première expression se rapportant, je le suppose, à la personne, la seconde à ses possessions. Il est sous cela, « jusqu’au temps déterminé par le père ». « Ainsi aussi nous, lorsque nous étions en bas âge » — il l’applique particulièrement à ce qu’ils avaient été comme croyants juifs — « nous étions asservis sous les éléments du monde ; mais quand l’accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son Fils, né de femme, né sous (la) loi, afin qu’il rachetât ceux (qui étaient) sous (la) loi, afin que nous reçussions l’adoption ».

Rien ne saurait être plus clair que cela. Tout est ajusté avec une perspicacité et une force divines. La bénédiction d’un saint sous l’Ancien Testament est présentée, ou celle de quelqu’un qui avait connu Christ « durant les jours de sa chair », parce qu’il n’y avait point entre eux de différence essentielle : Pierre, Jacques et Jean, tous étaient alors « en bas âge ». Il est vrai que Christ était présent en personne et qu’il y avait un immense surcroît de bénédiction ; leurs yeux voyaient et leurs oreilles entendaient, ce que des prophètes et des rois avaient désiré de voir et d’entendre. Néanmoins, ils étaient encore « en bas âge » ; ils n’étaient pas délivrés de la loi, ils étaient encore tenus liés sous elle, par ses injonctions et ses ordonnances, et la terreur qui en résultait les gardait toujours dans une certaine mesure d’incertitude et de ténèbres ; et c’est ce qui devait être. Un homme sous la loi n’avait pas le droit d’être totalement heureux. Si en quelque manière que ce soit j’ai affaire à la loi, je dois sentir l’effet de la loi ; si j’ai la conscience d’avoir manqué sous la loi, je dois sentir sur mon esprit la pression de sa condamnation. Il en était ainsi des saints sous l’ancienne alliance. Ils étaient asservis, parce qu’ils étaient sous des tuteurs et des curateurs. « Mais quand l’accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son Fils, né de femme, né sous (la) loi, afin qu’il rachetât ceux (qui étaient) sous (la) loi, afin que nous reçussions l’adoption ». Il était tout à fait nécessaire que Christ fût homme, et qu’Il fût Juif. S’Il n’avait pas été homme, il ne pouvait y avoir aucune base pour venir à la rencontre d’aucun enfant d’Adam, quelles que fussent les circonstances ; et s’Il n’avait pas été Juif, où auraient été également soit la loi, soit les promesses ? Mais comme Il fut l’un et l’autre, une chose infiniment plus grande est introduite maintenant — la rédemption. Il vint comme un homme et sous la loi, mais le but était : « Afin qu’il rachetât ceux (qui étaient) sous (la) loi ». Dieu avait trouvé bon de mettre le Juif dans une place spéciale, dans des buts particuliers ; et l’issue de cette épreuve fut que les Juifs amenèrent un plus grand déshonneur sur le nom de Dieu, que même les « pécheurs d’entre les nations ». Nous savons que si jamais il y eut un peuple déterminé à se détruire, et à abandonner ce qu’ils tenaient de la miséricorde divine, ce fut Israël. S’il y avait une idole parmi les nations, ils en prenaient le modèle ; et le roi Achaz en vint même jusqu’à commander que toutes les oblations fussent offertes sur l’autel qu’il avait imaginé d’après le modèle de l’autel païen qu’il avait vu à Damas, insultant ainsi l’autel de Dieu. Le grand crime pour lequel Israël avait été transporté à la fin, c’est qu’ils avaient dressé les veaux d’or. À Jérusalem dans le temple, les Juifs renouvelèrent le péché d’autrefois, pour lequel Dieu les avait frappés au désert. Ils ne furent pas fidèles à Dieu, mais ils s’attachèrent à l’idolâtrie comme à un héritage trop précieux pour être abandonné. Les Juifs qui avaient été appelés d’entre les nations pour être un témoignage spécial pour Dieu contre le culte des images, ne se contentèrent pas de suivre leurs propres idoles, mais ils voulurent adopter celles de leurs voisins — des païens qui les entouraient — et Dieu les balaya. C’est ainsi qu’il nous est parlé dans le livre des Rois et des Chroniques du péché de Jéroboam, par lequel il avait fait pécher Israël. Ce fut la chose spéciale dont Dieu gardait le souvenir. Toutes sortes de nouvelles dynasties s’élevèrent continuellement ; mais il importe peu ce qu’elles étaient, ne fût-ce qu’un homme qui régnât pour un mois, c’était toujours ce même péché uniforme, le péché de Jéroboam, dont Dieu se souvenait, et cette idolâtrie — la plus insultante de toutes — le veau d’or. C’était un péché déterminé devant Sa face : « Ce sont ici tes dieux, ô Israël, qui t’ont fait monter du pays d’Égypte ». Jusque-là, nous voyons ce que fut Israël ; et si nous regardons la prophétie de Jérémie, nous verrons que Dieu fait ce reproche à Juda, qu’Israël la revêche s’était justifiée en la présence de Juda, parce que Juda était beaucoup plus coupable.

Mais nous ne devons pas limiter à Israël cette triste histoire du mal ; il nous faut lire la Bible comme une leçon quant au cœur, la leçon de ce qu’est l’homme à l’égard de Dieu. Et ce qu’elle nous apprend d’Israël et de Juda, appliquons-le à nous-mêmes. C’est là ce que Dieu me montre que je suis ; c’est là la sorte d’étoffe dont mon cœur est composé ; c’est là ce que fait la nature humaine quand Dieu la met à l’épreuve. L’idolâtrie régnait donc ; et, comme nous le savons, calamité sur calamité fondit sur le peuple. Ils furent transportés en captivité jusqu’à Babylone, et plus tard le résidu fut ramené de la captivité pour recevoir le Fils de Dieu. Quand Il vint du ciel, ce fut dans la plénitude de la grâce. Le péché était entré par la femme, et ici nous avons le Sauveur. Et la loi ayant introduit ce qui était écrasant pour les espérances d’un pécheur, Christ vint « né de femme, né sous (la) loi » ; mais c’était pour racheter ceux qui étaient sous la loi. La simple observation de la loi n’aurait pu racheter personne ; il était essentiel, pour le maintien des droits et du caractère de Dieu, que le Seigneur montrât qu’Il était parfait comme Israélite, parfait comme Fils de Dieu au-dessus de la loi — parfait en toutes choses. Mais, quelle que fût Sa gloire, et quelle que fût la place dans laquelle Il descendît, le but de tout c’était la rédemption — de racheter par Lui ceux qui étaient sous la loi. Dieu attendait pour les introduire dans la place qu’Il voulait que Son peuple occupât. Dieu ne prenait pas plaisir à voir Son peuple trembler. Il attendait le moment béni où la mort de Christ donnerait un juste titre pour délivrer Son peuple hors de cette condition, pour l’introduire dans un nouvel état de choses après que le lien de la loi serait brisé pour toujours par la mort de Jésus, du Fils de Dieu. Et il en fut ainsi. Il racheta donc ceux qui étaient sous la loi.

Maintenant vient une autre chose. Dieu ne peut jamais se contenter d’une simple délivrance négative. C’était « afin qu’il rachetât ceux (qui étaient) sous (la) loi, afin que nous reçussions l’adoption ». Mais même cela ne Le satisfait pas ; car il aurait pu y avoir encore la pensée que cette adoption comme enfants n’était que pour les croyants en Israël — que c’était ici la position dans laquelle ils étaient introduits maintenant. Mais l’apôtre se retourne vers les Gentils, et dit : « Et parce que vous êtes fils », changeant la personne du verbe, et s’adressant aux Galates de la manière la plus marquée. « Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, criant : Abba, Père ». Ici nous apprenons bien clairement que le Juif, par la loi, n’avait fait qu’entrer dans une position d’asservissement : c’est tout ce que la loi pouvait faire pour lui. Il était impossible qu’il en fût autrement. La loi pouvait condamner ce qui était mal, et rien de plus. Mais maintenant Christ vint ; et en Christ, il y a puissance pour délivrer ; et c’est ce dont l’homme ruiné a besoin. Il y a une puissance qui délivre, et Dieu l’introduit, en Christ. « Quant l’accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son Fils ». C’est Dieu Lui-même qui introduisait cette œuvre bénie, et même c’est en cela qu’Il prend plaisir. Quand la loi fut introduite, quoiqu’elle fût donnée de Dieu, il dit pourtant simplement qu’elle « a été ordonnée par des anges ». Il emploie simplement des serviteurs pour l’œuvre, des serviteurs qui sont comparativement à distance, qui n’eurent jamais le lien que nous avons, celui de la vie et de l’Esprit, le lien de Christ Lui-même. Les anges peuvent être saints, mais un ange ne s’élève jamais hors de la condition de serviteur ; ils sont même serviteurs des saints, « envoyés pour servir en faveur de ceux qui vont hériter du salut ». Mais maintenant, quand il nous est parlé de rédemption, c’est Dieu qui est montré bien évidemment et complètement comme en étant la source. « Dieu a envoyé son Fils, né de femme, né sous (la) loi, afin qu’il rachetât ceux (qui étaient) sous (la) loi, afin que nous reçussions l’adoption. Et parce que vous êtes fils » (vous Gentils) etc. Sans doute, il n’est parlé que de Gentils qui croient, mais sans un mot qui annonce que nous soyons mis sous la loi, sans la moindre pensée de nous soumettre aux voies de discipline que les Juifs avaient connues.

Le croyant juif avait été dans la condition de quelqu’un « en bas âge », d’un esclave sous la loi ; le Gentil ne le fut jamais. Il est vrai qu’il était esclave, mais sous un caractère totalement différent. C’est à l’idolâtrie qu’il était asservi ; le Juif était asservi à la loi. Ce dernier, donc, était asservi à une chose qui en elle-même était intrinsèquement bonne, mais destructrice pour lui ; l’autre était asservi à ce qui était de Satan, et n’avait rien qui l’unît à Dieu. Plus le Gentil était religieux, plus complètement il était l’esclave de Satan. Nous verrons bientôt la force de cela. Dans le cas des Juifs, ils avaient été sous ce système de tuteurs et curateurs ; quoiqu’ils fussent réellement des croyants, ils avaient su ce que c’était que d’être uniquement à distance, loin de Dieu, incapables de s’approcher de Dieu et d’épancher leurs cœurs devant Lui comme enfants. Ils pouvaient crier à Lui, faire monter à Lui leurs gémissements : c’est ce que vous avez dans les Psaumes, qui sont remplis de cette confiance bénie en Dieu ; mais c’est la confiance de serviteurs qui comptent sur Dieu pour intervenir en leur faveur, qui espèrent en Dieu, mais qui ne sont pas encore capables de Le louer — ils ne sont pas amenés près de Lui. Même dans quelques-uns des psaumes les plus élevés, ils prient que la colère de Dieu ne soit pas enflammée contre eux à jamais. Ils n’ont pas la conscience qu’elle soit entièrement détournée pour eux. D’un autre côté, dans les pensées de Dieu, en jugement, à l’égard de Ses ennemis, ils attendent le moment comme si c’était un privilège de soumettre les ennemis de Dieu, et ils Lui demandent de les rendre comme le chaume chassé par le vent — de se servir de Son peuple et de leurs chiens, en sorte qu’ils s’abreuvent du sang des ennemis — pensée remplie pour nous de la plus pénible association d’idées qui répugneraient à tout chrétien. Il y a même bien des personnes qui sont en danger de condamner la Parole de Dieu, parce que de tels désirs s’y trouvent. Le langage est parfaitement adapté à des âmes sous la loi ; mais maintenant, nous sommes sous la grâce, et nous ne sommes pas sous la loi, et nous prions pour les personnes qui nous font du tort et qui nous persécutent ; tandis que tout le ton des Psaumes, quand ils parlent du bonheur de froisser les petits enfants de Babylone contre la pierre, est tout autre chose que de rendre le bien pour le mal : c’est le mal qui trouve sa juste sentence. Je maintiens que toutes les expressions dans les Psaumes sont de Dieu — que toutes ces imprécations sont divines. Chaque malédiction, menace et avertissement, toute cette sympathie avec la rétribution divine, est autant de Dieu que l’intercession du chrétien maintenant pour Ses ennemis ; mais elles ne s’adaptent ni au même temps ni aux mêmes personnes, et Dieu n’y accomplit pas le même but. Tant que Dieu prolonge le jour de la grâce, toutes ces choses sont entièrement inapplicables. Elles ne sont pas ce que Dieu manifeste maintenant. Elles demeurent à toujours vraies ; chacune, en elle-même, est toujours une chose juste. Mais le fait est que Dieu a maintenant, en Christ, introduit la grâce, pleine et souveraine ; et par conséquent, Dieu met ceux qui appartiennent à Christ dans la position où ils puissent manifester, non une justice terrestre, mais la grâce céleste. Le règne selon la justice est une chose réservée, et qui doit être un jour accomplie à la lettre ; et Dieu emploiera Son peuple Israël comme l’instrument spécial pour exécuter ces jugements divins.

Considérons l’Apocalypse. Les voies de justice se présentent après que l’Église a été enlevée au ciel — après que les vingt-quatre anciens ont été intronisés et couronnés devant le trône, représentant les rachetés célestes que Dieu appelle maintenant d’entre Juifs et Gentils. Dieu commence alors à agir sur Son ancien peuple, Israël, qui le comprend, et crie à Dieu, et Lui demande : « Jusques à quand, ô Maître souverain, saint et véritable, ne juges-tu pas, et ne venges-tu pas notre sang de ceux qui habitent sur la terre ? ». N’est-ce pas là quelque chose qui correspond au ton des Psaumes, et pourtant ce sont des saints de Dieu. Mais faites attention aux conséquences quand on confond maintenant ces économies. La Bible demande qu’on l’expose « justement ». Si vous prenez des parties de l’Écriture et que vous les appliquiez mal, d’une manière ou d’une autre, vous serez un ouvrier qui aura certainement « à avoir honte ». Hélas ! comme les hommes pervertissent le sermon sur la montagne ! Ils trouvent certaines expressions prononcées par le Seigneur pour ses disciples ; ils Le trouvent insistant sur le précepte de ne pas résister au mal, de ne pas rendre coup pour coup, de n’employer aucun moyen terrestre pour revendiquer leurs droits ou les défendre contre les violences personnelles, le dépouillement de ce qui leur appartenait, etc. ; les choses mêmes dont les hommes se ressentent comme étant une violation de leurs droits. Si un chrétien rédigeait aujourd’hui d’après ces principes un code pour tous les hommes, que pourrait-il y avoir de plus contraire à la pensée de Dieu ? Ce serait essayer de gouverner le monde d’après les principes de la grâce. Si vous en faisiez l’expérience sur les hommes tels qu’ils sont, le monde deviendrait une scène de brutalité plus terrible encore que dans le temps de la grande rébellion en Angleterre, quand ils essayèrent d’agir sur le principe de la rétribution que présentent les Psaumes. Alors, on plaçait les chrétiens sous l’esprit et le principe de la loi ; mais essayer de placer le monde sous ce qui est destiné à diriger les enfants de Dieu, produirait une confusion encore pire. On pardonnerait au fripon et au coquin, et on les caresserait, on permettrait au voleur de s’approprier plus, au gré de ses désirs. Il est évident que de tels principes ne pourraient jamais faire pour le monde, et en effet ils ne furent pas destinés pour le monde. Des hommes mal instruits peuvent s’écrier que c’est là ôter la Bible ou une grande partie de la Bible ; mais c’est tout entièrement une fausse alarme. C’est seulement un effort pour les amener à comprendre la Bible, et leur enseigner la signification réelle de ses diverses parties.

Voici le point pratique, c’est que les Gentils, tels que nous-mêmes, ont été complètement arrachés à toute la condition dans laquelle nous étions. Nous n’étions pas sous la loi, mais nous étions sous le péché — dans une insubordination totale quant à Dieu — sous toute sorte de mal. Il se peut que ce ne fût pas nécessairement un mal ouvert, un mal moral ; mais nous vivions pour le mal, nous vivions sans Dieu ; et c’est là une manière bien douce de décrire la condition dans laquelle nous avons tous été. Ces Galates avaient été sous les formes les plus grossières de l’ignorance et de l’idolâtrie ; mais tel est l’esprit de grâce, qu’ils avaient été complètement retirés de tout cela, et, par la foi en Christ, ils avaient été faits fils de Dieu, sans passer par aucun degré intermédiaire. Ils s’étaient repentis ; ils avaient reçu l’évangile ; ils étaient devenus enfants de Dieu. « Et parce que vous êtes fils, Dieu vous a envoyé l’Esprit de son Fils dans vos cœurs, criant : Abba, Père » — l’expression même que Lui, le Christ béni, en pleine communion avec Son Père, avait proférée. Pensez dans quelle place nous avons été amenés ! Que celui qui, seulement le jour auparavant, était un misérable Gentil, souillé et idolâtre, soit autorisé par le Saint Esprit à prononcer la même douce expression de relation — Père ! Quelle place Dieu a donnée à Ses enfants maintenant ! Et la chose est présentée, non en parlant des Juifs, dont il était expressément dit qu’ils avaient été rachetés de leur condition sous la loi, et introduits dans la relation de fils ; mais le Saint Esprit s’épanche quand Il parle concernant les Gentils. Il aurait pu y avoir l’idée que le Gentil, comme il n’avait rien connu touchant la loi, ne pouvait pas être introduit tout d’un coup dans une place si bénie, comme le Juif croyant. Mais il n’en est rien : le Juif avait dû être retiré, non seulement du péché, mais de dessous la loi. Le Gentil n’avait que son péché dont il doit être retiré ; et à cause de cela l’œuvre s’opérait en lui, si je puis le dire, beaucoup plus simplement. Le Juif avait à désapprendre, le Gentil n’avait qu’à apprendre. Tout ce que le Gentil avait, c’était la nature corrompue uniquement, jusqu’à ce qu’il fût converti, et alors il était aussitôt amené en la lumière de la grâce de Dieu ; tandis que le Juif devait être amené hors de la sphère de la loi, et il était gêné — ou entravé peut-être, par les restes du système légal qui s’attachaient encore à lui.

Rappelez-vous que celui qui comprend la grâce n’affaiblit jamais la loi ; c’est un bien grand péché que de le faire. La doctrine de la foi établit la loi. Si vous pensez que le chrétien soit sous la loi, et qu’il puisse néanmoins être sauvé et heureux, vous détruisez en réalité l’autorité de la loi. Les croyants juifs, sous la loi, n’eurent jamais la pleine paix ni la pleine joie que l’évangile apporte maintenant ; et partout où vous avez maintenant des âmes sous la loi, en leur esprit, il se peut qu’elles soient sauvées, mais elles n’ont jamais ce plein repos auquel l’œuvre de Christ donne droit. La raison est bien simple. Quoiqu’elles aient reçu Christ, elles ne font pas l’application de Son œuvre. Si elles le faisaient, elles verraient qu’un des effets de la rédemption, c’est de délivrer une personne — non pas de la soumission à Christ — mais de la rendre plus que jamais soumise à la volonté de Dieu, et pourtant sans être placée sous la loi. C’est pourquoi l’apôtre montre que la place en laquelle ils avaient été amenés, était celle de fils. Or, la position de fils est une soumission intelligente à son père ; le Saint Esprit, l’Esprit de Son Fils, enseigne à crier : « Abba, Père » ; mais nullement à dire : « Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? ». C’est là le cri arraché au cœur de quelqu’un qui est sous la loi, qui s’écrie dans l’angoisse de son esprit, ayant toujours le sentiment qu’il y a quelque chose dont il a à être délivré ; un peu consolé parfois, puis abattu sous la pression de la loi. Au contraire, quand l’âme connaît la plénitude de bénédiction que Dieu nous a donnée en Christ, le cœur est conduit par le Saint Esprit à crier : « Abba, Père ». C’en est fait de la chair aux yeux de Dieu, et nous avons le droit de dire que nous en avons fini avec elle nous-mêmes. Dieu ne peut se fier à moi ; et je ne puis me fier à moi-même ; mais je sais que je puis me fier à Dieu en Son Fils bien-aimé, qui a aboli le péché par le sacrifice de Lui-même, en sorte qu’il y a un parfait repos pour le cœur. Le cri de l’Esprit est : « Abba, Père » ; c’est ainsi que l’enfant de Dieu est conduit à employer le langage propre à sa relation avec Dieu. D’autres peuvent admirer la création de Dieu, peuvent appuyer sur les merveilles des cieux et de la terre ; mais le cri de l’Esprit est : « Abba, Père » ; et vous pouvez le sentir beaucoup mieux que vous ne pouvez l’exprimer. Qu’est-ce que le plaisir d’appuyer sur les attributs de Dieu, ou sur les effets extérieurs de Sa puissance, comparé à la joie du cœur qui sent la relation divine ? C’est ainsi que nous voyons l’apôtre rappeler aux saints de la Galatie leur relation avec Dieu ; c’était le cri que le Saint Esprit formait, le cri adapté à la relation, à la conscience de laquelle ils avaient été amenés, ayant été retirés de leur idolâtrie. Car tout dépend de ceci — de la simplicité avec laquelle mon âme reçoit cette grande vérité que, quant à tout ce que je suis, tout a été jugé sur la croix ; et maintenant il y a un nouvel homme devant Dieu, et un nouvel homme devant moi — Christ ressuscité d’entre les morts ; et j’ai le droit de dire : C’est là Celui dans lequel je suis placé devant Dieu. Pouvons-nous avoir un autre cri que celui-là : « Abba, Père » ?

Mais ensuite, il y a un avertissement aussi bien qu’une conclusion. La conclusion est : « De sorte que tu n’es plus esclave, mais fils ; et si fils, héritier aussi de Dieu par Christ ». Tout comme dans le chapitre 6, où il dit : « Frères, quand même un homme s’est laissé surprendre par quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez un tel homme dans un esprit de douceur », le Saint Esprit adresse ensuite un avertissement à l’âme de chacun individuellement : — « Prenant garde à toi-même, de peur que tu ne sois aussi tenté ». Ainsi, si Dieu donne un avertissement qui soit individuel, Il donne une consolation, et Il la donne avant l’avertissement. « De sorte que », est-il dit, comme le résultat de tous les raisonnements, « tu n’es plus esclave, mais fils ; et si fils, héritier aussi de Dieu par Christ ». Remarquez-le bien ; ce n’est pas ce qu’ils seront ; ce n’est pas qu’ils sont toujours « en bas âge » dans ce monde, et qu’ils auront leur bénédiction dans le ciel ; mais : « Tu n’es plus esclave, mais fils ». Si vous étiez Juif, vous seriez l’esclave de la loi. Mais maintenant, peu importe ce que vous étiez ; si vous aviez été un idolâtre, vous avez, en recevant Christ, passé dans la plénitude de la bénédiction qui est due de la part de Dieu à Son Fils bien-aimé. Dieu n’a pas de bénédiction qui soit trop grande pour le cœur qui s’incline devant Lui : — « Si fils, héritier aussi de Dieu par Christ ». Il élargit la sphère : ce n’est pas seulement héritier de ceci ou de cela, mais « héritier… de Dieu ». Ce que Dieu possède, ce que Dieu aura dans le jour béni qui va venir, Il le partagera avec Ses enfants. Et c’est là ce que signifie la dernière clause dans Éphésiens 1, 18. Voyez aussi Romains 8. Telle est la place à laquelle Dieu nous destine — rien de moins ; Il n’a pas la pensée de rien retenir. Comme la grâce a été, ainsi la gloire sera, la réponse de Dieu à l’insinuation de Satan dans le jardin d’Éden.

Maintenant vient l’avertissement : « Mais alors, ne connaissant pas Dieu, vous étiez asservis à ceux qui de (leur) nature ne sont pas dieux : mais maintenant, ayant connu Dieu, mais plutôt ayant été connus de Dieu » etc. Il est clair qu’il veut parler des Gentils ; il ne dit pas : quand nous ne connaissions pas Dieu, parce que les Juifs avaient une certaine connaissance de Dieu sous la loi ; mais : « Ne connaissant pas Dieu, vous étiez » etc. — ce qui concerne évidemment les païens. « Comment retournez-vous de nouveau aux faibles et misérables éléments auxquels vous voulez encore derechef être asservis ? ». Pesez bien ces expressions. Il ne peut y avoir une déclaration plus solennelle pour ce qui regarde l’état actuel de la chrétienté. Que veut-il dire en écrivant à ces saints de la Galatie, qu’ils retournaient de nouveau aux faibles et misérables éléments auxquels ils voulaient encore derechef être asservis ? Ils devaient être complètement choqués. Retourner de nouveau à l’idolâtrie ! Comment cela pouvait-il être ? Ils pouvaient dire : Nous ne faisons que prendre le principe de la loi ; appelez-vous cela les faibles et misérables éléments ? Eh bien ! dit l’apôtre, quand vous étiez inconvertis, vous adoriez de faux dieux — des idoles ; mais si vous, chrétiens, vous allez chercher des principes juifs, même ces jours de fête, ou d’autres principes de la loi, vous êtes en principe des idolâtres, retournant de nouveau à cette idolâtrie de laquelle Dieu vous délivra. Comment cela ? La raison est claire. Ce n’est pas que la loi en elle-même peut être idolâtre, ni que Dieu n’usât pas de patience envers les préjugés de ceux qui avaient été juifs. Mais voici des croyants d’entre les Gentils, qui recouraient à ces éléments légaux. Qui leur en avait parlé ? Ces choses avaient perdu toute leur signification, et un Gentil n’avait rien à faire avec elles ; elles avaient leur valeur comme ombres de Christ, avant que Christ vînt ; mais perdre de vue Christ ressuscité d’entre les morts pour retourner à ce qui n’était qu’une ombre, c’était aux yeux de Dieu retourner à l’idolâtrie. Toutes les fois que la chrétienté professante prend la loi avec ses cérémonies extérieures et ses ombres (quoique cela fût très bien sous la loi), et les adopte comme culte chrétien, elle est, sans le savoir, mais réellement, tombée dans l’idolâtrie.

Supposez qu’une personne dise : Je me trouve bien froid en adorant Dieu, et j’ai besoin de quelque chose pour réveiller mon âme ; quoi de plus convenable que d’avoir un portrait de mon Sauveur, afin que, comme je Le contemple avec Sa couronne d’épines, je sente plus profondément Son amour, et que les affections de mon cœur deviennent plus attirées à Lui ? C’est là de l’idolâtrie maintenant, lors même qu’il n’en serait pas ainsi dans tous les temps. Mais il y avait certaines choses semblables, permises sous le système légal à cause de la dureté de leurs cœurs ; ils avaient des sacrifices de bétail et une sacrificature terrestre ; mais pour un Gentil, en venir à ces choses, c’est, aux yeux de Dieu, retourner à l’idolâtrie. Le Saint Esprit insiste là-dessus avec les croyants de la Galatie, car le mal n’était encore qu’en germe. Si c’est là la vérité, quel péché de prendre part à ce qui est idolâtrie au jugement de Dieu, de l’appuyer ou de le sanctionner, d’aucune manière ! Le mal augmente bien rapidement. Il n’est pas maintenant limité au papisme ; mais les pas qu’on a faits dans ces dernières années vers les principes catholiques sont la même chose. S’il renferme quelque élément religieux, c’est un élément idolâtre qui emploie certains sentiments de crainte dans notre nature déchue, pour amener les gens à éprouver plus de révérence dans le culte. C’est précisément la chose qui est opposée à la foi. L’essence de notre bénédiction consiste en ce que l’âme jouit de Christ par la Parole de Dieu — le Saint Esprit donnant cette jouissance de Christ, à part tout ce qui agit sur l’œil ou l’esprit naturel. Car c’est précisément cet abus même que l’apôtre dénonce ici si fortement, et qu’il appelle l’élément faible et misérable. Ce que Dieu estime dans le culte serait maintenant, en général, considéré comme maigre et pauvre ; car cela suppose l’absence de décorations extérieures et de toute excitation, afin que ce soit la puissance réelle du Saint Esprit agissant parmi les saints.

« Vous observez des jours, et des mois, et des temps, et des années ». Ne pas faire cela, c’est la merveille aujourd’hui. Hélas ! le mal qui existait chez les Galates est regardé comme une preuve de religion. Paul flétrit cette observance, non seulement comme une erreur, mais comme une preuve d’idolâtrie. Dans le paganisme, on faisait grand cas de ces fêtes, et Dieu les permettait dans le judaïsme, parce que les Juifs avaient des moyens de religion adaptés à leur état et à un sanctuaire terrestre. Mais maintenant, tout est complètement changé, et l’observance de fêtes et de saisons spéciales, comme un moyen de plaire à Dieu, est réprimé avec autorité par le Saint Esprit. « Je crains pour vous que peut-être je n’aie travaillé en vain pour vous ». N’est-ce pas une chose bien solennelle que, quel qu’eût été le mal chez les Corinthiens, l’apôtre ne dit jamais à leur sujet : « Je crains pour vous » ? — Si nous avions connu une assemblée ayant en son sein autant de mal moral, et de mal flagrant — où quelques-uns même cherchaient à renverser la résurrection, n’aurions-nous pas dit qu’il n’y eut jamais rien de si pitoyable que leur état ? Mais l’apôtre leur écrit dans la confiance qu’ils seraient retirés de ce mal. Non pas qu’il ne le sentît profondément ; et il met devant eux leur condition critique ; mais il écrit dans l’assurance que Dieu toucherait leurs cœurs. « Dieu par qui vous avez été appelés à la communion de son Fils Jésus Christ notre Seigneur, est fidèle ». Puis il commence à s’occuper de leur conduite après qu’il a touché cette grande corde dans leurs cœurs. Mais quand il écrit aux Galates, il n’y a pas de telles expressions. Plus tard, le Saint Esprit lui donne de la consolation à leur égard, mais c’est bien loin de ce qu’il sent en écrivant aux Corinthiens. Le légalisme est une chose insidieuse, parce qu’il a une belle apparence. Lorsque le cas est tel, les hommes s’imaginent qu’ils deviennent plus saints pratiquement ; mais le fait est que c’est le contraire. Ce qui produit la vraie sainteté, c’est que ce n’est pas seulement le nom d’un jour, ou d’une heure, ou d’une saison, ou d’un lieu, mais c’est Dieu opérant dans l’âme « et le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » ; et cela, parce qu’elle est sanctifiée « par l’offrande de Jésus Christ (faite) une fois pour toutes ». Dieu introduit le croyant dans Sa propre présence, et l’y place comme un enfant.

Des personnes peuvent, en réalité, se trouver respirer le souffle vital du papisme, tandis qu’elles pensent en avoir la frayeur la plus salutaire Cherchons et voyons, pour nos propres âmes. Nous pouvons toujours regarder à Dieu, nous attendre à Lui, et compter sur la victoire par notre Seigneur Jésus Christ. Que Satan déploie comme il voudra sa rage ; quoiqu’il en soit, Dieu sera toujours Dieu — et sera toujours fidèle à Sa propre Parole et à Son Esprit.

L’apôtre en vient maintenant à ses propres rapports avec les saints de la Galatie ; et il se sert du reproche même auquel les docteurs légaux les avait poussés contre lui, comme d’un argument de plus pour la vérité. Ils avaient, par leurs représentations, excité les Galates, en sorte qu’ils se sentirent fâchés contre l’apôtre, parce qu’il avait, pour ainsi dire, cessé d’être Juif, avouant qu’il en avait complètement fini avec la loi. C’est à cela qu’il répond maintenant. Il est important de comprendre comment on en a ainsi fini avec la loi. Ce n’est pas que l’apôtre n’en usât point ; mais alors le point est, comme il le dit à Timothée, qu’un homme doit en user légitimement, pour parler aux impies et aux iniques, etc. Mais ils le blâmaient parce qu’il ne défendait pas ses privilèges juifs. Il pouvait se servir de la loi de Dieu, et il s’en servait, en effet, pour des principes moraux et en ayant à faire aux hommes ; mais non comme d’un titre, ni comme d’une règle pour lui-même. C’eût été abaisser le fondement et le caractère de sa bénédiction, s’il avait condescendu à parler d’aucune chose qui lui appartînt selon la chair. La grâce l’avait introduit dans une place bien meilleure. Dans l’homme, la loi et la chair sont toujours ensemble. La loi de Christ fut la fin de l’une et de l’autre aux yeux de Dieu. La chair y fut jugée et condamnée : elle fut traitée comme une chose morte devant Dieu — morte et ensevelie : et nous sommes morts à la loi qui s’occupe de la chair. Nous avons passé en dehors de l’une et de l’autre ; nous ne sommes pas dans la chair, et nous ne sommes plus sous la loi. La chair étant la chose en nous contre laquelle la loi lutte, et la chair étant maintenant par la foi tenue pour une chose morte, il n’y a plus rien dont la loi puisse se saisir. Nous passons hors de sa province dans un autre pays et dans une autre atmosphère.

L’apôtre s’empare donc de ce reproche même, et le change en un argument inattendu pour l’évangile. « Soyez comme moi », dit-il ; c’est-à-dire, soyez affranchis de la loi comme étant morts à la loi, en Christ ; prenez votre place avec hardiesse et fermeté, avec la certitude que c’est la volonté de Dieu, que vous n’ayez aucune relation directe avec elle. « Soyez comme moi ». Je suis affranchi de sa domination et de ses obligations. Ils disent que je ne mets pas en avant mes droits légaux comme Juif : je le sais et je le proclame. Vous étiez Gentils selon la chair ; vous ne fûtes jamais, en aucune façon, dans une position juive : ne la cherchez pas maintenant que vous en avez une meilleure, par grâce et dans Sa grâce. « Soyez comme moi, car moi aussi (je suis) comme vous, frères, je vous en prie ». Vous êtes Gentils, et vous n’avez jamais été, et vous n’êtes pas sous la loi du tout, « et je suis comme vous êtes ». Si seulement vous compreniez votre position d’affranchissement de la loi, comment pourriez-vous désirer de passer sous son joug ? Il présente la chose sous une forme concise et très elliptique ; mais je crois qu’on doit la comprendre, quand on la prend en connexion avec ce qui précède et ce qui suit. « Vous ne m’avez fait aucun tort ». Ils craignaient apparemment qu’en laissant voir à l’apôtre qu’il renonçait à la place qui lui appartenait en propre, ils ne fissent quelque chose pour blesser ses sentiments. Pas du tout, dit-il : « Vous ne m’avez fait aucun tort ». Je reconnais pleinement que, quoi que je fusse comme homme dans la chair, j’ai entièrement abandonné ce terrain. Comme descendant direct d’Abraham en supposant l’absence de toute chose et une observation parfaite de la loi, je ne serais pas aussi béni que je le suis en Christ. Puis, se rappelant ce qu’il avait dit au chapitre 3 verset 10 (« tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de loi, sont sous malédiction »), nous voyons que tout ce qui pourrait être gagné en prenant un terrain légal, c’est une malédiction. Eh bien, donc (et l’apôtre pouvait insister d’une manière triomphante) : « Soyez comme moi, car moi, aussi (je suis) comme vous, frères ; je vous en prie ». Vous n’étiez que des Gentils, et vous n’aviez rien à faire avec la loi ; et maintenant je suis amené dans une position en dehors de la loi, tout autant que vous — non pas, sans doute, en devenant un Gentil ; mais en étant délivré de la loi en Christ, et par le moyen de Christ. Telle est la bénédiction de la position chrétienne. Ce n’est pas simplement absence de loi, mais le fait d’avoir été introduit dans l’union avec Christ, ce qui nous élève au-dessus de la loi, et en même temps assure l’obéissance et réveille l’amour envers Dieu et envers l’homme, comme jamais la loi ne pouvait le faire. Ainsi, ce que la loi avait en vue est accompli (Rom. 8, 3, 4), et cela beaucoup plus pleinement qu’il aurait jamais pu l’être autrement, par le moyen de l’amour de Christ qui étreint l’âme. Et cela est fait, non par le procédé purement négatif de dire à un homme qu’il n’a pas la loi pour sa règle, mais en le plaçant sous Christ, c’est-à-dire sous Sa grâce. C’est là ce que la foi fait pour l’âme.

« Vous savez comment au commencement je vous ai évangélisé dans l’infirmité de la chair ; et vous ne m’avez point méprisé, ni rejeté avec dégoût ma tentation (qui était) en ma chair ; mais vous m’avez reçu comme un ange de Dieu, comme (le) Christ Jésus ». Bien loin de venir avec quelque chose qui sentît la confiance charnelle, il vint comme un homme qui souffrait. Il fait seulement allusion à la chose ici, mais elle est plus particulièrement présentée en 2 Corinthiens 12. Et il est bien doux de considérer comment il arriva, et quand il arriva, que l’apôtre reçut cette humiliante marque en sa chair. Il ne nous est pas dit ce qu’elle était. Ce pouvait être quelque particularité dans sa parole, ou son regard, etc. Nous savons que c’était quelque chose en rapport avec son état corporel ; c’était en sa chair. Mais il est tout à fait clair, et bien touchant en même temps de le savoir, que plus l’apôtre était conduit de Dieu et béni en sa course, les marques qu’il portait de souffrance, de faiblesse, et de honte en sa personne, n’en étaient que plus profondes. L’écharde dans la chair suivit le fait de son ravissement jusqu’au troisième ciel. L’ange de Satan le souffleta, et Dieu en fit résulter un avantage précieux, afin que l’apôtre fût tenu dans l’abaissement à ses propres yeux et même à ceux d’autrui. Il fut ainsi rendu manifeste que ce qui opérait de telles merveilles dans Paul, c’était la puissance du Saint Esprit, en dépit de ce que la sentence de mort était passée sur toute l’énergie de la nature. Le jour viendra où Dieu rétablira les Juifs, où Il les mettra dans la position de « la tête », et les Gentils dans celle de « la queue » — et alors tout sera établi dans l’ordre convenable selon la pensée de Dieu. Mais maintenant il n’en est nullement ainsi. Tel est, pour ainsi dire, le langage de Paul. Être Juif, ce n’est rien. Tout a disparu. Je suis venu ici comme quelqu’un qui souffre et qui est méprisé, et ne revendiquant en rien ce que je suis comme enfant d’Abraham. Je suis mort à tout cela. Et comme preuve, il fait allusion aux circonstances bien connues de sa première prédication parmi eux. Ne se rappelaient-ils pas que lorsqu’il vint à eux, ce ne fut pas avec puissance ou éclat, mais profondément éprouvé ? Au lieu d’attraits extérieurs attachés à sa personne, il y avait ce qui ne pouvait être qu’une pénible épreuve pour lui-même et pour eux. Mais qu’en pensaient-ils alors ? Ils étaient si pleins de l’évangile, si heureux de voir que la grâce et la bénédiction de la vérité étaient prêchées, qu’ils regardaient Paul comme on aurait regardé un ange. « Vous ne m’avez pas méprisé… Mais vous m’avez reçu comme un ange de Dieu, comme (le) Christ Jésus ».

« Quel était donc le bonheur dont vous vous vantiez ? Car je vous rends témoignage que s’il eût été possible, vous eussiez arraché vos yeux et vous me les eussiez donnés ». Leurs affections avaient été complètement aliénées : c’est toujours l’effet produit, lorsque de fausses doctrines agissent sur les esprits. L’inimitié s’accroît et toutes les circonstances tendent à la grossir. L’apôtre présente la chose vivement et fortement à leur conscience. « Je suis donc devenu votre ennemi, en vous disant la vérité ? Ils sont zélés à votre égard, mais non pas comme il faut ; au contraire, ils veulent vous exclure » — « ou nous exclure » comme d’autres lisent ; car en réalité c’était exclure l’apôtre de toute communication avec les saints — élevant une barrière entre lui et eux. « Ils veulent nous exclure, afin que vous soyez zélés à leur égard » : c’est-à-dire, afin que ce fût une affaire de flatterie les uns à l’égard des autres ; car la loi est invariablement pervertie pour enfler la chair, quand on n’en use pas selon le dessein de Dieu. « Mais il est bon d’être toujours zélé pour le bien, et de ne pas l’être seulement quand je suis présent avec vous ». L’expérience de Paul avec les Galates était exactement l’opposé de tout ce qui se trouvait à Philippes. Vous pouvez vous rappeler un passage bien connu dans Philippiens 2, où l’apôtre parle d’eux comme ayant « toujours obéi, non seulement comme en ma présence, mais beaucoup plus maintenant en mon absence ». Ils étaient remarquables pour leur esprit d’obéissance quand il était présent ; et c’est toujours l’esprit de grâce qui produit cela, comme la loi engendre la servilité et la crainte. Quand nous sommes heureux dans la présence de Dieu, nous sommes unis en un seul objet commun, et cet objet c’est Christ. Il y a ainsi un motif qui gouverne toutes les affections et toutes les actions ; et le bonheur, la paix, et la soumission sont les effets propres et naturels de la grâce quand elle opère parmi les enfants de Dieu. À Philippes donc, ils avaient toujours obéi, non seulement quand Paul était là, mais beaucoup plus en son absence. Ils travaillaient à leur propre salut avec crainte et tremblement, ayant la conscience du grand combat dans lequel ils étaient engagés. Ils répudiaient ce vain rêve, que, parce qu’ils étaient chrétiens, toute la difficulté était passée ; mais au contraire, ayant été amenés à Christ, ils se trouvaient néanmoins en présence d’un puissant ennemi, et dès lors ils ne voyaient aucun refuge qu’en Dieu. L’apôtre était parti, mais au lieu d’être abattus par là, cela les fit regarder à Dieu de plus en plus ; non pas avec quelque orgueil dans le cœur, mais en sentant la nécessité de dépendre de Lui. Le même sentiment qui les portait à reconnaître Dieu en toutes choses, les aurait conduits à se servir de l’apôtre et à l’apprécier quand il était là ; lorsqu’il n’y était pas, cela les amenait à dépendre directement et immédiatement de Dieu. Tandis que l’orgueil du cœur qui aurait méprisé l’apôtre, exposerait les âmes à devenir idolâtres d’elles-mêmes, à ceux qui flattent le moi, et ainsi à toutes les tromperies de Satan. Le grand point pour les Philippiens, c’était que Dieu opérait en eux. Pourquoi être abattus, comme s’ils n’avaient pas la confiance que Celui qui les aimait le mieux, opérait en eux, et qu’Il aurait soin d’eux d’autant plus parce qu’ils étaient engagés dans une lutte si meurtrière ?

Chez les Galates, il n’en était pas ainsi. Prenant avantage de l’absence de l’apôtre, ils étaient bientôt tombés dans un emploi charnel de la loi, et avec des docteurs qui s’en entretenaient dans cette voie, ils perdaient rapidement toute affection réelle pour lui, ainsi que le bonheur dont ils avaient autrefois joui. Bien qu’il eût été mieux qu’ils eussent regardé à Dieu — s’attendant à Lui, et qu’ils eussent trouvé la force de se tenir de Son côté, quand ils étaient laissés seuls, toutefois, en considérant l’état dans lequel ils étaient, il aurait pu désirer d’être avec eux. Leur foi avait été ébranlée, et ils avaient été en voie de se détourner de Christ, pour rendre les choses plus sûres par des ordonnances ; et comme l’apôtre avait traversé une grande épreuve à leur sujet lorsqu’ils vinrent d’abord à la connaissance de Christ — qu’il avait connu, comme il l’exprime lui-même, de pénibles et profondes angoisses à cet égard, ainsi il passait de nouveau en son esprit par tout cela. « Mes petits enfants, pour l’enfantement desquels je travaille de nouveau jusqu’à ce que Christ soit formé en vous ». Le légalisme avait tellement défiguré la vérité dans leurs âmes, qu’ils avaient besoin d’être enracinés et fondés tout de nouveau dans les premiers éléments de la grâce. Ils avaient cessé de retenir fermement la croix, et l’apôtre était en perplexité à leur sujet. Extérieurement, ils pouvaient être bien zélés ; mais quant à ce qui concernait le témoignage pour Christ, et la jouissance de Christ en leur âme, tout avait disparu. L’apôtre désirait que l’œuvre fût renouvelée dans leur âme, depuis l’origine même. « Je voudrais être maintenant avec vous et changer de langage, car je suis en perplexité à votre sujet ». Il veut dire qu’il désirait agir à leur égard, selon ce qu’il voyait que leur état demandait. Un effet pourrait être produit, et il leur parlerait avec douceur ; ou bien ils pourraient être légers, orgueilleux et durs, et alors il lui faudrait agir avec sévérité ; il voudrait « changer de langage », comme il dit aux Corinthiens : « Que voulez-vous ? Irai-je vers vous avec la verge, ou avec amour et un esprit de douceur ? ». Ici l’apôtre était en perplexité à leur sujet.

« Dites-moi, vous qui voulez être sous (la) loi, n’écoutez-vous pas la loi ? ». Il emploie le mot « loi » en deux sens différents dans ce verset. Vous qui désirez être sous le principe de loi, n’écoutez-vous pas ce que disent les livres de la loi ? Il veut parler des premiers écrits de la Bible. Le mot « loi » est employé quelquefois pour désigner la Parole de Dieu en général, telle qu’elle était alors révélée ; comme dans psaume 19 : « La loi de l’Éternel est parfaite, restaurant l’âme ». Mais quand il en est parlé comme de la chose sous laquelle le chrétien n’est pas placé, c’est le principe par lequel la conscience est soumise à certaines obligations, afin d’acquérir une position avec Dieu. C’est cette fausse doctrine que Paul met à nu. C’est pourquoi il dit : « Vous qui voulez être sous (la) loi, n’écoutez-vous pas la loi ? Car il est écrit qu’Abraham a eu deux fils, l’un de la servante, et l’autre de la femme libre. Mais celui (qui naquit) de la servante (naquit) selon la chair, et celui (qui naquit) de la femme libre (naquit) par la promesse ». Vous voyez ici la connexion entre la chair et la loi, entre la promesse et la grâce. L’Esprit a affaire à la promesse ; la loi, à la chair. Il explique cela d’après la Genèse.

Le Saint Esprit a pris un soin particulier de s’emparer de certains faits dans l’Ancien Testament, que nous n’aurions jamais supposés applicables, pour faire ressortir des vérités bénies dans le Nouveau Testament. Qui aurait discerné la différence entre la loi et la promesse dans la lutte d’Agar et d’Ismaël avec Sara et Isaac ? Non seulement l’Esprit de Dieu la voyait, mais Il voulait que la relation inspirée des circonstances présentât d’avance la magnifique figure des deux alliances : celle de la loi qui n’a qu’un enfant de la chair ; et celle de la promesse, laquelle, au contraire, enfante, dans le temps convenable, l’enfant de l’Esprit. L’apôtre ne nous laisse pas à nos propres imaginations. Il montre qu’Agar « correspond à la Jérusalem de maintenant » — la cité des scribes et des pharisiens, la pauvre, orgueilleuse, et misérable Jérusalem, qui n’avait aucune liberté envers Dieu, gémissant sous la servitude romaine, et sous la servitude plus amère encore du péché. L’apôtre applique cela à ce qui se passait parmi les Galates. Qu’ils prissent garde de devenir virtuellement les enfants d’Agar. Ne prenaient-ils pas la place d’être zélés pour la loi ? Et pourtant, après tout, ils ne comprenaient pas sa voix ; « voulant être docteurs de la loi, mais n’entendant, ni ce qu’ils disent, ni ce sur quoi ils insistent ». La loi était complètement contre eux. Elle montrait clairement que Dieu attachait la promesse, non à ce qui était simplement la postérité de la lettre, mais aux enfants de l’Esprit.

Tout système religieux qui s’établit sur le pied de la loi, prend invariablement un caractère judaïque. Nous n’avons pas besoin de regarder bien loin autour de nous, soit pour comprendre ceci, soit pour l’appliquer. D’où vient que les hommes ont des édifices magnifiques, ou la splendeur d’un rituel dans le service de Dieu ? Sur quel modèle tout cela est-il fondé ? Certainement ils ne ressemblent pas à ceux qui étaient rassemblés autrefois dans la chambre haute. Le temple est évidemment leur type, et il leur faut avec cela une classe de personnes spéciale et sacrée, le principe d’un clergé étant fondé sur l’idée de la sacrificature judaïque. Lorsque le cas est tel, il faut que le service dépende de ce qui peut avoir de l’attrait pour les sens — déploiement d’ornements, musique, cérémonies imposantes, tout ce qui est de nature à frapper l’esprit de l’homme, ou à attirer une multitude, non par la vérité, mais par quelque chose qu’on peut voir ou entendre, et qui plaît à la nature. C’est l’ordre de ce que la Parole de Dieu appelle le « sanctuaire terrestre ». Ce n’est pas que le tabernacle ou le temple n’eussent une importante signification avant que Christ vînt ; mais après cela, leur caractère figuratif devint apparent, et leur valeur temporaire prit fin, et la plénitude de la grâce et de la vérité de Dieu fut manifestée en la personne de Celui qui vint du ciel. Quand Christ fut rejeté de la terre et retourna au ciel, tout fut changé, et la soumission de cœur de la part des enfants de Dieu, est transférée au ciel. Pour nous, le vrai sanctuaire c’est le nom de Christ. Ce que l’Ancien Testament rattachait au temple pour un peuple terrestre, le Nouveau Testament le rattache à Jésus. « Où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux ». Quelque faible que fût le nombre des âmes fidèles à cela, ils en recueilleraient la bénédiction. Il est d’une grande importance de retracer les choses jusqu’à leur principe. Quand l’apôtre écrivait aux Galates, les germes seulement se montraient ; ils n’en étaient pas venus si loin que d’avoir des édifices consacrés et des castes d’hommes, avec toute la pompe et toutes les circonstances d’un culte religieux adapté au monde, comme nous le voyons autour de nous maintenant — le résultat des invasions graduelles de l’erreur dans le corps qui professe le christianisme. Mais pourtant il y avait le commencement du mal, l’effort pour introduire les principes de la loi pour les imposer aux chrétiens. Et quel en est l’effet ? Vous ne faites que quitter la position d’Isaac pour tomber dans celle d’Ismaël ; c’est renoncer aux promesses et devenir simplement un enfant de la servante. Tel est l’argument dont l’apôtre se sert pour reprendre les Galates, qui se flattaient qu’ils avaient fait un progrès immense ; mais en réalité c’était sortir de la liberté et glisser dans la servitude.

« Mais la Jérusalem d’en haut, est la femme libre qui est notre mère ». Le texte reçu lit : « la mère de nous tous », ajoutant le mot « tous ». Nous avons donné le vrai texte qui finit par « de nous ». Et le sens est évidemment plus complet et meilleur sans l’addition. Il est probable que le mot « tous » fut ajouté par ceux qui pensaient rendre ainsi plus forte la connexion de tous les enfants de la Jérusalem d’en bas ; mais nous appartenons à la Jérusalem d’en haut. Quant à la Jérusalem terrestre, elle n’a aucun droit sur nous maintenant ; nous appartenons à Christ, et par conséquent à la Jérusalem céleste. « Car il est écrit » — et maintenant il fait allusion à un passage dans les prophètes : « Réjouis-toi, stérile qui n’enfante point, éclate (de joie) et pousse des cris, toi qui n’es pas en travail d’enfant, car les enfants de la délaissée sont plus nombreux que (les enfants) de celle qui a un mari ». Le sens peut paraître un peu obscur au premier abord, mais lorsqu’il est compris, il ajoute beaucoup à la force de ce sur quoi l’apôtre insiste. Il est lié, non pas tant avec Agar et Sara, qu’avec l’allusion à Jérusalem. Voyez Ésaïe chapitre 54, où Jérusalem dans un jour à venir jette un regard en arrière sur ses épreuves passées, et Dieu compte tout selon Sa grâce d’une manière bien remarquable. Il parle du temps où elle fut longtemps désolée, de la saison actuelle de ses épreuves, quand elle est privée de ses anciens privilèges ; mais Il dit de ce temps-là même, qu’elle a plus d’enfants qu’alors même que l’Éternel était son mari. Dans Osée, il est parlé d’Israël comme étant très coupable, et l’Éternel est sur le point de la répudier. Puis elle est la désolée : l’Éternel l’a abandonnée à cause de son péché ; mais dans le temps convenable, avant qu’il y ait aucune délivrance extérieure de la captivité chez les Gentils et de l’oppression sous lesquelles elle gémit, la grâce commence à opérer, et tous ceux qui sont amenés sous Christ maintenant, sont comptés, sous un certain rapport, comme étant ses enfants. Mais tout est lié avec Jérusalem telle qu’elle sera un jour — Jérusalem qui aura pris le terrain de la grâce. En sorte que, quand elle considère les chrétiens qui seront alors dans la place céleste qui leur est propre, le Seigneur les comptera comme enfants de la femme désolée. Il dira : « Réjouis-toi, stérile qui n’enfante point, éclate (de joie) et pousse des cris, toi qui n’es point en travail d’enfant, car les enfants de la délaissée sont plus nombreux que (les enfants) de celle qui a un mari ». C’est une comparaison de son état pendant le temps de sa désolation, avec son état quand elle avait un mari. Ce dernier temps était celui où elle était reconnue dans sa position terrestre, et elle n’avait alors que peu d’enfants ; mais maintenant, pendant sa désolation, il y a une puissante effusion de la grâce de Dieu, et une abondante moisson d’âmes rassemblées, qui, par grâce, sont comptées comme ses enfants.

L’épître aux Galates ne traite jamais de ce qui est à proprement parler la position de l’Église, car elle ne va pas au-delà de l’héritage de la promesse. Il y a des privilèges que nous partageons en commun avec tous les saints : « Abraham crut Dieu, et cela lui fut compté pour justice ». Nous aussi, nous croyons, et nous sommes justifiés. En substance, dans ces limites-là, la foi a dans tous les temps les mêmes bénédictions. Nous sommes enfants de promesse, entrant dans la portion de la foi, comme l’ont fait avant nous les saints des temps passés ; et c’est là ce que nous trouvons dans l’épître aux Galates, bien qu’il y ait en même temps un certain progrès de bénédiction pour nous. Mais si vous regardez l’épître aux Éphésiens, le grand point là c’est que Dieu fait connaître des privilèges entièrement nouveaux et célestes. Ce n’est là sous aucun rapport ce qui est traité dans l’épître aux Galates. Là nous sommes sur le terrain commun des promesses. « Or si vous êtes de Christ, vous êtes donc (la) semence d’Abraham et héritiers selon la promesse ». Mais dans celle aux Éphésiens, il y a certains privilèges distincts et donnés en surcroît, auxquels Abraham ne pensa jamais et dont il n’entendit jamais parler : je veux dire la formation de l’Église de Dieu, le corps de Christ — la vérité que Juifs et Gentils seraient tirés de leurs positions terrestres et faits un avec Christ dans le ciel. C’était là le mystère par rapport à Christ et l’Église, mystère « caché dès les siècles et dès les générations », mais maintenant révélé par le Saint Esprit. Ainsi donc, pour avoir une vue juste de la pleine bénédiction du chrétien, il faut prendre ensemble la bénédiction présentée dans l’épître aux Éphésiens et celle présentée dans l’épître aux Galates. Le temps spécial, c’est pendant que Christ est à la droite de Dieu. Même par rapport aux saints du millénium, croyez-vous qu’ils jouiront de tout ce que nous avons maintenant ? Bien loin de là. Ils posséderont bien des choses que nous ne possédons pas, telles que la gloire manifestée de Christ, l’exemption de l’affliction et des souffrances, etc. Mais notre vocation est totalement différente et d’un contraste complet. C’est d’aimer Celui que nous n’avons pas vu ; de nous réjouir au milieu de la tribulation et de la honte. Si un homme ne formait ses pensées à l’égard du christianisme que d’après l’épître aux Galates, il pourrait confondre les saints d’aujourd’hui avec ceux de l’Ancien Testament, en se rappelant toutefois la différence que nous trouvons ici, « qu’aussi longtemps que l’héritier est en bas âge, il ne diffère en rien d’un esclave », tandis que nous sommes introduits dans la pleine possession de nos privilèges. Mais il y a dans l’épître aux Éphésiens, d’autres choses, et des choses plus élevées, qui sont appelées le conseil de Dieu, ou qui au moins découlent de ce conseil. En sorte qu’il est bon de distinguer cette double vérité — la communauté de bénédiction dans toutes les économies, et la spécialité de privilèges qui s’attache à ceux qui sont appelés maintenant par le Saint Esprit envoyé du ciel.

« Or nous, frères, nous sommes enfants de promesse comme Isaac. Mais comme alors celui qui était né selon (la) chair, persécutait celui (qui était né) selon (l’)Esprit, (il en est) de même aussi maintenant ». Il montre là les fruits pratiques ; néanmoins, il ajoute : « Que dit l’Écriture ? Chasse la servante et son fils, car le fils de la servante n’héritera point avec le fils de la femme libre ». Quel coup de mort pour ceux qui soutiennent que l’enfant de Dieu a quelque chose à faire avec la loi, comme étant ce qui détermine sa propre relation avec Dieu ! La loi est une arme puissante pour sonder les impies ; mais dans notre propre position, nous en avons fini avec elle. « Ainsi donc, frères, nous ne sommes pas enfants de la servante, mais de la femme libre ». Telle est la conclusion de l’argument de l’apôtre. Et que peut-il y avoir de plus concluant ? D’après la loi elle-même, il contredit toutes les choses pour lesquelles ils se servaient de la loi ; et avant que la loi fût donnée à Sinaï, nous trouvons présentée dans ce type remarquable, la vraie position du chrétien en contraste avec le légaliste. Le Juif répond à l’enfant de la servante, et il était alors aussi dans la servitude. L’apôtre montre que telle est l’inévitable portion du Gentil aussi qui désire prendre cette place, et qui doit même souffrir encore plus des conséquences de sa folie en cette position qu’il a choisie. Il abandonne la condition de liberté, pour être un esclave. « Mais que dit l’Écriture ? Chasse la servante et son fils, car le fils de la servante n’héritera point avec le fils de la femme libre ». Nous voyons donc ici, de la manière la plus claire possible, comment Dieu combat tous ces efforts pour introduire subrepticement la loi parmi les enfants de la femme libre. Au contraire, quant à l’enfant de la femme libre, les promesses lui sont assurées par Dieu Lui-même en Christ ressuscité.

Ainsi donc, il est de la plus grande importance que nous saisissions clairement notre position, et que nous comprenions ce que c’est que Dieu nous a donné. Il nous a appelés, quand même nous aurions été des Juifs, dans une tout autre condition que celle de sujétion à la loi. Il nous a fait devenir enfants de la femme libre et nous a introduits dans la liberté.