Écho du Témoignage:Notes sur l’épître aux Galates/Partie 3

De mipe
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Chapitre 3

La première section du chapitre est consacrée au contraste entre les principes de la loi et ceux de la foi — de la foi, dis-je, et non précisément de la promesse. La partie suivante prend le sujet de la promesse et montre les rapports mutuels de la loi et de la promesse ; mais les premiers versets sont consacrés à un champ plus étendu. Car il faut nous rappeler que la foi a une variété de sphère et d’opération, outre la promesse de Dieu. Sans aucun doute, les promesses appartiennent à la foi ; mais alors la foi peut embrasser, et cela pour son profit, beaucoup plus que ce qui fut — non pas révélé, mais — promis. Car quand nous parlons de promesses, il ne s’agit pas seulement des bénédictions dont Dieu parle, comme Sa grâce envers des pécheurs coupables ; mais de certains privilèges définis, qui furent assignés d’avance à Abraham, à l’égard desquels « le oui » et « l’amen » sont en Christ quant à toute leur force spirituelle — de promesses qui seront accomplies dans un temps à venir, dans la lettre aussi bien que dans l’esprit, lorsqu’il plaira à Dieu de convertir Son ancien peuple. Alors il y aura le merveilleux déploiement de toute bénédiction céleste et terrestre, accomplie par le moyen de la même glorieuse personne, qui en est entièrement la source et le centre — le Seigneur Jésus Christ. Mais dans la partie du chapitre qui nous occupe, il n’est pas tant question de promesse, que de la manière dont il faut nécessairement que la bénédiction soit obtenue.

Les Galates avaient été amenés depuis peu, sous l’immense privilège de la prédication de l’apôtre, à jouir de la puissance et de la bénédiction du christianisme ; et maintenant (chose triste à dire), ils étaient en danger de se détourner, et ils avaient perdu le sentiment de la grâce en leur âme. Par quel moyen avaient-ils, dans l’origine, reçu de Dieu la bénédiction ? Cette question est soulevée par le dernier verset du chapitre précédent. En effet, l’apôtre y insiste fortement sur le grand point que le Saint Esprit explique dans cette épître, savoir que ce n’est pas la loi, mais la grâce de Dieu en Christ, qui donne gratuitement toute la bénédiction dont le chrétien jouit. Il nous avait déjà conduits jusqu’ici, savoir, que « par (la) loi je suis mort à (la) loi, afin que je vive à Dieu ». Il a montré comment la chose s’était passée dans son propre cas, pour lui qui était juif, et qui, par conséquent, était nécessairement sous la loi de Dieu, d’une manière dont aucun Gentil, comme tel, ne pouvait l’être ; comment il se faisait qu’il en avait été délivré et qu’il pouvait maintenant adopter un langage si différent. Il dit : « Je suis crucifié avec Christ, et je ne vis plus moi, mais Christ vit en moi ». Ainsi donc, sous un point de vue, il parle de lui-même comme étant mort, et sous un autre, comme étant vivant, mais cette vie en laquelle il vivait maintenant, c’était Christ en lui. Quant au vieux moi, il le traite comme une chose morte. Tout ce qui constituait son caractère naturel, le vieux moi qui était sujet à la loi, il le traite comme crucifié. La raison en est évidente. Quelle est la source de l’énergie d’un homme ? et quel est le but de toutes choses en ce monde ? Qu’est-ce qui se mêle à toutes les pensées et à tous les désirs, et qui les corrompt ? C’est le moi. Que vous considériez le courage ou la générosité ou la sollicitude pour sa famille, pour son pays et pour sa religion — toutes ces choses s’étaient trouvées en Paul avant sa conversion ; mais il y avait une chose qui avait une racine plus profonde que tout le reste, et c’était le moi. Néanmoins, tout ceci avait été mis à mort en la croix de Christ, qui jugeait tout son être moral comme étant fondé sur ce qui était corrompu, c’est-à-dire sur lui-même. Le caractère moral de Paul avait été atteint, jusque dans ses dernières profondeurs. Désormais, il part du principe qu’il en a un autre pour sa vie, savoir Christ Lui-même ; et tandis qu’il se trouvait entrer dans Son amour, et accomplir Sa volonté, c’était Christ, comme un objet devant lui, qui était, par le Saint Esprit, la puissance de la vie en lui.

Or, ce n’est pas là une chose particulière à quelques-uns ; au contraire, Christ est la vie de tout chrétien ; mais il se peut qu’elle ne soit pas toujours manifestée. Vous pouvez trouver le vieil homme qui se manifeste dans l’orgueil, la vanité, la recherche de ses aises, ou la force de vieilles habitudes. Quand c’est là le cas, c’est sans doute qu’on a permis à la vieille nature de se montrer de nouveau, parce que l’âme n’a point été occupée de Christ, ni exercée dans le jugement de soi-même.

Il ne saurait y avoir une telle chose que Christ mort en nous, pour ainsi dire ; mais lorsque pratiquement, nous ne vivons pas de Christ, la nature qui amena Christ à la croix, éclate bientôt, et se trahit dans nos voies. Voici le point auquel l’apôtre était arrivé : c’était Christ qui vivait en lui, non la loi. « Pour moi, par (la) loi, je suis mort à (la) loi, afin que je vive à Dieu ». Tout ce que la loi pouvait faire, c’était d’introduire sa puissance pour tuer, sur tous ceux qui étaient sous elle. Il n’y avait pas, comme nous le voyons souvent de nos jours, des efforts pour garder la loi d’une manière spirituelle, maintenant qu’il était converti ; mais « pour moi, par (la) loi, je suis mort à (la) loi, afin que je vive à Dieu ». Cette expression : « que je vive à Dieu » est bien sérieuse et pleine de beauté. La loi n’a jamais produit la vie dans une seule âme : elle tue. Ici, au contraire, vous voyez Paul mort à la loi, mais vivant à Dieu sur un principe totalement différent. La question était : Comment cette vie est-elle venue ? Si tout ce que la loi fit, fut d’apporter en son âme la mort et la conscience de la mort (ce qui se rapporte à la manière dont il passa par le sentiment de sa condamnation devant Dieu), quelle est la source de la nouvelle vie ? Non pas la loi, mais Christ. Il en a fini avec la loi, en Christ, et il demeure libre, et même il a la vie en lui, afin de vivre à Dieu. Dès lors il dit : « Je ne vis plus moi, mais Christ vit en moi ». Nous voyons donc ici, non seulement la source et le caractère de la nouvelle vie, mais qu’elle est entièrement soutenue, par la chose même qui lui a donné l’existence. Comme ce fut la foi de Christ qui produisit la vie, de même, c’est la foi de Christ qui en est la puissance. Une personne peut admirer ce qui est bon et aimable ; mais c’est autre chose que de l’être soi-même. Et qu’est-ce qui donne la puissance ? C’est de regarder à Christ ; c’est que l’âme se nourrisse avec délices de Christ. Le moyen, objectivement, c’est Christ. « Ce que je vis maintenant en (la) chair, je le vis dans (la) foi, la (foi) du Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi ; je n’annule pas la grâce de Dieu » (c’est ce qu’ils faisaient), « car si (la) justice est par (la) loi, Christ est donc mort pour rien ». C’était leur principe que la justice était par la loi, et non pas uniquement en Christ mort et ressuscité. Alors, dit-il, s’il en est ainsi, « Christ est donc mort pour rien ». S’il était seulement question de la loi, tout ce qui aurait été nécessaire, c’est que Christ vécût, et qu’Il nous fortifiât pour garder la loi. Mais Il est mort. Il insiste sur ceci, c’est que l’effet de leur doctrine est que Christ serait mort pour rien ; tandis qu’en réalité, c’est la chose essentielle, la voie même, et la seule voie, par laquelle la grâce de Dieu arrive jusqu’à l’âme.

Ayant touché cette grande vérité, il ne peut retenir un reproche brusque et saisissant ; car il sentait, par le contraste, combien grande était la perte qu’ils faisaient. « Ô Galates insensés, qui vous a ensorcelés ? ». Dans le texte reçu, il est ajouté : « pour ne pas obéir à la vérité ». Mais cette clause a été empruntée au chapitre 5, verset 7 : « Vous couriez bien, qui est-ce donc qui vous a empêchés d’obéir à la vérité ? ». Là elle est incontestablement insérée, et à juste titre ; mais ici, les meilleures copies de l’épître l’omettent. Je ne fonde rien là-dessus, mais je constate seulement le fait en passant, parce qu’il est bon de le faire quand une occasion convenable se présente. Une des principales manières dont on a touché à l’Écriture, consiste dans la translation, de quelque autre partie de l’Écriture, d’un texte ou d’une phrase qui est parfaitement vrai à la place qui lui appartient. « Ô Galates insensés, qui vous a ensorcelés, (vous) aux yeux de qui Jésus Christ a été dépeint, crucifié au milieu de vous ? ». Il est clair qu’il appelle particulièrement l’attention sur la croix de Christ — non pas simplement sur Son sang, ou sur Sa mort, mais sur Sa croix. Et si vous examinez la Parole de Dieu, vous remarquerez que la forme particulière dans laquelle la mort de Christ est présentée par le Saint Esprit, est invariablement en connexion avec l’emploi qui en doit être fait pratiquement. Dans toute l’épître aux Hébreux, le point dont il s’agit, sauf une petite mais importante exception, n’est pas la croix, mais le sang de Christ ; tandis que dans celle aux Romains, c’est surtout Sa mort ; souvent c’est le sang, mais la mort forme la grande base de l’argument. Pourquoi le Saint Esprit dit-Il ici, non pas simplement qu’Il a versé Son sang (et c’est la chose sur laquelle appuierait un chrétien heureux dans la conscience d’être pardonné), mais : « crucifié au milieu de vous » ? Il n’y a rien d’inutile dans l’Écriture ; il n’y a rien qui soit mis en saillie, sans qu’il y ait pour cela une raison divine. La crucifixion, plus que toute autre chose, couvre de honte l’homme et la chair. L’effet de la mort de Christ, simplement, ne me présente pas l’homme comme étant tenu pour rien, ni l’entière indignité de la nature humaine vue devant Dieu. Quand l’apôtre veut montrer la séparation absolue du chrétien d’avec le monde, il dit : « Mais qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m’est crucifié, et moi au monde ». Or il est clair que c’est là une manière bien plus grave et bien plus forte de poser la question. Il n’y avait rien que le monde regardât autant comme une folie, que la croix. Les philosophes méprisaient l’idée qu’une personne divine pût mourir ainsi ; c’était quelque chose qui semblait si faible et sans objet. Ils n’avaient aucun sentiment juste de l’horreur du péché, ni de l’inimitié positive de l’homme contre Dieu, ni du jugement solennel et éternel de Dieu. La croix est le moyen pour faire tout ressortir. Mais il y a plus encore : la croix ne montre pas simplement ce qu’est la chair, et ce qu’est le monde ; mais elle prouve aussi que c’est une chose vaine de regarder à la loi pour amener la bénédiction, sinon d’une manière négative. C’est une chose réelle que la puissance de la loi pour tuer ; mais elle n’a pas celle de vivifier : Christ seul fait cela.

L’apôtre en appelle à leurs propres souvenirs et à leur propre expérience, et leur demande de quelle manière l’Esprit avait été reçu, comment des miracles avaient été opérés et comment ils avaient reçu de la bénédiction. Était-ce sur un principe de loi ? Les Galates avaient été des païens, se prosternant devant la pierre et le bois, et c’était hors de cet état qu’ils avaient été tirés, non par la loi, mais par la connaissance de Christ. Cela présente la chose sous une forme aussi forte qu’efficace. Si Dieu avait trouvé bon d’employer la loi comme moyen, ne se serait-Il pas servi de l’apôtre Paul pour les lier par elle ? Mais il n’en est rien. Il avait placé Dieu devant eux, dans Son saint amour, dans Son amour qui sauve. Dans son discours aux Athéniens, au milieu de l’Aréopage, il avait démontré la folie de leur idolâtrie ; il avait montré qu’il était contraire, même à leur propre raison, dont ils se vantaient, d’adorer ce qu’ils avaient fait. Il y avait au-dessus d’eux et autour d’eux, tous les jours et partout, ce qui indiquait le doigt de Celui qui les avait créés. Et même un de leurs propres poètes avait dit qu’ils étaient Sa race, ne parlant pas de Dieu comme étant de notre race, et encore moins comme étant l’œuvre de la main des hommes ; et c’est justement ce que fait l’idolâtrie. L’apôtre s’adresse toujours à la conscience des hommes, et montre la manière évidente dont le diable avait troublé leurs esprits, et les avait détournés des faits patents autour d’eux, qui auraient dû leur montrer un Dieu au-dessus d’eux, et leur fournir des preuves de Sa bienfaisante bonté. Puis il présente la solennelle vérité, que Dieu appelle tous les hommes, en tous lieux, à se repentir, à s’incliner devant Lui en reconnaissant leur péché (ce qui n’est qu’une autre manière d’exprimer la repentance), sur le fondement « qu’il a établi un jour auquel il doit juger en justice » (non d’après la loi, mais entièrement en justice) « le monde habitable par l’homme qu’il a destiné (pour cela), de quoi il a donné une preuve certaine à tous, l’ayant ressuscité d’entre les morts ». C’est Christ qui est mis devant eux, et non la loi. C’était là la vérité habituellement présentée par l’apôtre. De même dans le cas de ces Galates. Il leur rappelle la manière dont ils avaient reçu la bénédiction : « Je voudrais seulement apprendre ceci de vous : Avez-vous reçu l’Esprit sur le principe des œuvres de loi, ou de l’ouïe de la foi ? ». C’est un pas important au-delà du chapitre précédent, qui parle seulement de la vie ; mais le chapitre 3 introduit le Saint Esprit. Jusqu’à la fin du verset 15, vous verrez que, de même qu’il commence par l’Esprit, comme la preuve que Dieu répand Sa bénédiction sur les hommes, il termine aussi par l’Esprit. Le but de l’argument est de prouver que la connexion du Saint Esprit est avec la foi, et non avec la loi qui n’a qu’une malédiction pour l’homme coupable. Christ est notre vie, et Il donne l’Esprit.

Il est important de distinguer entre la vie et l’Esprit. En effet, lorsqu’une âme reçoit l’évangile, quoiqu’il y ait ordinairement, au même moment, la réception de la vie et du Saint Esprit, toutefois nous ne devons pas oublier que les deux choses sont tout à fait distinctes. La nouvelle vie que le chrétien reçoit en Christ, n’est pas Dieu, quoiqu’elle vienne de Dieu ; mais le Saint Esprit est vrai Dieu. La vie du chrétien est une nouvelle créature, ou création, tandis que le Saint Esprit est le créateur. Ce n’est pas parce que nous avons une nouvelle vie, que nos corps sont faits le temple de Dieu, mais parce que le Saint Esprit y habite. Ainsi, quand les chrétiens ne distinguent pas convenablement ces choses, il est possible qu’ils se servent de cette vie même comme d’une chose propre à nous consoler et à nous mettre à l’aise, nous conduisant à dire : Je sais que je serai sauvé ; et alors tous les exercices spirituels peuvent se terminer là. Combien souvent les âmes se contentent du repos qu’elles trouvent dans la satisfaction d’avoir la vie, ou ne réalisent l’exercice de cette vie que par le désir d’amener des âmes à Christ ! Mais quelque bénédiction qu’il y ait dans un tel zèle, c’est une chose bien inférieure à l’amour pour Christ ; et de même l’amour pour Christ est une chose inférieure à la jouissance de Son amour envers nous ; et je crois que c’est là l’ordre véritable des choses dans les âmes des saints de Dieu. La grande chose que Dieu me demande, c’est d’admirer l’amour de Christ, d’y trouver mes délices, et d’apprendre de plus en plus à connaître cet amour. Quel en est l’effet ? L’amour pour Christ est produit dans la proportion même que je connais Son amour envers moi. Qu’est-ce qui conduit à juger le moi, et à le tenir en bride ? Qu’est-ce qui élève une personne au-dessus d’une marche et d’un but bas et terrestre ? C’est d’entrer dans la bénédiction de Son amour. Étant remplis du sentiment de cet amour, nous aimons les âmes d’une manière différente, parce que nous les voyons dans Sa lumière à Lui, et que nous les envisageons d’après Ses affections, et non pas simplement comme étant liées de quelque manière avec nous-mêmes. C’est là le vrai secret de toute puissance spirituelle, du moins dans ses formes les plus élevées.

Voyez encore quelques légères souffrances que nous endurons à cause de Christ, quelque œuvre entreprise pour Lui — toutes les choses auxquelles Dieu peut nous appeler : dans toutes ces choses, la vraie bénédiction pour le chrétien, c’est de ne les pas séparer de Christ, mais d’avoir Christ Lui-même comme la source et le patron et la mesure de tout notre service, en sorte que tout notre service puisse découler de notre jouissance de Christ. D’une manière, le culte est une chose qui implique une plus grande proximité à l’égard de Dieu, et devrait être une chose plus chère à l’enfant de Dieu, que le service même ; tandis que ce n’est pas une chose rare que de trouver des serviteurs zélés qui connaissent bien peu du véritable culte. Je dis cela, non pour que nous servions Christ moins, mais pour que nous jouissions de Lui plus, et Le servions dans l’esprit qui vient de la jouissance de ce qu’Il est, indépendamment de toute circonstance. Quelle est la base de cette mesure de jouissance ? C’est une paix absolue et un entier repos de notre cœur en Lui et en Son œuvre. Nous voyons de quelle manière complète, en Christ, tous nos péchés ont été ôtés, et tous les besoins de nos âmes remplis. Nous sommes placés comme enfants en la présence d’un père ; on sait qu’un père emploie toutes ses ressources pour le bien de son enfant. Dans le pauvre pécheur, il y a le sentiment du besoin, et il faut que l’âme passe par là d’abord. Dans l’expérience de presque toute âme régénérée, il y a un état dans lequel la vie se trouve, mais au milieu peut-être de la plus grande ignorance, toutefois avec un profond sentiment du péché. Ce n’est pas là, à proprement parler, l’état chrétien ; ce dernier, quand il est bien saisi, suppose le repos trouvé en Christ, avec la conscience que tout m’est donné de Dieu en Lui. J’ai reçu l’Esprit d’adoption et non l’esprit de servitude. Ce n’est pas seulement que mon âme soit réveillée pour sentir le péché, mais le Saint Esprit habite en moi ; et le résultat de l’habitation du Saint Esprit, c’est que je sais que j’ai reçu de Dieu cette plénitude de bénédiction.

Dans le chapitre 2, comme nous l’avons remarqué, il est question de la vie ; mais maintenant, au commencement du chapitre 3, il parle de la réception de l’Esprit. Ce n’était pas simplement une affaire de jouissance ; mais elle était aussi accompagnée de pouvoirs miraculeux. Lorsque à cette époque le Saint Esprit était donné, il y avait des démonstrations extérieures dans lesquelles Il se manifestait, mais qui ne furent pas maintenues dans l’Église. Il réunit ici les deux choses. « Avez-vous reçu l’Esprit sur le principe des œuvres de loi, ou de l’ouïe de la foi ? Êtes-vous si insensés ? Ayant commencé par l’Esprit, achèveriez-vous maintenant par la chair ? » ou bien : « Êtes-vous en voie d’achever par la chair ? ». C’était un procédé par lequel ils espéraient être rendus parfaits : parce que la chair peut aisément être satisfaite d’elle-même. « Avez-vous tant souffert en vain, si toutefois c’est en vain » ? Il ne veut pas les abandonner ; il ne veut pas supposer que l’ennemi va remporter sur eux une telle victoire, qu’ils ne puissent pas être ramenés d’un tel état. « Celui donc qui vous fournit l’Esprit et qui opère des miracles au milieu de vous, le (fait-Il) sur le principe des œuvres de loi ou de l’ouïe de (la) foi » ? Ceci se rapporte à Paul lui-même. C’était Dieu qui avait donné l’Esprit ; mais Il opérait par des moyens : par ceux qui avaient été employés à la prédication de l’évangile, ils avaient reçu le Saint Esprit. C’est l’ouïe de la foi qui est suivie du don de l’Esprit, après que nous avons reçu Christ ; mais il y a toujours une distinction entre les deux choses. Vous trouverez dans l’Écriture que la réception de l’Esprit était, au moins quelquefois, après qu’on avait cru en Christ. Prenez l’exemple des Samaritains. L’Esprit ne leur fut-Il pas communiqué quelque temps après leur conversion ? Et, pour ne pas parler de Corneille, il en était de même des disciples à Éphèse dans Actes 19.

Ainsi nous voyons bien des personnes qui sont remplies de joie en entendant l’évangile, mais elle passe ; et peut-être auront-elles à passer plus tard par de pénibles exercices, parce qu’elles n’ont pas réellement compris l’application de l’œuvre de Christ à leur âme. Elles ont tout simplement saisi la réalité d’une personne bénie et divine, qui est remplie d’amour, savoir le Seigneur Jésus ; mais alors, après qu’elles ont reçu cela, le sentiment de leurs manquements arrive, et elles passent par bien des expériences où leur cœur est brisé et labouré. Je ne pourrais pas dire des personnes qui sont dans cet état, qu’elles ont reçu l’Esprit de Dieu comme Celui qui habite personnellement en elles, comme le sceau de la bénédiction qu’elles ont trouvée en Christ. Mais quand elles ont été amenées à se reposer en Lui, dans le sentiment complet de leur péché et de ce qu’elles sont, et pourtant, malgré tout cela, à se reposer en la rédemption qui est en Christ, en sorte qu’en face de tout, sachant ce que Dieu est, ce que Satan est, ce qu’elles sont elles-mêmes, ce qu’est la loi de Dieu — toutefois ayant été justifiées par la foi, elles ont la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ — de telles personnes ont reçu le Saint Esprit ; elles n’ont pas seulement la vie, mais elles ont l’Esprit de Dieu. Dans les premiers temps, cette distinction était bien clairement présentée ; mais le même principe est, nécessairement, vrai maintenant. Il n’y a pas une seule âme, qui a regardé à Christ, à laquelle Dieu ne donnera l’Esprit d’adoption, et elle sera ainsi introduite dans la plénitude de la bénédiction. Mais cela peut souvent avoir lieu sur un lit de mort, ce qui ne devrait pas être le cas d’un chrétien.

Il y a de nos jours une si faible mesure de vérité prêchée, même parmi de vrais chrétiens, que les âmes n’ont pas la conscience de leur relation, ni de la perfection de la rédemption. D’où il résulte qu’ils peuvent demeurer bien longtemps privés de la consolation et de la jouissance qui leur sont propres. Il n’en était pas ainsi de ces Galates ; et l’apôtre fait allusion à leur pleine bénédiction. Ils avaient été aussitôt introduits dans la possession du Saint Esprit. Ils L’avaient reçu sur le principe de l’ouïe de la foi : et je comprends que cela signifie la réception de l’Esprit en toute manière ; non seulement en vue des miracles et des manifestations de puissance, mais plus encore le Saint Esprit comme Celui qui habitait au-dedans d’eux. Lorsque des âmes n’étaient pas nées de Dieu, mais avaient fait une profession purement extérieure de christianisme, elles pouvaient recevoir l’Esprit pour des dons de puissance, mais non en connexion avec la communion avec Dieu. Ainsi, dans Hébreux 6, vous trouvez des personnes qui avaient été une fois éclairées et qui avaient goûté du don céleste, et qui étaient devenues participantes de l’Esprit Saint, et qui avaient goûté la bonne Parole de Dieu, et les miracles du siècle à venir, et qui pourtant étaient tombées. Il n’est dit nulle part qu’elles avaient été vivifiées, ni qu’elles eussent la vie ; mais elles avaient été éclairées et avaient goûté du don céleste ; elles avaient été baptisées et avaient les miracles du siècle à venir : toutes ces choses étaient vraies à leur sujet, et pourtant elles étaient tombées — elles avaient abandonné Christ ; elles L’avaient laissé pour retourner au judaïsme, afin de tranquilliser leur conscience à l’égard de Dieu. Lorsque le cas était tel, l’apôtre dit : « Il est impossible qu’ils soient renouvelés encore à la repentance ». Ils sont des apostats, et c’est là le point en question. Car, sur une grande échelle, ce sera par un moyen semblable que sera amenée la sentence la plus terrible qui doit inévitablement suivre le reniement du christianisme. Et il en est nécessairement ainsi, car Dieu n’a rien de meilleur à introduire — rien au moyen de quoi Il puisse agir sur l’homme, alors qu’il rejette la révélation chrétienne et la grâce de Christ. Ces Galates étaient convaincus par cela même. Ils savaient qu’ils n’avaient pas entendu quelque chose touchant la loi, et pourtant ils avaient reçu l’Esprit personnellement. Ils devaient considérer ce qu’implique la réception du Saint Esprit — que ce n’est pas seulement une manifestation de puissance, mais la bénédiction plus profonde qui demeure maintenant. Et quelle bonté de Dieu qu’il en soit ainsi — qu’Il n’ait pas retiré la source de la jouissance de Christ ! Nous aurions pu penser que, vu la profondeur de la chute, s’il était probable que quelque chose fût retiré, ce serait cette jouissance de Christ.

Lors de la Pentecôte, les saints étaient tous, ou pour la plupart, dans tous les cas, de petits enfants. C’est, moralement, ne pas comprendre ce jour-là, ni l’état antérieur des disciples, que de supposer que le merveilleux déploiement de puissance qui eut lieu alors, montrait qu’il avait été accordé à cette époque en ce lieu, une plus profonde jouissance de Christ, qu’en d’autres lieux plus tard. Et de même, on voit maintenant qu’il y a le danger que les personnes s’imaginent que le temps de la plus riche moisson possible de paix et de joie est au moment de la conversion ; tandis qu’au plus c’est la jouissance qu’a un petit enfant. Il y a un profond sentiment de délivrance ; mais le sentiment de la délivrance n’est pas nécessairement Christ, ni la manière la plus douce de goûter Christ. Cela est lié avec notre sentiment de l’amour de Christ ; et c’est là ce dont il est assurément notre privilège de jouir ; mais il y a une connaissance de Christ Lui-même et une joie trouvée en Lui-même, qui est une chose plus profonde encore, et elle est basée sur une connaissance croissante de Sa gloire personnelle et de Son amour à Lui, aussi bien que de Son œuvre.

Ces Galates en venaient à se placer sous la loi, et l’apôtre met devant eux la folie de tout cela. Ils cherchaient à se rendre parfaits par la chair. C’est là simplement la nature, qui s’occupe activement de ce qui concerne le moi, et non du développement de la connaissance de Christ. Il y avait, selon leur pensée, certaines choses qu’il leur était tout à fait nécessaire de faire. Eh bien ! leur réplique-t-il, c’est la chair. « Avez-vous tant souffert en vain ? ». Puis il montre que tout avait été sur le principe de l’ouïe de la foi, et il remonte à Abraham lui-même. « Comme Abraham a cru Dieu, et cela lui a été compté pour justice ». Il y a une grande force dans cette allusion à Abraham ; car tout Juif en appellerait à lui, comme étant la racine de la circoncision ; et la manière dont la loi avait été introduite parmi les Galates, c’était d’attacher une grande importance au rite de la circoncision. Voici, semble-t-il, l’argument de ces hommes qui judaïsaient : — Vous ne pouvez avoir la bénédiction intérieure de la circoncision, sans passer par sa forme extérieure. L’apôtre en appelle à Abraham pour prouver le contraire. Dans le cas d’Abraham, c’était une question de foi, et non de loi, ni de circoncision. Quand est-ce qu’Abraham crut Dieu et que cela lui fut compté pour justice ? Avant que la circoncision fût introduite ; car ce rite, comme il est évident d’après l’histoire, fut enjoint, selon qu’il nous est particulièrement déclaré, après qu’Abraham eût cru Dieu, et que Dieu le lui eût compté pour justice.

« Sachez donc », continue-t-il, « que ceux qui sont sur le principe de (la) foi, ceux-là sont fils d’Abraham ». Telle est la déduction qu’il en tire. Si Abraham fut introduit par le moyen de la foi, dans cette position de bénédiction, toute sa semence est bénie d’une manière semblable. Il commence par la semence naturelle, le Juif ; mais il introduit aussi les Gentils. « Or l’Écriture, prévoyant que Dieu justifierait les nations sur le principe de (la) foi, a annoncé d’avance la bonne nouvelle à Abraham (disant) : Toutes les nations seront bénies en toi. De sorte que ceux qui sont sur le principe de (la) foi, sont bénis avec le croyant Abraham ». Nous verrons plus tard qu’il ne raisonne pas d’après la promesse faite à Abraham lui-même seulement, mais d’après celle faite à sa semence ; mais il omet ici à dessein la semence. Il fait allusion à la première promesse faite à Abraham, parce que, quand celle-là fut faite, il n’y avait aucune pensée de circoncision. Il dit : « Or l’Écriture, prévoyant que Dieu justifierait les nations sur le principe de (la) foi, a annoncé la bonne nouvelle à Abraham, (disant) : Toutes les nations seront bénies en toi ». Cela montrait qu’ils seraient bénis comme Gentils — et non en devenant virtuellement Juifs ; car la bénédiction leur parviendrait comme Gentils. « De sorte que ceux qui sont sur le principe de (la) foi, sont bénis avec le croyant Abraham ». Il termine ici cette partie du sujet, prouvant que la bénédiction dépendait de la foi, et non des œuvres de loi, ni de la circoncision. Abraham fut béni sur le principe de la foi, et Dieu lui avait promis : « Toutes les familles de la terre seront bénies en toi ». — Non pas dans la circoncision, mais en Abraham, de sorte que nous voyons que dans le cas d’Abraham le principe d’une promesse est introduit. De fait, Abraham était un idolâtre à l’époque où Dieu se révéla à lui, comme nous l’apprenons par Josué 24, et la véritable bénédiction est toujours l’effet de cette révélation que Dieu fait de Lui-même à l’âme. L’effet de cette révélation à Abraham, c’est qu’il quitte son pays et la maison de son père, et qu’il part, obéissant à la parole de Dieu, « ne sachant où il allait ». Il comptait sur la bonté de Dieu envers son âme. Il reçoit de Dieu la promesse de bénédiction, et de bénédiction pour d’autres aussi ; comme il fut dit : « Toutes les familles de la terre seront bénies en toi ». Et voici comment la chose a lieu : « De sorte que ceux qui sont sur le principe de (la) foi, sont bénis avec le croyant Abraham ». Et il raisonne ainsi : « Comme la bénédiction dans ce cas dépendait de la foi, il en est de même de la vôtre ».

Puis, dans une sentence bien solennelle et absolue, qui porte sur elle le cachet même de Dieu, il ajoute : « Car tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de loi, sont sous malédiction ; car il est écrit : Maudit (est) quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites dans le livre de la loi pour les faire ». Oh ! si ceux qui veulent être docteurs de la loi, comprenaient seulement une parole comme celle-là ! Il n’est pas dit que tous ceux qui ont violé la loi, sont sous malédiction ; mais toutes les personnes qui prennent leur position sur un terrain légal : quiconque essaie de plaire à Dieu sur ce principe-là est tombé sous malédiction. Et pourquoi ? Parce qu’il y a une telle chose que le péché. Et si l’homme avec le péché, sur lui, ou en lui, essaie de rendre sa cause meilleure par la loi, pour ce qui regarde l’application du principe, il est sous la malédiction de la loi. Nous n’avons pas besoin d’attendre la preuve, comme fournie par des faits ; celui qui prend cette place est condamné. Si Dieu en agissait avec les hommes comme ils en agissent avec Dieu, ils devraient subir la sentence de mort, et il ne pourrait y avoir pour eux ni secours, ni délivrance. La régénération ne délivre pas, et ne saurait être alléguée en atténuation. S’ils sont gouvernés par la loi comme leur règle, elle condamne nécessairement ceux qui la violent. Rien ne peut être plus concluant : « Tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de loi, sont sous malédiction », etc. Ainsi donc, si je me place sur ce terrain, il n’y a pas le moindre remède présenté pour les manquements, à moins que je ne plaide aussi les sacrifices et les offrandes pour le péché. Si je ne persévère pas en toutes choses, selon qu’il en est écrit dans le livre de la loi, si je ne réussis pas à les observer toutes sans faire de faute, je suis maudit. Une telle position peut-elle jamais convenir à un chrétien ? Impossible ; et par cette raison, tout est inconséquence chez ceux qui parlent ainsi ; car en réalité, après tout, ils se reposent sur Christ. Mais que dit Paul ? « Or que par (la) loi personne ne soit justifié devant Dieu, (cela est) évident » parce que, comme l’annonce un autre passage de l’Écriture : « Le juste vivra de la foi ». C’est une erreur complète que de supposer que c’est par la loi, comme en étant la source, ou la puissance, ou la mesure. « Mais la loi n’est pas sur le principe de la foi, mais celui qui aura fait ces choses, vivra par elles ».

Au verset 13, l’apôtre termine cette partie du sujet et montre que notre position comme chrétiens est entièrement différente. Il commence par le Juif. Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous (car il est écrit : « Maudit (est) quiconque est pendu au bois »), afin que etc. Il y a une grande bénédiction à voir que de même qu’il est dit dans 2 Corinthiens 5, 21, que Christ a été fait péché pour nous, de même il est dit ici qu’Il est « devenu malédiction pour nous ». Dans l’épître aux Corinthiens, Paul se met simplement avec les croyants — il n’établit pas un contraste entre nous et le Juif ; par conséquent le « nous » dans 2 Corinthiens 5, 21, comprend tous. Mais ici, le « nous » signifie la partie juive des croyants, car il parle ensuite des Gentils d’une manière particulière et distincte. « Afin que la bénédiction d’Abraham parvienne aux nations dans le Christ Jésus ». Puis il les met tous ensemble : — « Afin que nous recevions par la foi (l’accomplissement de) la promesse de l’Esprit ». « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous ». Le « nous » ici est emphatique ; tandis que dans le verset 14 le mot nous ne l’est pas du tout, mais est employé d’une manière générale pour désigner tous les croyants, soit Juifs soit Gentils. Ainsi donc, ce point-là est très clair. D’abord, s’il s’agissait de Juifs, il dirait : Nous avions également besoin de Christ, parce que nous n’avions pas persévéré « dans toutes les choses qui sont écrites dans le livre de la loi pour les faire » et Christ est venu, et « nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous ». Puis il peut dire aux Gentils : Quant à vous, Gentils — vous qui n’avez eu rien à faire avec la loi, cherchez-vous à être bénis sur le terrain même où nous ne pouvons attendre que malédiction ? L’apôtre cite un passage de Deutéronome 27, où nous trouvons une révélation bien frappante, comme un autre l’a très bien remarqué. Une moitié des tribus devait se tenir sur une certaine montagne pour bénir, et l’autre moitié sur une autre montagne pour maudire. Mais quand, immédiatement après, la disposition finale est proclamée, les malédictions seules sont mentionnées, et il n’y a aucune bénédiction ! Pourquoi ? « Tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de loi, sont sous malédiction ». Dieu avait parlé de la division des tribus pour bénir et pour maudire ; mais quand vous en venez aux faits, les malédictions seules paraissent, et non les bénédictions. Quelle grande et solennelle confirmation de la vérité que nous venons de considérer ! Dieu ne proclame positivement aucune disposition pour qu’aucun d’eux obtienne ainsi la bénédiction. Aussi certainement qu’ils s’étaient placés sur un terrain légal, ils ne pouvaient obtenir qu’une malédiction ; et en conséquence les malédictions seules sont entendues.

L’apôtre termine donc d’une manière triomphante cette partie du sujet. Le croyant, après qu’il en est venu à accepter pleinement la malédiction de la loi à cause du péché, peut alors dire, par la grâce de Dieu : « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous ». Ce n’est pas seulement qu’Il est devenu maudit pour nous, mais « malédiction ». Qu’est-ce qui pouvait montrer avec plus de force combien Il s’est pleinement identifié avec cette condition vue comme un tout ? La conséquence est, que ceux qu’Il a représentés en grâce, en sont complètement délivrés ; bien plus, la bénédiction, du moment qu’elle prend son cours, déborde bien au-delà des anciennes limites. Il dit donc : Car il est écrit : « Maudit (est) quiconque est pendu au bois, afin que la bénédiction d’Abraham parvienne aux nations dans (le) Christ Jésus ». Avant tout, il fallait que Dieu ôtât entièrement la malédiction ; et quand cela fut accompli, selon la sainteté divine, pour ces Juifs croyants, la même croix de Christ fit déborder la miséricorde envers les Gentils. Christ avait accompli l’œuvre de la rédemption ; et quoique son application primitive fût faite au Juif, toutefois son efficace et sa gloire ne pouvaient assurément pas demeurer cachés. La bénédiction d’Abraham parvient aux Gentils dans le Christ Jésus — « afin que nous recevions par la foi (l’accomplissement de) la promesse de l’Esprit ».

Telle est la conclusion de l’argument basé sur la promesse de l’Esprit ; et voici les points qui sont décidés : la loi n’a jamais procuré une bénédiction à ceux qui étaient sous elle, encore qu’ils fussent la semence d’Abraham, et cela, parce qu’ils étaient pécheurs : et elle ne fut jamais le moyen pour eux de recevoir le Saint Esprit comme la puissance pour jouir de Christ. D’un autre côté, l’ouïe de la foi, comme pour Abraham lui-même, est l’unique et simple moyen que le Saint Esprit emploie pour toute paix et bénédiction réelle ; et cela est efficace par le moyen de la rédemption, non seulement pour le Juif orgueilleux, mais maudit, mais même pour le pauvre Gentil maintenant expressément envisagé dans la bénédiction, et cela, dans sa plus riche partie, la promesse de l’Esprit.

Dans la partie précédente du chapitre, nous avons vu le contraste entre la portion de la foi et celle de la loi. Nous avons vu que la loi amenait toujours une malédiction ; non pas que la loi soit mauvaise, mais parce que les hommes — parce qu’Israël — étaient pécheurs. La loi donc, précisément parce qu’elle est sainte et juste et bonne, devait condamner ceux qui n’étaient pas bons, mais mauvais. Pour de tels, par conséquent, la conclusion de la loi était une malédiction. C’était la loi de Dieu ; mais tout ce que Sa loi pouvait ou devait procurer aux pécheurs, c’était condamnation et malédiction. D’un autre côté, Dieu aime à bénir. Comment ces choses peuvent-elles être ? Comment était-il possible que Dieu introduisît une bénédiction pour l’homme — pauvre pécheur perdu ? La réponse est que ceux qui sont sur le principe de la foi, sont bénis avec le croyant Abraham. Abraham eut une bénédiction, et non une malédiction, et cela à cause de la foi, et non par la loi. L’apôtre prouve d’après cela que, puisque la loi, quelque bonne d’ailleurs qu’elle soit en elle-même, ne peut qu’amener une malédiction sur toute âme qui prend ce terrain dans ses rapports avec Dieu, « tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de loi sont sous malédiction ». Rien ne pouvait être plus universel, ni plus concluant. La loi n’implique que malédiction sur tout enfant d’Adam, qui essaie de se placer sur ce terrain comme un moyen de relation avec Dieu. Est-ce que je cherche à obéir à Dieu, et que je promets de le faire, afin d’obtenir de Lui une bénédiction ? Je ne puis gagner qu’une malédiction. Je devrais obéir ; mais comme je ne suis, moi, qu’un pécheur, l’effet de la loi est de manifester mon péché et de me maudire. D’un autre côté, la foi m’introduit dans une bénédiction, et même dans toute bénédiction, par le moyen de la grâce de Dieu.

Nous arrivons maintenant à la question de la promesse, et c’est une chose très différente. La foi, dans tous les cas, implique la condition de l’âme dans la personne qui croit ; la promesse regarde aux voies de Dieu ; et bien que nous ayons vu que ceux qui ont la foi sont les seuls qui reçoivent la bénédiction, et non ceux qui essaient d’accomplir la loi, nous avons maintenant à considérer le fait que Dieu donna des promesses, aussi bien que le don d’une loi. « Frères, je parle selon l’homme : personne n’annule une alliance, même (celle) d’un homme (qui est) confirmée, ni n’y ajoute. Or (c’est) à Abraham que les promesses ont été faites, et à sa semence » ; — ce n’est pas la loi qui fut donnée : Abraham ne savait rien de la loi, et il en fut de même de sa semence (ou de son fils) ; et pourtant, on ne pouvait nier qu’Abraham eût obtenu la bénédiction ; ainsi donc il est placé ici sur un nouveau terrain. Ce n’est pas seulement que des âmes qui ont la foi, recevront la bénédiction ; mais pourquoi ne s’agit-il pas d’avoir foi en la loi ? La dernière partie du chapitre traite cette question et montre que Dieu a donné des promesses ; et la question est : Comment réconcilier la loi de Dieu avec Ses promesses ? Dans quel but a-t-Il donné ces deux choses ? Étaient-elles destinées à produire le même résultat ? Étaient-elles sur le même principe ? Le Saint Esprit décide ces questions. « Or (c’est) à Abraham que les promesses ont été faites et à sa semence. Il ne dit pas : « et aux semences » comme (parlant) de plusieurs ; mais comme (parlant) d’un seul — et à ta semence, qui est Christ ». Il est clair qu’il est fait allusion ici à deux occasions distinctes et signalées dans l’histoire d’Abraham. Dans la première de ces deux occasions, il s’agissait d’Abraham seul (Gen. 12) ; dans la seconde, la promesse est à Isaac, ou plutôt dans Isaac seul (Gen. 22). Dans ce dernier chapitre, il est question et de la nombreuse semence et de l’unique semence. Dieu rattache à la nombreuse semence la possession de la porte de ses ennemis, c’est-à-dire, la suprématie juive. Mais ce n’est pas là ce que l’on obtient comme chrétien. Je ne désire pas que mes ennemis soient renversés, mais plutôt qu’ils soient amenés à Christ. Mais les Juifs, comme tels, auront bientôt non seulement les bénédictions par le moyen de Christ, mais leurs ennemis assujettis. Israël sera élevé sur la terre, ce que Dieu n’a jamais promis aux Gentils. Dans Genèse 22, les deux choses sont tout à fait distinctes. Lorsqu’il est parlé de la semence sans allusion au nombre, la bénédiction des Gentils a sa place ; mais quand il est dit qu’elle sera multipliée comme les étoiles et comme le sable, alors ce qui caractérise la bénédiction, c’est la préséance juive. Tel est, je crois, l’argument de l’apôtre. Lorsqu’il s’agit de Christ, sous le type d’Isaac, c’est simplement « ta semence », sans un mot de la semence innombrable comme les étoiles ou le sable. « Or (c’est) à Abraham que les promesses ont été faites, et à sa semence », savoir, celles de la bénédiction des Gentils, et non pas simplement de l’assujettissement des Gentils. Les promesses furent d’abord faites à Abraham, et puis confirmées à sa semence. « Il ne dit pas : et aux semences comme (parlant) de plusieurs ; mais comme (parlant) d’un seul — et à ta semence, qui est Christ ». Il prend Christ, comme étant Celui qui était désigné par Isaac.

Permettez-moi de rappeler les circonstances dans lesquelles Dieu fit la promesse en Isaac, comme type de Christ. Dans Genèse 22, Isaac est sur le point d’être offert comme sacrifice, et Abraham ignorait jusqu’au dernier moment que son fils ne devait pas mourir. Pendant trois jours, Isaac fut, pour ainsi dire, sous la sentence de mort. Abraham avait confiance en Dieu, qui avait promis qu’en Isaac il posséderait la terre ; et il était par conséquent certain qu’en ce même Isaac la promesse devait nécessairement être accomplie. Il n’était pas question que Sara aurait un autre fils, mais de ce fils-là, de son fils unique. Il était donc parfaitement assuré que Dieu le ressusciterait et le lui rendrait, pour être le chef de la famille juive. Nous avons ici un type magnifique de ce que Dieu fit, quand Il n’épargna pas Son propre Fils. C’était tout comme si Abraham avait offert son fils, et non seulement Dieu rendit Isaac, mais alors même et en ce lieu même, Il donna la promesse : « Toutes les nations de la terre seront bénies en ta semence ». C’est ainsi qu’en Christ ressuscité d’entre les morts, la bénédiction parvient à nous. Christ, mort et ressuscité, est parfaitement libre de bénir les Gentils. Tout le temps qu’Il fut simplement vivant sur la terre, Il dit : « Je ne suis envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël » ; mais après qu’Il est ressuscité, tout est changé. En conséquence, Il donne commission à Ses disciples : « Allez donc, faites disciples toutes les nations ». Et de même, Il prédit que l’évangile serait « prêché dans toutes les nations ». L’apôtre appelle l’attention sur le fait, que cette prédiction ancienne ne rattache pas à la nombreuse semence ce que Dieu dit, quand Il parle de bénir les Gentils, mais à l’unique semence, savoir, Isaac comme type de Christ, et de Christ après qu’Il avait passé par la mort et qu’Il était parvenu à la résurrection. L’importance de cela est immense, parce que, pendant que Christ était sur la terre, Il était Lui-même sous la loi. Ressuscité d’entre les morts, qu’avait-Il à faire avec la loi ? La loi ne touche pas un homme quand il est mort. L’argument de l’apôtre, c’est que le chrétien appartient à Christ en résurrection. Quand quelqu’un est baptisé pour Christ, voici ce qu’il confesse : — J’appartiens à Christ mort et ressuscité, ayant été tiré hors de mon ancienne position de Juif ou de Gentil. Les Juifs avaient à faire à un Messie qui devait régner sur eux sur la terre ; les Gentils, en ce jour-là, seront la queue et non la tête, et les rois seront les nourriciers de Sion, et les reines ses nourrices, se prosternant devant elle le visage contre terre, et léchant la poudre des pieds d’Israël ; mais nous, chrétiens, nous commençons par la mort et la résurrection de Christ. Toutes nos bénédictions sont en Christ ressuscité d’entre les morts.

« Or, je dis ceci, (c’est que) la loi qui est venue quatre cent trente ans après, n’annule point une alliance auparavant confirmée par Dieu à Christ » (non en Christ, comme le portent plusieurs traductions) « de manière à rendre la promesse sans effet ». Dieu eut soin qu’entre la promesse donnée à Abraham et à Isaac, et la loi, il s’écoula une période de plus de quatre siècles. S’Il avait donné la loi bien peu de temps après, ils auraient pu dire que tout n’était qu’une seule et même chose. Mais comment avoir cette pensée, vu que quatre cent trente ans sont intervenus ? La promesse a son objet propre et spécial, et la loi a aussi son but ; et nous ne devons pas mêler ces deux choses ensemble. Ce n’est pas que nous devions les mettre de côté, soit l’une, soit l’autre. Au contraire, je maintiens que nul homme n’a une juste appréciation des promesses de Dieu, qui pourrait mépriser sa loi. Je reconnais la grande valeur de la loi : mais quel est son objet ? Nous trouvons la réponse ici, et nous ne sommes pas laissés à nos propres conjectures. L’alliance de la loi qui intervint quatre cent trente ans après que la promesse fut donnée à Abraham, ne peut annuler ce que Dieu avait dit auparavant. Si un homme, en présentant une récompense, y annexe une condition, rien de mieux. Mais supposons que vous disiez à un autre : J’ai l’intention de vous laisser ma maison avec le jardin, sans ajouter aucune condition ; si, après un an ou deux, vous disiez à cet homme : Il faut que vous me payiez vingt-cinq mille francs pour la maison et le jardin, il pourrait vous répondre : Que voulez-vous dire ? Vous repentez-vous de votre promesse ? Vous m’avez donné la propriété sans condition, et maintenant vous m’appelez à payer ! Il y avait la promesse absolue de Dieu à Abraham ; elle doit toujours demeurer intacte. Mais quatre cent trente ans après, des conditions interviennent. « Maintenant donc, si vous obéissez exactement à ma voix… vous serez aussi » etc. (Ex. 19, 5, 6). Ce fut alors que Dieu fit dépendre la bénédiction de l’obéissance. Est-ce donc que Dieu établit un principe en opposition à un autre ? En aucune façon. Il permit ce laps de temps, entre autres choses, pour montrer que les deux choses sont parfaitement distinctes, comme aussi leur objet. Ainsi donc, selon le raisonnement de l’apôtre ici, le principe de conditions, qui fut introduit avec la loi, ne peut pas annuler celui de la grâce, qui fut introduit avec la promesse. Quand Dieu dit à Abraham : « Je te donnerai, et à ta postérité après toi… tout le pays de Canaan, en possession perpétuelle », Il n’ajouta point : Si vous faites ceci ou cela. L’Éternel devait lui donner, en ce pays-là, certaines bénédictions, lesquelles dépendaient entièrement de la bonté de Dieu, et de Sa faveur non méritée. C’est ainsi que Dieu agit dans les promesses ; mais dans la loi, tout dépendait de l’observation de la loi par celui qui était placé sous elle. La voix de la loi est pour le juste une bénédiction, et pour le coupable une malédiction. « Celui qui aura fait ces choses vivra par elles ». « Maudit (est) quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites dans le livre de la loi pour les faire ».

L’apôtre prouve ensuite que « si l’héritage est sur le principe de loi, il n’est plus sur le principe de promesse ». Si un homme possède une chose moyennant ce qu’il a donné ou fait pour l’avoir, ce n’est plus sur le principe de promesse, mais sur le pied de ce qu’il mérite. C’est comme une personne qui fait tant d’ouvrage pour tant de salaire. Sans doute, si un maître fait un présent à son serviteur, l’homme en est reconnaissant ; mais quand il s’agit uniquement d’un équivalent pour de l’ouvrage positivement accompli, c’est clairement une affaire de dette, et non de don. La loi est le principe de ce qui est , s’il pouvait se trouver une telle chose parmi les hommes ; mais tout ce qui fut mérité, c’est une malédiction, parce que l’homme est pécheur. « Mais Dieu a fait le don à Abraham par promesse », et non sur le principe de loi. Alors vient la question : À quoi bon la loi ? Si Dieu voulait donner l’héritage par promesse, pourquoi introduire la loi ? Comme c’est là une question des plus importantes, je désire y appeler particulièrement l’attention. Si vous examinez les voies de Dieu avec Son peuple dans les premiers temps, vous verrez que Dieu leur promet une bénédiction, et qu’ils la prennent de la main de Dieu, sans regarder à eux-mêmes pour voir s’ils la méritaient ou non. Cette confiance qui ne met rien en question, est sans doute une chose bien bénie : mais ce n’est pas pour le bien de l’homme de ne pas connaître ce qu’il est. Il est d’une grande importance que j’apprenne quel est réellement mon état. Or, l’objet de la loi fut de manifester la vraie condition d’âme du pécheur, nullement de l’introduire dans la bénédiction, mais de manifester la terrible ruine dans laquelle l’homme est tombé par le péché. La loi n’était pas destinée à être la règle de vie ; et même, elle est plutôt la règle de mort. Si l’homme n’avait pas une telle chose que le péché, elle pourrait être la règle de vie ; mais, puisqu’il est pécheur, il est absurde d’appeler la loi la règle de vie, et c’est lui donner un faux nom.

« Pourquoi donc la loi ? Elle a été établie à cause des transgressions ». Il n’est pas dit : à cause des péchés. Dieu n’aurait jamais voulu faire aucune chose pour rendre l’homme pécheur — « mais elle a été établie à cause des transgressions ». Quelle est la différence ? Le péché est dans tout enfant d’Adam ; le péché était dans l’homme avant la loi, autant qu’après. Quand le monde entier se fut corrompu — quand toute chair fut devenue si pleine de violence — que Dieu fut obligé de la juger par le déluge, il n’est que trop clair qu’ils étaient tous pécheurs. Après que Dieu eut donné la loi à Israël, ils n’étaient plus simplement des pécheurs, mais ils devinrent des transgresseurs. Rebelles contre l’autorité de Dieu, ils devinrent de fait des violateurs de sa loi. « (La) loi n’est pas donnée pour le juste, mais pour les iniques et pour ceux qui ne se soumettent pas ». Et qui jamais fut rendu juste par la loi ? Est-il un honnête homme, celui qui ne s’abstient de prendre votre montre que par la crainte de la peine ? La seule personne réellement honnête, c’est celle qui a la crainte de Dieu devant les yeux. La loi a pour effet de punir ceux qui la violent ; mais elle n’est pas ce qui rend un homme honnête, même dans un sens humain, encore moins dans le sens divin. Par la foi de Christ, on devient un nouvel homme, le possesseur d’une nouvelle nature qui est dépendante et obéissante, aimant à faire la volonté de Dieu, parce qu’Il le désire, et non pas simplement par la crainte d’aller en enfer. Il est bien juste que nous ayons la conscience de mériter l’enfer ; mais si c’était là la source du motif pour obéir, pourrait-on dire qu’une telle personne fût réellement convertie ?

Ici donc, nous avons l’objet de la loi : c’était de prouver que les hommes étaient pécheurs, en manifestant le fait, que ceux qui étaient sous la loi, la violaient et méritaient sa malédiction. « Or, (la) loi est intervenue afin que l’offense abondât » — non pas précisément, afin que le péché abondât, Dieu ne pouvait jamais faire cela. Mais les hommes étant déjà pécheurs, la loi, par sa sainteté même, provoqua le péché, de manière à le rendre manifeste pour eux et pour tous. Les enfants d’Israël étaient pécheurs comme tous les autres ; mais ils ne voulaient pas reconnaître leur péché, et en conséquence Dieu introduisit la loi par Moïse. Avant les dix commandements, ils auraient pu dire : Nous ne voyons pas le mal de se prosterner devant des images taillées, ou de ne pas observer le jour du sabbat. La loi suffisait pour laisser un Israélite sans excuse. Ainsi donc (et c’est sur quoi l’apôtre insiste) « (la) loi n’est pas donnée pour le juste » ; bien que ce soit ainsi qu’on l’applique de nos jours, c’est-à-dire en en faisant une règle de vie. Mais alors, outre la justification qu’il procure au croyant, Christ est le moyen de le rendre juste, et de le garder ainsi, ou bien de rétablir l’âme ; il n’y a aucune autre manière efficace. Tout comme Christ est la vie et la vérité, Il est aussi le chemin. Il n’y a ni sentier ni puissance de justice et de sainteté, sinon Christ révélé par le Saint Esprit. Si vous prenez la loi en même temps que Christ, vous devenez au moins à moitié Juif. Nous sommes appelés à regarder à Christ, et à Christ seul (2 Cor. 3), comme à Celui qui crée, et façonne, et constitue chaque particule de justice que le chrétien possède. Ainsi l’apôtre prie pour les Philippiens afin qu’ils fussent de plus en plus « remplis du fruit de la justice » etc. L’homme naturel consentirait à reconnaître la nécessité des œuvres de justice qui sont exigées par la loi ; mais il ne sait rien de ce « fruit de la justice qui est par Jésus Christ à (la) gloire et à (la) louange de Dieu ». La loi fut la règle de mort pour un pécheur ; Christ est la règle de vie pour un saint. « Pourquoi donc la loi ? ». Chacun devrait admettre et la fin et les limites ici présentées. « La loi a été établie à cause des transgressions jusqu’à ce que vînt la semence » (c’est-à-dire Christ), « à qui la promesse est faite ». Il plut à Dieu d’employer ce moyen négativement, du moins pour un temps ; mais maintenant la semence est venue, et tout cela a disparu pour le chrétien. La loi est de toute importance pour convaincre le pécheur ; elle est le modèle de ce qu’un homme pécheur devrait faire pour Dieu ; mais elle n’est ni le reflet de Dieu, ni le modèle pour les saints : Christ est l’un et l’autre, et Christ seul.

En outre, « elle a été ordonnée par des anges par la main d’un médiateur ». Ceci est pour montrer le contraste avec la promesse, qui était directe et immédiate entre Dieu et l’homme, sans l’intervention des anges, ni d’aucune simple créature comme médiateur. Dans le cas de la loi, la médiation par le moyen d’une créature est une chose saillante. De là l’immense supériorité des promesses, comme comparées avec la loi. Tout montrait une distance entre Dieu et le peuple. Mais dans les promesses, Dieu vient, parle, agit personnellement et dans l’amour. Il a aussi directement affaire à toute âme convertie aujourd’hui, qu’Il l’eut avec Abraham : bien plus, maintenant que la rédemption a été effectuée et que Christ est ressuscité, nous avons à faire à Dieu d’une manière qui montre une proximité encore plus grande.

Puis il ajoute : « Or un médiateur n’est pas (médiateur) d’un seul, mais Dieu est un (seul) ». Sous la loi, vous avez Dieu et l’homme comme les deux parties contractantes, et vous avez aussi un médiateur entre les deux. Moïse se tenait ainsi entre Dieu et des hommes, et quel fut le résultat ? Du côté de Dieu, tout était ferme et sûr ; mais l’homme succomba. Et la chose fut ainsi, et elle est ainsi, et doit l’être nécessairement ; et cela ne vient pas de quelque défaut dans la loi, mais de la culpabilité de l’homme et du mal qui est en lui. La loi est comme un pont qui peut avoir toute la force qu’on peut désirer, mais qui d’un bout ne repose sur aucune fondation. Il ne peut y avoir qu’un résultat. Il en est de même de l’épreuve de l’homme sous la loi. La loi ne dépend pas de Dieu seul, sinon en tant qu’Il exige ; mais, grâces en soient rendues à Dieu, la promesse dépend de Lui seul. Sous la loi, l’homme est, dans un sens, le principal auteur. C’est lui qui rend à Dieu, et non Dieu à l’homme. Au contraire, lorsque Dieu promit la terre à Abraham, Il ne dit pas : Il faut que cela dépende de ce que vous ferez. C’était Son propre don — gratuit et absolu. Dans la loi, il y a deux parties et la chose entière vient en ruine, parce que l’homme est celui dont tout dépend pratiquement ; et « quel cas mérite-t-il qu’on en fasse » ? Dans la promesse il n’y a qu’une seule partie, et rien n’y peut porter atteinte, parce que Dieu ne peut ni faillir, ni mentir. Sa promesse devra nécessairement s’accomplir. Voici donc le raisonnement concluant de l’apôtre. « Or un médiateur n’est pas (médiateur) d’un seul, mais Dieu est un (seul) » ; c’est-à-dire, lorsqu’une médiation légale est requise, il doit nécessairement y avoir deux parties, dont l’une est le pécheur ; et ainsi tout est perdu. Mais Dieu est un (seul). Tel est le caractère et la force de la promesse. Dieu demeure seul ; Il amène l’accomplissement de tout ce qu’Il dit, et le croyant a uniquement à rendre grâces, à jouir de la bénédiction, et à chercher à marcher d’une manière qui en soit digne et qui y réponde.

« La loi est-elle donc contre les promesses de Dieu ? Qu’ainsi n’advienne ! Car s’il avait été donné une loi qui eût le pouvoir de vivifier, en réalité la justice serait sur le principe de (la) loi. Mais l’Écriture a renfermé toutes choses sous le péché ». C’est là qu’en étaient les enfants d’Israël, et la loi les avait tous renfermés ensemble sous le péché. Et cela, « afin que la promesse sur le principe de (la) foi en Jésus Christ, fût donnée aux croyants » — non pas aux Juifs comme tels, mais « aux croyants ». « Or avant que la foi vînt, nous étions gardés sous (la) loi, étant renfermés pour la foi qui devait être réservée : de sorte que la loi a été notre conducteur jusqu’à Christ ». Il n’y a rien qui autorise la traduction de la plupart des versions : pour nous amener à Christ ! Le sens du passage est que la loi était un conducteur auquel ces Juifs avaient à faire, jusqu’à ce que Christ vînt ; comme il avait été dit auparavant : « Elle a été établie à cause des transgressions, jusqu’à ce que vînt la semence à laquelle la promesse est faite ». Il ne s’agit pas d’amener maintenant des personnes à Christ : l’effet de la loi est plutôt d’amener la mort et la condamnation, comme cela nous est si clairement dit ailleurs. Dieu peut permettre que des personnes viennent ainsi sous la sentence de mort, et ensuite, par Christ, les en retirer ; mais nul ne peut dire qu’une puissance qui tue, soit en elle-même le moyen d’amener des âmes à Christ. « La loi a été notre conducteur ». Elle fit l’office de l’esclave qui avait la charge des enfants en bas âge. Elle en agissait sévèrement avec ceux qui étaient sous elle jusqu’à ce que Christ vînt. Les Galates étaient des Gentils qui n’avaient jamais été sous la loi, auxquels Paul décrit la manière dont Dieu en avait agi avec les Juifs, qui étaient sous la loi. En parlant de ces derniers, il dit : « La loi a été notre » — non pas votre — « conducteur jusqu’à Christ ». Lorsque Christ vint, il y eut un nouvel objet manifesté, et le système négatif de la discipline légale fut mis de côté, « afin que nous fussions justifiés sur le principe de la foi ». La loi faisait sentir aux âmes leur état ; mais Dieu ouvrait leurs yeux, pendant qu’ils étaient dans cet état, pour voir que la seule espérance de justice était en Christ. « Mais la foi étant venu, nous ne sommes plus sous (un) conducteur ». Pas même les Juifs qui avaient cru n’étaient encore sous la loi ! Du moment que Christ leur avait été révélé, ils cessaient d’être sous l’empire de la loi, et c’était à Christ qu’ils devaient leur nouvelle soumission. Christ est le Maître et le Seigneur du chrétien. Le Juif avait eu la loi pour son précepteur. Après avoir reçu Christ, l’office de la loi était terminé, et il entrait dans une sphère tout entièrement nouvelle.

Considérez le changement remarquable depuis le verset 26. Ce n’est plus « nous », mais « vous ». « Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi dans (le) Christ Jésus ». Maintenant il s’adresse aux Galates qui, sans doute, avaient été « pécheurs d’entre les nations » ; et pourtant ils jouissaient de la proximité de fils de Dieu. Voici ce qu’implique son langage : Vous êtes introduits dans cette haute relation par la foi dans le Christ Jésus, sans l’intervention de la loi, laquelle après tout s’occupe de gens qui sont esclaves, ou traite tout au moins ceux qui lui sont sujets, comme s’ils étaient esclaves. Paul ne prêchait pas la loi d’abord, et ensuite Christ, mais plutôt « Jésus et la résurrection ». C’était là la somme et la substance de sa prédication ; et c’est ainsi que ces Galates l’avaient d’abord reçu. Ils étaient tous fils de Dieu par la foi dans le Christ Jésus — Gentils aussi bien que Juifs.

« Car vous tous qui avez été baptisés pour Christ, vous avez revêtu Christ ». Le grand point de tout l’argument, c’était que la semence était ressuscitée, la semence Isaac, après qu’il avait été désigné pour mourir et qu’il avait été réellement sous le couteau ; mais maintenant il était ressuscité des morts en figure — pour montrer que c’est là la condition dans laquelle nous sommes admis, nous Gentils, comme ayant à faire à Christ. Christ était-Il sous la loi quand Il ressuscita d’entre les morts ? Il n’en était rien. Il en est de même, dit l’apôtre, de nous chrétiens maintenant. Nous n’avons rien à faire avec le conducteur juif. La foi est venue à la fois pour nous Juifs, et pour vous Gentils ; vous êtes devenus fils de Dieu sans passer du tout sous la loi. « Car vous tous qui avez été baptisés pour Christ, vous avez revêtu Christ ». Savez-vous ce que signifiait votre baptême ? Qu’est-ce qu’un homme confesse quand il est baptisé ? Qu’il appartient à un Sauveur qui est mort et ressuscité. L’apôtre dit ailleurs : « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés pour (le) Christ Jésus, avons été baptisés pour sa mort ? ». Et la mort de Christ est ce qui brise pour toujours même la connexion d’un Juif avec la loi. Jusqu’à la mort, la loi avait un juste droit sur le Juif, mais du moment qu’il a confessé Jésus mort et ressuscité, le Juif même en est aussitôt délivré, et est passé dans une condition tout entièrement nouvelle. Ayant un Sauveur qui est ressuscité d’entre les morts, pour sa vie et son Seigneur, son affaire est de marcher comme un homme qui Lui est uni : la connexion avec l’ancien mari est brisée, et il est à un autre. S’il essayait après cela d’avoir à la fois Christ et la loi, ce serait comme une femme qui aurait deux maris, c’est-à-dire un adultère spirituel. L’effet aussi en est bien palpable. Qui n’a pas trouvé des chrétiens un jour joyeux, le lendemain très abattus dans leur esprit, incertains s’ils ont la vie éternelle ou non, tremblants à la pensée de la venue du Seigneur ? Et pourtant ces mêmes personnes admirent Christ, et L’aiment, et L’adorent ! D’où vient cela ? Elles ne savent ce que c’est que d’être morts à la loi. Il ne faut donc pas s’étonner qu’elles soient dans un si misérable état. La loi les accable mortellement, et ils ne connaissent Christ que tout justement assez pour garder leur tête au-dessus de l’eau, mais avec la tendance continuelle à être submergés. Qu’il est bon pour leur âme d’apprendre que Dieu a brisé par la mort de Christ tous les liens de cette nature ! Mon baptême même est la confession que, quand même j’aurais été un Juif, je suis mort à la loi — comme il est écrit : « étant morts (dans ce) en quoi nous étions tenus ». « C’est pourquoi mes frères, vous aussi vous êtes morts à la loi par le corps de Christ, pour être à un autre, à celui qui est ressuscité d’entre les morts ». Sans doute ce serait un état bien malheureux, si nous sommes morts à la loi, de ne pas être à un autre. Combien grand serait le danger de penser qu’on a la liberté pour faire ce qu’on aime ! Mais si j’appartiens à Christ, alors viennent les nouveaux sentiments propres à une âme amenée ainsi près de Lui. Or maintenant, j’appartiens à Christ, et je suis appelé à faire ce qu’Il aime ; notre mari nous donne la liberté pour faire Sa volonté, et non pour faire notre volonté — « afin que nous portions du fruit pour Dieu ». C’est là ce que le baptême présente dans un chrétien ; c’est la confession de la mort et de la résurrection de Christ. Le croyant devrait donc savoir qu’il en a fini avec la loi, et qu’il est appelé à vivre à Dieu, « Car vous tous qui avez été baptisés pour Christ, vous avez revêtu Christ » — non pas la loi, mais Christ.

L’objet de tout cela, c’est de montrer que, quelqu’importante que fût la loi pour mettre les transgressions des personnes clairement devant elles, le chrétien néanmoins, maintenant qu’il a Christ, a déjà confessé ses péchés, et qu’il a à faire entièrement avec un tout autre état de choses. « Il n’y a ni Juif, ni Grec ; il n’y a ni esclave, ni libre ; il n’y a ni mâle, ni femelle ». Paul considère les grandes distinctions naturelles entre les hommes, et il montre que ces choses ne les caractérisaient pas comme chrétiens. La seule chose qui me marque d’une manière distinctive comme tel, c’est que j’ai Christ, et que j’ai revêtu Christ. « Car vous tous, vous êtes un dans (le) Christ Jésus. Or si vous êtes de Christ, vous êtes donc (la) semence d’Abraham, et héritiers selon la promesse ». Ce qui veut dire qu’ils n’avaient pas à passer par la circoncision, ou par aucun autre rite de la loi, afin d’obtenir les promesses. Le Saint Esprit introduit dans les promesses par la possession de Christ. Si vous vous efforcez de les gagner sur le principe de la loi, vous les perdez ; si vous recevez Christ, elles sont assurément à vous. Il est, Lui, la vraie semence d’Abraham, et si j’ai Christ, j’ai toutes les promesses de Dieu. « Car tout autant qu’il y a de promesses de Dieu, en lui est le oui et en lui l’amen, à la gloire de Dieu, par nous ». Ainsi, vous voyez, il donne la dernière touche au grand argument du Saint Esprit dans tout ce passage : savoir, que le croyant d’entre les nations n’a rien du tout à faire avec la loi comme moyen de bénédiction de la part de Dieu ; qu’il peut user de la loi comme d’une arme contre les impies, mais qu’en Christ il en a fini de la question de loi — qu’il est sorti d’une manière bien définie de tout cela, et que maintenant il est en Christ. Et si je suis là, j’ai tout ce que Christ peut donner. Ce dont il s’agit, c’est de donner toute la gloire à Christ. La force du passage doit frapper toute âme qui réfléchit, en considérant tout ce qui se passe autour d’elle dans le temps présent. Le mal contre lequel Paul les mettait en garde, est devenu maintenant un mal qui déborde. Sous une forme ou sous une autre, la loi est mêlée avec Christ ; et dans cet état de choses, vous voyez de pauvres chrétiens qui tâchent de garder les deux maris en même temps. Ce n’est pas quelque chose que nous dépeignons simplement par rapport à autrui ; mais la plupart d’entre nous la connaissent par expérience. Nous en avons éprouvé la misère, mais aussi la bénédiction d’en être délivrés. Et qu’il plaise à Dieu d’accorder la même délivrance à tous ceux de Ses enfants qui n’ont jusqu’à présent goûté que la misère, et non la délivrance !