Écho du Témoignage:Réflexions pratiques sur les Psaumes/Partie 13

De mipe
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Psaumes 64-77

Le psaume 64 montre un cours spécial des choses ici-bas, familier à l’homme exercé au service de Dieu dans ce monde — c’est que le méchant, haïssant la droiture, essaie de décharger le péché sur le juste. Cela prouve l’universalité et la puissance de la conscience, puis encore une autre vérité — c’est que les principes de ceux qui se confient en Dieu et confessent Son nom, doivent produire ce qui est pur et bon. Ceci est réellement le plus fort témoignage tant aux principes de la foi, qu’à la méchanceté du cœur humain. Les méchants reconnaissent que la foi doit produire et produit, comme le fruit qui lui est propre, ce qui est juste et parfait, et l’attend de ceux qui marchent par la foi — mais ils montrent leur haine contre ce principe et contre ceux qui s’attachent par lui au Seigneur en cherchant à découvrir l’iniquité et l’inconséquence. Terrible preuve de la méchanceté du monde ; méchanceté universelle que l’on trouve bien plus encore parmi les incrédules non avoués, que parmi ceux qui professent ouvertement de l’être. Ici, dans ceux qui poursuivent l’iniquité, ce n’est pas une immoralité évidente, mais de la méchanceté ; ils la poursuivent dans leurs conseils secrets. C’est l’esprit du mal dans l’homme. Le caractère du mal poussé à l’extrême, c’est de comploter. Un même esprit les anime, lors même que cela ne va pas jusqu’aux complots ; c’est le même esprit dans les sentiments et les actions. Puis leurs langues sont les instruments d’attaques et d’injures. Le saint n’a ni défense, ni remède extérieurs ; mais par rapport à la violence, Dieu est son refuge. Remarquez-le ; il parle de la frayeur que l’ennemi lui inspire. Le juste ne peut faire face à cette méchanceté, étant sans armes contre elle. Il la laisse à Dieu en Lui présentant les choses. Dieu exerce les saints, et, en fin de compte, le méchant amène le jugement sur sa propre tête ; il craint, voit et avoue le travail de Dieu. Pour cela, le juste doit attendre ; la délivrance étant divine, il doit attendre que le divin jour du jugement soit arrivé et alors la joie sera complète. Ainsi Abraham fut tenu comme étranger, et ses descendants furent sous l’oppression « parce que l’iniquité des Amoréens n’était pas encore à son comble ». Il se peut que l’épreuve ne soit pas terminée, mais en tout cas, lorsque Dieu intervient, ce sera le moment parfait pour nous. Mais outre notre délivrance, il en résulte encore autre chose. La délivrance étant au moment où Dieu la veut, et ainsi suivant Ses jugements parfaits, ce sont Ses voies qui s’y déploient, et le jugement de Dieu étant sur la terre, les habitants du monde apprennent la justice. Ceci est le plein accomplissement ; mais, même dans certains cas particuliers, les hommes glorifient Dieu au jour de la visitation et avouent que ceux qui se sont confiés en Lui ont eu raison ; que ce Dieu qui semblait ne pas intervenir attendait seulement dans Sa sainte justice ; qu’Il a soin des justes et qu’ainsi Ses voies sont parfaites. Ceci est un immense gain. Dieu est glorifié.

Le psaume 65 se rapporte directement à la bénédiction de cette création, à la louange, à la joie qui rejailliront lorsqu’Il abolira la puissance du mal, mais il regarde à l’effet présent de Sa bonté. Il regarde, car la création attend et soupire, non pas seulement, comme ici, pour Israël, mais bien plus encore pour sa délivrance, pour la manifestation des enfants de Dieu, et pour la bénédiction du peuple de Dieu ; elle attend, dis-je, que cette bénédiction universelle ait lieu ; mais le cœur est prompt, et ceci nous mène à un principe général, instructif pour nous dans tous les temps ; c’est-à-dire la promptitude du cœur à louer Dieu au milieu de l’épreuve et la toute-puissance à laquelle on s’attend, et dont la nature est de dispenser la bénédiction. Ce psaume ne s’applique qu’aux circonstances du croyant. Le chrétien n’est jamais, selon l’Esprit, dans un état d’âme dans lequel il ne puisse louer. Son cœur peut s’être éloigné de Dieu, tellement que l’Esprit doit le reprendre et l’humilier ; dans ce cas, la louange n’est pas prompte du tout. Ici, la pensée est que, quoique le cœur soit prompt, les circonstances ne fournissent pas d’occasion à la louange. La louange est muette quoi qu’il y ait conscience qu’elle appartient à Dieu ; le vœu sera accompli. Ceci peut être le fait du chrétien. Il peut dire dans l’épreuve : Je suis sûr que je Le louerai et Le remercierai encore de Sa délivrance. Tel est l’esprit dans lequel il doit être. Quant à notre plus haut degré de louange, elle est encore muette dans les régions célestes ; nous l’attendons et nous la désirons. Le verset 4 montre pleinement qu’ici, c’est la forme juive de la louange. La pensée générale que nous trouvons ici est que nous attendons seulement que la bénédiction soit accomplie pour que la louange déborde. La fidélité et la puissance de Dieu sont célébrées comme nous assurant cela, ici-bas en jugements et en bénédictions terrestres ; mais le chrétien, quels que soient les empêchements et les puissances adverses, compte sur cette fidélité et sur cette puissance de Dieu pour l’amener dans la cité céleste. Les transgressions ne barreront pas la route ; par Sa grâce seule nous disons : « Tu nous en as purifiés ». Il entend nos prières et nous aide. De plus, il s’agit de la gloire nécessaire du Seigneur même dans sa partie terrestre ; mais là, nous avons le principe. — Toute chair doit venir à Lui. Le Juif attendait cela comme une partie de la gloire. Les desseins de Dieu doivent être accomplis à Sa gloire, et dans Sa grâce, Il les a identifiés avec nous comme Paul l’exprime par l’Esprit : « Toutes les promesses de Dieu sont en Lui (Christ) oui et amen en Lui, à la gloire de Dieu par nous ». Par conséquent la foi, assurée que Dieu doit être glorifié, attend notre propre gloire et la bénédiction qui en découle. Voilà ce qui prouve la foi, non pas de croire que Dieu est glorieux, mais d’associer Sa gloire avec la bénédiction de Son peuple. Ainsi parle Moïse : « Que feras-tu pour ton grand nom ? Les Égyptiens l’entendront » — etc. dans ses plaidoyers avec Dieu. Quelle source d’assurance et quel sujet de louanges que Dieu ait ainsi identifié Sa gloire avec notre bénédiction et avec Ses promesses pour nous, en Christ !

Psaume 66. Il y a un point dans ce psaume qu’il est important de distinguer quant à sa force morale : la manière dont tout est attribué à Dieu lorsque vient la délivrance. On voit Dieu partout, retournant en arrière jusqu’à la rédemption originelle, source réelle de tout (v. 6) pendant que la bénédiction finale du peuple de Dieu est la bénédiction du monde. Même lorsque tout semble avoir été obscurité, l’on découvre que Sa puissance était au-dessus de tout. Il règne par Sa puissance pour toujours, Ses yeux voient les nations. Malheur à celui qui s’élève. Mais non seulement cela, Dieu est vu dans le tourment même et comme en étant l’auteur, quoique nos manquements aient pu en être l’occasion. Ceci est la vraie pierre de touche d’un cœur droit — ce qui est appelé (concernant Israël dans le Lévitique) « accepter le châtiment de notre iniquité ». Il y a deux choses à remarquer là-dedans : Dieu les mit dans le tourment — et maintint leur âme en vie à travers l’épreuve. Tel fut le cas de Job quant à ces deux points, Il ne permit pas que leurs pieds trébuchassent dans l’affliction du sentier divin de la foi. Les versets 10 et 11 reconnaissent cela ; et s’il a fallu employer des instruments, ce n’étaient après tout que des instruments. L’épreuve était très grande, ils le sentent et le voient, mais c’était l’ouvrage de Dieu. Ce n’est pas tout. Dieu a un dessein positif en cela ; Il a un sentier d’amour, à travers lequel Il conduit l’âme, et dont l’épreuve faisait partie pour la rendre propre à posséder la place d’une si grande bénédiction. « Tu nous as transportés dans un lieu bien arrosé ». Dieu envoie l’épreuve, y préserve l’âme et, par elle, l’épure comme l’argent, embellit son espérance, laquelle repose de plus en plus sur Lui, et s’attend avec un regard plus brillant à Sa promesse, puis Il l’introduit dans un lieu « bien arrosé ». Mais, en même temps, quelques autres points apparaissent quant à l’état de l’âme. L’affliction l’a jetée vers Dieu. Pour nous, tout ce qui ressemble à des vœux est mauvais ; cependant ici, le cœur se tourne à Dieu, quoique sous le châtiment, comme à la source de l’espérance ; c’est précisément ce que produit l’espérance qui se fonde sur Lui. Avoir sa confiance et son attente en Lui, dans l’épreuve et le châtiment, nous ne le pouvons pas, jusqu’à ce que la volonté soit brisée ; lorsqu’elle est brisée, nous le pouvons, tout en ayant conscience que le chagrin est le fruit de notre propre faute. Ceci suppose l’intégrité, elle déborde en actions de grâces. Le cœur peut alors rendre témoignage de Dieu à d’autres (v. 16). il sait maintenant ce que le Seigneur a été pour lui. Le cœur a crié, Dieu a exaucé. « Ceci », dit l’apôtre, « est l’assurance que nous avons auprès de Lui ». Ce que l’on apprend ici dans le chagrin devrait être l’état constant de l’âme en dehors de l’affliction. Le sentiment prédominant de l’âme est sa reconnaissance. Elle retournera à Dieu — secret de sa propre reconnaissance envers Lui, qui est la joie de son cœur. La force du psaume est de reconnaître tout cela après la délivrance ; mais ce que la délivrance produit, étant reçue dans le cœur, répond à la foi au milieu de l’épreuve.

Je n’ai qu’une remarque à faire sur le psaume 67. La gloire de Dieu est le ressort des désirs du cœur, en vue des bénédictions sur Son peuple même. Alors les bénédictions jaillissent et la louange monte à Dieu. Ce psaume explique Romains 11, 15.

Psaume 68. Quelque frappant et intéressant que soit ce psaume, je n’ai, pour mon but actuel, que fort peu à dire. En passant, une ou deux remarques se présentent à moi. C’est spécialement le caractère de Dieu dans ce qui regarde les Juifs reçus en grâce, mais dans Sa propre grâce souveraine, non pas dans les relations d’alliance, mais les établissant, comme autrefois en Sinaï, seulement à présent en grâce et en puissance. Jah n’est point le même nom que Jéhovah, j’en suis pleinement persuadé : c’est l’existence absolue de Dieu, non pas Son existence continue, de manière à compter sur la fidélité de Celui qui était, qui est et qui sera. Il est ici, Il vit toujours et à toujours. Il est seulement appelé Jéhovah dans le psaume lorsqu’Il parle de Son habitation sur la montagne de Sion comme de Sa demeure, parce que là Il prend Sa place et Son nom d’alliance. Nous avons Jah aux versets 4 et 18, mais Seigneur dans le reste du psaume est Adonaï. Il me semble que cela relie Christ avec la restauration d’Israël pour Lui donner la place de Seigneur, mais davantage comme étant aussi Jéhovah que dans le psaume 110. Le verset 18 est naturellement le centre de cela, où, étant Jéhovah en Sion, suivant Sa promesse, et remonté après Sa réjection, Il reçoit des dons comme homme. Il est au-delà de toutes les promesses juives. Cependant, le psaume s’applique aux Juifs rebelles, alors ce n’est pas Jéhovah, mais Jah Élohim. L’élévation de Christ ramènera Dieu en souveraine grâce au milieu d’Israël.

Le psaume 69 prophétise si entièrement Christ que je n’ai aucune remarque à faire. C’est une pleine description de Ses chagrins dans la vie et dans la mort. J’ai parlé au long là-dessus dans un autre endroit.

Le psaume 70 appelle une seule remarque. Volontiers n’être rien — pauvre, nécessiteux, méprisé — pourvu que le peuple de Dieu soit heureux et dans un état qui fasse jaillir sa louange. La bénédiction du Seigneur n’est pas méprisée, mais pour la posséder on s’attend au Seigneur. Le cœur attendant le bonheur et la bénédiction du peuple de Dieu — tel est le véritable esprit de la foi dans un saint.

Le psaume 71 ne nous retiendra pas longtemps. Il s’arrête sur deux points. La justice de Dieu — le psalmiste ne réclame rien pour la sienne propre ; mais Dieu sera conséquent avec Lui-même — Il ne le délaissera, ni ne l’abandonnera. C’est pourquoi il compte sur Sa fidélité.

Le psaume 72 est la gloire de Christ comme Salomon, de sorte que cela n’appelle pas de commentaire sur son contenu.


Fin des prières de David, fils d’Isaï.

Le psaume 73 commence le troisième livre des Psaumes, il se rapporte directement au jugement temporel de Dieu en Israël, satisfaisant ainsi les anxiétés du cœur parmi les fidèles ; cependant, comme ces anxiétés sont de tous les temps, nous trouverons quelque chose à remarquer ici. Nous voyons les incrédules marchant dans leurs voies, tellement que Dieu semble oublier, et le cœur est envieux. Quant à nous, cela montre que notre cœur, trop souvent, voudrait encore avoir une portion ici-bas — aussi bien qu’une part à venir. L’affliction, en voyant la puissance du mal dans le monde, est bonne, mais elle se mêle dans nos esprits avec le désir d’avoir notre propre chemin. Lorsque la volonté se mélange avec le sentiment du succès du mal, elle est ou irritée ou découragée de manière à abandonner la persévérance dans le bien. Les incrédules prospèrent dans le monde. Quelle énigme ! Où donc est le gouvernement de Dieu ? Où est l’utilité du bien ? Sans aucun doute, c’était une épreuve plus directe lorsque les bénédictions temporelles avaient été données comme un signe de la faveur divine. Mais les chrétiens sont rarement assez séparés de ce monde pour ne pas sentir le succès de la méchanceté et désirer la vengeance. La simple indifférence est coupable. Ainsi la grâce doit agir dans le cœur pour nous conduire dans cet étroit sentier, pour sentir le mal en lui-même, pour sentir la gloire de Dieu traînée dans la poussière, et pour attendre le temps de Dieu, Son action, comme Christ faisait lorsqu’Il souffrait. Il n’y a pas d’autre place pour apprendre, que d’être dans le sanctuaire. Là, la volonté est soumise ; là, Dieu est connu ; là, l’œil n’est pas obscurci par les passions du monde et par l’ignorance de ce que l’on doit faire, comme si Dieu seul ne le pouvait pas — reconnaître le bien, avoir patience entière pour le mal, de sorte que le jugement soit simplement sur le mal, et véritable jugement sur le mal sans excuse. Notre impatience charnelle ne serait rien de tout cela, même là où le mal, comme tel, est jugé justement. Mais dans le sanctuaire, la volonté est muette et Dieu est écouté. Ses voies sont justes et nous jugeons les choses par Ses yeux. Le mal devient pire, à nos yeux la compassion est juste, la patience adorable, cependant le jugement est certain. Nous n’avons plus dans notre cœur que le sentiment de la justice, libre de tout désir de vengeance — car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu. Le jugement est juste parce que la patience est parfaite et bien plus terrible parce qu’il n’y existe pas de passion. Il se rapporte à Dieu.

Mais une autre vérité bénie ressort de ce texte. Il était « stupide, sans connaissance — comme une brute devant Dieu » — cependant il y avait en lui de l’intégrité et de la conscience. S’il avait laissé aller ses pensées lorsqu’il était à moitié disposé à dire que la sainteté était inutile, il eût été infidèle à la génération des enfants de Dieu. Voilà ce qui l’arrête. Qu’il est beau de voir dans l’insubordination de la volonté de l’homme, ces saintes affections, cette conscience qui blâment le cœur au moment de mettre une pierre de chute dans le sentier du plus humble enfant de Dieu. On voit alors où sont réellement les affections et l’on voit cette crainte de Dieu qui prouve que l’on connaît Son amour — que la nouvelle nature existe. C’est une grande marque de progrès que Dieu soit reconnu. Ce que le cœur sait de lui-même, c’est qu’il était comme une brute dans ses raisonnements. Mais remarquez ceci. Il arrive à reconnaître qu’en dépit de tout, en avouant sa folie, il était continuellement avec Dieu. Combien la pleine connaissance de nous-mêmes, lorsque nous connaîtrons comme nous sommes connus, nous montrera la grâce patiente, invariable de Dieu, veillant sur nous tout le long du chemin, dans Son amour adorable ! Au milieu de toute sa folie, il était toujours avec Dieu, et Dieu l’a tenu par la main droite. Grâce bénie ! Dieu nous aime, a soin de nous, veille sur nous, s’intéresse à nous ; à cause de Son amour souverain, nous Lui sommes nécessaires pour qu’Il soit satisfait, Il ne retire pas Ses yeux de dessus le juste. C’est une magnifique pensée de la grâce continue. Il est Dieu et non pas un homme. Ici donc, le cœur compte sur Lui. De là, le juste à travers tous ses manquements peut dire : « Tu m’as tenu » ; puis, dans la communion, il ajoute : « Tu me conduiras par ton conseil ». Ceci n’est pas seulement l’acte d’être retenu sans en avoir soi-même conscience ; non, c’est l’esprit et la volonté de Dieu nous guidant dans la communion. Ainsi l’on voit, quand on s’est jugé, et que l’on est dans la communion, que ce n’est pas que Dieu ne nous ait pas guidés suivant Son conseil, tenant nos bouches avec le mors et la bride, lorsque nous étions hors de la communion, car Il l’a fait. Mais l’âme ne le comprenait pas, et ne pouvait, par conséquent, pas en parler, comme elle le fait ici dans la pleine connaissance qu’Il agissait d’après Ses propres conseils. Nous rencontrons ici, dans toute la force du passage, la distinction claire de la position juive. « Après la gloire, tu me recevras ». Ce passage a été changé pour l’adapter mieux aux idées chrétiennes, et le véritable sens est perdu (comp, Zach. 2, 8). Après la gloire, lorsqu’elle se sera levée, Israël sera reçu ; mais dans cette gloire, nous reviendrons avec Christ. Le cœur est maintenant mis au large par cette entrée dans le sanctuaire : « Qui ai-je dans les cieux » excepté le Seigneur ? — Nous pouvons sûrement avoir des pensées plus étendues par la connaissance du Père et du Fils ; cependant la vérité demeure, elle est seulement mieux connue. Qui d’autre que Dieu dans les cieux, le centre, la source et le tout de la bénédiction ? Sur la terre, avec des désirs qui nous éloignent souvent de Dieu, il n’y a pas une source de joie en Lui. Il est donc le seul. La simplicité de l’œil est complète. Étant dans le monde, nécessairement nous nous sentons seuls, mais seuls avec Dieu. Ainsi fut notre bien-aimé Sauveur : « Vous serez tous cette nuit scandalisés en moi et vous me laisserez seul ; mais je ne suis pas seul, car le Père est avec moi ». Dans un sens, le cœur accepte la prépondérance du mal, et est distrait de toutes choses pour Dieu ; voyez la bénédiction qui ressort de ce mal apparent ! Si tout était paisible, bon et prospère dans le présent état d’imperfection, le cœur tomberait dans cet état imparfait et deviendrait réellement mondain ; mais la prépondérance du mal, quoiqu’oppressant l’âme, arrête la volonté par le sentiment qu’elle ne peut pas se séparer du peuple de Dieu et la pousse dans le sanctuaire. Le cœur est sevré du monde, et, dans un monde où le mal prévaut, il regarde à Dieu, Le possède Lui-même pour sa seule portion dans le ciel, et n’a ainsi rien d’autre au monde que Lui seul. Il tient la seule place souveraine dans le cœur. Rien ne peut rivaliser avec Lui, comme dans le Nouveau Testament. « Christ est tout ». À ceci se rattache une nouvelle bénédiction. Cette chose dure. — La chair et le sang font sûrement défaut ; Dieu est la force du cœur. Il se tient là, plein de bonté et de force divine, Il soutient le cœur ; Il n’est pas seulement un appui pour le présent, mais une portion durable, notre portion à jamais. Cette pensée amène une sérieuse et douce conclusion. « Pour moi, m’approcher de Dieu, c’est mon bien ». Là nous apprenons la vérité ; là nous trouvons le secours. Il a mis sa confiance dans le Seigneur Jéhovah, Celui qui est souverain en force, véritable et fidèle dans Ses promesses. Qui s’assure ainsi en Lui devra sûrement déclarer toutes Ses œuvres merveilleuses. Il sera à même de les voir, d’en faire l’expérience, il aura le cœur préparé à s’en souvenir, à les comprendre, et la joie de témoigner de la fidélité de Celui en qui il s’est confié. Dans le verset 20, nous avons seulement la puissance souveraine, dans le dernier verset, la fidélité de l’alliance.

Psaume 74. Ce qui se rapporte à notre but ne me suggère qu’une seule remarque. Nous y trouvons la confiance dans la fidélité de Dieu, lorsque, quant aux circonstances extérieures, la puissance de l’ennemi semble rendre tout sans espoir, et même sur le terrain de la confiance en Lui. Mais alors vient ce qu’Il est pour des siens. La rédemption a prouvé son profond intérêt pour eux. Ils sont à Lui en propre. Tout en les prenant par Sa grâce souveraine, Il s’est engagé à eux (par grâce). Et le cœur s’écrie (v. 22) : « Lève-toi, ô Dieu ! défends ta cause ». Quelle bénédiction ! Ainsi Moïse dit continuellement : « Toi, tu les as fait sortir ». Si donc le peuple succombe et si le tumulte des ennemis va grandissant toujours, c’est un motif de plus pour se confier ; tout est grâce et grâce fidèle ; et la puissance sur toutes choses est par-devers Lui. Le cœur, au lieu d’être effrayé, implore Dieu, afin qu’Il se souvienne des attaques et des insultes de l’ennemi, car les insultes s’adressent à Son nom. Ceci est un fait. L’inimitié du monde, en se tournant contre Son peuple, s’adresse réellement au Seigneur. S’il ne s’agissait pas de Son peuple, le monde ne s’agiterait pas ainsi. Le peuple de Dieu doit se rappeler cela et, dans sa propre faiblesse, ne pas oublier que c’est Dieu qui est en cause.

Le psaume 75 contient la certitude et le juste gouvernement du royaume de Christ. Mais remarquez que la foi rend grâces avant qu’il soit établi, avertissant les pécheurs orgueilleux, car Dieu est le juge. Les prétentions humaines ne servent à rien contre Lui. Remarquez, de plus, que lorsque Christ prend le royaume, tout est confusion, la terre et ses colonnes sont détruites. Nos cœurs, même alors, doivent répéter : Le nom de Dieu (pour nous le Père) est proche, c’est-à-dire tout ce en quoi Il se révèle. Ainsi nous pouvons toujours avoir confiance, sans effroi. Les voies et les actes de Dieu s’accordent avec Son nom. Nous croyons à Son nom de Tout-puissant, de Très-haut, nous croyons qu’il vengera l’Église persécutée sur Babylone et sa puissance ; mais quant à nous directement, il ne s’agit pas du nom de Dieu, mais comme je l’ai déjà dit, du Père. Dans ce sens, il n’est question de gouvernement que par rapport à Ses enfants. Christ fut relevé d’entre les morts par la gloire du Père. Toute la puissance déployée ainsi dans ce nom, toute la grâce et la fidélité pour ceux qui sont ressuscités avec Lui, et aimés comme Il l’est, voilà ce qui reste toujours près de nous, et cette œuvre merveilleuse de la résurrection de Christ le déclare, dût la mort elle-même être sur nous.

Psaume 76. Le sujet général est encore le jugement exécuté en rapport avec Israël. Mais il y a ici un principe général que nous pouvons remarquer. Premièrement, le siège de la bénédiction de Dieu et Son trône, ou la manifestation de cette bénédiction sur la terre quelle qu’elle soit, est bien plus excellente que toute la puissance et la violence de l’homme. Dieu censure et l’homme tombe sans force. Lorsque Dieu se lève, que peut faire l’homme ? Mais l’exécution du jugement sur la terre a son effet et son but immédiats : la délivrance des débonnaires. Il sauve tous les débonnaires de la terre. Son amour et Sa fidèle bonté sont actifs même ici. Puis vient un autre principe, applicable dans tous les temps par la foi, un principe encourageant et consolant. Dieu oblige le courroux de l’homme à Le glorifier (v. 10). Il tourne tout à Sa propre gloire, à Ses desseins, Il arrête tout le reste. Là où la foi est exercée, elle compte sur Dieu, à travers tout, sûre que Dieu aura le dernier mot en toute chose.

Dans le psaume 77, nous avons quelques points instructifs à noter. La plainte va plus loin, peut être, que celle du chrétien ne devrait aller. Le verset 7, pour nous, serait tout simplement de l’incrédulité, quoique pour le Juif, dont le peuple est rejeté dans tout ce qui a rapport à ses privilèges, la juste question surgit, comme dans Romains 11 : « Je dis donc : Dieu a-t-il rejeté Son peuple ? ». Mais si nous retenons ceci, nous y trouvons beaucoup d’instruction quant au temps de la détresse, lorsque le poids de circonstances adverses, ou même notre propre faute, peuvent avoir mis notre âme dans une grande détresse. Le sujet de ce psaume est qu’actuellement le cœur recherche ardemment le Seigneur. C’est un appel direct du cœur, et non pas simplement un désir, ni de la soumission. Il crie de sa voix à Dieu. Ceci est plus important que nous ne le supposons généralement. Je ne crois pas qu’il soit entièrement juste de dire que la prière prononcée ou non prononcée est le sincère désir de l’âme. Sûrement, j’admets qu’il peut y avoir un soupir, un gémissement là où il y a l’intercession du Saint Esprit et que l’élévation du cœur à Dieu ne trouvera jamais de refus ou de froideur. J’admets tout cela ; mais il y a ici la présentation à Dieu d’un trouble dont on se rend compte, l’expression d’une détresse réelle. Le cœur s’exprime par des paroles. Ainsi il se présente lui-même devant Dieu, et ceci est très important dans notre relation avec Lui. Il y a vérité et dépendance confiante en dedans de nous-même. Jusque-là, on était rongé par l’angoisse, le cœur était agité par ses soucis, l’âme refusait d’être consolée. La propre volonté agissait et ne pouvait être satisfaite. L’âme ne s’occupait de Dieu que dans ses propres pensées, c’étaient des gémissements, mais non pas la prière, et l’esprit était accablé (v. 4). Éveillé, il ne pouvait naturellement pas s’occuper des choses ordinaires, il « était dans le trouble et ne pouvait parler ». Tableau saisissant d’une âme en profonde détresse, tableau réalisé complètement lorsqu’une âme, par le châtiment de Dieu, a perdu le sentiment de la divine faveur ou ignore la paix ; à un certain degré, cet état peut s’appliquer à chaque chrétien. Mais l’âme se tourne vers Dieu (v. 6). Elle se souvient d’avoir joui de Sa miséricorde, d’avoir chanté des cantiques pendant la nuit. Le Seigneur rejettera-t-Il à toujours ? Cette question n’existe pas pour le chrétien ; mais lorsque le bouclier de la foi est tombé, et que les dards enflammés du méchant ont atteint le cœur — alors le châtiment est terrible et douloureux. La seule chose qui lui soit semblable, c’est lorsqu’une âme a légèrement reçu l’évangile dans sa grâce (quoiqu’en étant sincère) et que le travail de la conscience a lieu ensuite. Lorsque, au lieu de s’occuper de lui-même, et de raisonner avec sa propre misère, le cœur regarde à Dieu, il voit que tout ce qui le préoccupe est en lui et non pas en Dieu. Voilà le point capital. Mais le chrétien, lui, ne retourne pas à la miséricorde passée (comme le Juif doit le faire de droit), parce que la faveur est toujours présente pour lui et qu’il retourne dans la lumière de cette faveur, lorsque le nuage qui s’était élevé de son cœur est dissipé, alors même que Satan avait pour un temps pris possession de son esprit. Dans le reste du psaume, le chrétien apprend que le chemin de Dieu est dans le sanctuaire. Quelque invariable que soit Sa faveur, Sa voie est cependant toujours d’accord avec Sa sainteté — quoiqu’aussi pour la même raison — elle soit d’accord avec Son fidèle amour. Chaque fois qu’Israël se retourne, c’est vers Sa souveraine grâce et vers Sa rédemption. Le chemin de Dieu est dans la mer (v. 19, 20), sans traces, et en puissance. Tous les mouvements, toute la puissance de ce qui nous semble indomptable, impénétrable, sont dans Sa main. En somme, ce psaume est le contraste entre le travail d’une âme impatiente et inquiète en écoutant ses propres pensées, et une âme se retournant pour crier à Dieu lorsqu’elle s’est souvenue de Lui. Si le chrétien applique ce texte à une interruption de la faveur divine, il se trompe totalement. Mais, lorsqu’il est accablé d’angoisses par le travail de sa propre volonté, il peut apprendre qu’il n’y a pas de repos pour son âme avant qu’elle se souvienne de Dieu et qu’elle crie à Lui.