Messager Évangélique:Première demande de l’Oraison dominicale

De mipe
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Quel est le sens de cette demande ? Quel était-il pour les disciples auxquels Jésus l’enseignait ? Voilà ce que nous avons à rechercher. Efforçons-nous de le faire, non d’après les lumières naturelles, les commentaires d’hommes, leurs traditions ou leurs pensées toujours arbitraires sur de pareils sujets, mais d’après le seul guide infaillible, la Parole de Dieu.

Sanctifier veut dire proprement : rendre saint. Or il est évident que ce n’est pas le sens que ce mot doit avoir ici ; ce serait presque un blasphème que d’oser demander au Seigneur que « son nom soit rendu saint », si l’on se figurait que l’on peut ajouter quelque degré de sainteté à ce nom. Or, nous savons que ce nom est parfaitement saint. Écoutez sur ce point l’Écriture. Psaume 111, 9 : « Il a envoyé la rédemption à son peuple ; il lui a donné une alliance éternelle ; son nom est saint et redoutable » (cf. Ps. 99, 3).

Dans Deutéronome 28, Dieu menace son peuple de sévères jugements, s’il n’obéit pas à l’Éternel, verset 58 : « si tu ne prends garde de faire toutes les paroles de cette loi,… en craignant le nom glorieux et terrible de l’Éternel, ton Dieu ».

Le nom, c’est la personne elle-même. Sanctifier le nom de Dieu, revient à : sanctifier Dieu lui-même, comme cela est dit formellement en Ésaïe 8, 13 : « Sanctifiez l’Éternel des armées, lui-même ; et qu’il soit votre crainte, et votre tremblement ». Perret-Gentil traduit ainsi ce verset : « L’Éternel des armées, lui, honorez-le comme saint ! Qu’il soit l’objet de votre crainte, et soit celui de votre frayeur ». C’est plutôt un commentaire qu’une traduction ; mais nous pensons que le commentaire est juste, comme la Parole nous le fera voir, et qu’ici, ainsi que dans tous les passages parallèles, sanctifier signifie honorer ou faire honorer comme saint. C’est aussi là, sans doute, le sens du verbe sanctifier dans la prière dont nous nous occupons. ― Des Juifs pieux avaient certes bien sujet de présenter cette supplication au « Père qui est aux cieux » ; car depuis longtemps l’Éternel avait, Lui, sujet d’adresser ce grave reproche à Son peuple : « Le nom de Dieu est blasphémé à cause de vous parmi les nations, comme il est écrit » (Rom. 2, 24 ; cf. Éz. 36, 20, 23).

L’Éternel est « jaloux du nom de sa sainteté » (Éz. 39, 25). « Je serai sanctifié en ceux qui s’approchent de moi » (Lév. 10, 3), dit-il, lorsque Nadab et Abihu avaient été frappés de mort pour avoir offert devant lui « un feu étranger, ce qu’il ne leur avait point commandé ». Par leur culte arbitraire, ils n’avaient point honoré comme saint Celui qui, étant l’objet du culte, a seul le droit d’en prescrire le mode.

Les enfants d’Israël, étant arrivés au désert de Tsin, demeurèrent à Kadès ; et comme il n’y avait point d’eau, ils s’attroupèrent contre Moïse et contre Aaron, et disputèrent contre eux. Alors Moïse et Aaron se retirèrent à l’entrée du tabernacle d’assignation, et tombèrent sur leurs faces, et la gloire de l’Éternel leur apparut. Et l’Éternel dit à Moïse : « Prends la verge et convoque l’assemblée, toi et Aaron, ton frère, et parlez en leur présence au rocher, et il donnera son eau ; ainsi tu leur feras sortir de l’eau du rocher… ». Et Moïse, ayant pris la verge, convoqua, de concert avec Aaron, l’assemblée devant le rocher, et il leur dit : « Vous, rebelles, écoutez maintenant, vous ferons-nous sortir de l’eau de ce rocher ? ». Puis Moïse… frappa de sa verge le rocher par deux fois ; et il en sortit des eaux en abondance, et l’assemblée but, et leurs bêtes. « Et l’Éternel dit à Moïse et à Aaron : Parce que vous n’avez point cru en moi pour me sanctifier en la présence des enfants d’Israël ; aussi vous n’introduirez point cette assemblée au pays que je leur donne » (Nomb. 20, 1-12).

Moïse et Aaron avaient agi, non d’après les pensées et la volonté de Dieu, mais d’après leur volonté et leurs pensées propres. Dieu leur avait dit : « Parlez au rocher, et il donnera son eau ». Au lieu de cela Moïse, le plus doux de tous les hommes, parle avec colère et défiance aux Israélites et frappe le rocher avec emportement. Or Dieu ne peut être sanctifié ou reconnu saint et honoré comme saint, par les pensées et la volonté humaines qui, dans cette occasion comme toujours, sont en opposition avec sa volonté et ses pensées. Néanmoins Moïse et Aaron n’ayant point sanctifié Jéhovah, « il se sanctifia lui-même en eux » (v. 13), en faisant sortir l’eau du rocher malgré l’infidélité de Ses serviteurs. Aussi lorsque, plus tard, Moïse doit monter sur la montagne de Nebo, pour voir de là le pays de Canaan, Dieu lui dit : « Tu mourras sur cette montagne,… comme Aaron, ton frère, est mort sur la montagne de Hor… ; parce que vous avez péché contre moi, au milieu des enfants d’Israël, aux eaux de la contestation de Kadès, dans le désert de Tsin ; car vous ne m’avez point sanctifié au milieu des enfants d’Israël » (Deut. 32, 48-51).

C’en est assez, pensons-nous, pour faire comprendre ce que c’est que sanctifier le nom de Dieu, ou sanctifier Dieu lui-même ; pour nous donner l’intelligence du vrai sens de cette demande : Que ton nom soit sanctifié. Il nous reste à faire voir que cette prière est en parfaite harmonie avec de nombreuses promesses du Seigneur ; ou, en d’autres termes, que le Juif pieux, en l’adressant au « Père qui est aux cieux », ne faisait que solliciter de Lui l’accomplissement de nombreuses prophéties, essentiellement relatives à l’Israël des derniers temps.

Ces prophéties, dont nous allons citer quelques-unes, nous présentent Dieu sanctifiant son nom ou manifestant que son nom est saint, soit par des jugements, soit par des délivrances.

Par des jugements. Ézéchiel 28, 22 : « Ainsi a dit le Seigneur l’Éternel : Voici, j’en veux à toi, Sidon, et je serai glorifié au milieu de toi, et on saura que je suis l’Éternel, quand j’aurai exercé des jugements contre elle, et que j’y aurai été sanctifié ».

Ézéchiel 38, 14-23 : « Toi donc, fils d’homme, prophétise, et dis à Gog : Ainsi a dit le Seigneur l’Éternel : En ce jour-là, quand mon peuple d’Israël habitera en assurance, ne le sauras-tu pas ? Et ne viendras-tu pas de ton lieu, du fond de l’aquilon, toi, et plusieurs peuples avec toi, eux tous gens de cheval, une grande multitude et une grosse armée ? Et ne monteras-tu pas contre mon peuple d’Israël, comme une nuée pour couvrir la terre ? Tu seras aux derniers jours, et je te ferai venir sur ma terre, afin que les nations me connaissent, quand je serai sanctifié en toi, ô Gog ! en leur présence ». Et comment Jéhovah sera-t-il sanctifié en Gog ? Lisez les versets qui suivent ceux que nous venons de citer, et vous verrez que c’est par d’épouvantables jugements d’extermination de Gog sur la terre d’Israël, après quoi le Seigneur ajoute : « Je me glorifierai, et je me sanctifierai, et je serai connu en la présence de plusieurs nations, et elles sauront que je suis l’Éternel ». Ces jugements serviront donc à faire connaître Dieu comme étant l’Éternel, à plusieurs nations. C’est encore le sens du mot sanctifier appliqué à Dieu, « le Saint qui sera sanctifié dans la justice » (És. 5, 16 ; cf. Ex. 14, 4).

Par des délivrances et, tout spécialement, par le rétablissement d’Israël dans la terre de ses pères et par les bénédictions temporelles et spirituelles dont il y sera comblé de la part de son Dieu et Père. Ici, surtout, abondent les déclarations de la parole prophétique. En voici quelques-unes :

Ésaïe 29, 22, 23 : « L’Éternel, qui a racheté Abraham, a dit ainsi touchant la maison de Jacob : Jacob ne sera plus honteux… Car quand il verra ses fils être un ouvrage de mes mains au milieu de lui, ils sanctifieront mon nom ; ils sanctifieront, dis-je, le Saint de Jacob, et révéreront le Dieu d’Israël ».

Ézéchiel 20, 41 : « Je prendrai plaisir en vous par vos agréables odeurs, quand je vous aurai retirés d’entre les peuples, et que je vous aurai rassemblés des pays dans lesquels vous aurez été dispersés ; et je serai sanctifié en vous, les nations le voyant ».

Ézéchiel 28, 25 : « Ainsi a dit le Seigneur l’Éternel : Quand j’aurai rassemblé la maison d’Israël d’entre les peuples parmi lesquels ils auront été dispersés, je serai sanctifié en eux, les nations le voyant, et ils habiteront sur la terre que j’ai donnée à mon serviteur Jacob ».

Et dans la charge contre Gog, prince de Rosh, de Méshec et de Tubal, Ézéchiel 39, après avoir dit, verset 6 : « Je mettrai le feu en Magog, et parmi ceux qui demeurent en assurance dans les îles, et ils sauront que je suis l’Éternel », le Seigneur ajoute : « Et je ferai connaître le nom de ma sainteté au milieu de mon peuple d’Israël ; et je ne profanerai plus [Perret-Gentil : je n’exposerai plus au déshonneur] le nom de ma sainteté ; les nations sauront que je suis l’Éternel, le Saint en Israël » : voilà aussi une définition des mots : « Ton nom soit sanctifié ». Lisez encore avec soin les versets 25 à 29 du même chapitre et Psaume 86, 9.

Citons encore un fragment du remarquable chapitre 36 d’Ézéchiel, du verset 17 à la fin. « Fils d’homme, ceux de la maison d’Israël, habitant en leur terre, l’ont souillée par leurs voies et par leurs actions… Et je les ai dispersés parmi les nations, et ils ont été répandus par les pays ; je les ai jugés selon leurs voies et selon leurs actions. Et étant venus parmi les nations…, ils ont profané le nom de ma sainteté, en ce qu’on a dit d’eux : Ceux-ci sont le peuple de l’Éternel, et cependant ils sont sortis de son pays. Mais j’ai épargné le nom de ma sainteté, lequel la maison d’Israël avait profané parmi les nations au milieu desquelles ils étaient venus. C’est pourquoi dis à la maison d’Israël : Ainsi a dit le Seigneur l’Éternel : Je ne le fais point à cause de vous, ô maison d’Israël ! mais à cause du nom de ma sainteté, que vous avez profané parmi les nations au milieu desquelles vous êtes venus. Et je sanctifierai mon grand nom, qui a été profané parmi les nations, et que vous avez profané parmi elles ; et les nations sauront que je suis l’Éternel, dit le Seigneur l’Éternel, quand je serai sanctifié en vous en leur présence. Je vous retirerai donc d’entre les nations, je vous rassemblerai de tous pays, et je vous ramènerai en votre terre. Et je répandrai sur vous des eaux nettes, et vous serez nettoyés… Je vous donnerai un nouveau cœur… Et je mettrai mon Esprit au-dedans de vous, je ferai que vous marcherez dans mes statuts, et que vous garderez mes ordonnances, et les ferez. Et vous demeurerez au pays que j’ai donné à vos pères, et vous serez mon peuple, et je serai votre Dieu ».

Voilà les temps heureux, voilà les bénédictions magnifiques que sollicitera encore le résidu juif de la fin, selon l’enseignement du Seigneur Jésus, en répétant cette prière : « Que ton nom soit sanctifié ». Tel en est le sens pour ce résidu, tel en était le sens et le seul sens pour les disciples auxquels Jésus l’enseignait sur la montagne. Avec quelle confiance les disciples pouvaient et pourront adresser cette prière à leur Père qui est aux cieux, puisqu’elle est fondée sur Ses promesses positives et par conséquent en plein accord avec les pensées et la volonté de Dieu ! Et nous avons dans ce chapitre même, au verset 37, la déclaration positive que toutes les bénédictions qui y sont annoncées et promises et, par conséquent aussi, la sanctification du grand nom de Dieu, seront un jour le sujet des requêtes et des supplications des enfants d’Abraham : « Ainsi a dit le Seigneur l’Éternel : Encore serai-je recherché par la maison d’Israël pour leur faire ceci ».

Et cette même bénédiction sera aussi accordée aux nations des sauvés pendant le millénium, car voici ce que dit Jéhovah, en Malachie 1, 11 : « Depuis le soleil levant jusqu’au soleil couchant, mon nom sera grand parmi les nations, et en tous lieux on offrira à mon nom le parfum, et une oblation pure ; car mon nom sera grand parmi les nations, a dit l’Éternel des armées ».

Un jour, bientôt peut-être, ces belles paroles des Psaumes, données par David à Asaph, pour célébrer l’Éternel, lorsque l’arche de Dieu fut posée dans le tabernacle que David lui avait tendu, ces paroles que nous lisons dans 1 Chroniques 16, 35 et dans Psaume 106, 47, auront, dans la bouche du résidu juif, une réalité, une actualité, dont le roi-prophète ne se doutait vraisemblablement pas en les écrivant par l’Esprit prophétique qui était en lui : « Dites : Ô Dieu de notre salut ! sauve-nous, et nous rassemble, et nous retire d’entre les nations, pour célébrer ton saint nom, pour nous glorifier en ta louange ». Oui, bientôt, tout Juif pieux dira avec le même David, psaume 103, 1 : « Mon âme, bénis l’Éternel, et que tout ce qui est au-dedans de moi bénisse le nom de sa sainteté », et plus tard cette parole du psaume 145, 21, aura aussi son accomplissement : « Ma bouche racontera la louange de l’Éternel, et toute chair bénira le nom de sa sainteté pour toujours et à perpétuité ».

Alors, mais seulement alors, cette première demande de l’oraison dominicale sera pleinement exaucée : « Ton nom soit sanctifié ».

« Alléluia ! Louez, vous serviteurs de l’Éternel, louez le nom de l’Éternel. Le nom de l’Éternel soit béni dès maintenant et à jamais. Le nom de l’Éternel est digne de louange depuis le soleil levant jusqu’au soleil couchant ».



  1. Extrait d’un Essai sur cette prière du Seigneur, qui est sous presse et, s’il plaît à Dieu, sera prochainement publié.