Écho du Témoignage:Remarques sur Ésaïe/Partie 5
Troisième division — Chapitres 28 à 35
Chapitre 28. — Ce chapitre, qui se lie étroitement au vingt-neuvième, nous donne un aperçu clair et détaillé des voies de Dieu envers Son peuple et Son pays, et spécialement à l’égard de Jérusalem, aux derniers jours. Israël doit se flétrir comme une fleur, Jérusalem passer par des douleurs amères, mais être glorieusement délivrée pour toujours. Il me semble qu’on peut voir clairement combien il est impossible d’appliquer ce que le Saint Esprit annonce ici comme un ensemble de prédictions, à un événement passé quelconque. Nous devons donner une portée plus éloignée et plus précise à ces malheurs dénoncés par le prophète. Si simple que la chose puisse être, elle est d’une importance extrême. Car même de nombreux chrétiens s’attendent à un progrès graduel (pas seulement un témoignage) de l’évangile. Ils espèrent que par la bénédiction du Saint Esprit, répandue sur la prédication de la Parole, les nations y seront peu à peu amenées ; que le mal moral, l’incrédulité, toutes les formes de superstitions, tout l’orgueil et toute la mondanité de l’homme, disparaîtront insensiblement à mesure que l’influence du Saint Esprit s’exerçant sur les cœurs, les remplira de justice, de paix et de joie, et qu’ainsi le monde en général reflétera la volonté et les voies de Dieu. Aux yeux de ces personnes, il paraît étrange d’entendre affirmer qu’il y aura un changement complet de dispensation ; que Dieu, après nous avoir retirés d’ici-bas pour être avec Christ en haut, doit rendre aux Israélites leur prééminence dans leur propre patrie, non pas les convertir simplement et les introduire dans l’Église chrétienne, mais les amener à se repentir et à recevoir leur Messie, lorsqu’ils jouiront des promesses qui les concernent proprement et qu’ils seront entrés dans la nouvelle alliance faite exprès pour eux, la gloire de Jéhovah brillant sur Sion, eux-mêmes étant élevés au-dessus de toutes les nations qui prendront alors une place d’infériorité, consciente et volontaire, vis-à-vis d’Israël, et rivaliseront entre elles à qui rendra le plus d’honneur aux élus de l’Éternel. Tout ceci, avec ses nombreuses et solennelles conséquences, suppose une telle révolution dans les idées des gens, que les chrétiens plus familiarisés avec les Écritures, peuvent difficilement concevoir quel bouleversement cela opère dans la foi de ceux qui ne sont pas versés dans l’étude de la prophétie, combien c’est contraire aux opinions reçues, et quel coup de mort cela porte à ce qui est considéré comme l’espérance légitime de l’Église. Si nous nous adressons à la Parole de Dieu comme à la source unique de toute vérité et à la sûre pierre de touche de tous les préjugés, nous reconnaîtrons qu’il n’y a rien de plus clair ; car ici est nettement rapportée une vision du terrible coup destiné à Éphraïm, qui est non seulement le nom d’une tribu particulière, mais la désignation générale des dix tribus réunies sous cette tribu principale. Juda et Éphraïm sont les deux titres par lesquels les prophètes distinguent la plupart du temps les deux maisons d’Israël. Ce qu’Ésaïe déclare ici, c’est le malheur prêt à fondre spécialement sur Éphraïm, c’est-à-dire sur ce que nous appelons les dix tribus. Ce détail nous fournit les moyens de juger du temps et des circonstances de son accomplissement, car à aucune époque, l’histoire est là pour le prouver, des jugements tels que ceux qui sont décrits dans ce chapitre, ne s’appesantirent sur les Juifs. Les autres (c’est-à-dire Israël) furent emmenés en captivité en Assyrie, et ne furent jamais, comme peuple, rétablis dans le pays. Ésaïe écrivait alors que ce terrible coup avait déjà frappé Israël, et il se transporte aux derniers jours, aux jours même où Christ sera uni, d’abord par la foi, puis par Ses délivrances et Sa gloire, au résidu de Juda. En consultant l’histoire de Juda dans le passé, nous ne pouvons y découvrir le moindre rapport de Christ avec Juda, rien qui corresponde à ce recours à la pierre éprouvée, sauf dans ces disciples qui, à une époque plus éloignée, abandonnèrent la synagogue pour l’Église. Les dix tribus avaient été transportées auparavant, et les deux tribus furent plus tard emmenées à Babylone, d’où revint seulement un résidu de Juda peu considérable. Par conséquent, la prophétie n’a pas encore été accomplie, et elle doit l’être. Il ne saurait y avoir de règle d’interprétation plus évidente et plus sûre que celle-là. L’Écriture ne peut pas être anéantie : il faut que la Parole de Dieu se vérifie tôt ou tard. C’est à la fin de la dispensation actuelle que viendra le moment favorable pour la pleine réalisation de la prophétie. C’est pourquoi la question, dans le cas que nous étudions, est de savoir s’il est arrivé quelque événement qui reproduise trait pour trait les jugements dont le prophète menaçait les dix tribus et Juda, ainsi que Jérusalem — que ces choses n’ont jamais reçu leur réel et complet accomplissement, c’est ce qui sera manifeste à mesure que nous poursuivrons.
« Malheur à la couronne superbe des ivrognes d’Éphraïm, à la fleur fanée qui fait l’éclat de sa parure, sur la cime de la fertile vallée de ceux qui s’enivrent. Voici venir, de par le Seigneur, un homme fort et puissant, comme un orage de grêle, un ouragan destructeur, comme une tempête qui précipite des torrents d’eaux ; il la fait tomber en terre avec violence ». Je ne pense pas que cette ivresse doive être prise à la lettre. Elle représente l’état d’excitation, de stupéfaction, le manque de ressources d’Éphraïm, abandonné à lui-même, à ses voluptés, et ayant honte du vrai Dieu. Ce que l’ivresse est pour les hommes avec ses désastreux effets, tels sont dans un sens moral pour Éphraïm son orgueil et sa folie. À quelque époque que cela doive s’accomplir, ce sera réalisé évidemment en Israël comme tel.
« En ce jour, l’Éternel des armées sera une couronne éclatante et une parure magnifique pour le reste de son peuple ; un esprit de justice pour celui qui est assis au siège de la justice, et une force pour ceux qui repoussent l’ennemi jusqu’à ses portes ». — Mais la condition de Juda était-elle meilleure ? — « Eux aussi, ils chancellent dans le vin, et les boissons fortes leur donnent des vertiges ; sacrificateurs et prophètes chancellent dans les boissons fortes ; ils sont absorbés par le vin, ils ont des vertiges à cause des boissons fortes ; ils chancellent en prophétisant, ils vacillent en rendant la justice. Car toutes les tables sont pleines de vomissements, d’ordures ; il n’y a plus de place ». — En vain Dieu était-Il allé au-devant de leur faiblesse, et leur avait-Il donné la nourriture des enfants (v. 9, 10). Il faut qu’Il intervienne encore et cela ne saurait tarder : « C’est par des ennemis aux lèvres balbutiantes et au langage barbare, que l’Éternel parlera à ce peuple ». Ce ne sera plus par des conseils comme ceux qu’on donne aux enfants et dont ils n’avaient tenu aucun compte, mais par la voix d’ennemis qui les flagelleront. Ils n’ont pas voulu de Ses paroles de repos pour ceux qui étaient fatigués ; ils auront pour les conduire une nation qu’ils ne comprendront point. — C’était un jugement en conséquence de leur incrédulité !
Aussi l’Assyrien est-il représenté comme un orage de grêle descendant du nord sur Éphraïm, orage puissant et terrible, fléau débordé, dont le seul bruit donnera l’épouvante. C’est le roi du nord tel qu’il est dépeint en Daniel 11. J’ai déjà attiré l’attention sur la supposition erronée que le personnage qui doit apparaître comme « le roi » dans la Palestine, est le seul danger des Juifs. Nul doute que, tout en régnant sur eux, il ne soit au fond l’un de leurs pires ennemis. Car que peut-il y avoir de plus affligeant ou de plus désastreux que de posséder près de soi quelqu’un auquel on s’est attaché comme à un ami et qui se transforme en adversaire des plus cruels ? Tel sera le cas lorsque l’Antichrist apparaîtra au milieu des Juifs et régnera accepté par eux comme le Messie. L’Antichrist sera, en mal et en fausses prétentions, ce que Christ est en fait et en vérité. Bien que Jésus fût Dieu, cependant quand Il vint comme homme parmi les hommes, Il n’affirma jamais Ses droits comme Dieu, dans Sa marche ordinaire ici-bas ; pourtant la gloire de Sa personne était manifeste à l’œil de la foi. Il ne fit jamais usage de Sa divinité pour éloigner les épreuves, les souffrances, ou le mépris que les hommes Lui témoignaient. Il s’attendait à Dieu et se confiait en Lui. Son obéissance en tant qu’homme contribua d’autant plus, à cause de Sa dignité divine, à montrer qu’Il voulait affronter toute honte, tout opprobre, la mort même de la croix, afin que Dieu le Père fût glorifié. L’Antichrist, au contraire, profitera de tous les moyens que Satan met à sa disposition (et Satan le revêtira d’une puissance telle, que jamais l’homme n’en avait possédée auparavant sur la terre), et recourra à toute espèce d’influence, de miracles et de prodiges. Il en résultera que les Juifs, qui de tout temps ont regardé aux dons extérieurs et aux prodiges, l’accepteront et l’adoreront comme le Messie, comme Jéhovah leur Dieu, à Jérusalem. C’est là le personnage dont la seconde épître aux Thessaloniciens nous signale la venue. Sur lui spécialement doit fondre le jour du Seigneur, quoique ce jour doive, dans le cours entier des jugements, aller de la destruction de l’Antichrist jusqu’à la fin des mille ans. Toute cette période ne sera pas seulement consacrée au déploiement de la gloire divine, mais à l’exécution, à certains intervalles, du jugement réservé à ceux qui y mettent obstacle. Ainsi, des autres ennemis du Seigneur, le principal est ce roi du Nord, le fléau assyrien qui s’abat sur Éphraïm. Il est clair que cet ennemi est en dehors de la Terre Sainte, tandis que l’Antichrist régnera dans le pays, où il sera reçu par les Juifs ; ce sera même probablement un Juif, car sans cela il lui serait difficile de se faire passer pour le Messie. Mais l’autre ennemi du dehors, quoiqu’il se présente comme doué d’un esprit pénétrant (Dan. 8), apparaîtra plutôt comme un antagoniste, comme un roi cruel, et un être qui prospérera puissamment par la fraude.
D’après les chapitres 28 et 29, il est question de deux attaques contre Jérusalem. L’ennemi marche d’abord sur Éphraïm, après avoir envahi la Terre Sainte par le nord qui est sa direction naturelle. Il abaisse l’orgueil d’Éphraïm (v. 3), et Dieu permet qu’il remporte aussi sur Jérusalem un succès partiel. « Écoutez donc la parole de l’Éternel, hommes moqueurs, vous qui dominez sur ce peuple de Jérusalem. Vous avez dit : Nous avons fait une alliance avec la mort, nous avons fait un pacte avec le séjour des morts ; quand le fléau débordé passera, il ne nous atteindra point, car nous avons la fausseté pour refuge et le mensonge pour abri. C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Voici, j’ai mis pour fondement en Sion une pierre, une pierre éprouvée, une pierre angulaire de prix, solidement fondée ; celui qui la prendra pour appui, n’aura point hâte de fuir. Je ferai de la justice une règle, et de la droiture un niveau ; et la grêle emportera le refuge de la fausseté, et les eaux inonderont l’abri du mensonge. Et votre alliance avec la mort sera détruite, et votre pacte avec le séjour des morts ne subsistera point ; quand le fléau débordé passera, vous serez pour lui comme ce qu’on foule aux pieds ». — Trouvons-nous rien de semblable dans l’histoire du passé ? Si, par cas, l’on se reportait à Sankhérib et à son armée (2 Rois 18), qu’y a-t-il là de pareil, si ce n’est simplement un type préparatoire ? Son pouvoir ne fut-il pas totalement abaissé devant les Juifs (chap. 19) ? N’était-ce pas un pieux descendant de David qui régnait alors à Jérusalem ? Éphraïm n’avait-il pas été balayé plusieurs années avant ? Il est évident, il est certain que Sankhérib n’a jamais remporté d’avantages sur Jérusalem, tandis que le pouvoir en question doit être victorieux d’Éphraïm, et réduire ensuite Juda à l’extrémité. Remarquez ici le langage du prophète : « Écoutez la parole de l’Éternel, hommes moqueurs, vous qui dominez sur ce peuple de Jérusalem » (v. 14). La vérité est que, lorsque Sankhérib marcha contre Jérusalem, le pieux roi Ézéchias qui la gouvernait, au lieu de faire alliance avec la mort, implora le secours de l’Éternel contre le moqueur roi d’Assyrie. Il s’ensuivit que l’Ange de l’Éternel frappa l’armée assyrienne au point qu’il n’en tomba pas moins de cent quatre-vingt-cinq mille hommes. À moins que l’Assyrien n’attaque une fois encore les Juifs, il n’est pas un événement dans le passé qui ne soit l’opposé de ce que nous avons ici.
Que les rationalistes, si bon leur semble, puisqu’ils nient l’Esprit de Dieu, concluent que le livre est dans l’erreur ; les croyants peuvent être assurés que les faits relatés dans ce chapitre ont trait aux jugements des derniers jours. De paresseux lecteurs, des commentateurs inintelligents ou imbus de préjugés peuvent glisser légèrement sur les points importants de la prophétie, se bornant à faire tourner ce qu’ils peuvent à l’édification : mais dès qu’on s’attache étroitement au texte, il faut accepter la vérité des faits à venir, sous peine de tomber dans le rationalisme ou l’incrédulité. Il est parfaitement certain qu’il n’est encore rien arrivé qui réponde à cette prophétie. On ne peut donc en inférer légitimement que deux choses — ou la prophétie reste à accomplir, ou le pseudo-prophète a donné carrière à son imagination ou s’est rendu coupable de mensonge. Le chrétien croit au contraire que Dieu n’a rien écrit inutilement, et que toute parole, qui n’a pas été encore accomplie, doit se réaliser de point en point, dans le cours de ces actes merveilleux à l’aide desquels Dieu fera du pays d’Israël le tombeau de l’orgueil et de la puissance de l’homme.
Alors Dieu apparaîtra pour la délivrance éternelle du malheureux Israël ; et ce peuple, maintenant si fameux pour son rejet obstiné de Christ, ira porter avec enthousiasme jusqu’aux bouts de la terre la nouvelle des miséricordes divines. Quel contraste avec ce qui a lieu présentement ! Les Israélites seront ramenés dans leur patrie, et ils y seront bénis, quand l’Éternel des armées régnera sur la montagne de Sion. Maintenant Dieu n’a pas de pays qui soit à Ses yeux particulièrement saint. La Terre, sainte dans Ses plans, est pour le moment la possession des Turcs. C’est un pays stérile, bien que les preuves de sa fertilité ne manquent pas au sein de cette aridité même. Comment un si complet changement s’effectuera-t-il ? Lorsqu’il sera réalisé, Dieu poussera Israël à construire un temple magnifique. Les sacrificateurs, fils de Tsadok, feront leur service dans un ordre parfaitement réglé selon Dieu. Le pays sera partagé entre les douze tribus d’une nouvelle manière. Tout ceci, et d’autres choses encore, nous est exposé dans les derniers chapitres du prophète Ézéchiel. Les preuves abondent ailleurs pour quiconque est tant soit peu familiarisé avec la prophétie. Les traits caractéristiques du temps où nous vivons sont le rejet d’Israël, l’appel des Gentils, la formation de l’Église unie à Christ en haut par le Saint Esprit ici-bas, l’Église dans laquelle il n’y a ni Juifs ni Gentils. Ainsi le caractère de la bénédiction pour l’homme est entièrement altéré. Au lieu d’être extérieurement honorés, les Juifs sont chassés et dispersés, et ont encore à passer par de cruelles tribulations. C’est nous, et non pas eux, qui sommes actuellement le peuple de Dieu, les enfants de Dieu. Nous jouissons de la paix en Christ, mais dans le monde nous avons des afflictions. Dans les jours qui viennent, tout sera changé : Dieu, au lieu de rejeter les Juifs, les établira de nouveau dans leur propre pays, tournera vers Lui leurs cœurs, étouffera toute tendance qui pourrait exister en eux à se confier dans les ordonnances ou dans les idoles qui seront détruites à jamais, au lieu qu’auparavant ils mêlaient l’idolâtrie au culte de Jéhovah, et repoussaient leur Messie. Il est clair qu’il faut qu’un nouvel ordre de choses ait été introduit. Les prophéties peuvent nous conduire à admettre ce changement, mais comment s’effectuera-t-il ? À la suite de jugements contre Israël et surtout ses ennemis, plus terribles que le monde n’en a jamais vus ; ce ne sera pas seulement une grande nation qui sera frappée, mais l’orient et l’occident, tous les anciens ennemis des Juifs, représentés par leurs descendants. Tous les peuples de la terre, en un mot, y figureront. La conséquence sera que Dieu jugera toutes les nations et bénira enfin Son ancien peuple, selon les promesses qu’Il a faites aux pères, lesquelles se réaliseront alors pour les enfants. Pour que ce changement s’opère, il faut non seulement que ces jugements soient exécutés, mais aussi que les saints célestes aient été enlevés en haut auprès du Seigneur, car, aussi longtemps que l’Église subsiste ici-bas, il est impossible, moralement parlant, que Dieu accomplisse ces événements d’un caractère absolument opposé. Car il est contraire à toute analogie que Dieu agisse en même temps selon deux principes contraires. Par exemple, comment pourrait-Il à la fois rendre et refuser la gloire extérieure aux Juifs ? Comment formerait-Il l’Église et dans le même temps restaurerait-Il et reconnaîtrait-Il Israël ? Si de nos jours un Juif vient à croire et reçoit le baptême du Saint Esprit, il devient membre du corps de Christ, tandis que nous trouvons dans les prophètes qu’aux derniers jours, un Juif pieux restera Juif. L’Esprit le régénérera sans nul doute, mais il se trouvera dans sa patrie, et au lieu de souffrir, il recevra des bénédictions terrestres. Ce sont donc deux états de choses tout différents. Le Nouveau Testament nous en fournit la clé. Avant de travailler au sein d’Israël, le Seigneur doit ravir l’Église au ciel. Aussi dans l’Apocalypse, la grande et première leçon est-elle que, lorsque « les choses qui sont », ou les sept églises, auront pris fin, et que ceux qui sont présentement de vrais croyants auront été glorifiés avec le Seigneur dans le ciel, Dieu entreprendra une œuvre nouvelle parmi les Juifs et les Gentils, qui seront les uns et les autres bénis, mais d’une manière différente. Probablement les Juifs retourneront dans leur pays encore incrédules, et Satan les poussera à proclamer l’un des leurs comme Messie ; ce Messie les amènera peu à peu à l’adorer, lui et une idole. On trouvera peut-être qu’il est aventureux d’affirmer que des hommes civilisés, christianisés, puissent tomber dans une pareille folie et adorer des idoles ou l’Antichrist. Mais l’Écriture est explicite à cet égard ; elle dit positivement que ceux qui aujourd’hui se vantent de leurs progrès, de leurs connaissances, de leur religion, tomberont à cette époque dans l’abîme de l’anti-christianisme et l’idolâtrie. Toute l’Europe occidentale y sera entraînée avec la plupart des Juifs. Dieu aura probablement éloigné tous ceux qui sont vraiment chrétiens. Alors éclatera l’apostasie, quoiqu’au milieu de ce mal effrayant l’Esprit de Dieu agisse, surtout chez quelques Juifs qui, à travers ces scènes, demeureront fidèles à Dieu, dont les uns mourront pour la vérité, dont les autres survivront dans la chair — résidu que Dieu se réservera pour s’en faire comme un nouvel Israël. Il viendra au milieu de cette méchanceté, Il exécutera Ses jugements contre les impies, et préservera le résidu épargné, qui deviendra l’instrument choisi pour répandre la vérité durant la période milléniale.
Quand le Saint Esprit dit : « Vous avez dit : Nous avons fait une alliance avec la mort » (v. 15), il n’y a pas lieu de supposer que ces paroles doivent être prises pour une confession. Dieu exprime plutôt leur mal réel et leur vrai danger. Ils peuvent se glorifier de leur alliance, mais ils ignorent que c’est avec le sépulcre qu’ils l’ont contractée. Ils sont induits à accepter un faux Messie, dont le pouvoir sera manifesté comme étant de Satan, mais ils ne connaissent pas la tromperie. Des hommes n’oseraient pas déclarer ouvertement qu’ils ont conclu un pacte avec le diable ; il faut être dans une situation qui n’est pas naturelle pour reconnaître pareille chose ; et la Parole de Dieu ne nous impose pas une semblable interprétation. J’imagine que ce passage se rapporte à ceux qui s’allient pour échapper au roi du Nord. Cela ressemble fort à une entente entre la Bête et le faux prophète. La puissance que l’Écriture désigne sous le nom de la Bête, c’est l’empereur de l’Occident, le dernier souverain de l’empire romain dans sa réapparition. Il y a même de nos jours un homme vivant, dont l’esprit est fixé sur un projet semblable. C’est une chose remarquable que, dans ces dernières années, ce projet soit entré dans le cerveau d’un personnage qui a prouvé qu’une idée fixe le gouverne. Ce n’est pas un fait absolument nouveau que ces efforts tentés de réorganiser l’empire avec Rome pour capitale. Le plan consiste, non à renverser les autres nations européennes, mais à les transformer en royaumes dépendants, ayant chacun son roi, sous l’autorité d’un chef suprême. Que ce soit là la théorie d’un monarque vivant, ce n’est pas plus douteux qu’il ne l’est qu’un autre a eu cette idée avant lui. J’ajoute qu’il s’est mêlé lui aussi, comme son prédécesseur, des affaires de la Terre Sainte, et que tous deux ont cherché à s’appuyer sur Rome. Des chrétiens avaient expliqué les prophéties dans ce sens longtemps avant la guerre des lieux saints ou l’occupation de Rome. Ils ne déduisaient pas leur manière de voir des événements politiques, mais de l’Écriture. Évidemment il s’élèvera un grand pouvoir que la Bible appelle « la Bête », ou l’empire romain rétabli, avec sa constitution particulière, lequel, au lieu de déposer les divers souverains de l’Europe, leur constituera des royaumes distincts, nominalement indépendants, mais en réalité placés sous la suprématie de l’empereur qui, par conséquent, est la partie contractant alliance avec les Juifs apostats, de concert avec leur roi, l’Antichrist ; l’empereur occidental étant le chef politique, comme le prophète-roi, le chef spirituel de la chrétienté alors véritablement l’anti-chrétienté. Ainsi Jérusalem qui a été le berceau de la chrétienté professante en sera le tombeau. Quant au personnage particulier qui dans tout cela jouera le principal rôle, il n’en est rien dit. Il sera révélé en son temps. Le grand point est la manifestation des chefs à Jérusalem et à Rome. Rome sera le centre d’un empire terrestre, avec des rois séparés, mais dépendants dans l’Europe occidentale, ayant chacun leur royaume sous la sujétion à un seul et même chef. C’est là l’un des traits caractéristiques. L’autre consiste en ce que les Juifs seront dans leur propre pays, et qu’ils seront placés sous l’autorité, non de Christ, mais de l’Antichrist.
Une fois les Juifs en Palestine, le reste du grand drame se déroulera ; ils ne tarderont pas à avoir le chef qui leur est annoncé. Alors aura lieu la scène dont il est question aux versets 14 et 15 de notre chapitre. Afin de se mettre à l’abri du grand oppresseur du nord ou du fléau débordé, ils contractent une alliance avec « la Bête ». En vain comptent-ils échapper. En ce même temps Dieu s’attachera les cœurs d’un petit nombre de Juifs fidèles, qui reconnaîtront que le prince méchant ne peut être leur Messie, que le vrai Dieu est un Dieu saint, que Son serviteur, le Roi qui leur a été promis, doit être, non un homme de péché, mais un homme de justice. Ils repousseront le faux Messie et d’un cœur repentant s’écrieront : Béni soit celui qui vient au nom de Jéhovah ! Ce sont là les personnes désignées par l’expression « celui qui croit » (v. 16). Les autres complotent, font des préparatifs, et espèrent échapper au fléau débordé. Mais non ; Dieu permettra qu’ils soient foulés aux pieds (v. 17-20) ; Il ne les laissera pas échapper. La première attaque contre Jérusalem réussira. Au chapitre suivant nous voyons un résultat tout différent, alors que le peuple dans la ville a été purifié et que Jéhovah intervient (comp. Zach. 13 et 14).
Ainsi Jérusalem est le grand champ de bataille des nations et le théâtre principal des jugements de Dieu. Je ne parle pas maintenant du dernier et éternel jugement, du grand trône blanc, car ceci n’a rien à faire avec la terre. Les cieux et la terre auront passé auparavant. Il faut se rappeler qu’il doit y avoir un jugement de la terre habitable, non seulement un jugement des morts, mais aussi et d’abord des vivants. Tout homme baptisé professe que Christ doit venir pour juger les vivants et les morts. Combien de personnes comprennent ces paroles et y croient ? Tout n’aura pas lieu en même temps. Nous parlons ici du jugement des vivants. La raison pour laquelle Jérusalem devient le théâtre des jugements de Dieu contre les nations est que Jérusalem, Juda et le peuple d’Israël sont le centre choisi de Dieu parmi les nations. Aux derniers jours Il renouera Ses relations premières avec Israël, quoique sur un terrain meilleur et éternel.
Quelles paroles solennelles que celles des versets 14-29 pour les hommes moqueurs qui gouvernent à Jérusalem ! En vain invoqueront-ils des bénédictions passées ou des privilèges actuels ; Jéhovah se lèvera « pour faire son œuvre, son œuvre étrange, pour exécuter son travail, son travail inouï ». Il n’aime pas la vengeance ; Il se plaît à la miséricorde ; mais les moqueurs Lui sont odieux, et surtout en Sion. C’est pourquoi Il a résolu de consumer toute la terre. Il est le Dieu qui ne change point ; qu’ils ne présument pas de Son long support. Ce n’est pas toujours pour l’homme le temps de labourer, ni toujours celui de semer ; le temps de battre le grain arrive, et on le bat suivant ses espèces et de différentes manières. Ainsi en sera-t-il des jugements dont Dieu frappera la terre. « Cela aussi vient de l’Éternel des armées qui est admirable en conseils, et magnifique en moyens ».
Chapitre 29. — Comme les remarques du précédent chapitre s’appliquaient en quelque mesure à celui-ci, nous pourrons être plus bref. Il s’ouvre par le siège de Jérusalem par « l’Assyrien », qui revient si souvent dans les prophéties : « Malheur à Ariel, à Ariel, cité qu’habitait David ! Ajoutez année à année ; que les fêtes accomplissent leur cycle ! Puis, je réduirai Ariel à l’extrémité ; il y aura des plaintes et des gémissements, et la ville sera pour moi comme un Ariel ». Ariel, le lion de Dieu, désigne Jérusalem, que l’orgueilleux étranger menace de la destruction. En dépit des grands noms et de tout ce qui se rattache à elle dans le passé, elle est actuellement plongée dans une profonde détresse. Un délai ne saurait empêcher son humiliation. Des fêtes ou des sacrifices seraient impuissants à conjurer l’orage. L’indignation de Dieu est déchaînée, et ne s’est pas encore arrêtée, jusqu’à ce que la ville soit pour Lui comme un Ariel, Son lion. « Je t’investirai de toutes parts, je te serrerai de près par des postes armés, et j’élèverai contre toi des retranchements. Tu seras abaissée, ta parole viendra de terre, et les sons en seront étouffés par la poussière ; ta voix sortira de terre comme celle d’un spectre, et c’est de la poussière que tu murmureras tes discours ». C’est-à-dire que la terreur produira des effets semblables aux sons et au langage affectés par les personnes qui pratiquaient la nécromancie. « Mais la multitude de tes ennemis sera comme une fine poussière ; cette multitude de guerriers sera comme la balle qui vole, et cela tout à coup, dans un instant. C’est de l’Éternel des armées que viendra le châtiment, avec des tonnerres, des tremblements de terre et un bruit formidable, avec l’ouragan et la tempête, et avec la flamme d’un feu dévorant » (v. 1-6).
On voit clairement combien tout cela appuie et confirme ce qui a trait au grand roi du Nord dans les derniers temps. Sankhérib n’en était qu’un type. Les commentateurs, qui ne le comprennent pas, tombent dans une désespérante perplexité. Les uns, l’appliquant à l’ennemi typique, ne peuvent sortir de la difficulté, qu’Ésaïe prédit expressément (et ce fut bien le cas), que Sankhérib ne devait pas entrer dans la ville de Jérusalem, ni décocher de flèche contre elle, ni venir devant ses murs avec un bouclier, ni l’entourer d’une levée (chap. 37, 33). Les autres supposent que c’est le siège par les Romains que le prophète a en vue ; mais cette opinion est formellement contredite par l’intervention de Jéhovah à la dernière extrémité, pour la délivrance de Jérusalem et la ruine complète de ses ennemis. La vérité est qu’il s’agit du siège qui aura lieu à la fin de la dispensation actuelle, lorsque la grande confédération des nations du nord-est sera dissoute après avoir d’abord remporté des succès sur les Juifs. Comparez avec Zacharie 12 à 14, qui rapporte les mêmes événements, ainsi qu’avec les psaumes 83 ; 110, 2, 6 ; et Michée 4, 11 ; 5, 4-15. Les versets 7 et 8 viennent à l’appui de cette conclusion. « Comme il en est d’un songe, d’une vision nocturne, ainsi il en sera de la multitude des nations qui combattront Ariel, de tous ceux qui l’attaqueront, elle et sa forteresse, et qui la serreront de près. Comme celui qui a faim rêve qu’il mange, puis s’éveille, l’estomac vide, et comme celui qui a soif rêve qu’il boit, puis s’éveille, épuisé et languissant, ainsi il en sera de la multitude des nations qui viendront attaquer la montagne de Sion ». L’idée de Calvin qu’il s’agit de troupes ramassées de divers côtés par les Juifs pour défendre leur capitale, et qui menacent de n’être qu’un rebut inutile, cette idée est indigne de la réputation du réformateur. Ce passage annonce nettement la destruction, aux derniers temps, des ennemis d’Israël conduits par celui que préfigurait l’Assyrien. Ils seront aussi désappointés de ne pas saisir leur proie que l’est un homme affamé ou altéré lorsqu’il voit échapper un festin que son imagination lui faisait entrevoir en rêve.
Le prophète passe ensuite à la description de l’état moral des Juifs eux-mêmes, car pour que Dieu leur fît subir une telle épreuve, il fallait qu’ils fussent dans une condition fâcheuse, quelle que pût être la miséricorde du Seigneur et la joie qu’ils pouvaient éprouver une fois le jugement terminé : « Soyez stupéfaits et étonnés ! Fermez les yeux et devenez aveugles ! Ils sont ivres, mais ce n’est pas de vin ; ils chancellent, mais ce n’est pas l’effet des liqueurs fortes. Car l’Éternel a répandu sur vous un esprit d’assoupissement, et il a bandé vos yeux ; il a jeté un voile sur les prophètes et sur vos chefs les voyants. Toute la révélation est pour vous comme les mots d’un livre cacheté, que l’on donne à un homme qui sait lire, en disant : Lis donc cela ! et qui répond : Je ne le puis, car il est cacheté ! ou comme un livre que l’on donne à un homme qui ne sait pas lire, en disant : Lis donc cela ! et qui répond : Je ne sais pas lire » (v. 9-12). Israël était spirituellement aveugle et sourd aux leçons de Dieu. Il lui était infligé un sommeil dans lequel étaient plongés savants et ignorants sans distinction.
Hélas ! ils étaient des formalistes, des hypocrites, aussi attachés aux enseignements des hommes qu’ignorants de la Parole de Dieu. C’est pourquoi, par un châtiment divin, leur sagesse doit périr (v. 13-14). Leurs efforts pour se cacher du Seigneur ou être indépendants de Lui sont inutiles. Dieu, en définitive, demeure Dieu, et l’homme n’est qu’une argile entre les mains du potier (v. 15, 16). Si c’est là une solennelle vérité, c’est aussi une parole consolante et bénie. Car « voici, encore un peu de temps et le Liban se changera en verger, et le verger sera considéré comme la forêt. En ce jour-là, les sourds entendront les paroles du livre, et, délivrés de l’obscurité et des ténèbres, les yeux des aveugles verront. Les malheureux se réjouiront en l’Éternel, et les pauvres triompheront par le saint d’Israël. Car le violent ne sera plus, le moqueur aura fini, et tous ceux qui veillaient pour l’iniquité seront exterminés, ceux qui condamnaient les autres en justice, tendaient des pièges à qui défendait sa cause, et violaient par la fraude les droits de l’innocent » (v. 17-21). Bientôt l’état de choses sera complètement changé : non seulement le fier Assyrien sera abaissé et humilié, et Israël exalté, mais l’insensibilité coupable du peuple fera place à une intelligence et à un zèle spirituels. La douce influence de l’Esprit produira un accroissement de bénédiction et de joie ; la violence, la moquerie et l’iniquité seront jugées et disparaîtront. « C’est pourquoi, ainsi parle l’Éternel à la maison de Jacob, lui qui a racheté Abraham : Maintenant Jacob ne rougira plus, maintenant son visage ne pâlira plus. Car, lorsque ses enfants verront au milieu d’eux l’œuvre de mes mains, ils sanctifieront mon nom, ils sanctifieront le saint de Jacob et ils craindront le Dieu d’Israël. Ceux dont l’esprit s’égarait acquerront de l’intelligence, et ceux qui murmuraient recevront instruction » (v. 22-24).