Livre:Christ dans la gloire/Chapitre 3
L’apôtre nous a montré la sphère dans laquelle s’exerce la sacrificature de Christ — la maison de Dieu ; et les circonstances des siens qui réclament Son service sacerdotal — la traversée du désert. Maintenant il place devant nous les souffrances par lesquelles Christ a passé pour « être à même » d’accomplir Son service sacerdotal, et l’appel à l’office sacerdotal.
v. 1-4 — Pour présenter la valeur de la sacrificature de Christ, l’apôtre fait allusion, dans ces versets, à la sacrificature aaronique comme présentant des principes généraux du service sacerdotal. En même temps, il montre, par contraste, la supériorité de la sacrificature de Christ sur celle d’Aaron. Ces quatre versets parlent non pas de Christ et de Sa sacrificature céleste, mais d’Aaron et de la sacrificature terrestre. L’attention est attirée sur la personne du sacrificateur terrestre, sur son office, sur les expériences du sacrificateur et sur son appel au service.
Quant à sa personne, le souverain sacrificateur est pris « d’entre les hommes ». Ceci est en contraste frappant avec la sacrificature de Christ. Certes, Christ est homme, mais Il est beaucoup plus. L’auteur a rendu témoignage et va le faire encore, que le Christ, qui est notre souverain sacrificateur, est le Fils éternel.
Quant à son office, le sacrificateur terrestre est établi pour les hommes dans les choses qui concernent Dieu, afin qu’il offre et des dons et des sacrifices pour les péchés, étant capable d’avoir de l’indulgence pour les ignorants et les errants. Nous avons là la préfiguration du service sacerdotal de Christ. Comme souverain sacrificateur, Il officie en faveur des hommes — les « plusieurs fils » qu’Il amène à la gloire — pour les garder de chute et les maintenir pratiquement dans une marche avec Dieu. Christ a offert un sacrifice unique pour amener les siens en relation avec Dieu ; et ayant accompli la grande œuvre qui ôte leurs péchés, Il exerce maintenant Son service sacerdotal en intercession, en sympathie et en secours, en faveur de Son peuple ignorant et errant.
Quant aux expériences personnelles du sacrificateur terrestre, nous lisons qu’il « est aussi lui-même enveloppé d’infirmité ; et, à cause de cette infirmité, il doit offrir pour les péchés, comme pour le peuple, ainsi aussi pour lui-même ». Ici, l’analogie avec la sacrificature de Christ est partielle et le contraste clair. Certes, dans les jours de Sa chair, Christ s’est trouvé dans des circonstances d’infirmité ; mais, en contraste avec Aaron, Son infirmité était sans péché ; aussi Il ne devait rien offrir « pour lui-même ».
Quant à l’appel du sacrificateur terrestre : « Nul ne s’arroge cet honneur ; mais seulement s’il est appelé de Dieu, ainsi que le fut aussi Aaron ». Là, de nouveau, il y a analogie, comme cela nous est d’emblée rappelé, avec la sacrificature de Christ. Nul ne peut véritablement prendre la place de sacrificateur, dans quelque sens que ce mot soit pris, s’il n’est appelé de Dieu. La gravité extrême du non-respect de cette importante vérité paraît dans le jugement qui tomba sur Coré et ses associés, qui avaient cherché à s’établir dans la sacrificature sans y être appelés par Dieu. Jude nous avertit que, dans la chrétienté, il y en aura beaucoup qui s’établiront eux-mêmes sacrificateurs sans l’appel de Dieu et qui périront dans la contradiction de Coré (Nomb. 16, 3, 7, 10 ; Jude 11).
Nous avons donc là le caractère de la sacrificature terrestre selon la pensée de Dieu, et non pas telle qu’elle est illustrée dans l’histoire d’Israël coupable, histoire qui se termine par l’occupation simultanée de la place du souverain sacrificateur par deux hommes méchants (Anne et Caïphe), conspirant pour crucifier leur Messie.
v. 5, 6 — Dès le verset 5, l’auteur se met à parler de Christ comme souverain sacrificateur. Il place devant nous la grandeur de Sa personne, en tant qu’appelée à la sacrificature, les expériences qu’Il a connues pour être à même de l’exercer et l’appel par Dieu à cet office.
La gloire de Sa personne : Christ, qui est appelé à être notre grand souverain sacrificateur, est en vérité pris d’entre les hommes pour exercer Sa sacrificature en leur faveur. Néanmoins, dans l’humanité, Il est reconnu comme le Fils : « Tu es mon Fils ; moi je t’ai aujourd’hui engendré ». C’est cette personne glorieuse — Celui qui est véritablement Dieu et véritablement homme, et en qui la divinité et l’humanité sont parfaitement réunies — qui est établie sacrificateur, selon la parole : « Tu es sacrificateur pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédec ». Quant au caractère de cet ordre de sacrificature, l’apôtre aura davantage à dire. Ici, le psaume 110 est cité pour montrer non seulement la grandeur du sacrificateur, mais la dignité de la sacrificature.
v. 7, 8 — Dans les versets qui suivent, nous apprenons par quelles expériences Christ a passé pour pouvoir exercer Son service sacerdotal. Combien il est nécessaire qu’Il soit la personne glorieuse qu’Il est — le Fils — pour exercer la souveraine sacrificature dans le ciel. Mais il fallait plus. S’Il doit secourir et aider les siens pendant la traversée du désert, il faut qu’Il entre en Lui-même dans les souffrances et les difficultés du chemin. Aussi, l’auteur rappelle-t-il d’emblée « les jours de sa chair », lorsqu’Il prit part à nos infirmités, foula le sentier que nous suivons, fut confronté aux mêmes tentations que nous et exposé aux mêmes peines. L’auteur fait particulièrement allusion aux souffrances des derniers jours du Seigneur, lorsque l’Ennemi, qui, comme l’a dit un autre, « au début avait cherché à séduire Jésus en lui offrant les choses qui sont agréables à l’homme (Luc 4), se présentait contre Lui avec des choses terribles » (J.N.D.). À Gethsémané, Satan chercha à détourner le Seigneur du sentier de l’obéissance, en plaçant devant Lui la terreur de la mort. Face à cet assaut, le Seigneur agit comme l’homme parfait. Il n’exerça pas Sa puissance divine pour chasser le diable ou se préserver de la mort ; mais comme l’homme parfaitement dépendant, Il trouva Sa ressource dans la prière. Il fit face ainsi à l’épreuve et vainquit le diable. Toutefois, Sa perfection même, comme homme, l’amena à sentir la terreur de tout ce qui était devant Lui et à exprimer Ses sentiments avec de grands cris et avec larmes. Il rencontra l’épreuve dans une dépendance parfaite de Dieu, et avec confiance en Dieu qui pouvait Le sauver de la mort.
Dans toute cette terrible épreuve, Il fut exaucé à cause de Sa piété qui introduisait Dieu dans chaque circonstance, par la dépendance et la confiance en Lui. Il fut exaucé, étant fortifié dans Sa faiblesse physique et rendu capable en esprit de se soumettre pour prendre la coupe de la main du Père. Il vainquit ainsi la puissance de Satan, et quoiqu’Il fût Fils, apprit l’obéissance par les choses qu’Il a souffertes. Nous, nous devons apprendre à obéir parce que nous avons une volonté mauvaise ; Lui a appris ce que c’est qu’obéir parce qu’Il était Dieu sur toutes choses, qui de toute éternité avait toujours commandé. Nous apprenons souvent l’obéissance par les souffrances que nous attirons sur nous par notre désobéissance. Lui apprit l’obéissance par les souffrances entraînées par Son obéissance à la volonté de Dieu. Il apprit par l’expérience ce que cela coûtait d’obéir. Nulle souffrance, aussi intense fût-elle, ne put Le faire dévier du sentier de la parfaite obéissance. Un autre a dit : « Il s’est soumis à tout, a obéi à tout et dépendait de Dieu pour tout » (J.N.D.).
Les souffrances auxquelles l’apôtre fait allusion étaient celles des « jours de sa chair », non pas celles du jour de Sa mort. À la croix, Il a souffert sous la colère de Dieu ; et là Il dut être seul. Nul ne peut partager Ses souffrances expiatoires, ni y entrer. Dans le jardin, Il a souffert de la puissance de l’Ennemi ; et là, d’autres Lui sont associés. Nous pouvons, dans notre petite mesure, partager ces douleurs lorsque nous sommes tentés par le diable ; et nous avons alors toute la sympathie et le secours de Celui qui a souffert avant nous.
v. 9 — En outre, non seulement Il a été exaucé dans le jardin, mais ayant souffert, Il est aussi exaucé par la résurrection et est consommé en gloire. Il prend Sa place comme homme glorifié, selon Ses propres paroles : « Voici, je chasse les démons et j’accomplis des guérisons aujourd’hui et demain, et le troisième jour je suis consommé » (Luc 13, 32). Rien ne pouvait ajouter à la perfection de Sa personne, mais ayant traversé les souffrances des jours de Sa chair, ayant accompli l’œuvre de la croix et étant élevé et glorifié, Il est parfaitement à même d’exercer Son service sacerdotal en faveur des « plusieurs fils » qui sont en route pour la gloire. Étant consommé, Il est salué par Dieu souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec. Devenu homme, fait chair, Il est appelé à exercer la sacrificature selon l’ordre de Melchisédec (v. 5) ; ressuscité et consommé en gloire, Il est salué comme ayant répondu à l’appel (v. 10).