Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 59

De mipe
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Mon cher frère dans le Seigneur,

Quelle est de ces deux choses la plus merveilleuse, ou qu’une masse mouvante de péchés soit regardée comme sainte, innocente, sans souillure, ou que Celui qui n’a pas connu le péché, soit traité comme une masse de péchés ? Et n’en est-il pas réellement ainsi ? Celui qui a été offensé, n’a-t-Il pas enduré la peine que la loi prononçait contre le coupable ? L’espace infini qui séparait Dieu du pécheur n’a-t-il pas été comblé par Dieu Lui-même ? Dieu n’a-t-Il pas été fait os de nos os, et chair de notre chair ? Ne prend-Il pas même l’attitude du mendiant pour supplier le pécheur de se réconcilier avec Lui ? La terre pourrait-elle mettre sous nos yeux un mystère plus étonnant et plus merveilleux ? — Et cependant le pécheur refuse de se réconcilier ! Cieux, écoutez, et toi terre, prête l’oreille, et apprenez à connaître la sagesse diversifiée de Dieu dans Ses tendres compassions ! Combien il nous est précieux de savoir que, s’il y a un manque de bonne volonté, c’est toujours de notre côté qu’il se trouve ! Quiconque va à Dieu peut donc être assuré d’être accueilli avec amour, quelque distant que soit le lieu de son départ. Lors même que l’Éthiopie ne ferait qu’étendre ses mains vers Lui, encore ne serait-elle point repoussée. Fussions-nous parvenus aux dernières limites du péché, de la douleur, du remords, des angoisses, de l’endurcissement, de l’incrédulité, de l’ingratitude, du retour au monde, encore est-il écrit : « Il peut sauver entièrement ceux qui s’approchent de Dieu par lui ». Oui, nous Lui sommes précieux. Il nous a estimés autant que Son précieux sang. Nous portons dans notre corps, comme dans un écrin, une perle de grand prix pour Jésus, une des perles qui font partie de Sa couronne de gloire. Gardons-la avec soin ; estimons-la hautement, et ne jetons pas aux pourceaux ce qui doit être une couronne d’ornement dans la main de l’Éternel, et une tiare royale dans la main de notre Dieu !

Cependant entre toutes ces merveilleuses vérités qui sont presque trop excellentes pour que nous puissions les croire, celle que j’ai mentionnée en premier lieu me paraît la plus remarquable ; c’est que, de même que Jésus notre garant a été traité comme nous méritions de l’être, de même nous sommes entièrement traités comme notre garant le mérite ; que, comme Dieu aime Christ, de même Il nous aime ; que, devant la cour de justice, nous ne sommes qu’une seule et même personne avec Lui, et que nous y serons considérés comme ayant fait ce qu’Il a fait et souffert ce qu’Il a souffert. Si l’on demande jusqu’à quel point nous sommes un avec le second Adam, je réponds que nous sommes un avec le second, autant que nous sommes un avec le premier. Recevons dans son entier cette vérité consolante, afin que toutes les fois que nous sommes forcés de nous rappeler que nous sommes un avec le premier Adam, nous nous souvenions aussi combien nous sommes étroitement unis au second. Nous ne dirons plus alors : Dieu est-Il irrité contre moi ? mais plutôt : Dieu serait-Il irrité contre Son Fils ? Nous ne dirons pas non plus : Me condamnera-t-Il ? mais plutôt : Condamnerait-Il mon garant ? Le vêtement de la justice de Dieu est suffisant pour nous couvrir entièrement. Et maintenant trouverions-nous encore du plaisir dans les choses auxquelles nous sommes morts ? « Nous qui sommes morts au péché, comment y vivrions-nous encore ? » ; « Faites votre compte que vous êtes morts au péché, mais vivants à Dieu, en Jésus Christ ». « Si donc vous êtes ressuscités avec Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu ». Le bruit de la vie ne devrait pas être pour nous plus que le bourdonnement des mouches autour d’un corps mort. Puisque le Père nous considère comme étant un avec Son Fils dans Sa mort, considérons-nous nous-mêmes comme étant un avec Lui dans notre vie, pour aimer ce qu’Il aime, pour désirer ce qu’Il désire et pour haïr ce qu’Il hait. L’amour est tout ce qu’Il demande, en retour d’un amour que beaucoup d’eaux ne pourraient éteindre. Oh ! puissions-nous sans cesse nous rappeler que lors même que nous donnerions nos biens, notre temps, nos talents, tout en un mot, si notre cœur aime encore les idoles, Il n’en fera aucun cas.