Messager Évangélique:Énoch/Partie 1

De mipe
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Notes sur Genèse 5

Le chapitre précédent renferme la généalogie des descendants de Caïn ; puis il nous apprend que Dieu donna un autre fils à Adam, au lieu d’Abel que Caïn avait tué, et il l’appela Seth. Il naquit aussi un fils à Seth, et il l’appela Énosh, ce qui veut dire homme misérable et mortel (comp. Rom. 7, 24). « Alors, ajoute le Saint Esprit, on commença d’appeler du nom de l’Éternel », ce qui signifie probablement (d’après És. 12, 4 ; 44, 5, etc.) « se réclamer publiquement du nom de Dieu », c’est-à-dire, soit prendre le nom d’enfants de Dieu par opposition aux enfants du monde, soit rendre un culte à Jéhovah. Le premier sens que nous venons d’indiquer nous semble confirmé par l’expression de « fils de Dieu » employée au commencement du chapitre 6 pour désigner, je pense, les descendants de Seth qui avaient conservé la connaissance, le culte et la crainte de l’Éternel. Ce même chapitre 6 nous montre que leur alliance avec la postérité impie et corrompue de Caïn amena le débordement du mal à son comble sur la terre et, comme conséquence, le jugement par le déluge. Il en a dès lors toujours été ainsi, et l’Église de Dieu n’a que trop souvent oublié les enseignements et les exemples de la Parole à cet égard : de là aussi viennent ses profondes misères, son pauvre état, le peu d’influence qu’elle exerce autour d’elle, car l’Église n’agit sur le monde qu’à proportion qu’elle s’en sépare.

Ce chapitre 5 de la Genèse contient la généalogie des enfants d’Adam, dans la branche de Seth. Elle va du premier homme à Noé, embrassant une période de plus de mille six cents ans. Je voudrais présenter quelques réflexions sous forme de notes relatives à certaines expressions, avant d’en venir à celui des fils d’Adam qui doit surtout nous occuper.

Comparons, d’abord, les versets 1 et 3, où nous lisons que « Dieu créa l’homme, lequel il fit à la ressemblance de Dieu » ; puis que Adam « engendra un fils à sa ressemblance ». Pouvons-nous en conclure que Seth naquit donc à la ressemblance de Dieu ? Non, parce que, entre les faits rapportés dans ces deux versets, un autre fait de toute gravité était intervenu : le péché était entré et avait effacé l’image de Dieu du cœur de l’homme, en sorte que maintenant la ressemblance d’Adam n’indique plus que la misère et l’éloignement de Dieu. Il en est de Seth et de tous les autres descendants d’Adam, comme il en serait des enfants d’un père qui aurait jadis possédé une immense fortune, mais l’aurait entièrement perdue dès lors : il est évident qu’à sa mort ce père ne peut leur laisser que sa ruine et son indigence et non les richesses qu’il avait autrefois. Il y a donc un abîme entre les deux expressions d’ailleurs toutes semblables : à sa ressemblance, l’une appliquée à Dieu et l’autre à Adam. La première rappelle que l’homme était sorti, des mains du Créateur, saint, innocent et parfait, faisant partie de l’œuvre que Dieu avait créée, et dont il avait dit que tout en était très bon.

Le chapitre 3 nous apprend comment le serpent ancien ou Satan parvint par ses ruses et ses mensonges à corrompre toute cette création, en séduisant nos premiers parents et les poussant à transgresser le seul commandement que l’Éternel leur eût donné. Ainsi le péché entra dans le monde, amenant à sa suite la misère, la douleur, la mort, la malédiction et la privation de la gloire de Dieu, qui en sont les funestes et justes conséquences. C’est ce que la Parole de Dieu nous enseigne partout ; c’est ce que le chapitre que nous étudions nous rappelle aussi d’un bout à l’autre. Il nous donne, en quelques mots, un court résumé des longues vies des patriarches, indiquant l’âge de chacun d’eux, lors de la naissance de son fils aîné, le nombre d’années qu’il passa dès lors sur la terre, où il engendra des fils et des filles ; ensuite, la somme de ces deux nombres est donnée en ces termes : « Tout le temps donc qu’un tel vécut », et enfin chacune de ces biographies se termine par ce lugubre refrain : « puis il mourut ». Voici le commentaire de l’apôtre Paul (Rom. 5, 12-14) sur ce sujet : « Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort a passé à tous les hommes, en ce que tous ont péché ; car jusqu’à la loi le péché était dans le monde, mais le péché n’est pas imputé quand il n’y a point de loi. Mais la mort régna depuis Adam jusqu’à Moïse, même sur ceux qui ne péchèrent pas selon la ressemblance de la transgression d’Adam, qui est la figure de celui qui devait venir » — la mort régnant sur les enfants des hommes, même sur ceux qui n’avaient point reçu de loi positive et qui, par conséquent, ne pouvaient pas pécher comme Adam en transgressant un commandement formel — même sur ceux, en d’autres termes, qui, par l’absence de toute loi, ne pouvaient pas commettre des transgressions — la mort régnant sur eux était la preuve incontestable que le péché était en eux ; car la mort est la conséquence et le salaire du péché ; car là où il n’y aurait point de péché, il n’y aurait point de mort. — Eh bien ! nous comprendrons maintenant combien sont significatifs ces mots : « puis il mourut » qui reviennent tant de fois dans notre chapitre ; ils démontrent que le péché existe dans l’homme, lors même qu’il ne se traduit pas en rébellion contre la loi de Dieu ; et que dans cette période, pendant laquelle Dieu trouva bon de mettre l’homme à l’épreuve en le laissant abandonné à ses propres inclinations, le mal atteignit un tel degré d’intensité que l’Éternel se repentit d’avoir fait l’homme et qu’Il extermina tous les habitants de l’ancien monde, à l’exception d’une seule famille. Le péché n’est donc pas seulement « ce qui est contre la loi » ou « la transgression de la loi », comme nos anciennes versions françaises l’ont dit, en traduisant fort incorrectement 1 Jean 3, 4. Non, car le péché a existé sans la loi, et il existe encore sans la loi, dans l’immense majorité du genre humain. Il aurait fallu rendre ce passage, en disant : « Le péché est l’anomie, c’est-à-dire l’acte ou la marche d’un homme sans loi, qui ne reconnaît d’autre règle que sa volonté propre » ; le prototype ou le plus complet exemple des hommes dans cet état, sera l’anomos (2 Thess. 2, 8) ou l’homme sans frein, sans loi, le roi qui fera sa volonté, celui qui viendra en son propre nom, le méchant ou l’Antichrist.

Ainsi donc, que les fils d’Adam soient, comme Israël, placés sous une loi positive, ou qu’ils soient laissés à leur seule conscience, le résultat moral en est, au fond, le même : l’homme est manifesté comme pécheur ; ce qui sort de son cœur, c’est le péché. En Israël la loi est intervenue pour faire abonder, non le péché, mais l’offense ou la transgression ; pour rendre le péché excessivement pécheur, puisque, par elle, tout péché devient une offense contre Dieu, une transgression de son saint commandement. Il en résulte donc que, par lui-même, tout homme est perdu, puisque tout homme est pécheur ; que, comme les gages du péché, c’est la mort, ce qui est réservé aux hommes, c’est de mourir une fois, et après cela d’être jugés ; en sorte que quelles que puissent être les différences d’existence des humains ici-bas, si l’on veut résumer leur carrière terrestre, comme le fait notre chapitre, il faut terminer aussi ce résumé par ces mots solennels : « puis il mourut ».

Cependant cette règle n’a-t-elle jamais souffert d’exception ? En a-t-il toujours été, en sera-t-il toujours ainsi ? Non — et c’est ce qu’il nous reste à faire voir.