Année 1, 14 mars

Genèse 44, 1-17

Et il commanda à celui qui était [préposé] sur sa maison, disant : Remplis de vivres les sacs de ces hommes, autant qu’ils en peuvent porter, et mets l’argent de chacun à l’ouverture de son sac ; et mets ma coupe, la coupe d’argent, à l’ouverture du sac du plus jeune, avec l’argent de son blé. Et il fit selon la parole de Joseph, qu’il avait dite. Le matin ayant lui, ces hommes furent renvoyés, eux et leurs ânes. Ils sortirent de la ville ; ils n’étaient pas loin, que Joseph dit à celui qui était [préposé] sur sa maison : Lève-toi, poursuis ces hommes, et quand tu les auras atteints, dis-leur : Pourquoi avez-vous rendu le mal pour le bien ? N’est-ce pas la [coupe] dans laquelle mon seigneur boit, et par laquelle il devine ? Vous avez mal agi dans ce que vous avez fait. Et il les atteignit, et leur dit ces paroles-là. Et ils lui dirent : Pourquoi mon seigneur parle-t-il ainsi ? Loin de tes serviteurs de faire une telle chose ! Voici, l’argent que nous avons trouvé à l’ouverture de nos sacs, nous te l’avons rapporté du pays de Canaan ; et comment aurions-nous volé de la maison de ton seigneur de l’argent ou de l’or ? Que celui de tes serviteurs chez qui [la coupe] se trouvera, meure ; et nous aussi, nous serons serviteurs de mon seigneur. Et il dit : Maintenant donc, qu’il en soit selon vos paroles : Celui chez qui elle sera trouvée sera mon serviteur, et vous, vous serez innocents. Et ils se hâtèrent, et descendirent chacun son sac à terre, et ouvrirent chacun son sac. Et il fouilla ; il commença par l’aîné, et finit par le plus jeune ; et la coupe fut trouvée dans le sac de Benjamin. Alors ils déchirèrent leurs vêtements, et chacun rechargea son âne, et ils retournèrent à la ville.

Et Juda entra avec ses frères dans la maison de Joseph, qui y était encore, et ils se prosternèrent devant lui. Et Joseph leur dit : Quelle action avez-vous faite ? Ne savez-vous pas qu’un homme tel que moi sait deviner ? Et Juda dit : Que dirons-nous à mon seigneur ? Comment parlerons-nous, et comment nous justifierons-nous ? Dieu a trouvé l’iniquité de tes serviteurs. Voici, nous sommes serviteurs de mon seigneur, tant nous que celui dans la main duquel la coupe a été trouvée. Et il dit : Loin de moi de faire cela ! Celui en la main duquel la coupe a été trouvée, lui, sera mon serviteur ; et vous, montez en paix vers votre père.


Le filet se resserre autour des frères de Joseph. Des circonstances imprévisibles — mais dirigées par une main fidèle — les contraignent à revenir sur leurs pas et à comparaître devant celui qui sait tout. À présent, leur conscience est atteinte. « Que dirons-nous… comment nous justifierons-nous ? » (v. 16). Moralement, que de chemin a été fait depuis le moment où ils se prétendaient d’honnêtes gens (chap. 42, 11) ! Aussi la délivrance est-elle proche. — Comme toute l’histoire de Joseph, ces scènes ont une portée prophétique. Israël, provisoirement mis de côté à la suite du rejet de Christ, le vrai Joseph, sera amené à reconnaître son crime et à voir, dans le Nazaréen qu’il a méprisé et crucifié, Celui que Dieu a fait et Seigneur et Christ (Act. 2, 36), son Messie, et en même temps le Fils de l’homme qui doit régner sur l’univers tout entier. Toutefois, pour en arriver à ce travail de conscience, il faudra d’abord qu’Israël, et spécialement la tribu de Juda, traverse un temps de profondes épreuves appelé la « grande tribulation » (Apoc. 7, 14). La détresse des frères de Joseph, jusqu’à ce qu’ils confessent leur crime, évoque l’angoisse qui sera la part du peuple juif avant de reconnaître et d’honorer son Messie.