Année 1, 15 mars

Genèse 44, 18-34

Et Juda s’approcha de lui, et dit : Hélas, mon seigneur, je te prie, que ton serviteur dise un mot aux oreilles de mon seigneur, et que ta colère ne s’enflamme pas contre ton serviteur ; car tu es comme le Pharaon. Mon seigneur a interrogé ses serviteurs, en disant : Avez-vous un père, ou un frère ? Et nous dîmes à mon seigneur : Nous avons un père âgé, et un enfant de sa vieillesse, [encore] jeune ; et son frère est mort, et il reste seul de sa mère, et son père l’aime. Et tu as dit à tes serviteurs : Faites-le descendre vers moi, afin que je le voie de mes yeux. Et nous avons dit à mon seigneur : Le jeune homme ne peut quitter son père ; s’il le quitte, son père mourra. Et tu dis à tes serviteurs : Si votre jeune frère ne descend pas avec vous, vous ne reverrez pas ma face. Et il est arrivé, quand nous sommes montés vers ton serviteur, mon père, que nous lui avons rapporté les paroles de mon seigneur. Et notre père dit : Retournez, achetez-nous un peu de vivres ; mais nous dîmes : Nous ne pouvons descendre. Si notre plus jeune frère est avec nous, alors nous descendrons ; car nous ne pouvons voir la face de cet homme, si notre plus jeune frère n’est pas avec nous. Et ton serviteur, mon père, nous dit : Vous savez que ma femme m’a enfanté deux [fils] ; et l’un s’en est allé d’avec moi, et j’ai dit : Certainement il a été déchiré ; et je ne l’ai pas revu jusqu’à présent. Et si vous prenez aussi celui-ci de devant moi, et qu’un accident lui arrive, vous ferez descendre mes cheveux blancs avec tristesse au shéol. Et maintenant, si je viens vers ton serviteur, mon père, et que le jeune homme à l’âme duquel son âme est étroitement liée ne soit pas avec nous, il arrivera qu’il mourra en voyant que le jeune homme n’y est pas ; et tes serviteurs feront descendre les cheveux blancs de ton serviteur, notre père, avec douleur au shéol. Car ton serviteur a répondu du jeune homme auprès de mon père, en disant : Si je ne te le ramène, je serai coupable envers mon père tous mes jours. Et maintenant, que ton serviteur, je te prie, reste serviteur de mon seigneur, à la place du jeune homme, et le jeune homme montera avec ses frères ; car comment monterai-je vers mon père, si le jeune homme n’est pas avec moi ? — de peur que je ne voie le malheur qui atteindrait mon père !


Le but de Joseph était de ramener la pensée de ses frères à plus de vingt ans en arrière, au moment où, près de la citerne, ils étaient restés insensibles à sa détresse quand il leur demandait grâce (chap. 42, 21), puis à la douleur de leur vieux père à qui ils avaient cruellement annoncé sa mort. Et Joseph veut voir si maintenant, ils sont devenus capables de comprendre la souffrance d’un jeune frère et celle de leur père. Eh bien, il a réussi à faire enfin vibrer leur cœur ! Combien il est touchant d’entendre Juda parler de leur père âgé et du jeune frère, enfant de sa vieillesse ! — Quelles leçons nous apprenons là, nous aussi ! Nous mettre à la place des autres, comprendre leurs joies et surtout leurs peines. Bien plus encore, entrer de cœur dans la pensée d’amour du Père au sujet du Fils, dans Sa douleur quand Il a vu son Bien-aimé entre les mains des hommes méchants et qu’Il a entendu Son cri, sans pouvoir Lui répondre. Pénétrer enfin quelque peu dans les souffrances du Fils quand Il portait le poids de nos péchés devant la justice divine et que, dans la détresse infinie de Son âme, Il traversait l’abandon de Dieu pour nous. Ne sommes-nous pas souvent tristement insensibles à ces sujets dont l’Esprit veut nous occuper ?