Année 1, 15 août

Nombres 11, 10-23

Et Moïse entendit le peuple pleurant, selon ses familles, chacun à l’entrée de sa tente ; et la colère de l’Éternel s’embrasa extrêmement, et cela fut mauvais aux yeux de Moïse. Et Moïse dit à l’Éternel : Pourquoi as-tu fait ce mal à ton serviteur ? et pourquoi n’ai-je pas trouvé grâce à tes yeux, que tu aies mis sur moi le fardeau de tout ce peuple ? Est-ce moi qui ai conçu tout ce peuple ? Est-ce moi qui l’ai enfanté, pour que tu me dises : Porte-le dans ton sein, comme le nourricier porte l’enfant qui tette, jusqu’au pays que tu as promis par serment à ses pères ? D’où aurais-je de la chair pour en donner à tout ce peuple ? car ils pleurent après moi, disant : Donne-nous de la chair, afin que nous en mangions. Je ne puis, moi seul, porter tout ce peuple, car il est trop pesant pour moi. Et si tu agis ainsi avec moi, tue-moi donc, je te prie, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, et que je ne voie pas mon malheur. Et l’Éternel dit à Moïse : Assemble-moi soixante-dix hommes des anciens d’Israël, que tu sais être les anciens du peuple et ses magistrats, et amène-les à la tente d’assignation, et ils se tiendront là avec toi. Et je descendrai, et je parlerai là avec toi, et j’ôterai de l’Esprit qui est sur toi, et je le mettrai sur eux, afin qu’ils portent avec toi le fardeau du peuple, et que tu ne le portes pas toi seul. Et tu diras au peuple : Sanctifiez-vous pour demain, et vous mangerez de la chair ; car vous avez pleuré aux oreilles de l’Éternel, disant : Qui nous fera manger de la chair ? car nous étions bien en Égypte ! Et l’Éternel vous donnera de la chair, et vous en mangerez. Vous n’en mangerez pas un jour, ni deux jours, ni cinq jours, ni dix jours, ni vingt jours, [mais] jusqu’à un mois entier, jusqu’à ce qu’elle vous sorte par les narines et que vous l’ayez en dégoût ; parce que vous avez méprisé l’Éternel qui est au milieu de vous, et que vous avez pleuré devant lui, disant : Pourquoi sommes-nous donc sortis d’Égypte ? Et Moïse dit : Il y a six cent mille hommes de pied dans ce peuple au milieu duquel je suis, et tu as dit : Je leur donnerai de la chair, et ils en mangeront un mois entier. Leur égorgera-t-on du menu et du gros bétail, afin qu’il y en ait assez pour eux ? ou assemblera-t-on tous les poissons de la mer pour eux, afin qu’il y en ait assez pour eux ? Et l’Éternel dit à Moïse : La main de l’Éternel est-elle devenue courte ? Tu verras maintenant si ce que j’ai dit t’arrivera ou non.


Et voici Moïse découragé ! Il reproche à l’Éternel le fardeau de tout ce peuple (v. 11), lui qui, à la fin du chapitre précédent, parlait avec triomphe des « dix mille milliers d’Israël ». Certes, Moïse ne pouvait « lui seul » porter ce peuple, mais précisément, il n’était pas seul ! L’Éternel Lui-même portait Israël « sur les ailes d’aigle » (Exo. 19, 4) et dans Ses bras paternels (Deut. 1, 31). — Le psaume 106 évoque ce triste épisode : « Ils oublièrent vite ses œuvres…, ils furent remplis de convoitise dans le désert. Et il leur donna ce qu’ils avaient demandé, mais il envoya la consomption dans leurs âmes » (v. 13-15). Ceci contient une vérité bien sérieuse. Quand nous insistons pour obtenir ce que Dieu n’avait pas l’intention de nous donner, il peut arriver qu’Il nous l’accorde finalement, mais avec les conséquences désastreuses qui, pour le peuple, sont celles des versets 19, 20, 23. La consomption, nous dit le dictionnaire, est un amaigrissement et un dépérissement progressifs. Un dépérissement de nos âmes n’est-il pas bien plus grave qu’une maladie ? Que Dieu nous garde de ces convoitises « qui font la guerre à l’âme » (1 Pier. 2, 11), en nous apprenant à être satisfaits de ce qu’Il nous donne… et de ce qu’Il ne nous donne pas.