Année 2, 17 janvier

Juges 9, 1-25

* Et Abimélec, fils de Jerubbaal, alla à Sichem, vers les frères de sa mère, et leur parla, et à toute la famille de la maison du père de sa mère, en disant : Dites, je vous prie, aux oreilles de tous les hommes de Sichem : Lequel est le meilleur pour vous, que soixante-dix hommes, tous fils de Jerubbaal, dominent sur vous, ou qu’un seul homme domine sur vous ? Et souvenez-vous que je suis votre os et votre chair. Et les frères de sa mère dirent de lui toutes ces paroles aux oreilles de tous les hommes de Sichem ; et leur cœur fut incliné vers Abimélec, car ils dirent : Il est notre frère. Et ils lui donnèrent soixante-dix [pièces] d’argent tirées de la maison de Baal-Berith ; et Abimélec loua avec elles des hommes légers et téméraires, et ils le suivirent. Et il vint à la maison de son père, à Ophra, et tua sur une seule pierre ses frères, les fils de Jerubbaal, soixante-dix hommes ; mais Jotham, le plus jeune fils de Jerubbaal, demeura de reste, car il s’était caché.

Et tous les hommes de Sichem s’assemblèrent, et toute la maison de Millo, et ils allèrent, et établirent roi Abimélec, près du chêne du monument qui est à Sichem. Et on le rapporta à Jotham. Et il s’en alla, et se tint sur le sommet de la montagne de Garizim ; et il éleva sa voix et cria, et leur dit : Écoutez-moi, hommes de Sichem, et Dieu vous écoutera ! Les arbres allèrent pour oindre un roi sur eux ; et ils dirent à l’olivier : Règne sur nous. Et l’olivier leur dit : Laisserais-je ma graisse, par laquelle on honore par moi Dieu et les hommes, et irais-je m’agiter pour les arbres ? Et les arbres dirent au figuier : Viens, toi, règne sur nous. Et le figuier leur dit : Laisserais-je ma douceur et mon bon fruit, et irais-je m’agiter pour les arbres ? Et les arbres dirent à la vigne : Viens, toi, règne sur nous. Et la vigne leur dit : Laisserais-je mon moût, qui réjouit Dieu et les hommes, et irais-je m’agiter pour les arbres ? Et tous les arbres dirent à l’épine : Viens, toi, règne sur nous. Et l’épine dit aux arbres : Si vraiment vous voulez m’oindre roi sur vous, venez, mettez votre confiance en mon ombre ; sinon, un feu sortira de l’épine, et dévorera les cèdres du Liban. — Et maintenant, si vous avez agi avec vérité et en intégrité en établissant roi Abimélec, et si vous avez bien fait envers Jerubbaal et envers sa maison, et si vous lui avez fait selon les actes de ses mains ; (car mon père a combattu pour vous, et a exposé sa vie, et vous a délivrés de la main de Madian ; — et vous vous êtes levés aujourd’hui contre la maison de mon père, et vous avez tué ses fils, soixante-dix hommes, sur une seule pierre, et vous avez établi roi Abimélec, fils de sa servante, sur les hommes de Sichem, parce qu’il est votre frère) ; si donc vous avez agi aujourd’hui avec vérité et en intégrité envers Jerubbaal et envers sa maison, réjouissez-vous en Abimélec, et que lui aussi se réjouisse en vous ; sinon, qu’un feu sorte d’Abimélec, et qu’il dévore les hommes de Sichem et la maison de Millo ; et qu’un feu sorte des hommes de Sichem et de la maison de Millo, et qu’il dévore Abimélec ! Et Jotham s’échappa et s’enfuit, et alla à Beër, et y habita, à cause d’Abimélec son frère.

Et Abimélec fut prince sur Israël, trois ans. Et Dieu envoya un mauvais esprit entre Abimélec et les hommes de Sichem ; et les hommes de Sichem agirent perfidement envers Abimélec, afin que la violence commise sur les soixante-dix fils de Jerubbaal vînt [sur lui], et que leur sang fût mis sur Abimélec, leur frère, qui les avait tués, et sur les hommes de Sichem, qui avaient fortifié ses mains pour tuer ses frères. Et les hommes de Sichem placèrent contre lui des gens en embuscade sur les sommets des montagnes, et ils pillaient tous ceux qui passaient près d’eux sur le chemin ; et cela fut rapporté à Abimélec.


Ce triste chapitre décrit les progrès rapides et effrayants du déclin. Gédéon avait autrefois sagement refusé, pour lui et son fils, la domination qui lui était proposée ; mais à présent, c’est justement un de ses fils, Abimélec, qui, par ruse et par violence, s’empare du pouvoir. En contraste, voyez Jotham, le plus jeune des fils de Gédéon, seul réchappé de l’affreux massacre de Sichem. Il n’a pas peur de dire la vérité, et rend témoignage aux oreilles de toute une ville, un peu comme son père l’avait fait autrefois, en construisant son autel et en renversant celui de Baal. — La parabole du roi des arbres est instructive pour nous. Elle souligne trois choses à ne pas laisser, à garder avec soin : 1º l’huile ou la graisse de l’olivier, figure du Saint Esprit, seule puissance du chrétien ; 2º la douceur et le bon fruit (du figuier), autrement dit les œuvres de la foi ; 3º le moût réjouissant Dieu et les hommes, image des joies de la communion avec Dieu et les uns avec les autres. Accepter de régner ici-bas, autrement dit d’y occuper une place éminente et de nous agiter pour le monde, ce serait nécessairement abandonner ces trois excellents privilèges. Que le Seigneur nous en garde tous !