Année 2, 18 janvier

Juges 9, 26-57

Et Gaal, fils d’Ébed, vint avec ses frères, et ils passèrent à Sichem ; et les hommes de Sichem eurent confiance en lui. Et ils sortirent aux champs, et vendangèrent leurs vignes, et foulèrent [le raisin], et firent joyeuse fête, et entrèrent dans la maison de leur dieu, et mangèrent et burent, et maudirent Abimélec. Et Gaal, fils d’Ébed, dit : Qui est Abimélec, et qui est Sichem, que nous le servions ? N’est-il pas fils de Jerubbaal ? et Zebul n’est-il pas son lieutenant ? Servez les hommes de Hamor, père de Sichem ! Mais nous, pourquoi le servirions-nous ? Oh ! que n’ai-je ce peuple sous ma main, et j’ôterais Abimélec ! Et il dit d’Abimélec : Augmente ton armée, et sors.

Et Zebul, chef de la ville, entendit les paroles de Gaal, fils d’Ébed, et sa colère s’embrasa. Et il envoya astucieusement des messagers à Abimélec, disant : Voici, Gaal, fils d’Ébed, et ses frères, sont venus à Sichem ; et voici, ils ferment la ville contre toi. Et maintenant, lève-toi de nuit, toi et le peuple qui est avec toi, et mets-toi en embuscade dans la campagne. Et, le matin, tu te lèveras de bonne heure, au lever du soleil, et tu fondras sur la ville ; et voici, Gaal et le peuple qui est avec lui sortiront contre toi, et tu lui feras selon ce que ta main rencontrera. Et Abimélec se leva de nuit, et tout le peuple qui était avec lui, et ils se mirent en embuscade contre Sichem, en quatre corps. Et Gaal, fils d’Ébed, sortit, et se tint à l’entrée de la porte de la ville ; et Abimélec et le peuple qui était avec lui se levèrent de l’embuscade. Et Gaal vit le peuple, et il dit à Zebul : Voici du peuple qui descend du sommet des montagnes. Et Zebul lui dit : C’est l’ombre des montagnes, que tu vois comme des hommes. Et Gaal parla encore, et dit : Voici du peuple qui descend du haut du pays, et un corps vient par le chemin du chêne des pronostiqueurs. Et Zebul lui dit : Où est maintenant ta bouche, toi qui disais : Qui est Abimélec, que nous le servions ? N’est-ce pas là le peuple que tu as méprisé ? Sors maintenant, je te prie, et combats contre lui. Et Gaal sortit devant les hommes de Sichem, et combattit contre Abimélec. Et Abimélec le poursuivit, et il s’enfuit devant lui, et un grand nombre tombèrent tués jusqu’à l’entrée de la porte. Et Abimélec resta à Aruma ; et Zebul chassa Gaal et ses frères, de sorte qu’ils ne demeurèrent plus à Sichem.

Et il arriva le lendemain que le peuple sortit dans la campagne ; et cela fut rapporté à Abimélec. Et il prit ses gens, et les divisa en trois corps, et les mit en embuscade dans la campagne. Et il regarda, et voici, le peuple sortait de la ville : et il se leva contre eux et les frappa. Et Abimélec et les corps qui étaient avec lui se précipitèrent, et se tinrent à l’entrée de la porte de la ville, et deux des corps se précipitèrent sur tous ceux qui étaient dans la campagne et les frappèrent. Et Abimélec combattit tout ce jour-là contre la ville ; et il prit la ville, et tua le peuple qui y était ; et il démolit la ville, et y sema du sel.

Et tous les hommes de la tour de Sichem apprirent cela, et ils entrèrent dans le donjon de la maison du dieu Berith. Et on rapporta à Abimélec que tous les hommes de la tour de Sichem s’étaient rassemblés. Et Abimélec monta sur la montagne de Tsalmon, lui et tout le peuple qui était avec lui. Et Abimélec prit des haches avec lui et coupa une branche d’arbre, et l’enleva, et la mit sur son épaule, et dit au peuple qui était avec lui : Ce que vous m’avez vu faire, hâtez-vous, faites-le comme moi ! Et tout le peuple aussi coupa chacun sa branche ; et ils suivirent Abimélec, et mirent [les branches] contre le donjon, et ils brûlèrent par le feu le donjon sur eux. Et tous les hommes de la tour de Sichem moururent aussi, un millier d’hommes et de femmes.

Et Abimélec s’en alla à Thébets, et campa contre Thébets et la prit. Et il y avait une tour forte au milieu de la ville ; et tous les hommes et toutes les femmes s’y enfuirent, tous les hommes de la ville ; et ils fermèrent derrière eux, et montèrent sur le toit de la tour. Et Abimélec vint jusqu’à la tour, et l’attaqua ; et il s’avança jusqu’à l’entrée de la tour pour la brûler par le feu ; et une femme jeta sur la tête d’Abimélec une meule tournante, et lui brisa le crâne. Et il appela en hâte le jeune homme qui portait ses armes, et lui dit : Tire ton épée et tue-moi, de peur qu’on ne dise de moi : Une femme l’a tué. Et son jeune homme le transperça, et il mourut.

Et quand les hommes d’Israël virent qu’Abimélec était mort, ils s’en allèrent chacun en son lieu. Et Dieu fit retomber sur Abimélec le mal qu’il avait fait à son père en tuant ses soixante-dix frères ; et tout le mal des hommes de Sichem, Dieu le fit retomber sur leurs têtes ; et la malédiction de Jotham, fils de Jerubbaal, vint sur eux.


Notre chapitre confirme la déclaration d’Ésaïe à propos de tels hommes : « Leurs pieds courent au mal et se hâtent pour verser le sang innocent ; leurs pensées sont des pensées d’iniquité ; la destruction et la ruine sont dans leurs sentiers… » (És. 59, 7 cité en Rom. 3, 15, 16). Les choses ont-elles changé aujourd’hui, dans le monde ? Absolument pas ! Même dans les pays christianisés, la politique des hommes reste dominée par la violence, le mensonge et l’agitation. « Irai-je m’agiter » parmi eux ? C’était la question posée par Jotham dans sa parabole (v. 9, 11, 13). Il aurait pu prendre parti contre Abimélec, pour venger ses frères assassinés. Mais il s’en garde bien ! Loin du trouble et des intrigues, il est à Beër (v. 21 ; voir Nomb. 21, 16), attendant paisiblement la délivrance de l’Éternel. Et, de la même manière que nous avons vu, dans le camp de Madian, les ennemis s’entre-tuer, à présent, Abimélec et les hommes de Sichem travaillent à se détruire mutuellement. Ils sont l’un pour l’autre un feu dévorant. Ainsi se réalise ce que Jotham avait prédit (v. 20). Ainsi s’accomplit également la parole, toujours vérifiée dans l’histoire des hommes : « Ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Gal. 6, 7 ; voir aussi Gal. 5, 15).