Année 2, 16 février

1 Samuel 4, 12-22

Et un homme de Benjamin courut de la bataille, et vint à Silo ce même jour, ayant ses vêtements déchirés, et de la terre sur sa tête. Et il entra, et voici, Éli était assis sur un siège, aux aguets, à côté du chemin ; car son cœur tremblait pour l’arche de Dieu. Et l’homme entra pour annoncer dans la ville [ce qui était arrivé] ; et toute la ville jeta des cris. Et Éli entendit le bruit des cris, et dit : Qu’est-ce que ce bruit de tumulte ? Et l’homme vint en hâte et informa Éli. Or Éli était âgé de quatre-vingt-dix-huit ans, et il avait les yeux fixes et il ne pouvait voir. Et l’homme dit à Éli : Je viens de la bataille, et je me suis enfui de la bataille aujourd’hui. Et [Éli] dit : Qu’est-il arrivé, mon fils ? Et celui qui portait le message répondit et dit : Israël a fui devant les Philistins, et même il y a eu une grande défaite du peuple, et aussi tes deux fils, Hophni et Phinées, sont morts, et l’arche de Dieu est prise. Et il arriva que, lorsqu’il mentionna l’arche de Dieu, [Éli] tomba à la renverse de dessus son siège, à côté de la porte, et se brisa la nuque et mourut ; car c’était un homme âgé et pesant. Et il avait jugé Israël quarante ans.

Et sa belle-fille, femme de Phinées, était enceinte, près d’accoucher ; et elle entendit la nouvelle que l’arche de Dieu était prise, et que son beau-père et son mari étaient morts, et elle se courba et enfanta, car les douleurs la surprirent. Et comme elle se mourait, celles qui se tenaient auprès d’elle [lui] dirent : Ne crains point, car tu as enfanté un fils. Et elle ne répondit pas et n’y fit pas attention ; et elle appela l’enfant I-Cabod, disant : La gloire s’en est allée d’Israël ; — parce que l’arche de Dieu était prise, et à cause de son beau-père et de son mari. Et elle dit : La gloire s’en est allée d’Israël, car l’arche de Dieu est prise.


Les calculs ont été déjoués. La présence de l’arche au milieu du peuple en mauvais état n’a pas empêché le désastre. L’arche est prise (voir Ps. 78, 56-64). Quelle honte, pour un régiment, quand l’ennemi lui prend son drapeau ! À plus forte raison s’il s’agit, comme pour Israël, du trône même de son Dieu. Comment célébrer le jour des expiations (Lév. 16, 14, 15), sans le saint propitiatoire où le sang devait être apporté ? Mais aussi, comment le faire sans les descendants d’Aaron pour accomplir les ordonnances ? Car, du même coup, la sacrificature a été frappée à mort. Hophni et Phinées ont été tués tous les deux. — Éli aurait peut-être eu un moyen d’arrêter le châtiment divin sur tout Israël. Selon Deutéronome 21, 18-21, il devait désigner ses fils au peuple pour être lapidés à cause de leur mauvaise conduite. Il n’en avait pas eu le courage. Or maintenant, non seulement Hophni et Phinées ont péri, mais trente-quatre mille hommes sont morts avec eux. Et l’arche sainte, la gloire d’Israël, s’en est allée. Cette dernière nouvelle est celle qui tue le vieillard. L’arche lui tenait à cœur plus que les siens, et il en est de même pour sa belle-fille. En appelant son fils nouveau-né : I-Cabod, c’est l’oraison funèbre de son peuple qu’elle prononce.