Année 2, 4 mars

1 Samuel 14, 23-34

Et l’Éternel sauva Israël ce jour-là. Et la bataille s’étendit au-delà de Beth-Aven. Et les hommes d’Israël furent accablés ce jour-là. Or Saül avait adjuré le peuple, disant : Maudit soit l’homme qui mangera du pain, jusqu’au soir, et [jusqu’à ce] que je me sois vengé de mes ennemis ; et, entre tout le peuple, nul ne goûta de pain. Et tout le [peuple du] pays vint dans une forêt ; et il y avait du miel sur le dessus des champs. Et le peuple entra dans la forêt ; et voici du miel qui coulait ; mais nul ne porta sa main à sa bouche, car le peuple avait peur du serment. Et Jonathan n’avait pas entendu, lorsque son père avait fait jurer le peuple, et il étendit le bout du bâton qu’il avait à la main et le trempa dans un rayon de miel et ramena sa main à sa bouche, et ses yeux furent éclaircis. Et quelqu’un du peuple répondit et dit : Ton père a fait expressément jurer le peuple, en disant : Maudit soit l’homme qui mangera du pain aujourd’hui ! et le peuple était fatigué. Et Jonathan dit : Mon père a troublé le pays. Voyez donc comme mes yeux ont été éclaircis, parce que j’ai goûté un peu de ce miel ! Qu’eût-ce été, si le peuple avait aujourd’hui mangé du butin de ses ennemis qu’il a trouvé ? maintenant la défaite des Philistins n’aurait-elle pas été plus grande ? Et ils frappèrent ce jour-là les Philistins, depuis Micmash jusqu’à Ajalon ; et le peuple fut très fatigué. Et le peuple se jeta sur le butin, et ils prirent du menu et du gros bétail, et des veaux, et ils les égorgèrent sur le sol ; et le peuple les mangeait avec le sang. Et on le rapporta à Saül, en disant : Voici, le peuple pèche contre l’Éternel en mangeant avec le sang. Et il dit : Vous avez agi infidèlement. Roulez à présent vers moi une grande pierre. Et Saül dit : Dispersez-vous parmi le peuple, et dites-leur : Amenez-moi chacun son bœuf et chacun son mouton, et égorgez-les ici et mangez ; et ne péchez pas contre l’Éternel en mangeant avec le sang. Et, cette nuit-là, tout le peuple amena chacun son bœuf à la main, et ils les égorgèrent là.


La déroute des Philistins est totale. Le peuple s’est assemblé avec Saül afin de les poursuivre et de les tailler en pièces. Cependant, il n’est pas animé de l’énergie qu’avaient déployée, en pareille circonstance, Gédéon et ses compagnons. Ceux-ci allaient après Madian, « fatigués mais poursuivant toujours », car ils s’étaient rafraîchis avant d’aller à la bataille (Jug. 7, 6 ; 8, 4). Ici, au contraire, Saül a fait défense au peuple de se restaurer en prenant de la nourriture, pendant toute la journée, malgré le rude effort qu’il avait à fournir. Interdiction légale, fruit de l’imagination, qui nous fait penser à tant d’autres inventions humaines en matière de religion ! Celle-ci n’entraîne que des conséquences fâcheuses : d’abord, la défaite des Philistins est moins grande qu’elle n’eût été avec une armée en pleine possession de ses moyens. D’autre part, le soir venu, lorsque le peuple a enfin la liberté de manger, il est si pressé par la faim, qu’il prépare sa viande en tuant les bêtes avec le sang, commettant ainsi un péché mortel (Lév. 17, 10-14). N’était-ce pas autrement grave de désobéir à l’Éternel que de transgresser l’ordonnance de Saül ?