Année 2, 7 avril

2 Samuel 1, 1-16

Et il arriva, après la mort de Saül, quand David fut revenu d’avoir frappé Amalek, que David habita deux jours à Tsiklag. Et, le troisième jour, voici, un homme vint du camp, d’auprès de Saül, ses vêtements déchirés et de la terre sur sa tête ; et aussitôt qu’il arriva auprès de David, il tomba contre terre et se prosterna. Et David lui dit : D’où viens-tu ? Et il lui dit : Je me suis échappé du camp d’Israël. Et David lui dit : Que s’est-il passé ? raconte-le-moi, je te prie. Et il dit que le peuple s’était enfui de la bataille, et que beaucoup d’entre le peuple étaient tombés et étaient morts, et que Saül aussi et Jonathan, son fils, étaient morts. Et David dit au jeune homme qui lui racontait [ces choses] : Comment sais-tu que Saül et Jonathan, son fils, sont morts ? Et le jeune homme qui lui rapportait [ces choses] dit : Je passais par aventure sur la montagne de Guilboa ; et voici, Saül s’appuyait sur sa lance, et voici, les chars et les gens de cheval le serraient de près. Et il se tourna en arrière et me vit, et m’appela ; et je dis : Me voici. Et il me dit : Qui es-tu ? Et je lui dis : Je suis Amalékite. Et il me dit : Tiens-toi, je te prie, sur moi, et tue-moi, car l’angoisse m’a saisi, parce que ma vie est encore toute en moi. Alors je me suis tenu sur lui, et je l’ai mis à mort ; car je savais qu’il ne vivrait pas après sa chute ; et j’ai pris la couronne qui était sur sa tête et le bracelet qui était à son bras, et je les ai apportés ici à mon seigneur. Alors David saisit ses vêtements et les déchira ; et tous les hommes qui étaient avec lui [firent] de même ; et ils menèrent deuil, et pleurèrent, et jeûnèrent jusqu’au soir sur Saül et sur Jonathan, son fils, et sur le peuple de l’Éternel, et sur la maison d’Israël, parce qu’ils étaient tombés par l’épée.

Et David dit au jeune homme qui lui avait rapporté [ces choses] : D’où es-tu ? Et il dit : Je suis fils d’un homme étranger, d’un Amalékite. Et David lui dit : Comment n’as-tu pas craint d’étendre ta main pour tuer l’oint de l’Éternel ? Alors David appela un des jeunes hommes et [lui] dit : Approche [et] jette-toi sur lui ! Et il le frappa, et il mourut. Et David lui dit : Ton sang soit sur ta tête, car ta bouche a témoigné contre toi, disant : J’ai mis à mort l’oint de l’Éternel.


L’affaire de Tsiklag a laissé David humilié, conscient de sa faiblesse, mais aussi, elle l’a rétabli dans d’heureuses relations avec l’Éternel. Et ainsi, il a été préparé pour son règne, sur lequel va s’ouvrir maintenant ce deuxième livre de Samuel. — L’homme qui lui annonce la mort de Saül est, à ses propres yeux, « comme un messager de bonnes nouvelles » (chap. 4, 10). Ne s’agit-il pas, pour David, de la mort de son ennemi, et de la possibilité de monter sur le trône ? Mais cet homme ne connaît pas celui à qui il s’adresse. Dans le cœur du « bien-aimé de l’Éternel » brillent la grâce, le désintéressement, l’amour pour son peuple, et le respect de l’ordre divin. Comment se réjouirait-il, alors qu’Israël est vaincu, et son prince déshonoré devant les ennemis de l’Éternel ? — D’où es-tu ? — L’homme confirme qu’il fait aussi partie des ennemis d’Israël, et des pires : c’est un Amalékite ! En essayant de tromper David par son récit mensonger, il n’a fait que se tromper lui-même (voir Prov. 11, 18). Il aurait voulu que le nouveau roi tienne sa couronne de sa main. En cela, il ressemble au grand Ennemi, qui cherchait à faire accepter à Jésus — mais sans plus de succès — tous les royaumes du monde et leur gloire (Matt. 4, 8-10).