Année 2, 8 avril

2 Samuel 1, 17-27

Et David prononça sur Saül et sur Jonathan, son fils, cette complainte ; et il dit d’enseigner aux fils de Juda [le chant de] l’Arc ; voici, il est écrit au livre de Jashar :

Ton ornement, ô Israël, est tué sur tes hauts lieux. Comment les hommes forts sont-ils tombés !

Ne le racontez pas dans Gath, n’en portez pas la nouvelle dans les rues d’Askalon ; de peur que les filles des Philistins ne se réjouissent, de peur que les filles des incirconcis ne tressaillent de joie.

Montagnes de Guilboa, qu’il n’y ait pas de rosée, pas de pluie sur vous, ni des champs d’offrandes ; car là fut jeté comme une chose souillée le bouclier des hommes forts, le bouclier de Saül, [comme s’il n’eût] pas été oint d’huile.

L’arc de Jonathan ne se retirait pas du sang des tués [et] de la graisse des hommes forts ; et l’épée de Saül ne retournait pas à vide.

Saül et Jonathan, aimés et agréables dans leur vie, n’ont pas été séparés dans leur mort. Ils étaient plus rapides que les aigles, plus forts que les lions.

Filles d’Israël, pleurez sur Saül, qui vous revêtait d’écarlate, magnifiquement, qui a couvert vos vêtements d’ornements d’or.

Comment les hommes forts sont-ils tombés au milieu de la bataille ! Comment Jonathan a-t-il été tué sur tes hauts lieux !

Je suis dans l’angoisse à cause de toi, Jonathan, mon frère ! Tu étais pour moi plein de charmes ; ton amour pour moi était merveilleux, plus [grand] que l’amour des femmes.

Comment sont tombés les hommes forts, et sont péris les instruments de guerre !


Bien loin de se réjouir du malheur qui a atteint son rival et son persécuteur, David compose à son sujet une émouvante complainte. Ce chant de l’Arc célèbre les qualités humaines de Saül : sa force, sa munificence, sa popularité. Et, couvrant la méchanceté du roi, dont il avait cependant tant souffert, David voudrait également, si possible, cacher la défaite qui provoquera, chez les ennemis de l’Éternel, de la joie et du mépris. « Ne le racontez pas dans Gath… » (v. 20). — Tout autant que Juda (v. 18), nous avons besoin que nous soient enseignées les leçons de ce chant de l’Arc : nous attrister du malheur d’autrui ; relever le bien même chez ceux qui ne nous aiment pas ; nous garder de raconter ce que nous pouvons savoir de fâcheux sur le compte de quelqu’un ; couvrir surtout les fautes de nos frères et de nos sœurs, en pensant au témoignage du peuple de Dieu vis-à-vis du monde (1 Pier. 4, 8). — Puis le cœur de David, saisi de douleur, s’exprime au sujet de son ami Jonathan. Amour merveilleux, plein de charmes ; et pourtant pâle figure de l’amour de Jésus ; insondable amour dont rien — pas même la mort — ne pourra nous séparer jamais (Rom. 8, 38, 39).