Année 2, 10 avril

2 Samuel 2, 12-32

Et Abner, fils de Ner, et les serviteurs d’Ish-Bosheth, fils de Saül, sortirent de Mahanaïm vers Gabaon ; et Joab, fils de Tseruïa, et les serviteurs de David, sortirent aussi ; et ils se rencontrèrent ensemble près du réservoir de Gabaon ; et ceux-ci s’assirent d’un côté du réservoir, et ceux-là de l’autre côté du réservoir. Et Abner dit à Joab : Que les jeunes hommes se lèvent donc et jouent [entre eux] devant nous ! Et Joab dit : Qu’ils se lèvent. Et ils se levèrent et passèrent, au nombre de douze pour Benjamin et pour Ish-Bosheth, fils de Saül, et de douze d’entre les serviteurs de David. Et chacun saisit son adversaire par la tête, et [passa] son épée dans le flanc de son adversaire, et ils tombèrent [tous] ensemble. Et on appela ce lieu-là Helkath-Hatsurim, qui est en Gabaon. Et le combat fut très rude ce jour-là ; et Abner et les hommes d’Israël furent battus devant les serviteurs de David.

Et il y avait là trois fils de Tseruïa, Joab, et Abishaï, et Asçaël. Et Asçaël était léger de ses pieds comme une des gazelles qui sont dans les champs. Et Asçaël poursuivit Abner, et il ne se détourna pas d’Abner pour aller à droite ou à gauche. Et Abner regarda derrière lui, et dit : Est-ce toi, Asçaël ? Et il dit : C’est moi. Et Abner lui dit : Détourne-toi à droite ou à gauche, et saisis-toi de l’un des jeunes hommes et prends pour toi son armure. Mais Asçaël ne voulut pas se détourner de lui. Et Abner dit encore à Asçaël : Détourne-toi de moi ! Pourquoi te jetterais-je mort par terre ? Et comment lèverais-je ma face devant Joab, ton frère ? Mais il refusa de se détourner, et Abner le frappa au ventre avec la hampe de sa lance, et sa lance lui sortit par derrière, et il tomba là et mourut sur place. Et tous ceux qui venaient à l’endroit où Asçaël était tombé et était mort, s’arrêtaient. Et Joab et Abishaï poursuivirent Abner ; et le soleil se couchait quand ils arrivèrent à la colline d’Amma, qui est devant Guiakh, sur le chemin du désert de Gabaon.

Et les fils de Benjamin se rassemblèrent derrière Abner ; et ils formèrent une seule troupe, et se tinrent sur le sommet d’une colline. Et Abner cria à Joab et dit : L’épée dévorera-t-elle à toujours ? Ne sais-tu pas qu’il y aura de l’amertume à la fin ? et jusques à quand ne diras-tu pas au peuple de revenir de la poursuite de ses frères ? Et Joab dit : Dieu est vivant, que, si tu n’avais parlé, dès le matin [déjà] le peuple se serait retiré, chacun de la poursuite de son frère ! Et Joab sonna de la trompette, et tout le peuple s’arrêta ; et ils ne poursuivirent plus Israël, et ils ne continuèrent plus à se battre. Et Abner et ses hommes marchèrent toute cette nuit-là dans la plaine, et traversèrent le Jourdain, et marchèrent par tout le Bithron, et vinrent à Mahanaïm. Et Joab s’en retourna de la poursuite d’Abner et rassembla tout le peuple ; et, des serviteurs de David, il manquait dix-neuf hommes et Asçaël. Et les serviteurs de David avaient frappé à mort trois cent soixante hommes de Benjamin et des hommes d’Abner. Et ils enlevèrent Asçaël, et l’enterrèrent dans le sépulcre de son père, qui était à Bethléhem ; et Joab et ses hommes marchèrent toute la nuit ; et il faisait jour lorsqu’ils [arrivèrent] à Hébron.


Il s’agit, jusqu’à la fin du chapitre 4, du conflit entre David et Ish-Bosheth, ou plutôt entre leurs généraux respectifs : Joab et Abner. C’est une lutte de prestige, chacun de ces hommes orgueilleux voulant être le premier. Elle se terminera par le meurtre d’Abner, puis par celui d’Ish-Bosheth. Ces tristes circonstances — il s’agit d’une guerre civile — seront employées par l’Éternel pour établir peu à peu le règne de Son roi. — La violence, l’esprit de vengeance, se donnent libre cours. Près du réservoir de Gabaon, l’épreuve de force commence comme un jeu. On veut simplement voir quels seront les plus adroits et les plus forts. Mais, de l’orgueil au meurtre, voyez comme la distance est facile à franchir. On se passionne, on perd le contrôle de soi-même, et le geste criminel est accompli avant d’avoir pu le préméditer. Les vingt-quatre malheureux jeunes gens tombent ensemble, transpercés l’un par l’autre. — Remarquons que David reste étranger aux combats que Joab prétend mener en son nom. Nous faisons la connaissance de ce dernier : homme rusé et sans scrupules, qui défend la cause de David parce qu’elle lui procure un avantage personnel.