Année 2, 30 avril

2 Samuel 18, 1-18

Et David passa en revue le peuple qui était avec lui, et il établit sur eux des chefs de milliers et des chefs de centaines. Et David envoya le peuple, un tiers sous la main de Joab, et un tiers sous la main d’Abishaï, fils de Tseruïa [et] frère de Joab, et un tiers sous la main d’Itthaï, le Guitthien. Et le roi dit au peuple : Certainement je sortirai moi aussi avec vous. Mais le peuple dit : Tu ne sortiras point ; car quand nous viendrions à fuir, ils ne prendraient pas garde à nous, et quand la moitié d’entre nous mourrait, ils ne prendraient pas garde à nous ; car toi, tu es comme dix mille d’entre nous ; et maintenant il est bon que, de la ville, tu nous sois en secours. Et le roi leur dit : Je ferai ce qui est bon à vos yeux. Et le roi se tint à côté de la porte, et tout le peuple sortit par centaines et par milliers. Et le roi commanda à Joab, et à Abishaï, et à Itthaï, disant : Usez-moi de douceur envers le jeune homme, Absalom. Et tout le peuple entendit lorsque le roi donna ses ordres à tous les chefs touchant Absalom.

Et le peuple sortit dans la campagne à la rencontre d’Israël ; et la bataille eut lieu dans la forêt d’Éphraïm. Et le peuple d’Israël fut battu là par les serviteurs de David ; et le carnage fut grand ce jour-là,… vingt mille hommes. Et la bataille s’étendit là sur toute la surface du pays, et la forêt dévora en ce jour plus de peuple que n’en dévora l’épée. Et Absalom se trouva en présence des serviteurs de David, et Absalom montait un mulet ; et le mulet entra sous les branches entrelacées d’un grand térébinthe ; et la tête d’Absalom se prit dans le térébinthe, et il demeura suspendu entre le ciel et la terre ; et le mulet qui était sous lui passa outre. Et un homme vit cela, et le rapporta à Joab, et dit : Voici, j’ai vu Absalom suspendu à un térébinthe. Et Joab dit à l’homme qui le lui rapportait : Et voici, tu l’as vu, et pourquoi ne l’as-tu pas abattu là par terre ? Et c’eût été à moi de te donner dix [pièces] d’argent et une ceinture. Et l’homme dit à Joab : Et quand je pèserais dans ma main mille [pièces] d’argent, je n’étendrais pas ma main sur le fils du roi ; car à nos oreilles le roi t’a commandé, à toi, et à Abishaï, et à Itthaï, disant : Prenez garde, qui [de vous] que ce soit, au jeune homme Absalom ;… ou j’eusse agi perfidement contre ma vie, car rien n’est caché au roi, et toi, tu aurais pris parti contre moi. Et Joab dit : Je ne m’attarderai pas ainsi devant toi. Et il prit trois javelots dans sa main, et les enfonça dans le cœur d’Absalom, alors qu’il était encore vivant au milieu du térébinthe. Et dix jeunes hommes qui portaient les armes de Joab entourèrent et frappèrent Absalom, et le mirent à mort. Et Joab sonna de la trompette, et le peuple revint de la poursuite d’Israël, car Joab retint le peuple. Et ils prirent Absalom et le jetèrent dans la forêt, dans une grande fosse, et élevèrent sur lui un très grand monceau de pierres. Et tout Israël s’enfuit, chacun à sa tente. Et Absalom avait pris et dressé pour lui, de son vivant, une stèle qui est dans la vallée du Roi ; car il disait : Je n’ai pas de fils pour rappeler la mémoire de mon nom. Et il appela la stèle de son nom ; et elle est appelée jusqu’à ce jour le monument d’Absalom.


La bataille va maintenant s’engager. Mais il s’agit de nouveau d’une guerre civile ! Et le pauvre roi est dans une situation tragique. Peut-il désirer la victoire, quand celle-ci signifie la défaite et la mort possible du fils qu’il n’a pas cessé d’aimer ? — « Ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Gal. 6, 7). L’heure de cette solennelle « moisson » a sonné, pour le misérable Absalom. À lui s’applique cette effrayante déclaration : « L’œil qui se moque d’un père et qui méprise l’obéissance envers la mère, les corbeaux du torrent le crèveront et les petits de l’aigle le dévoreront » (Prov. 30, 17). La belle chevelure, qui faisait la gloire d’Absalom, devient le moyen de sa perte. Et le cruel Joab est l’instrument par lequel le jugement de Dieu s’accomplit. Mais cela ne l’excuse en aucune manière. Malgré les ordres du roi, il ne craint pas de commettre froidement ce nouveau meurtre. — En dressant une stèle à son honneur, Absalom n’avait pas prévu qu’un autre monument serait érigé pour sa honte : ce grand monceau de pierres sur la fosse où serait jeté son cadavre (comme pour Acan — Jos. 7, 26), monceau sur lequel chacun viendra lancer sa pierre, en signe de mépris et de condamnation.