Année 2, 30 juin

1 Rois 22, 1-18

* Et on resta trois ans sans qu’il y eût guerre entre la Syrie et Israël. Et il arriva, en la troisième année, que Josaphat, roi de Juda, descendit vers le roi d’Israël. Et le roi d’Israël dit à ses serviteurs : Savez-vous que Ramoth de Galaad est à nous ? Et nous nous taisons, sans la reprendre de la main du roi de Syrie ! Et il dit à Josaphat : Viendras-tu avec moi à la guerre, à Ramoth de Galaad ? Et Josaphat dit au roi d’Israël : Moi, je suis comme toi, mon peuple comme ton peuple, mes chevaux comme tes chevaux.

Et Josaphat dit au roi d’Israël : Enquiers-toi aujourd’hui, je te prie, de la parole de l’Éternel. Et le roi d’Israël rassembla les prophètes, environ quatre cents hommes, et leur dit : Irai-je à la guerre contre Ramoth de Galaad, ou m’en abstiendrai-je ? Et ils dirent : Monte ; et le Seigneur la livrera en la main du roi. Et Josaphat dit : N’y a-t-il pas ici encore un prophète de l’Éternel, pour que nous nous enquérions auprès de lui ? Et le roi d’Israël dit à Josaphat : Il y a encore un homme, pour consulter l’Éternel par lui ; mais je le hais, car il ne prophétise pas du bien à mon égard, mais du mal ; c’est Michée, fils de Jimla. Et Josaphat dit : Que le roi ne parle pas ainsi ! Et le roi d’Israël appela un eunuque, et dit : Fais promptement venir Michée, fils de Jimla. Et le roi d’Israël et Josaphat, roi de Juda, étaient assis chacun sur son trône, revêtus de leurs robes, sur une place ouverte, à l’entrée de la porte de Samarie ; et tous les prophètes prophétisaient devant eux. Et Sédécias, fils de Kenaana, se fit des cornes de fer, et dit : Ainsi dit l’Éternel : Avec celles-ci tu heurteras les Syriens, jusqu’à les exterminer. Et tous les prophètes prophétisaient de même, disant : Monte à Ramoth de Galaad, et prospère ; et l’Éternel la livrera en la main du roi.

Et le messager qui était allé pour appeler Michée, lui parla, disant : Voici, les paroles des prophètes, d’une seule bouche, [annoncent] du bien au roi ; que ta parole soit, je te prie, comme la parole de l’un d’eux, et annonce du bien. Mais Michée dit : L’Éternel est vivant, que ce que l’Éternel me dira, je l’annoncerai. Et il vint vers le roi. Et le roi lui dit : Michée, irons-nous à la guerre à Ramoth de Galaad, ou nous en abstiendrons-nous ? Et il lui dit : Monte et prospère ; et l’Éternel la livrera en la main du roi. Et le roi lui dit : Combien de fois t’adjurerai-je de ne me dire que la vérité au nom de l’Éternel ? Et [Michée] dit : J’ai vu tout Israël dispersé sur les montagnes, comme un troupeau qui n’a pas de berger ; et l’Éternel a dit : Ceux-ci n’ont pas de seigneur ; qu’ils s’en retournent en paix chacun à sa maison. Et le roi d’Israël dit à Josaphat : Ne t’ai-je pas dit qu’il ne prophétise pas du bien à mon égard, mais du mal ?


Ben-Hadad n’a pas tenu parole (chap. 20, 34). Il a conservé Ramoth de Galaad. Achab se propose de la reprendre, et fait part de son projet à un illustre visiteur en séjour chez lui : Josaphat, roi de Juda. Et d’abord, que penser de cette visite ? N’est-il pas réjouissant de voir s’établir une amitié entre les souverains de ces deux royaumes israélites, si longtemps en conflit ? C’est un pas vers l’union, chose aujourd’hui à l’ordre du jour, dans le monde christianisé. En réalité, devant Dieu, c’est une infidélité de la part de Josaphat. Il était roi à Jérusalem, où se trouvait le temple de l’Éternel. Achab, au contraire, était un idolâtre. Or — demande l’apôtre — « quelle convenance y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? » (2 Cor. 6, 16). Comment le roi de Juda peut-il s’oublier, jusqu’à dire : « Moi, je suis comme toi » ? — Voyez dans quel engrenage s’est laissé prendre le pauvre Josaphat. Mal à l’aise, il fait à Achab quelques timides observations, mais il n’a pas l’énergie nécessaire pour s’opposer à son projet. Il lui fallait plus de courage pour cela que pour faire la guerre aux Syriens. Et chacun de nous le sait certainement par expérience : l’action la plus difficile, celle qui demande le plus de courage, sera souvent un simple refus, refus de s’associer au mal (Ps. 1, 1).