Année 3, 11 janvier

Job 9, 22-35

* Tout revient au même ; c’est pourquoi j’ai dit : Il consume le parfait et le méchant.

Si le fléau donne subitement la mort, il se rit de l’épreuve de l’innocent.

La terre est livrée en la main du méchant : il couvre la face de ses juges. S’il n’en est pas ainsi, qui est-ce donc ?

Mes jours s’en vont plus vite qu’un coureur ; ils fuient, ils ne voient pas ce qui est bon ;

Ils passent rapides comme les barques de jonc, comme un aigle qui fond sur sa proie.

* Si je dis : J’oublierai ma plainte, je renoncerai à mon visage [morne] et je serai joyeux,

Je suis épouvanté de tous mes tourments ; je sais que tu ne me tiendras pas pour innocent.

Soit, je suis méchant : pourquoi me fatigué-je ainsi en vain ?

Si je me lave avec de l’eau de neige, et que je nettoie mes mains dans la pureté,

Alors tu me plongeras dans un fossé, et mes vêtements m’auront en horreur.

Car il n’est pas homme, comme moi, pour que je lui réponde, pour que nous allions ensemble en jugement.

Il n’y a pas entre nous un arbitre qui mettrait sa main sur nous deux.

Qu’il retire sa verge de dessus moi, et que sa terreur ne me trouble pas ;

Alors je parlerai et je ne le craindrai pas ; mais il n’en est pas ainsi de moi.


Au chapitre 7, 6, Job avait comparé la fuite de ses jours à la navette du tisserand. Il emploie ici l’image d’un coureur, puis celle des barques légères emportées par un fleuve, enfin celle d’un aigle qui fond sur sa proie (voir aussi Jacq. 4, 14 et Ps. 39, 5). Jeune, on ne le réalise guère ; par contre, le témoignage de tous les vieillards est unanime : la vie est en réalité vite passée. — Non, il n’est pas possible de les retenir, ces jours qui s’échappent sans retour. Par contre, la manière dont nous les remplissons peut leur donner une valeur éternelle. Employé pour le monde, le temps se dissipe en vanités mensongères. Mais s’ils sont utilisés pour le Seigneur, les courts moments pendant lesquels nous sommes sur la terre peuvent porter un fruit qui demeure (Jean 15, 16). — Nous adressons une exhortation toute spéciale à ceux d’entre nos lecteurs qui n’appartiendraient pas encore au Seigneur : cette rapide fuite des jours incite bien des personnes à jouir de la vie. « De l’heure fugitive, hâtons-nous, jouissons : L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive… » — a dit un poète. Mensonge ! Il y a une rive (Marc 4, 35), il existe un port (Ps. 107, 30). Mais ne tardez pas à vous y réfugier !