Année 3, 12 janvier

Job 10, 1-22

Mon âme est dégoûtée de ma vie ; je laisserai libre cours à ma plainte, je parlerai dans l’amertume de mon âme,

Je dirai à +Dieu : Ne me condamne pas ; fais-moi savoir pourquoi tu contestes avec moi.

Prends-tu plaisir à opprimer, que tu méprises le travail de tes mains, et que tu fasses briller ta lumière sur le conseil des méchants ?

As-tu des yeux de chair ? Vois-tu comme voit l’homme mortel ?

Tes jours sont-ils comme les jours d’un mortel, ou tes années, comme les jours de l’homme,

Que tu recherches mon iniquité et que tu scrutes mon péché ;

Puisque tu sais que je ne suis pas un méchant, et que nul ne délivre de ta main ?

Tes mains m’ont formé et m’ont façonné tout à l’entour en un tout, et tu m’engloutis !

Souviens-toi, je te prie, que tu m’as façonné comme de l’argile, et que tu me feras retourner à la poussière.

Ne m’as-tu pas coulé comme du lait, et fait cailler comme du fromage ?

Tu m’as revêtu de peau et de chair, tu m’as tissé d’os et de nerfs ;

Tu m’as donné la vie, et tu as usé de bonté envers moi, et tes soins ont gardé mon esprit ;

Et tu cachais ces choses dans ton cœur : je sais que cela était par-devers toi.

* Si j’ai péché, tu m’as aussi observé, et tu ne me tiendras pas pour innocent de mon iniquité.

Si j’ai agi méchamment, malheur à moi ! Si j’ai marché justement, je ne lèverai pas ma tête, rassasié que je suis de mépris et voyant ma misère.

Et elle augmente : tu me fais la chasse comme un lion, et en moi tu répètes tes merveilles ;

Tu renouvelles tes témoins contre moi, et tu multiplies ton indignation contre moi. Une succession [de maux] et un temps de misère sont avec moi.

* Et pourquoi m’as-tu fait sortir du sein [de ma mère] ? J’aurais expiré, et aucun œil ne m’eût vu !

J’aurais été comme si je n’eusse pas été ; de la matrice on m’eût porté au sépulcre !

Mes jours ne sont-ils pas en petit nombre ? Qu’il cesse [donc], qu’il se retire de moi, et je me remonterai un peu,

Avant que je m’en aille, pour ne plus revenir, dans le pays de l’obscurité et de l’ombre de la mort,

Terre sombre comme les ténèbres de l’ombre de la mort, et où il n’y a que confusion, et où la clarté est comme des ténèbres profondes.


« Prends-tu plaisir à opprimer ? ». Telle est la question que, dans son amertume, Job voudrait poser à Dieu (v. 3). L’Écriture lui répond par un verset qu’il ne faut jamais oublier, dans nos épreuves : « Ce n’est pas volontiers qu’il afflige et contriste les fils des hommes » (Lam. 3, 33). À plus forte raison quand il s’agit de Ses enfants. — Comme Job dans les versets 8-12, David au psaume 139 (v. 14-16) s’émerveille de la manière dont il a été créé. Et il conclut de même : Celui qui m’a ainsi « façonné,… tissé d’os et de nerfs », me connaît jusqu’au fond de l’âme. Comment serait-il possible de Lui cacher quoi que ce soit ? La lumière de Dieu, Ses yeux qui scrutent le péché, voilà ce qui met Job mal à l’aise (v. 6 ; chap. 13, 9). Il se sent devant l’Éternel comme une proie chassée par un lion (v. 16). De même, l’auteur du psaume 139 cherche d’abord à s’abriter des regards de Dieu. Mais à la fin, il en vient à désirer être sondé et connu par Lui. Quel progrès, quand nous en sommes arrivés là ! — « Tes soins ont gardé mon esprit », reconnaît Job (v. 12). À défaut de ces soins, qui sait jusqu’où il aurait sombré ? Peut-être jusqu’à maudire Dieu ou à s’ôter la vie (chap. 2, 9) ? Réalisons à quel point notre esprit, si vite excité ou au contraire abattu, a besoin d’être gardé par le Seigneur !