Année 3, 20 janvier

Job 19, 1-20

* Et Job répondit et dit :

Jusques à quand affligerez-vous mon âme, et m’accablerez-vous de paroles ?

Voilà dix fois que vous m’avez outragé, vous n’avez pas honte de m’étourdir.

Mais si vraiment j’ai erré, mon erreur demeure avec moi.

Si réellement vous voulez vous élever contre moi et faire valoir mon opprobre contre moi,

Sachez donc que c’est +Dieu qui me renverse et qui m’entoure de son filet.

Voici, je crie à la violence, et je ne suis pas exaucé ; je pousse des cris, et il n’y a pas de jugement.

Il a fermé mon chemin et je ne puis passer, et il a mis des ténèbres sur mes sentiers ;

Il m’a dépouillé de ma gloire et a ôté la couronne de dessus ma tête ;

Il m’a détruit de tous côtés, et je m’en vais ; il a arraché mon espérance comme un arbre.

Il a allumé contre moi sa colère, et il m’a tenu pour l’un de ses ennemis.

Ses troupes sont venues ensemble, et elles ont dressé en chaussée leur chemin contre moi et se sont campées autour de ma tente.

Il a éloigné de moi mes frères, et ceux de ma connaissance me sont devenus entièrement étrangers ;

Mes proches m’ont délaissé, et ceux que je connaissais m’ont oublié.

Ceux qui séjournent dans ma maison et mes servantes me tiennent pour un étranger ; je suis à leurs yeux comme un homme du dehors.

J’ai appelé mon serviteur, et il n’a pas répondu ; de ma bouche je l’ai supplié.

Mon haleine est étrangère à ma femme, et ma supplication, aux fils du sein de ma mère.

Même les petits enfants me méprisent ; je me lève, et ils parlent contre moi.

Tous les hommes de mon intimité m’ont en horreur, et ceux que j’aimais se sont tournés contre moi.

Mes os s’attachent à ma peau et à ma chair, et j’ai échappé avec la peau de mes dents !


« Jusques à quand ? » — avait demandé Bildad (chap. 18, 2). — Jusques à quand… réplique Job, dont le ton s’échauffe. Il n’y a en effet pas de raison pour que prenne fin ce « dialogue de sourds », où chacun poursuit son idée. « Job pense que Dieu est contre lui sans raison ; ses amis que Dieu est contre lui avec raison. En fait, tous se trompent ; Dieu est pour Job » (A.G.) (comp. Lam. 3, 1…). — Nous qui sommes, pour la plupart, entourés de l’affection et de la compréhension des nôtres — et que dire de celle de l’Ami suprême ! — pensons combien Job a dû se sentir seul, dans une telle douleur, sans pouvoir ouvrir son cœur à personne ! Les versets 13-19 nous donnent un écho poignant de ce sentiment de solitude, d’autant plus grand qu’il croit avoir Dieu contre lui : « Il a allumé contre moi sa colère… », s’écrie-t-il (v. 11). Non, Job ! La colère divine, que nous avions, toi et moi, méritée, a frappé quelqu’un d’autre à notre place. Ceux qui appartiennent à Jésus ne la connaîtront jamais. — Ayant devant Lui l’abandon de Dieu, Christ n’a pu confier Sa douleur à personne. Il a été incompris de tous et délaissé par les siens (Marc 14, 37, 50). Dans une souffrance qui n’eut jamais son égale, nul jamais ne fut seul comme Lui.