Année 3, 8 juillet

Matthieu 5, 17-30

Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes : je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir ; car, en vérité, je vous dis : Jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, un seul iota ou un seul trait de lettre ne passera point de la loi, que tout ne soit accompli. Quiconque donc aura supprimé l’un de ces plus petits commandements et aura enseigné ainsi les hommes, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux ; et quiconque l’aura pratiqué et enseigné, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. Car je vous dis que, si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.

Vous avez ouï qu’il a été dit aux anciens : « Tu ne tueras pas ; et quiconque tuera, sera passible du jugement ». Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère légèrement contre son frère sera passible du jugement ; et quiconque dira à son frère : « Raca », sera passible [du jugement] du sanhédrin ; et quiconque dira « fou », sera passible de la géhenne du feu. Si donc tu offres ton don à l’autel, et que là il te souvienne que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton don devant l’autel, et va d’abord, réconcilie-toi avec ton frère ; et alors viens et offre ton don. Mets-toi promptement d’accord avec ta partie adverse, pendant que tu es en chemin avec elle, de peur que ta partie adverse ne te livre au juge, et que le juge ne te livre au sergent, et que tu ne sois jeté en prison ; en vérité, je te dis : Tu ne sortiras point de là, jusqu’à ce que tu aies payé le dernier quadrant.

Vous avez ouï qu’il a été dit : « Tu ne commettras pas adultère ». Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter, a déjà commis adultère avec elle dans son cœur. Mais si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi ; car il est avantageux pour toi qu’un de tes membres périsse, et que tout ton corps ne soit pas jeté dans la géhenne. Et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de toi ; car il est avantageux pour toi qu’un de tes membres périsse, et que tout ton corps ne soit pas jeté dans la géhenne.


On ne peut lire ces versets 17 et suivants, sans être saisi de crainte. Non seulement le Seigneur y déclare qu’Il n’est pas venu abolir la redoutable loi de Dieu, qui nous condamnait tous, mais voici qu’Il donne une interprétation beaucoup plus sévère encore de la volonté divine. Jusque-là, un Israélite scrupuleux pouvait espérer mériter la vie éternelle, quand il avait plus ou moins « gardé toutes ces choses dès sa jeunesse » (voir Marc 10, 20). À présent, les paroles de Jésus ne lui laissent aucune illusion. Si telles sont les exigences de la sainteté de Dieu, qui donc peut être sauvé ? Oui, la pleine mesure de la justice divine était là, dans cet homme incomparable. Mais la même personne, qui était venue la faire connaître, était aussi venue l’accomplir à notre place (v. 17 ; Ps. 40, 8-10). — L’ancien judaïsme ne se préoccupait pas de ce que Dieu pensait de la colère ni des regards impurs. Il n’en condamnait que les fruits extrêmes : le meurtre et l’adultère. Les commandements du Seigneur, par contre, remontent à la source de ces actes coupables, et nous font prendre conscience qu’elle est dans notre cœur, capable des mêmes effets (chap. 15, 19). Car, avant d’entendre parler de grâce, il est nécessaire que nous comprenions à quel point nous en avons besoin.