Année 3, 29 juillet

Matthieu 14, 1-21

En ce temps-là, Hérode le tétrarque ouït parler de la renommée de Jésus ; et il dit à ses serviteurs : C’est Jean le baptiseur ; il est ressuscité des morts, et c’est pourquoi les miracles s’opèrent par lui. Car Hérode, ayant fait prendre Jean, l’avait fait lier et mettre en prison, à cause d’Hérodias, la femme de Philippe son frère ; car Jean lui disait : Il ne t’est pas permis de l’avoir. Et tout en ayant le désir de le faire mourir, il craignait la foule, parce qu’ils le tenaient pour prophète. Mais lorsqu’on célébrait l’anniversaire de la naissance d’Hérode, la fille d’Hérodias dansa devant tous, et plut à Hérode : sur quoi il lui promit avec serment de lui donner tout ce qu’elle demanderait. Et elle, poussée par sa mère : Donne-moi ici, dit-elle, dans un plat, la tête de Jean le baptiseur. Et le roi en fut affligé ; mais, à cause des serments et de ceux qui étaient à table avec lui, il donna l’ordre qu’on la lui donnât. Et il envoya décapiter Jean dans la prison. Et sa tête fut apportée dans un plat et donnée à la jeune fille ; et elle la porta à sa mère. Et ses disciples vinrent et enlevèrent le corps et l’ensevelirent ; et s’en allant, ils rapportèrent à Jésus [ce qui était arrivé].

Et Jésus, l’ayant entendu, se retira de là dans une nacelle dans un lieu désert, à l’écart ; et les foules, l’ayant appris, le suivirent à pied, des [différentes] villes. Et étant sorti, il vit une grande foule ; et il fut ému de compassion envers eux, et il guérit leurs infirmes. Et le soir étant venu, ses disciples vinrent à lui, disant : Le lieu est désert, et l’heure est déjà passée ; renvoie les foules, afin qu’elles aillent aux villages et qu’elles s’achètent des vivres. Mais Jésus leur dit : Il n’est pas nécessaire qu’elles s’en aillent ; vous, donnez-leur à manger. Mais ils lui disent : Nous n’avons ici que cinq pains et deux poissons. Et il dit : Apportez-les-moi ici. Et ayant donné l’ordre aux foules de s’asseoir sur l’herbe, ayant pris les cinq pains et les deux poissons, il regarda vers le ciel et bénit ; et ayant rompu les pains, il les donna aux disciples, et les disciples aux foules. Et ils mangèrent tous et furent rassasiés. Et ils ramassèrent, des morceaux qui étaient de reste, douze paniers pleins. Or ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille hommes, outre les femmes et les enfants.


Le chapitre 11 nous a montré Jean le baptiseur en prison. Nous apprenons ici qu’il y avait été jeté par Hérode (fils de celui du chapitre 2). Et pour quel motif ? Jean n’avait pas craint de le reprendre, parce qu’il avait épousé la femme répudiée de son frère. Maintenant, le fidèle témoin paie de sa vie la vérité qu’il a eu le courage de dire au roi. Sa mort entre dans le cadre des divertissements et des fêtes de la cour royale ; elle est l’affreux salaire du plaisir que s’est offert le méchant (comp. Jacq. 5, 5, 6). Hérode a beau être affligé sur le moment, il nourrissait depuis longtemps le secret désir de faire mourir Jean (v. 5), car la haine de la vérité et de ceux qui l’annoncent vont toujours de pair (Gal. 4, 16). À vue humaine, cette fin de Jean est tragique et horrible ; aux yeux de Dieu, elle est l’achèvement triomphant de « sa course » (Act. 13, 25). — On lit entre les lignes ce qu’a été, pour Jésus, la nouvelle de la mort de Son précurseur. N’était-ce pas déjà l’annonce de Son propre rejet, de Sa croix ? Il semble que Sa tristesse lui fasse éprouver le besoin d’être seul (v. 13). Mais déjà les foules Le rejoignent, et Son cœur, ne pensant qu’aux autres, s’émeut de compassion pour elles. Il accomplit en leur faveur le grand miracle de la première multiplication des pains.