Année 3, 12 novembre

Les lamentations de Jérémie 1, 1-11

Comment est-elle assise solitaire, la ville si peuplée ! Celle qui était grande entre les nations est devenue comme veuve ; la princesse parmi les provinces est devenue tributaire.

Elle pleure, elle pleure pendant la nuit, et ses larmes sont sur ses joues ; de tous ses amants, il n’en est pas un qui la console ; tous ses amis ont agi perfidement envers elle, ils sont pour elle des ennemis.

Juda est allé en captivité à cause de [son] affliction et de la grandeur de [son] esclavage ; il habite parmi les nations, il n’a pas trouvé de repos ; tous ses persécuteurs l’ont atteint dans [ses] lieux resserrés.

Les chemins de Sion mènent deuil de ce qu’il n’y a personne qui vienne aux fêtes ; toutes ses portes sont désolées ; ses sacrificateurs gémissent, ses vierges sont dans la détresse ; elle-même est dans l’amertume.

Ses adversaires dominent, ses ennemis prospèrent ; car l’Éternel l’a affligée à cause de la multitude de ses transgressions ; ses petits enfants ont marché captifs devant l’adversaire.

Et toute la magnificence de la fille de Sion s’est retirée d’elle. Ses princes sont comme des cerfs qui ne trouvent pas de pâture, et ils s’en sont allés sans force devant celui qui les poursuit.

Jérusalem, dans les jours de son affliction et de son bannissement, lorsque son peuple tombait dans la main de l’ennemi et qu’il n’y avait personne qui lui aidât, s’est souvenue de toutes les choses désirables qu’elle avait dans les jours d’autrefois ; les adversaires l’ont vue, ils se sont moqués de sa ruine.

Jérusalem a grièvement péché, c’est pourquoi elle est [rejetée] comme une impureté ; tous ceux qui l’honoraient l’ont méprisée, car ils ont vu sa nudité : elle aussi gémit et s’est retournée en arrière.

Son impureté était aux pans de sa robe, elle ne s’est pas souvenue de sa fin ; elle est descendue prodigieusement ; il n’y a personne qui la console ! Regarde, ô Éternel, mon affliction, car l’ennemi s’est élevé avec orgueil.

L’ennemi a étendu sa main sur toutes ses choses désirables ; car elle a vu entrer dans son sanctuaire les nations, au sujet desquelles tu avais commandé qu’elles n’entreraient point dans ta congrégation.

Tout son peuple gémit ; ils cherchent du pain ; ils ont donné leurs choses désirables contre des aliments pour restaurer [leur] âme. Regarde, Éternel, et contemple, car je suis devenue vile.


Les Lamentations de Jérémie expriment la douleur du prophète devant les événements racontés par le dernier chapitre de son livre, c’est-à-dire la prise et la destruction de Jérusalem par l’armée de Nebucadnetsar. Mais, comme toute prophétie, la portée de celle-ci dépasse les circonstances qui en ont été l’occasion, et l’Esprit nous conduit, dans ces chapitres, jusqu’au temps à venir de la « grande tribulation » par laquelle Israël devra passer. — Il est touchant de voir Jérémie, bien que personnellement non coupable, prendre la plus grande part à l’humiliation de Jérusalem, et s’identifier avec le peuple qui est sous le jugement de Dieu. Les malheurs, qu’il n’avait cessé d’annoncer, et auxquels le peuple n’avait pas voulu croire, sont maintenant arrivés. Un autre n’aurait pas manqué de dire : Je vous avais avertis ! Si seulement vous m’aviez écouté ! Le serviteur de Dieu ne cherche pas ainsi à triompher. Bien au contraire ! Jérusalem, qui ne trouve plus, au jour de sa détresse, personne qui lui aide (v. 7 ; És. 51, 18, 19), personne qui la console (v. 2, 9, 17, 21), aura en Jérémie (type de Christ) le plus fidèle des amis, le plus fervent des intercesseurs (voir Prov. 17, 17).