Année 4, 15 mars

Ézéchiel 16, 1-22

* Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Fils d’homme, fais connaître à Jérusalem ses abominations, et dis : Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel, à Jérusalem : Ton origine et ta naissance sont du pays des Cananéens ; ton père était un Amoréen, et ta mère une Héthienne. Et, quant à ta naissance, le jour où tu naquis ton nombril ne fut pas coupé ; et tu ne fus pas lavée dans l’eau pour être nettoyée ; et tu ne fus pas frottée avec du sel, et tu ne fus pas emmaillotée. Aucun œil n’eut pitié de toi pour te faire une seule de ces choses, pour avoir compassion de toi ; mais tu fus jetée sur la face des champs, à cause de l’horreur qu’on avait de toi, le jour que tu naquis.

Et je passai près de toi, et je te vis gisante dans ton sang, et je te dis, dans ton sang : Vis ! et je te dis, dans ton sang : Vis ! Je t’ai multipliée comme le germe des champs ; et tu pris ta croissance, et tu devins grande, et tu parvins au comble de la beauté ; tes seins se formèrent, et ta chevelure se développa ; mais tu étais nue et découverte. Et je passai près de toi, et je te vis, et voici, ton âge était l’âge des amours ; et j’étendis sur toi le pan de ma robe, et je couvris ta nudité ; et je te jurai, et j’entrai en alliance avec toi, dit le Seigneur, l’Éternel ; et tu fus à moi. Et je te lavai dans l’eau, et je lavai à grande eau ton sang de dessus toi, et je t’oignis d’huile ; et je te vêtis de broderie, et je te chaussai de [peau de] taisson, et je te ceignis de lin blanc, et je te couvris de soie ; et je te parai d’ornements, et je mis des bracelets à tes mains et un collier à ton cou ; et je mis un anneau à ton nez et des pendants à tes oreilles, et une couronne de beauté sur ta tête. Et tu fus parée d’or et d’argent, et ton vêtement était de lin blanc, et de soie, et de broderie. Tu mangeas de la fleur de farine, et du miel, et de l’huile. Et tu devins extrêmement belle, et tu prospéras jusqu’à être un royaume. Et ta renommée se répandit parmi les nations à cause de ta beauté, car elle était parfaite par ma magnificence que j’avais mise sur toi, dit le Seigneur, l’Éternel.

Mais tu te confias en ta beauté, et tu te prostituas à cause de ta renommée, et tu prodiguas tes prostitutions à tout passant : c’était pour lui. Et tu pris de tes vêtements, et tu te fis des hauts lieux de diverses couleurs, et tu t’y prostituas, ce qui n’était jamais arrivé, et ne sera plus. Et tu pris tes objets de parure, [faits] de mon or et de mon argent que je t’avais donnés, et tu t’en fis des images d’un mâle, et tu te prostituas avec elles ; et tu pris tes vêtements de broderie, et tu les en couvris, et tu mis devant elles mon huile et mon encens ; et mon pain que je t’avais donné, la fleur de farine, et l’huile, et le miel, dont je te nourrissais, tu les mis devant elles, en odeur agréable. Il en a été ainsi, dit le Seigneur, l’Éternel. Et tu pris tes fils et tes filles que tu m’avais enfantés, et tu les leur offris en sacrifice pour qu’ils les dévorassent. Était-ce trop peu que ta prostitution ? Tu égorgeas mes fils, et tu les livras, en les leur consacrant. Et avec toutes tes abominations et tes prostitutions, tu ne t’es pas souvenue des jours de ta jeunesse, quand tu étais nue et découverte, gisante dans ton sang.


Ce saisissant chapitre décrit l’odieuse conduite de Jérusalem envers l’Éternel, à qui elle devait tout. L’origine impure, l’entier dénuement de la petite fille méprisée et abandonnée dans les champs à sa naissance (ce que pratiquent encore certaines peuplades païennes), font ressortir toute la compassion de Celui qui, l’ayant trouvée dans cet état misérable, a voulu la faire vivre, qui l’a ensuite honorée de Son alliance, n’épargnant rien pour la rendre heureuse. Et à leur tour, ces soins divins font ressortir l’abominable ingratitude de celle qui s’est livrée à la pire idolâtrie, et a fait servir à ses infâmes passions les précieux dons de son bienfaiteur. — Cette navrante histoire est en fait celle de tout homme. Dieu a trouvé Sa créature dans le plus affreux état d’impuissance et de dégradation morale (comp. Luc 10, 30-35). Il a tout fait pour l’en arracher et lui donner la vie nouvelle. Comment l’homme a-t-il répondu à tant de grâce ? — Chers amis, il est bien sérieux d’y penser : cette conduite inqualifiable est aussi la nôtre, chaque fois que nous détournons, pour nos convoitises, ce qui appartient au Seigneur et doit servir à Sa gloire : que ce soient nos biens ou notre corps (1 Cor. 6, 19, 20).