Année 4, 5 octobre

Actes 21, 33-40 ; 22, 1-11

Alors le chiliarque s’étant approché, se saisit de lui et donna l’ordre de le lier de deux chaînes, et demanda qui il était et ce qu’il avait fait. Mais les uns criaient une chose, les autres une autre, dans la foule ; et n’en pouvant apprendre quelque chose de certain, à cause du tumulte, il donna ordre que Paul fût mené dans la forteresse. Et quand il fut sur les degrés, il arriva qu’il fut porté par les soldats à cause de la violence de la foule ; car la multitude du peuple suivait, en criant : Ôte-le ! Et comme on allait faire entrer Paul dans la forteresse, il dit au chiliarque : M’est-il permis de te dire quelque chose ? Et il dit : Tu sais le grec ? N’es-tu donc pas l’Égyptien qui, ces jours passés, a excité une sédition et emmené au désert les quatre mille hommes des assassins ? Et Paul dit : Je suis Juif, de Tarse, citoyen d’une ville de la Cilicie qui n’est pas sans renom ; je te prie, permets-moi de parler au peuple. Et quand il le lui eut permis, Paul, se tenant sur les degrés, fit signe de la main au peuple, et un grand silence s’étant fait, il leur parla en langue hébraïque, disant :

Hommes frères et pères, écoutez maintenant mon apologie auprès de vous. Et quand ils entendirent qu’il leur parlait en langue hébraïque, ils firent silence encore plus ; et il dit : Je suis Juif, né à Tarse de Cilicie, mais élevé dans cette ville-ci, [et] instruit aux pieds de Gamaliel selon l’exactitude de la loi de nos pères, étant zélé pour Dieu, comme vous l’êtes tous aujourd’hui ; et j’ai persécuté cette voie jusqu’à la mort, liant les hommes et les femmes, et les livrant [pour être mis] en prison, comme le souverain sacrificateur même m’en est témoin, et tout le corps des anciens, desquels aussi ayant reçu des lettres pour les frères, j’allais à Damas, afin d’amener liés à Jérusalem ceux aussi qui se trouvaient là, pour qu’ils fussent punis. Et il m’arriva, comme j’étais en chemin et que j’approchais de Damas, que vers midi, tout à coup, une grande lumière, venant du ciel, brilla comme un éclair autour de moi. Et je tombai sur le sol, et j’entendis une voix qui me disait : Saul ! Saul ! pourquoi me persécutes-tu ? Et moi je répondis : Qui es-tu, Seigneur ? Et il me dit : Je suis Jésus le Nazaréen que tu persécutes. Et ceux qui étaient avec moi virent la lumière, et ils furent saisis de crainte, mais ils n’entendirent pas la voix de celui qui me parlait. Et je dis : Que dois-je faire, Seigneur ? Et le Seigneur me dit : Lève-toi et va à Damas, et là on te parlera de toutes les choses qu’il t’est ordonné de faire. Et comme je n’y voyais pas, à cause de la gloire de cette lumière, j’arrivai à Damas, ceux qui étaient avec moi me conduisant par la main.


Paul a été arraché à la violence de la foule par l’intervention du chiliarque, c’est-à-dire du commandant de la garnison romaine. Ce dernier, qui l’a d’abord confondu avec un célèbre bandit, se radoucit en l’entendant parler grec, et l’autorise à s’adresser à la foule. Devant celle-ci, et dans un silence solennel, Paul rappelle qu’il avait en effet un passé très coupable, mais dans un sens tout opposé à ce que pensaient les Juifs. Doué de qualités et d’avantages peu ordinaires… « Hébreu des Hébreux ; quant à la loi, pharisien » (Phil. 3, 5), sa réputation était celle d’un homme pieux et irréprochable. Eh bien ! son zèle religieux, semblable à celui qui animait les meneurs de cette foule, l’avait conduit, malgré les avertissements de son maître Gamaliel, à faire la guerre à Dieu (v. 3 ; chap. 5, 39). « Je suis Jésus le Nazaréen que tu persécutes » (v. 8), est la terrible réponse qu’il a entendue du ciel. En touchant à ces faibles chrétiens, en les persécutant jusqu’à la mort, c’était le Fils de Dieu qu’il combattait. Mais, au lieu de le châtier de son audace impie, le Seigneur, en même temps qu’Il lui rendait la vue, a ouvert les yeux de son cœur (Éph. 1, 18), faisant de cet homme, mis à part dès sa naissance, un fidèle instrument pour Lui.