Année 4, 28 novembre

1 Corinthiens 9, 1-18

Ne suis-je pas libre ? Ne suis-je pas apôtre ? N’ai-je pas vu Jésus notre Seigneur ? N’êtes-vous pas, vous, mon ouvrage dans le Seigneur ? Si je ne suis pas apôtre pour d’autres, je le suis pour vous du moins ; car vous êtes le sceau de mon apostolat dans le Seigneur. C’est ici ma défense auprès de ceux qui m’interrogent. N’avons-nous pas le droit de manger et de boire ? N’avons-nous pas le droit de mener avec nous une sœur comme femme, comme [font] aussi les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ? N’y a-t-il que moi et Barnabas qui n’ayons pas le droit de ne pas travailler ? Qui jamais va à la guerre à ses propres dépens ? Qui plante une vigne et n’en mange pas le fruit ? Ou qui paît un troupeau et ne mange pas du lait du troupeau ? Est-ce que je dis ces choses selon l’homme ? Ou la loi aussi ne dit-elle pas ces choses ? Car dans la loi de Moïse il est écrit : « Tu n’emmuselleras pas le bœuf qui foule le grain ». Dieu s’occupe-t-il des bœufs ? ou parle-t-il entièrement pour nous ? Car c’est pour nous que cela est écrit, que celui qui laboure doit labourer avec espérance, et que celui qui foule le grain [doit le fouler] dans l’espérance d’y avoir part. Si nous avons semé pour vous des [biens] spirituels, est-ce beaucoup que nous moissonnions de vos [biens] charnels ? Si d’autres ont part à ce droit sur vous, ne l’avons-nous pas bien plus ? Mais nous n’avons pas usé de ce droit, mais nous supportons tout, afin de ne mettre aucun obstacle à l’évangile du Christ. Ne savez-vous pas que ceux qui s’emploient aux choses sacrées mangent [de ce qui vient] du temple ; que ceux qui servent à l’autel ont leur part de l’autel ? De même aussi, le Seigneur a ordonné à ceux qui annoncent l’évangile, de vivre de l’évangile. Mais moi je n’ai usé d’aucune de ces choses, et je n’ai pas écrit ceci, afin qu’il en soit fait ainsi à mon égard ; car il serait bon pour moi de mourir, plutôt que [de voir] quelqu’un anéantir ma gloire. Car, si j’évangélise, je n’ai pas de quoi me glorifier, car c’est une nécessité qui m’est imposée, car malheur à moi si je n’évangélise pas. Car, si je fais cela volontairement, j’en ai un salaire ; mais si c’est malgré moi, une administration m’est confiée. Quel est donc mon salaire ? C’est que, en évangélisant, je rends l’évangile exempt de frais, pour ne pas user comme d’une chose à moi de mon droit dans l’évangile.


Enflés par leurs dons et leurs connaissances, certains hommes s’étaient attribués une place prépondérante dans l’assemblée de Corinthe. Et, comme s’élever soi-même conduit toujours à rabaisser les autres, ils en étaient venus à contester l’autorité de l’apôtre, c’est-à-dire celle de Dieu. Paul se trouve de ce fait obligé de justifier son ministère et sa conduite. Évangéliser était son devoir, reçu de la bouche du Seigneur, et il n’avait pas été désobéissant à la vision céleste (Act. 26, 17-19). — L’exemple du laboureur revient fréquemment, dans la Parole. Il souligne d’abord la fatigue liée au travail de la terre (Gen. 3, 17) ; puis l’espérance et la foi qui doivent animer l’agriculteur (v. 10 ; 2 Tim. 2, 6) ; enfin, la patience avec laquelle il lui faut attendre « le fruit précieux de la terre » (Jacq. 5, 7). Or les Corinthiens étaient « le labourage de Dieu » (chap. 3, 9), et le fidèle ouvrier du Seigneur y poursuivait ses travaux, au prix du renoncement à bien des choses légitimes, afin de ne mettre aucun obstacle à l’évangile du Christ (que de choses moins légitimes entravent souvent notre service !). Paul effectuait présentement un pénible sarclage, arrachant en quelque sorte toutes les mauvaises herbes qui avaient poussé dans le champ de Corinthe.