Année 5, 30 avril

Daniel 4, 1-18

* Nebucadnetsar, le roi, à tous les peuples, peuplades et langues, qui habitent sur toute la terre : Que votre paix soit multipliée ! Il m’a semblé bon de faire connaître les signes et les prodiges que le Dieu Très-haut a opérés à mon égard. Ses signes, combien ils sont grands ! Et ses prodiges, combien ils sont puissants ! Son royaume est un royaume éternel, et sa domination est de génération en génération. Moi, Nebucadnetsar, j’étais en paix dans ma maison, et florissant dans mon palais. Je vis un songe, et il m’effraya, et les pensées que j’avais sur mon lit, et les visions de ma tête, me troublèrent. Et de par moi fut donné un ordre qu’on amenât devant moi tous les sages de Babylone pour qu’ils me fissent connaître l’interprétation du songe. Alors vinrent les devins, les enchanteurs, les Chaldéens, et les augures ; et je dis le songe devant eux, mais ils ne m’en firent pas connaître l’interprétation ; mais, à la fin, entra devant moi Daniel, dont le nom est Belteshatsar, selon le nom de mon dieu, et en qui est l’esprit des dieux saints ; et je dis le songe devant lui.

Belteshatsar, chef des devins, puisque je sais que l’esprit des dieux saints est en toi, et qu’aucun secret ne t’embarrasse, dis-moi les visions du songe que j’ai vu, et son interprétation. Or les visions de ma tête, sur mon lit, [étaient celles-ci] : je voyais, et voici, un arbre au milieu de la terre, et sa hauteur était grande. L’arbre crût et devint fort, et sa hauteur atteignit jusqu’aux cieux, et on le voyait jusqu’au bout de toute la terre. Son feuillage était beau et son fruit abondant, et en lui il y avait de la nourriture pour tous ; sous son ombre se tenaient les bêtes des champs, et dans ses branches habitaient les oiseaux des cieux ; et de lui toute chair se nourrissait. Je voyais, dans les visions de ma tête, sur mon lit, et voici un veillant, un saint, descendit des cieux. Il cria avec force, et dit ainsi : Abattez l’arbre et coupez ses branches, faites tomber son feuillage et dispersez son fruit ; que les bêtes s’enfuient de dessous lui, et les oiseaux, de ses branches. Toutefois, laissez dans la terre le tronc de ses racines, avec un lien de fer et d’airain [autour de lui], dans l’herbe des champs ; et qu’il soit baigné de la rosée des cieux, et qu’il ait, avec les bêtes, sa part à l’herbe de la terre ; que son cœur d’homme soit changé, et qu’un cœur de bête lui soit donné ; et que sept temps passent sur lui. Cette sentence est par le décret des veillants, et la chose, par la parole des saints, afin que les vivants sachent que le Très-haut domine sur le royaume des hommes, et qu’il le donne à qui il veut, et y élève le plus vil des hommes. Ce songe, moi, le roi Nebucadnetsar, je l’ai vu ; et toi, Belteshatsar, dis-en l’interprétation, puisque tous les sages de mon royaume n’ont pas pu me faire connaître l’interprétation ; mais toi, tu le peux, car l’esprit des dieux saints est en toi.


Ce chapitre reproduit, sans commentaire, une proclamation de Nebucadnetsar. Discours en vérité bien différent de ceux que prononcent d’habitude les chefs d’état ! Il s’agit plutôt d’un témoignage, rendu devant tous les habitants du monde. Dans notre mesure, ne craignons pas de dire bien haut ce que le Seigneur a fait pour nous. — Le roi commence par rappeler sa condition d’autrefois. Il était en paix (v. 4) — mais c’était une paix trompeuse ; florissant — mais la vie d’un homme n’est pas dans ses biens (Luc 12, 15) ; tout ce que le Dieu Très-haut avait mis entre ses mains n’avait servi qu’à nourrir son orgueil et le contentement de lui-même. Pour l’arracher à sa fausse sécurité, un songe lui est envoyé, qui a pour heureux résultat de l’effrayer et de le troubler (v. 5). Frayeur salutaire ! L’inquiétude est souvent le premier signe du travail de Dieu dans une conscience. Mais cette fois encore, c’est seulement après avoir épuisé toutes les ressources humaines : devins, enchanteurs, Chaldéens, augures…, et quand leur impuissance est rendue manifeste (2 Tim. 3, 9), que Nebucadnetsar est prêt à accepter l’interprétation de Daniel. Il discerne en lui « l’esprit des dieux saints » (v. 8, 18 ; comp. Gen. 41, 38 note). Seul l’Esprit de Dieu peut expliquer la Parole de Dieu (1 Cor. 2, 11).