Année 5, 2 mai

Daniel 4, 28-37

Tout cela arriva au roi Nebucadnetsar. Au bout de douze mois, il se promenait sur le palais du royaume de Babylone. Le roi prit la parole et dit : N’est-ce pas ici Babylone la grande, que j’ai bâtie pour être la maison de mon royaume, par la puissance de ma force et pour la gloire de ma magnificence ? La parole était encore dans la bouche du roi, qu’une voix tomba des cieux : Roi Nebucadnetsar, il t’est dit : Le royaume s’en est allé d’avec toi ; et on te chassera du milieu des hommes, et ta demeure sera avec les bêtes des champs ; on te fera manger de l’herbe comme les bœufs, et sept temps passeront sur toi, jusqu’à ce que tu connaisses que le Très-haut domine sur le royaume des hommes et qu’il le donne à qui il veut. Au même instant la parole s’accomplit sur Nebucadnetsar : il fut chassé du milieu des hommes, et il mangea de l’herbe comme les bœufs, et son corps fut baigné de la rosée des cieux, jusqu’à ce que ses cheveux fussent devenus longs comme [les plumes] de l’aigle, et ses ongles, comme ceux des oiseaux.

Et à la fin de ces jours, moi, Nebucadnetsar, j’élevai mes yeux vers les cieux, et mon intelligence me revint, et je bénis le Très-haut, et je louai et magnifiai celui qui vit éternellement, duquel la domination est une domination éternelle, et dont le royaume est de génération en génération ; et tous les habitants de la terre sont réputés comme néant, et il agit selon son bon plaisir dans l’armée des cieux et parmi les habitants de la terre ; et il n’y a personne qui puisse arrêter sa main et lui dire : Que fais-tu ? Dans ce temps-là, mon intelligence me revint, et, pour la gloire de mon royaume, ma magnificence et ma splendeur me revinrent, et mes conseillers et mes grands me cherchèrent, et je fus rétabli dans mon royaume, et ma grandeur fut extraordinairement augmentée. Maintenant, moi, Nebucadnetsar, je loue et j’exalte et je magnifie le roi des cieux, dont toutes les œuvres sont vérité, et les voies, jugement, et qui est puissant pour abaisser ceux qui marchent avec orgueil.


La patience de Dieu a accordé douze mois au roi pour rompre avec ses péchés (v. 27, 29). Hélas, leur racine secrète, l’orgueil, n’a fait que croître démesurément (chap. 5, 20). Et le jour vient où Nebucadnetsar donne lui-même le signal de son désastre : il prononce la phrase insensée, par laquelle il tend à se faire égal à Dieu (v. 30). Il n’a pas fini de parler, que la sentence divine tombe du ciel, et ce qu’elle annonce s’accomplit « au même instant ». Quel tableau ! Le plus grand personnage de la terre perdant la raison, rabaissé au rang d’une bête stupide. De fait, la soumission à la volonté de Dieu est la seule chose qui élève un homme. — Dès que le roi apprend à lever les yeux en haut, il est rétabli. Lui qui, du haut de son palais, avait claironné la puissance de sa force et la gloire de sa magnificence, proclame désormais, devant toute la terre : « Je loue et j’exalte et je magnifie le roi des cieux… ». Quel changement dans le cœur de cet homme, hier un impie, aujourd’hui un adorateur ! Il reconnaît le bien-fondé de la solennelle leçon qu’il a apprise. Le Très-haut, qui « élève le plus vil des hommes » (v. 17 fin), « est puissant pour abaisser ceux qui marchent avec orgueil » (v. 37 ; Luc 18, 14). À ce récit, le verset 10 du psaume 2 peut servir de conclusion : « Et maintenant, ô rois, soyez intelligents… ».